Argumentaire
Vingt-trois ans après la chute de l’Union Soviétique, les termes et les concepts dans lesquels peut s’appréhender la Russie contemporaine ont évolué. Dans l’optique d’une lecture à l’aune des temporalités (c’est-à-dire d’une vision plurielle des temps humains, par opposition à une vision objectivée d’un temps qui serait continu et uniforme), les interprétations des mutations vécues se font concurrence : si la piste d’une conjoncture révolutionnaire n’a jamais été suivie, les questionnements sur la « transition », rapidement dépassés, ont été relayés par d’autres approches qui font place aux notions de path dependency, de transformations et de mutations qui vont bien au-delà d’un simple changement de régime, mais produisent des configurations inédites, pour l’analyse desquelles de nouveaux outils sont actuellement pensés. D’autres travaux ont mis en avant une superposition particulière de temporalités différentes (temps économique vs temps politique et temps sociétal) qui rendent d’autant plus complexe l’analyse de ces transformations.
De quelle manière les évolutions et les mutations sont-elles donc présentées ? Qu’est-ce qui relève, dans ces représentations, de la rupture, et de la continuité ?
Temporalités individuelles et collectives, mais aussi temporalités économiques, politiques et sociétales sont à envisager dans leur singularité, dans leurs articulations et leurs tensions. Les points de rupture et les bifurcations sont à envisager avec attention car ils ne correspondent pas toujours, loin s’en faut, à ce que le sens commun désigne comme les événements clés. Quant à la continuité, elle peut s’appréhender par un retour sur l’histoire russe et soviétique en particulier par la manière dont celle-ci est convoquée comme source de modèles, d’antithèses ou de références. L’histoire (history) inspire ainsi une réflexion sur les mutations vécues, mais également des pratiques, mises en œuvre dans le cadre de politiques publiques et institutionnelles.
L’histoire racontée (les récits historiques – stories), qu’elle raconte l’histoire collective ou individuelle, met en évidence ces ruptures et/ou ces continuités. L’histoire comme formalisation de la mémoire collective relève de l’activité herméneutique qui, dans ses manifestations extrêmes conduit de l’interprétation à la réinterprétation et à la falsification. La mémoire collective passe aussi par la constitution d’un patrimoine, institution qui est aujourd’hui interprétée comme appartenant à l’ordre du figement. Face aux processus propres à la constitution ou à la fabrication d’une mémoire collective, on trouve aussi la construction des mémoires individuelles, qui passent par la tenue d’un journal ou par le témoignage rétrospectif. C’est ce que propose A. Yurchak qui convoque différents matériaux et plusieurs disciplines pour montrer dans Everything was forever, until it was no more à la fois à quel pointle régime soviétique tardif semblait éternel et comment sa fin était attendue et prévisible. Les écrits, les récits de vie comme sources de connaissance pour les sciences sociales des mutations vécues par le monde russe peuvent être un axe d’étude pour comprendre quel rôle joue le passé et son appréhension dans l’écriture du présent et de l’avenir. En outre, le travail sur la vie quotidienne permettrait une approche anthropologique de la question des temporalités dans le monde russe.
Cette histoire est à la fois celle de l’empire russe d’avant 1917, et celle de l’Union soviétique. Dans les représentations « grand public » des mutations de la Russie actuelle, on rencontre des discours qui mettent en avant le retour du soviétisme, ou bien la question de l’empire – pour aboutir souvent à la conclusion hâtive selon laquelle la Russie vit dans une forme assumée de continuité, notamment celle du pouvoir fort. L’analyse des discours, des représentations et des pratiques permettra de déceler l’utilisation de références à une cyclicité dans le cadre de la fabrication d’un autre système, d’une reconfiguration, d’une nouvelle combinaison, qui associe les éléments anciens aux mutations nécessairement nouvelles.
Dans la catégorie des représentations, il serait également intéressant d’étudier le rôle des mythes, qu’il s’agisse de ceux auxquels adhèrent les Russes en Russie, ou de ceux que se fabriquent les Occidentaux. Le mythe a une fonction fondatrice, une fonction d’identification, mais aussi d’explication, il est ancré dans le temps long : comment s’écrit-il et quelle influence a-t-il dans la construction des nouvelles configurations russes ? Du reste, la notion de mythe elle-même est à interroger : créer une configuration mythique est sans nul doute une ambition du pouvoir, mais le marketing politique suffit-il à donner naissance à une telle construction ?
Si l’on s’intéresse au court terme, une des catégories du temps est celle du rythme et du tempo : par quels moyens le pouvoir donne-t-il son tempo à la société russe ? Et comment ce tempo donné sur l’action à court terme se combine-t-il avec le sentiment donné par V. Poutine à la société que le pays est en voie de redressement sur le long terme – ou même que le processus est abouti, compte tenu de la place retrouvée de la Russie sur la scène internationale par exemple (la gestion de la crise ukrainienne peut fournir une étude de cas intéressante sur ce point) ? Ceci amène à une autre interrogation, celle du tempo que la Russie chercherait à donner au monde en procédant à des transformations qui contribuent à construire un nouvel ordre international, introduisant de l’incertitude qui rendrait caduque la temporalité de l’après-guerre froide.
Le tempo du pouvoir est donné par la politique intérieure sous sa forme institutionnelle, c’est-à-dire par les réformes conçues, votées puis mises en application sous la présidence de V. Poutine – processus dont le calendrier serait intéressant à observer. Mais il passe aussi par la politique intérieure en tant qu’elle est menée par l’homme V. Poutine, et son instauration d’une verticale du pouvoir, qui engendre en retour résistances et révoltes, émergence d’oppositions ou au contraire de mouvements de soutien et d’appui au pouvoir en place. Quelle utilisation des médias et des réseaux sociaux observe-t-on dans le renouvellement ou le développement des modes de mobilisation et comment reconfigurent-ils les temporalités politiques ?
On pourra également accorder une importance particulière aux temporalités de crise : face aux conjonctures critiques, le pouvoir est tantôt dans une logique de confrontation (la crise constitutionnelle d’octobre 1993 en fournit un exemple), tantôt dans une logique d’aplanissement.
De manière générale, caractériser les différentes temporalités à l’œuvre dans les discours sur la Russie actuelle permet de réfléchir aux temporalités que l’on associe généralement aux régimes dits démocratiques représentant la plupart des sociétés occidentales et montrer en quoi elles se distingueraient d’autres régimes. On peut par exemple s’intéresser aux temporalités propres au vote et aux campagnes électorales, ainsi qu’à l’alternance. La notion de temporalités pourrait être explorée sur le long et le court terme. Elle recouvre le rapport au temps dans toute sa diversité : les temps sociaux et de sociabilité de la vie quotidienne, le rapport à la culture et à la politique.
La revue Temporalités étant pluridisciplinaire, les articles attendus pourront relever de différentes disciplines des sciences humaines – sociologie, anthropologie, économie, science politique, histoire, droit, linguistique. Cette liste n’est pas exhaustive. La revue privilégie la publication des résultats de recherches empiriques et dont le périmètre est clairement délimité.
Appel à articles pour le n° 22 de Temporalités (2015/2) — « Temporalités et mutations du monde russe et post-soviétique »
Dossier coordonné par Natalia Leclerc (UBO) et Anne Le Huérou (Université Paris Ouest Nanterre, ISP, CERCEC)
Envoi des projets d’articles
La sélection des projets d’articles se fera à partir d’une note d’intention de 5 000 signes, qui devra parvenir aux coordinateurs du numéro, Natalia Leclerc (natalialeclerc@gmail.com) et Anne Le Huérou (anne.lehuerou@free.fr), ainsi qu’au secrétariat de rédaction de la revue (temporalites@revues.org)
avant le 15 décembre 2014.
Calendrier récapitulatif, échéances
- Réception des propositions (résumés de 5 000 signes maximum) : 15 décembre 2014
- Réponse des coordinateurs : 15 janvier 2015
- Réception des articles (50 000 signes maximum) : 15 avril 2015
- Retour des expertises des referees : 30 mai 2015
- Réception de la version révisée : 1er septembre 2015
- Remise des version définitives : 15 octobre 2015
- Parution : décembre 2015
Nos consignes aux auteurs :
http://temporalites.revues.org/684
Nos procédures :
http://temporalites.revues.org/683
Comité de Rédaction
- Béatrice Barthe, Maître de conférences, Docteur en ergonomie, UMR 5263 CNRS, Université Toulouse 2 le Mirail - Cognition, Langues, Langage & Ergonomie (CLLE)
- Jean-Michel Baudouin, Professeur en sciences de l’éducation à l’université de Genève
- Paul Bouffartigue, Directeur de recherche CNRS au Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST).
- Jean-Yves Boulin, Chargé de recherche CNRS à l’Irisso (Dauphine). Temps de travail, temps de la ville.
- Sylvie Célérier, Professeur Université de Lille 1 – Clersé. Chercheur associée CEE
- Beate Collet, Maître de Conférence en sociologie, GEMASS, UMR 8598, Paris 4
- Didier Demazère, Directeur de recherche CNRS au Centre de sociologie des organisations (CSO, Sciences-Po)
- François-Xavier Devetter, Maître de conférences en sciences économiques au Clersé (Lille 1)
- Claude Dubar, Professeur émérite de sociologie à l’université de Versailles – Saint-Quentin
- Ghislaine Gallenga, Maîtresse de Conférences en Anthropologie, Université d’Aix-Marseille — Institut D'Ethnologie Européenne Méditerranéenne Et Comparative - IDEMEC CNRS UMR 7307
- Natalia Leclerc, Professeur agrégée de lettres modernes à l’université de Brest, docteur en littérature générale et comparée
- Léa Lima, Maître de conférences en sociologie au Cnam, Directrice adjointe du LISE, UMR 3320
- Jean-Marc Ramos, Maître de conférences en sociologie à l’université Paul Valéry – Montpellier 3. Membre fondateur de Temporalités, il a codirigé le bulletin Temporalistes avec William Grossin.
- Nicolas Robette, Maître de conférences en démographie à l’université de Versailles – Saint Quentin, membre du laboratoire Printemps et chercheur associé à l’Ined
- Mélanie Roussel, Docteure en sociologie, Centre universitaire de Recherches sur l'Action Publique et le Politique, Épistémologie et Sciences Sociales - CURAPP-ESS (UMR 7319)
- Diane-Gabrielle Tremblay, Professeur, Université du Québec, TÉLUQ. Chaire de recherche sur les enjeux socio-organisationnels de l'économie du savoir, gestion des âges et des temps sociaux
Comité scientifique
- Nadya Araujo Guimaraes, Professeur de sociologie à l’université de São Paulo. Rôle des institutions sur le marché du travail, liens entre genre, origine ethnique et emploi.
- Thierry Blin, Maître de conférences en sociologie à l’université Montpellier III. Action collective, mouvements sociaux, mais aussi l’œuvre d’Alfred Schütz.
- Maryse Bresson, Professeur de sociologie à l’université de Versailles – Saint-Quentin. Membre du laboratoire Printemps, spécialisée dans la sociologie des précarités et de l’intervention sociale.
- Nathalie Burnay, Docteur en sociologie, enseigne à l’université catholique de Louvain. Chômage, retraite, transmission.
- Frédéric de Coninck, Ingénieur général des ponts et chassées habilité à diriger des recherches en sociologie. Directeur de l’école doctorale Ville et environnement de Paris Est. Codirige le numéro 16 sur les conflits de temporalités dans les organisations.
- Ghislaine Gallenga, Maître de conférences au département d’anthropologie de l’université de Provence, elle est responsable de l’axe de recherches « Transformations des entreprises, des métiers et des espaces » au laboratoire Idemec, où elle conduit des recherches de terrain en ethnologie de l’entreprise.
- Corinne Gaudart, Chargée de recherche CNRS en ergonomie au Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (Lise – CNAM). Conditions de travail, ergonomie du travail.
- Abdelhafid Hammouche , Professeur de sociologie à Lille 1 et directeur du Clersé. Action publique dans l’espace urbain, famille en situation migratoire, rapports d’autorité intergénérations.
- Christian Lalive d’Épinay, Professeur honoraire au centre interfacultaire de gérontologie de Genève. Parcours de vie, vieillesse, loisirs et travail, récits de vie, culture et dynamique des sociétés industrielles.
- Michel Lallement, Professeur de sociologie au CNAM et ancien directeur du Lise. Régulations du travail et de l’emploi, travail et utopie, trajectoires sociales et production culturelle.
- Carmen Leccardi, Professeur de sociologie à l’université Bicocca de Milan. Processus de mutations culturelles, implications éthiques et de pouvoir de la question temporelle.
- Élisabeth Longuenesse , Chercheuse en sociologie à l’Institut français du proche-orient (Ifpo). Travail et question sociale, professions savantes et syndicalisme professionnel, migrations et mobilités.
- Catherine Omnès, Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Versailles – Saint-Quentin, présidente du conseil scientifique du Comité d’histoire de la sécurité sociale, Catherine Omnès travaille sur les marchés du travail et les trajectoires professionnelles, la santé et la sécurité au travail, et les pratiques et politiques patronales.
- Vanilda Païva , Professeur retraitée de l’université fédérale de Rio de Janeiro. Sociologie de l’éducation.
- Agnès Pélage, Maître de conférences en sociologie à l’UVSQ et membre du laboratoire Printemps. Classes sociales, construction sociale du droit du travail, direction de l’enseignement secondaire.
- Jérôme Pélisse, Maître de conférences en sociologie et directeur du laboratoire Printemps. Négociations dans le milieu du travail, temps de travail, action publique en matière d’emploi, sociologie du droit.
- Emília Rodrigues Araújo , Professeur de sociologie à l’université de Minho (Portugal) : sociologie de la culture et représentations du temps.
- Christiane Rolle, Ingénieur d’Études UVSQ en retraite. Ancienne secrétaire de rédaction de la revue, a notamment coordonné, avec Morgan Jouvenet, le dossier du n° 14.
- Laurence Roulleau-Berger, Directrice de recherche CNRS en sociologie, Triangle, ENS-Lyon. Villes internationales (Europe et Chine et économies plurielles), emploi, migrations, désoccidentalisation de la sociologie.
- Gabrielle Varro, Chargée de recherche en sociologie au CNRS HDR (retraitée).
- Didier Vrancken , Professeur de sociologie à l’université de Liège et directeur du Centre de recherche et d’intervention sociologiques. Action et intervention en siuation d’incertitude. Parcours de vie.
Argument
Twenty-three years after the disappearance of the Soviet Union, the words and concepts with which to capture the reality of contemporary Russia have evolved. Within the interpretative framework of temporality, in other words a plural conception of human temporalities as opposed to an objectified concept of uniform and continuous time, various interpretations of the changes undergone compete with one another: if the notion of a revolutionary change has never caught on, approaches focusing on “the transition” have been rapidly superseded by other modes of apprehension using the concepts of path dependency, of transformations and mutations that go far beyond that of a simple change of regime, while producing novel configurations whose analysis requires the elaboration of the tools now being thought out. Other studies have brought to the fore the way different temporalities (economic time versus political time and societal time) overlap, further complexifying the analysis of these transformations.
How then are these evolutions and mutations represented? Which aspects of these representations relate to rupture, which to continuity?
Individual and collective temporalities, as well as economic, political and societal temporalities, need to be examined in their specificity, their own articulations and tensions. Ruptures and turning points need to be studied with particular care as they far from systematically correspond to what common sense considers to be key events. Regarding continuity, it can be apprehended through a return to Russian and Soviet history, in particular to the way this history is called upon as a source of models, contradictions or references. History thus inspires a reflexion on changes as they have been lived but also on the practices put in place within the framework of public or institutional policies.
History as it is told, or its stories, whether individual or collective, brings to light these ruptures and/or continuities. History as a formalization of collective memory is a hermeneutic activity which, in its more extreme manifestations, can go from interpretation to reinterpretation and falsification. Collective memory also implies the constitution of a collective patrimony, an institution today interpreted as a form of congealing. Parallel to the processes proper to the constitution of a collective memory, we need to consider those enabling the construction of individual memories, such as diaries or testimonies. This is what A. Yurchak suggests when he uses different types of sources and different disciplines to show, in Everything was forever, until it was no more, both the degree to which the late Soviet regime seemed eternal and that to which its end was expected and predictable. Personal writings and life recollections as sources of data for the social sciences regarding the changes that have affected the Russian world can also be considered as an axis of study to understand the role played by the past and its interpretation in the way the present and the future are being written. Furthermore, the study of everyday life could open onto an anthropological approach to the issue of the temporalities of the Russian world.
This history is both that of the Russian Empire before 1917 and that of the Soviet Union. In accounts for the “general public” of the changes occurring in contemporary Russia, there are discourses which highlight the return of sovietism, or the issue of empire – and conclude hastily with the idea that Russia lives on with its own forms of continuity, among others that of a strong central power. The analysis of discourses, representations and practices should enable the deciphering of the use of references to cycles within the context of the building of another system, of a reconfiguration, a new combination, which combines the old elements with the necessarily new changes.
Regarding the category of representation, it would also be interesting to study the role of myths, be they those believed in by Russians in Russia, or those the West builds itself about Russia. Myth has a founding function, one of identification but also of explanation, and has a long time horizon: how does it get written and what influence does it have on the building of the new Russian configurations? The very notion of myth needs examining anyway: creating a mythical configuration is certainly an ambition of those who wield power, but can political marketing alone give rise to such a configuration?
In the short term, one of the categories of time is that of rhythm and tempo: how does the power elite give Russian society its tempo? And how does the tempo thus imparted to short term action combine with the feeling, given by Vladimir Putin to Russian society, that long-term the country is heading for recovery, or even has already recovered, given Russia’s return to the fore in international matters for example (he management if the Ukrainian crisis could be an interesting case study from that point of view)? These considerations lead to another issue, that of the tempo Russia is allegedly imposing in the world by proceeding with changes contributing to the elaboration of a new world order, thus introducing uncertainties susceptible of rendering the temporalities of the post-Cord War era obsolete.
The tempo given by the power elite originates in internal politics in their institutional form, that is in the reforms voted then implemented during Putin’s presidency, a process whose calendar timing and scheduling is probably worth analsying. But it is also linked to the political leadership of Putin the man, with its vertical axis of power, which in return engenders resistance and revolt, the emergence of opposition or on the contrary movements supporting and defending the present balance of power. What can be observed regarding the use of social and networking media in the renewing or developing of modes of political mobilisation and how rare they reconfiguring political temporalities?
Place can also be given to the temporalities of crisis: confronted with critical issues, the power elite is either confrontational (the institutional crisis of October 1993 is an example) or caught up in a logic of appeasement.
In a general way, characterising the different temporalities at work in the discourses around contemporary Russia is a way of thinking about the temporalities generally associated with the regimes known as democratic, which account for most of Western societies, and show how they differ from other regimes. One can imagine taking a look at for example the temporalities proper to voting and electoral campaigns as well as to the alternation of power. The notion of temporality could also be explored in the short and the long term. It covers the relationship to time in all its diversity: social time and sociability in everyday life, the relationship to culture and that to politics.
As Temporalités is a pluri-disciplinary journal, papers can origin in the different disciplines of the humanities – sociology, anthropology, economics, political science, history, law, linguistics. The former list is not exhaustive. The journal gives priority to the publication of empirical research whose scope is clearly defined.
Proposals
Papers will be selected on the basis of proposals (maximum length 5000 characters), which need to reach the volume’s editors, Natalia Leclerc (natalialeclerc@gmail.com) and Anne Le Huérou (anne.lehuerou@free.fr), as well as the journal’s administrative secretary (temporalites@revues.org) by December 15 2014.
Schedule and deadlines
Deadline for the reception of proposals (5000 characters maximum):
December 15 2014
- Responses: January 15 2015
- Deadline for reception of papers (50, 000 characters maximum): April 15 2015
- Deadline for referee reports: May 30 2015
- Deadline for revised papers: September 1 2015
- Deadline for final versions: October 15 2015
- Publication: December 2015