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Lettres Modernes #2 "See, watch, read"
Lettres Modernes #2 « Voir, regarder, lire »
International Typography Symposium
Symposium international de typographie
Published on Thursday, March 27, 2014
Abstract
By inviting typeface designers, researchers and artists, the international symposium Lettres Modernes #2 offers a two-day reflexion on the evolution of typography and its perception through the coexistence of traditional and digital media. This symposium is organized in the context of the research activities of ésam Caen/Cherbourg and led by Jean-Baptiste Levée, in partnership with the Arts Graphiques festival of the University of Caen Basse-Normandie (ARG3).
Announcement
Argumentaire
Ce symposium est consacré à la typographie, un vaste domaine d’étude qui englobe les caractères typographiques (création, application, usage et réception) et leur agencement. L’art de créer des caractères et « l’art de disposer ces caractères sur une page » (Lewis Blackwell) ont beaucoup évolué avec le développement des outils numériques depuis les années 1990. Face à cette perturbation dans les pratiques, usages et perceptions, le papier n’a pas disparu pour autant. Quelles sont les évolutions récentes d’une typographie soumise à la coexistence entre médias traditionnels et médias numériques ?
Cette coexistence des supports papier et numérique permet de se pencher sur ce qui les distingue. Un point fera l’objet d’une attention particulière : la différence entre les supports de lecture qui sont basés sur l’émission de lumière (écran), et ceux qui sont basés sur la projection de lumière (papier). Quelles nouvelles formes donner aux signes dans le contexte de la multiplicité des médias ? Ceux-ci influent nécessairement sur la manière d’aborder un projet de création typographique et de mise en espace du contenu, mais comment ? Dans un contexte de mouvance permanente de formes dans les flux de contenus, comment aborder la difficulté croissante à saisir l’objet et le média ?
Lettres Modernes #2, comme l’indique son intitulé « Voir, regarder, lire. », se préoccupe du « Voir » en tant que processus physiologique, du « Regarder » en tant que processus cognitif, et du « Lire » en tant que traitement de l’information. Il s’agit de se placer du point de vue du créateur, du lecteur, et de s’intéresser à l’objet qui les relie. Le symposium tente une approche synthétique et transversale en invitant des créateurs de caractères typographiques, amenés à répondre à une polyvalence des supports de lecture, des artistes, fabricant l’espace critique des modes de lecture, des chercheurs en science de la cognition et des historiens paléographes qui analysent l’évolution de la lecture.
Avec les acteurs professionnels de la typographie, Lettres Modernes #2 invite les chercheurs, les enseignants et les étudiants à stimuler l’interaction dynamique des disciplines mobilisées par le signe vu, regardé et lu. A l’échelle internationale, il vise également à conjuguer ces cultures croisées avec nos habitudes de lectures (formats, supports, types de contenus). Pour mieux cerner les futurs enjeux de la lecture typographique, il veut enfin livrer et critiquer un état des lieux des productions scientifiques et artistiques sur le sujet.
Programme
Jeudi 27 mars 2014
9h Accueil
9h30 Introduction, Jean-Baptiste Levée (FR), créateur de caractères et enseignant à l’ésam Caen/Cherbourg.
- 10h « Visible et lisible dans l’image en mouvement », Karine Bouchy (FR), docteur en histoire et sémiologie du texte et de l’image, et calligraphe.
En intégrant la lettre, l’image en mouvement a relancé autrement la question de la plasticité du signe alphabétique. Parce que le signe d’écriture s’y trouve pris dans la mixité et la simultanéité propres au régime visuel, l’image de texte en mouvement réactive notre regard-voyant, lui fait place en tant que mode qui complète ou bouleverse nos habitudes de lecture textuelle alphabé- tique. À l’aide de quelques exemples d’inclusion de la lettre dans l’image mobile (cinéma, vidéo, poèmes animés, etc.), Karine Bouchy tentera de mon- trer que « faire image », pour le signe alphabétique, signifie également s’enga- ger dans des modes de « lecture » qui relèvent du régime du visible.
- 11h15 « La lisibilité, une construction historique », Marc Smith (FR), paléographe, professeur à l’École nationale des Chartes et directeur d’études à l’École pratique des hautes études.
L’écriture, comme le langage et comme toute réalité sociale, constitue pour ses utilisateurs un système synchronique, qui a sa logique apparente en un temps donné. Pourtant, si on sait la décrypter, elle porte en elle les traces de la diachronie, des situations historiques successives et du bricolage constant d’un optimum toujours provisoire. Entre les contraintes changeantes des techniques d’écriture et des modalités de lecture, se sont négociées non seulement la forme des lettres mais la manière de les mettre en œuvre, les structures visuelles du mot, de la phrase, de la page, du livre. Combien pèsent en fin de compte dans notre perception les facteurs intrinsèques de la lisibili- té — s’ils existent —, une tradition millénaire et l’adaptation aux usages et techniques les plus récents ?
12h30 Pause déjeuner
- 14h « Écran/Papier, quelles différences pour le lecteur ? », Thierry Baccino (FR), professeur de psychologie cognitive des technologies numériques, Université de Paris 8, et directeur scientifique du Lutin, Cité des Sciences et de l’Industrie.
Depuis plus de 5 000 ans, nous lisons sur des supports stables (tablette, papyrus, parchemin, papier, etc.) et depuis une trentaine d’années les sup- ports numériques ont modifié cette stabilité. Actuellement la majorité des informations n’existe que sous forme électronique (ordinateurs, TV, e-books, smartphones, tablettes, etc.) mais lit-on de la même manière que sur le papier ? La perception visuelle, l’attention, la compréhension et la mémoire sont soumises à rude épreuve par ces différents supports et l’adaptation humaine n’est pas évidente. Thierry Baccino donnera un aperçu des principaux avantages et inconvénients posés par la lecture numérique.
- 15h « La “lettrure”. Le lire et l’écrire des médias informatisés », Emmanuël Souchier (FR), professeur en sciences de l’information et de la communication au Celsa, Université Paris-Sorbonne.
Pour nommer l’activité déployée autour des médias informatisés (ordinateurs, smart phones, etc.), Emmanuël Souchier propose le terme de « lettrure ». Ce terme médiéval présente la particularité de convoquer la double activité d’écriture et de lecture qui s’avère nécessaire à la pratique de ces dispositifs d’écriture que sont les médias informatisés. Loin de la coquetterie terminolo- gique, quels sont les enjeux scientifiques, politiques, culturels, etc. de cette dénomination singulière ?
- 16h15 « Mes polices d’écriture, une affaire de cœur » Fred Smeijers (NL), typographe.
Les caractères typographiques sont souvent considérés comme ordinaires, peu intéressants, ou même… ennuyeux. Pensez aux omniprésents Times ou Arial. Dans son intervention, Fred Smeijers abordera sa relation de longue date avec le caractère français. Il tentera donc de prouver le contraire : les carac- tères de textes sont tout sauf « sans visage » et parmi les activités de création de caractères les plus ardues. Un long chemin a été parcouru depuis les sup- ports historiques du XVIe siècle, souvent d’origine française, jusqu’à « l’ami de tout le monde » actuel comme FF Quadraat. Concevoir un caractère innovant, tourné vers l’avenir, et toutefois fondé sur des valeurs anciennes, n’a rien d’évident non plus. Mais les difficultés ne s’arrêtent pas là : que se passe-t-il si ces caractères de textes sont utilisés pour l’affichage ? Sont-ils alors encore des caractères de textes ? Et si votre caractère est utilisé à un corps de
8 000 pts, et pas un corps de 8 pts ? La notion de caractère existe-t-elle encore ?
Vendredi 28 mars 2014
9h Accueil
- 9h15 « À bas la “typographie pour l’écran”, vive la “typographie à l’écran” », Indra Kupferschmid (DE), typographe et professeur à la HBK Saar, Université des Arts de Saarbrücken
Il est temps d’abandonner la notion de “typographie sur Internet” en tant que cas spécifique répondant à ses propres règles : il s’agit toujours de typogra- phie, mais avec différents aspects à garder à l’esprit selon la tâche et la méthode de production. Il existe sans aucun doute des particularités liées aux caractères et à la typographie à l’écran, comme la résolution, l’interprétation ou la distance de lecture, auxquelles il faut se conformer. Mais l’écran n’est qu’un support avec des circonstances actuelles à prendre en compte, tout comme nous le faisons lors de créations en sérigraphie pour la signalétique d’expositions, ou de livres en impression numérique. Déplaçons notre atten- tion vers les particularités de la typographie pour différents modes de lecture, ou disons, de consommation de contenu. Quel type de typographie convient à un sujet, une structure de contenu, un contexte de lecture, un niveau d’at- tention et une longueur donnés ? Où trouvons-nous cela sur Internet ? En met- tant en avant ces questions, nous réduirons notre parti pris. Parce qu’il est aujourd’hui peu probable que nous n’ayons pas à créer pour l’écran.
- 10h15 « Le texte et la mode », Angelo Cirimele (FR), éditeur et rédacteur en chef de Magazine.
À travers l’édition de « Magazine », un magazine, un site et un livre consacrés aux magazines de style sur une durée de presque 15 ans, Angelo Cirimele exa- minera les différents supports, écritures et lectures qu’ils permettent, afin de mieux cerner comment l’évolution des outils médiatiques altère le contenu produit sur un champ donné.
- 11h30 « Merci à celui qui le lira », Åbäke (GB), collectif de designers graphiques, éditeurs et artistes.
Cette lecture de Maki Suzuki, membre du collectif Åbäke, propose d’observer la mise en abîme entre l’auteur, le média d’expression, le support de lecture, le lecteur et l’éventuel public. Il proposera une performance en forme de démonstration qui est décrite en ces termes, non sans humour : « En anglais, une lecture est une conférence mais une conférence peut aussi être un “talk”. Alors, on lit ou on parle ? Ce petit résumé de notre intervention devrait apparaitre sur tous médias analogues ou
électronique en Helvetica Neue 55 en 10 points. L'est-ce ? »
12h30 Pause déjeuner
- 14h « Faire quelque chose à partir de quelque chose », Christian Schwartz (USA), créateur de caractères typographiques.
Un caractère typographique est un outil immatériel composé de formes abs- traites, conçu pour apporter une voix visible au langage. Christian Schwartz expliquera d’où lui sont venues les idées de ses caractères typographiques, le processus de transformation d’une idée en une famille de caractères typo- graphiques complète, et les collaborations auxquelles lui-même et son équipe ont participé avec divers clients dans la conception de publications.
- 15h « Relevés d’écrits », Philippe Artières (FR), historien, directeur de recherches au CNRS.
Les écrits exposés dans l'espace public ne cessent d'être observés des anthro- pologues aux agents de nettoyage urbains, en passant par les linguistes ; quel est cet acte de relevé ? En quoi consiste-t-il ? Quelle visée a-t-il ? Comment cette opération agit-elle sur les écrits eux-mêmes ? Philippe Artières question- nera cette forme d'épigraphie contemporaine.
16h Conclusion
9h
9h15
10h15
11h30
Accueil
« À bas la “typographie pour l’écran”, vive la “typographie à l’écran” », Indra Kupferschmid (DE), typographe et professeur à la HBK Saar, Université des Arts de Saarbrücken
Il est temps d’abandonner la notion de “typographie sur Internet” en tant que cas spécifique répondant à ses propres règles : il s’agit toujours de typogra- phie, mais avec différents aspects à garder à l’esprit selon la tâche et la méthode de production. Il existe sans aucun doute des particularités liées aux caractères et à la typographie à l’écran, comme la résolution, l’interprétation ou la distance de lecture, auxquelles il faut se conformer. Mais l’écran n’est qu’un support avec des circonstances actuelles à prendre en compte, tout comme nous le faisons lors de créations en sérigraphie pour la signalétique d’expositions, ou de livres en impression numérique. Déplaçons notre atten- tion vers les particularités de la typographie pour différents modes de lecture, ou disons, de consommation de contenu. Quel type de typographie convient à un sujet, une structure de contenu, un contexte de lecture, un niveau d’at- tention et une longueur donnés ? Où trouvons-nous cela sur Internet ? En met- tant en avant ces questions, nous réduirons notre parti pris. Parce qu’il est aujourd’hui peu probable que nous n’ayons pas à créer pour l’écran.
« Le texte et la mode »,
Angelo Cirimele (FR), éditeur et rédacteur en chef de Magazine.
À travers l’édition de « Magazine », un magazine, un site et un livre consacrés aux magazines de style sur une durée de presque 15 ans, Angelo Cirimele exa- minera les différents supports, écritures et lectures qu’ils permettent, afin de mieux cerner comment l’évolution des outils médiatiques altère le contenu produit sur un champ donné.
« Merci à celui qui le lira »,
Åbäke (GB), collectif de designers graphiques, éditeurs et artistes.
Cette lecture de Maki Suzuki, membre du collectif Åbäke, propose d’observer la mise en abîme entre l’auteur, le média d’expression, le support de lecture, le lecteur et l’éventuel public. Il proposera une performance en forme de démonstration qui est décrite en ces termes, non sans humour : « En anglais, une lecture est une conférence mais une conférence peut aussi être un “talk”. Alors, on lit ou on parle ? Ce petit résumé de notre intervention devrait apparaitre sur tous médias analogues ou
électronique en Helvetica Neue 55 en 10 points. L'est-ce ? »
12h30 Pause déjeuner
14h
15h
16h
« Faire quelque chose à partir de quelque chose »,
Christian Schwartz (USA), créateur de caractères typographiques.
Un caractère typographique est un outil immatériel composé de formes abs- traites, conçu pour apporter une voix visible au langage. Christian Schwartz expliquera d’où lui sont venues les idées de ses caractères typographiques, le processus de transformation d’une idée en une famille de caractères typo- graphiques complète, et les collaborations auxquelles lui-même et son équipe ont participé avec divers clients dans la conception de publications.
« Relevés d’écrits »,
Philippe Artières (FR), historien, directeur de recherches au CNRS.
Les écrits exposés dans l'espace public ne cessent d'être observés des anthro- pologues aux agents de nettoyage urbains, en passant par les linguistes ; quel est cet acte de relevé ? En quoi consiste-t-il ? Quelle visée a-t-il ? Comment cette opération agit-elle sur les écrits eux-mêmes ? Philippe Artières question- nera cette forme d'épigraphie contemporaine.
Conclusion
Subjects
Places
- Ecole supérieure d’arts & médias de Caen/Cherbourg - 17 Cours Caffarelli
Caen, France (14000)
Date(s)
- Thursday, March 27, 2014
- Friday, March 28, 2014
Attached files
Keywords
- typographie, lecture, création, graphisme, caractère, design, lettre, média numérique, image, texte, écriture
Contact(s)
- Camille Prunet
courriel : camille [dot] prunet [at] univ-tlse2 [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Camille Prunet
courriel : camille [dot] prunet [at] univ-tlse2 [dot] fr
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Lettres Modernes #2 "See, watch, read" », Conference, symposium, Calenda, Published on Thursday, March 27, 2014, https://doi.org/10.58079/ps9