AccueilLes États-Unis et la Russie depuis la Chute du mur de Berlin : liens et ruptures

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Les États-Unis et la Russie depuis la Chute du mur de Berlin : liens et ruptures

Binds and borders : Russo-american relations since the fall of the Berlin Wall

Colloque international organisé par le Centre d’études en civilisations, langues et littératures

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Publié le jeudi 10 juillet 2014

Résumé

Comment peut-on définir les relations entre la Russie et les États-Unis depuis la chute du mur de Berlin ? Quels en sont les principaux enjeux, dans le contexte de la globalisation ? Seront étudiées les relations politiques, la circulation des personnes et des biens entre les deux pays, mais aussi la sphère symbolique comme, par exemple, les formes prises par le modèle américain en Russie. Le présent colloque accordera une attention particulière aux liens indirects, triangulaires : qu’en est-il de la relation américano-russe en Iran, en Ukraine, à Cuba, etc. ?

Annonce

Argumentaire

La fin de la confrontation Est-Ouest et l’émergence d’un monde multipolaire et relativement instable ont conduit à une redéfinition des priorités stratégiques des États-Unis, dont la Russie n’est plus l’adversaire principal. De son côté, depuis l’effondrement du système soviétique, la Russie, convertie au capitalisme, ne prétend plus supplanter l’Amérique sur aucun plan.

Ce changement de l’équation géopolitique, avec l’abandon de la politique de « Containment » qui a caractérisé la politique étrangère américaine pendant cinquante ans, a ouvert le débat pour une politique de défense nationale et une stratégie militaire dans un monde en cours de globalisation. En septembre 2000, la cellule de réflexion des  néoconservateurs américains (la PNAC) a publié « Reconstruire les défenses de l'Amérique : stratégie, forces et ressources pour un nouveau siècle » (« Rebuilding America’s Defense: Strategies, Forces and Resources for a New Century »), un rapport de 90 pages dont le but était de promouvoir la suprématie et l’influence des Etats-Unis dans le monde. En mars 1992, Le New York Times a révélé le contenu très controversé du dossier d’Orientation de Politique de la Défense, rédigé par la secrétaire à la Défense Dick Cheney, où celui-ci prône l’utilisation des forces américaines afin « d’éviter la réapparition d’un nouveau rival » dans les territoires de l’ex-URSS ou ailleurs.

Cependant, l’arrivée de Clinton à la Maison Blanche a reporté l’application de cette politique étrangère plutôt radicale. Par ailleurs, l’attaque terroriste du 11 septembre 2001 a amené l’exécutif américain à se concentrer principalement sur leur lutte contre le terrorisme, d’autant plus que la Russie et les Etats-Unis s'accommodent mutuellement. Le Traité de Moscou signé en 2002 (SORT) prévoit la réduction des armements offensifs et met en avant leur volonté « d’instaurer un véritable partenariat » et de « renforcer leur relation par des liens de coopération et d’amitié ».

Plus récemment, au travers de la guerre opposant la Géorgie à la Russie en 2008 et de l’intensification actuelle des conflits en Ukraine, des voix se sont élevées aux Etats-Unis pour regretter l’absence d’une politique étrangère plus restrictive afin de « contenir » la Russie. La Russie de Poutine semble en effet avoir adopté une politique de récupération des pertes géopolitiques colossales qui ont accompagné la chute du système soviétique. Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller du président Carter pour la sécurité nationale, dans « Une vision stratégique : l'Amérique et la crise du pouvoir mondial » (Strategic Vision: America and the Crisis of Global Power) estime que Etats-Unis ont gâché une opportunité rare d’exploiter et de consolider leur position en tant que seule superpuissance mondiale.

Pour les Russes, « l’Amérique » continue d’être, sous une forme différente de l’époque soviétique, un modèle à la fois séduisant et mal accepté, une référence constante, une obsession : si l’Ukraine (ou une partie de l’Ukraine) est tentée de s’inventer aujourd’hui un destin européen, c’est à leurs yeux à l’instigation malfaisante des États-Unis. La Russie, même déchue de sa position de super-puissance, se perçoit comme une des cibles majeures de la politique internationale des États-Unis, ainsi que le montrent la hâte de ces derniers, à présent largement reconnue comme excessive, à voir les pays baltes intégrer l’OTAN, et leur tentative d’influer directement, selon leurs intérêts, sur l’évolution politique des pays d’Asie centrale que la Russie considère comme son « étranger proche »

Néanmoins, par-delà les divergences d’intérêts, certaine incompréhension mutuelle, et une attitude de méfiance, il est possible de mettre au jour un lien américano-russe multiforme. La rivalité américano-russe elle-même est génératrice d’une relation irréductible à la pure conflictualité : dès la période de confrontation des blocs militaires, un certain nombre d’instances bilatérales, notamment dans le domaine du désarmement, ont exercé une fonction de modération, sinon de stabilité, qui perdure aujourd’hui. Avec la fin du face-à-face Est-Ouest, la culture de la négociation a permis de développer d’importantes collaborations entre les deux pays, sur le plan géopolitique (un partenariat OTAN-Russie a été initié en 2002), dans la conquête spatiale, la lutte contre le terrorisme, etc. En même temps, la liberté de circulation des personnes et des biens (y compris des biens culturels) créé les conditions d’un développement inédit des échanges entre les deux pays.

Même si l’Union européenne est le premier partenaire commercial de la Russie, la représentation que les Russes se font du mode de vie occidental est symboliquement lié à « l’Amérique » : le néo-libéralisme des années Eltsine, directement inspiré de l’ « École de Chicago », les progrès de l’anglophonie dans la société russe, l’orientation volontiers américaine de la mobilité étudiante et professionnelle des Russes, l’attractivité en Russie des appels à projets scientifiques lancés par des organismes américains l’attestent. Il reste que, dans le contexte d’une mondialisation acceptée (la Russie est membre de l’OMC depuis 2012) le modèle économique russe est difficile à situer, entre un capitalisme sauvage à l’anglo-saxonne et un encadrement bureaucratique persistant, voire renforcé.

Le lien américano-russe est également indirect, triangulaire : toute initiative de l’un des deux pays dans certaines régions du monde met en jeu les intérêts de l’autre, et provoque ainsi sa réaction. On pense à la présence américaine multiforme dans les pays de l’ex-URSS, au soutien de la Russie à l’Iran ou aux dirigeants des pays révolutionnaires d’Amérique du Sud (Vénézuela, Bolivie), à l’utilisation par la Russie d’un partenariat économique comme celui des BRICS à des fins de politique de puissance, en opposition à l’influence américaine.

Les communications pourront porter sur les aspects suivants :

La dimension politique des relations américano-russes

  • La spécificité de la relation américano-russe dans le travail des institutions internationales. Dans quelle mesure leur fonctionnement est-il marqué par le passé de la Guerre froide, par les inflexions des priorités géopolitiques des deux pays ?
  • Les politiques d’action concertée entre les deux pays (par exemple la lutte contre le terrorisme). Leur impact sur les relations internationales.
  • Le lien triangulaire Etats-Unis-Russie à travers le monde (au Proche et au Moyen-Orient, dans les pays anticapitalistes d’Amérique du Sud, l’Ukraine, l’Asie centrale ex-soviétique, les « BRIC », etc).
  • Diplomatie d’influence et soft power.

La circulation des personnes et des biens

  • Les migrations, la mobilité temporaire (chercheurs, étudiants, artistes, entrepreneurs)
  • Les échanges commerciaux, les investissements croisés. Les produits américains sur le marché russe ; les consommateurs russes comme cible de l’offre et du marketing des entreprises américaines.

Les représentations, les modèles d’organisation

  • Le « modèle américain » en Russie, y compris dans l’élaboration du droit russe (mimétisme institutionnel), et les réactions à ce modèle.
  • Les liens culturels : qu’est-ce qui a succédé aux figures de la guerre froide dans le cinéma et la littérature (on pense au personnage de l’espion)? Quelle est, par exemple, dans les produits culturels de grande diffusion des deux pays, la représentation de l’expérience militaire afghane, ou celle de la lutte contre la criminalité organisée ?

Modalités de soumission

Les propositions de communications (300 mots environ) ainsi qu’un CV bref seront adressés à : serge.rolet@univ-lille3.fr et sina.vatanpour@univ-lille3.fr

avant le 1er novembre 2014.

Les présentations auront une durée de 20 à 25 minutes.

Langues de travail: français, anglais.

Date de la communication des avis du comité scientifique : 15 novembre 2014

Une sélection des communications fera l’objet d’une publication.

Comité d’organisation

  • Jean-François Delcroix
  • Serge Rolet
  • Sina Vatanpour

Comité scientifique

  • Luc Beaudoin (University of Denver)
  • Mokhtar Ben Barka (Université de Valenciennes)
  • Richard Davis (Université de Lille 3)
  • Sabine Dullin (Université de Lille 3)
  • Jean-Robert Raviot (Université de Paris-Ouest)
  • Graham Roberts (Université de Paris-Ouest)
  • Serge Rolet (Université de Lille 3)
  • Yaroslav Startsev (Institut de l'Oural de l’Académie d’Économie Nationale et d'Administration Publique de Russie, Ekaterinburg)
  • Sina Vatanpour (Université de Lille 3).

Informations pratiques

19-20 novembre 2015

Droits d'inscription : 100 €.

Les frais de voyage et de séjour sont à la charge des participants.

Lieux

  • Université Charles-de-Gaulle, Lille 3 Domaine universitaire du - 3 Rue du Barreau
    Villeneuve-d'Ascq, France (59653)

Dates

  • samedi 01 novembre 2014

Mots-clés

  • Etats-Unis, Russie, globalisation, géopolitique, conflit

Contacts

  • Serge Rolet
    courriel : serge [dot] rolet [at] univ-lille3 [dot] fr

Source de l'information

  • Serge Rolet
    courriel : serge [dot] rolet [at] univ-lille3 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les États-Unis et la Russie depuis la Chute du mur de Berlin : liens et ruptures », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 10 juillet 2014, https://doi.org/10.58079/qfk

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