AccueilSocialisations masculines de l’enfance à l’âge adulte

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Socialisations masculines de l’enfance à l’âge adulte

Masculine socialisations from childhood to the adult age

Revue Terrains & travaux n°27

Terrains & travaux journal no.27

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Publié le jeudi 25 septembre 2014

Résumé

Les discours défendant l’idée d’une crise du masculin semblent faire partie d’un fonds commun d’évidence, au point d’alimenter nombre de débats publics ou pages de magazines. Ces discours pointent, et souvent déplorent, la crise « identitaire » qui affecterait actuellement les hommes et les garçons en raison de la « victoire » supposée du féminisme. Ils s’inquiètent en particulier des difficultés à devenir un homme dans une société caractérisée par la mise en cause généralisée du masculin et de ses attributs traditionnels. En dépit de ces « discours de la plainte » (Dulong et al. 2012), l’analyse sociologique oblige à constater la permanence de la hiérarchie entre les sexes. Si la domination masculine se recompose, elle ne semble guère perdre de son efficacité. Ce dossier de terrains & travaux entend contribuer à la compréhension de la permanence de cette hiérarchie en abordant un processus qui, bien que central, n’a été que relativement peu investigué empiriquement par les sciences sociales : la fabrication des garçons et l’intériorisation de dispositions masculines.

Annonce

Argumentaire

Les discours défendant l’idée d’une crise du masculin semblent faire partie d’un fonds commun d’évidence, au point d’alimenter nombre de débats publics ou pages de magazines. Ces discours pointent, et souvent déplorent, la crise « identitaire » qui affecterait actuellement les hommes et les garçons en raison de la « victoire » supposée du féminisme. Ils s’inquiètent en particulier des difficultés à devenir un homme dans une société caractérisée par la mise en cause généralisée du masculin et de ses attributs traditionnels. En dépit de ces « discours de la plainte » (Dulong et al. 2012), l’analyse sociologique oblige à constater la permanence de la hiérarchie entre les sexes.  Si la domination masculine se recompose, elle ne semble guère perdre de son efficacité. Ce dossier de terrains & travaux entend contribuer à la compréhension de la permanence de cette hiérarchie en abordant un processus qui, bien que central, n’a été que relativement peu investigué empiriquement par les sciences sociales : la fabrication des garçons et l’intériorisation de dispositions masculines.

En France, un certain nombre de publications et de colloques ont été consacrés récemment aux thèmes des « masculinités » ou de la « virilité ». Outre les travaux historiques (Rauch 2001 ; Révenin 2007 ; Corbin et al. 2011), la discussion récente des effets de la domination masculine sur les hommes eux-mêmes, ou celle de la notion de « masculinité hégémonique » (Connell 2014) témoignent d’un intérêt grandissant des chercheurs pour cette thématique. Cependant, peu de travaux se sont encore attachés à étudier empiriquement les processus de socialisation à travers lesquels s’effectue l’apprentissage de la masculinité. Etant donné le rôle crucial que jouent les premières années de la vie dans cet apprentissage, il convient en particulier d’étudier la façon dont celui-ci s’effectue au cours de l’enfance et de l’adolescence. Si la socialisation de genre est un processus qui dure tout au long de la vie, ces âges constituent en effet des moments privilégiés dans la formation des dispositions masculines. C’est pourquoi cet appel propose d’entrer sur cette question en rassemblant des textes qui informent de manière empirique la façon dont se forgent et se distinguent une identité sociale et des dispositions de « garçon » au cours de cette période. Des articles s’intéressant à l’impact de cette socialisation « de garçon » à l’âge adulte seront également les bienvenus.

Les textes retenus dans le dossier porteront donc sur la façon dont les garçons intériorisent des manières d’agir et de penser, mais aussi des goûts, des compétences ou encore des centres d’intérêt qui sont socialement assignés à leur catégorie de sexe. Afin d’échapper à une vision univoque de ces mécanismes, le dossier sera attentif à la diversité des formes prises par la masculinité. Pour cette raison, les articles pourront, d’une part, porter leur regard vers une diversité de domaines de pratiques ou sphères de socialisation. Les analyses pourront porter sur les pratiques et les discours à travers lesquels différents acteurs (adultes, parents, enseignants et éducateurs, ou pairs) définissent les bonnes manières de se comporter en tant que garçon. Une attention particulière pourra être portée aux espaces d’apprentissages informels et aux pratiques enfantines et juvéniles a priori anecdotiques qui y sont associées, comme les jeux, le sport, les activités de loisirs, ou encore les pratiques culturelles et médiatiques qui contribuent à l’appropriation de catégories de perception et d’action genrées, sans faire l’impasse sur les appuis matériels (objets et techniques) et sur la dimension économique de ces processus de socialisation. Les études de la socialisation à la sexualité (hétérosexuelle ou homosexuelle) – apprentissage de la séduction, éducation amoureuse et sexuelle, pratiques pornographiques, etc. - et de la place faite à l’homophobie dans cet apprentissage seront les bienvenues. Les articles pourront porter sur un domaine de pratiques et de relations spécifiques (à l’école, dans une activité sportive ou artistique, etc.) ou, a contrario, sur plusieurs espaces de socialisation et sur leur articulation. Pourront être interrogés dans cette perspective le degré d’homogénéité des formes de socialisation et de dispositions intériorisées par les garçons, tout comme les rapports que ceux-ci entretiennent avec ces normes de comportement : formes d’appropriations plus ou moins heureuses, formes de résistances, rapports d’évidence ou de distance réflexive, etc. 

D’autre part, les textes réunis permettront d’interroger la manière dont cette socialisation interagit avec d’autres dynamiques et identités sociales. La virilité est, en effet, trop souvent pensée comme une réalité univoque, le plus fréquemment associée aux seules classes populaires. Or, la valorisation du masculin n’est pas l’apanage des milieux populaires ; elle prend des formes variables dans l’espace social, dotées de légitimités inégales. Poser la question de la construction du masculin nécessite donc de prêter attention à la façon dont cette construction varie d’un contexte social à l’autre. Il est attendu des textes qu’ils réinscrivent l’étude de la fabrique de la masculinité au sein des dynamiques sociales et de l’intersectionnalité des rapports sociaux (sexe, classe, caste, race). La mise en lumière de cette pluralité des masculinités, à la fois dans leurs contenus et dans leurs modes d’appropriation, pourra ainsi s’appuyer sur des travaux historiques ou anthropologiques. Les études menées sur d’autres terrains que les sociétés occidentales contemporaines sont les bienvenues afin d’opérationnaliser cette mise en relief des formes actuelles de socialisation masculine. Des comparaisons internationales peuvent également venir nourrir cette perspective.

La revue encourage enfin la proposition de notes critiques sur le thème.

Références bibliographiques

  • Delphine Dulong, Christine Guionnet et Erik Neveu, Boys don’t cry ! Les coûts de la domination masculine. Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012.
  • Raewyn Connell, Masculinités, enjeux sociaux de l’hégémonie, Paris, Editions Amsterdam, 2014.
  • André Rauch, Crise de l’identité masculine, Paris, Pluriel, 2001.
  • Révenin, R. (dir.) Hommes et masculinités de 1789 à nos jours. Contributions à l’histoire du genre et de la sexualité en France, Paris, Autrement, 2007.
  • Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello (dir.), Histoire de la virilité, 3 vol., Paris, Seuil, 2011.

Modalités de soumission

La revue accueille des articles originaux issus d’enquêtes empiriques, ainsi que des notes critiques s’inscrivant dans ce thème. Les articles, de 40 000 signes maximum (espaces, notes et bibliographie compris) et les notes critiques, de 25 000 signes maximum, doivent être accompagnés de 5 mots-clés et d’un résumé de 150 mots (en français et en anglais). Ils devront parvenir sous forme électronique (cf. indications ci-dessous pour la mise en forme des textes) aux coordinateurs du numéro

avant le 16 mars 2015

aux adresses suivantes :

  • Julien Bertrand : julien.bertrand[at]univ-tlse3.fr
  • Christine Mennesson : christine.mennesson[at]univ-tlse3.fr
  • Martine Court : martine.court[at]univ-bpclermont.fr
  • Vinciane Zabban: vinciane.zabban[at]gmail.com

La revue accueille par ailleurs des articles hors dossier thématique (40 000 signes maximum), qui doivent être envoyés aux adresses suivantes :

  • Carine Ollivier : carine.ollivier[at]univ-rennes2.fr
  • Vinciane Zabban : vinciane.zabban[at]gmail.com
  • hd.terrainstravaux[at]gmail.com

Mise en forme des textes pour une première soumission à Terrains & travaux :

  • Document au format Word (.doc) en Times 12, interligne simple
  • 2 niveaux hiérarchiques de titres, non numérotés : titres de parties en gras, sous-titres en italiques
  • Pour les normes de présentation des références bibliographiques, se référer au document suivant :  http://tt.hypotheses.org/consignes-aux-contributeurs/mise-en-forme

Coordination scientifique

  • Julien Bertrand
  • Christine Mennesson
  • Martine Court
  • Vinciane Zabban

Comité éditorial

  • Élodie BETHOUX (maître de conférences, ENS Cachan, IDHE)
  • Jean-Samuel BEUSCART (chercheur, SENSE, Orange Labs)
  • Ashveen PEERBAYE, Rédacteur en chef (maître de conférences, Université Paris Est Marne-la-Vallée, LATTS)
  • Anne REVILLARD (maîtresse de conférences, Sciences Po, OSC-LIEPP )
  • Caroline VINCENSINI (professeur agrégée, ENS Cachan, IDHE)

Comité de rédaction 

  • Pauline BARRAUD DE LAGERIE (maîtresse de conférences, Université Paris Dauphine, IRISSO)
  • Antoine BERNARD DE RAYMOND (chargé de recherche, INRA, RiTME, Ivry-sur-Seine)
  • Vincent-Arnaud CHAPPE (doctorant, ENS Cachan, ISP)
  • Éric DAGIRAL (maître de conférences, Université Paris Descartes, CERLIS)
  • Hélène DUFOURNET (doctorante, ENS Cachan, ISP)
  • Antoine HÉMON (doctorant, Université Paris 1, ENS Cachan)
  • Milena JAKSIC (chargée de recherche CNRS, ISP Cachan)
  • Olivier LE NOÉ (maître de conférences, Université Paris Ouest Nanterre La Défense)
  • Arnaud MIAS (maître de conférences, Université de Rouen, DYSOLA, associé à l’IDHE)
  • Carine OLLIVIER (maîtresse de conférences, Université Rennes 2, CIAPS)
  • Élise PALOMARES (maîtresse de conférences, Université de Rouen, DYSOLA)
  • Maxime QUIJOUX (chargé de recherche CNRS, Printemps)
  • Emmanuelle TAUGOURDEAU (chargée de recherche CNRS, CES, ENS Cachan)
  • Marie TRESPEUCH (chercheuse, SENSE, Orange Labs)
  • Vinciane ZABBAN (maîtresse de conférences, Université Paris 13, Experice)

Dates

  • lundi 16 mars 2015

Mots-clés

  • socialisation, genre, masculin, enfance

Contacts

  • Vinciane Zabban
    courriel : vinciane [dot] zabban [at] gmail [dot] com
  • Julien Bertrand
    courriel : julien [dot] bertrand [at] univ-tlse3 [dot] fr

Source de l'information

  • Vinciane Zabban
    courriel : vinciane [dot] zabban [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Socialisations masculines de l’enfance à l’âge adulte », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 25 septembre 2014, https://doi.org/10.58079/qvb

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