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TempTech : les temporalités de la technique
Séminaire du réseau « Penser la technique en société »
Published on Friday, November 28, 2014
Abstract
Les technologies posent des questions vives aux sociétés contemporaines. Il importe donc de développer une authentique pensée de la technique et de son inscription dans les temps des sociétés. Voilà pourquoi le réseau « Penser la technique en société » d’HeSam Université s’est doté d’outils communs de réflexion autour des thématiques partagées : durabilité des technologies, analyse des processus techniques, mises en récit de la technique, régimes de conception, de création et d’innovation, rôle de l’action dans l’élaboration des savoirs, relation technique-esthétique, fonction des expériences et des expérimentations, diffusion de la culture technique et industrielle. La confrontation des théories et des études de cas est indispensable pour réduire le cloisonnement et le silotage autour de ces objets cruciaux.
Announcement
Argumentaire
Notre travail interdisciplinaire procède d’un questionnement sur la temporalité des objets techniques. Les innovations techniques s’inscrivent dans le temps historique des sociétés et des cycles économiques tout en mobilisant des forces et des matériaux tirés de la nature. Comment les temporalités propres à chacun de ces domaines – nature, technique et société – interfèrent-elles ? Cette question oblige à croiser l’histoire, la philosophie et la socio-anthropologie des techniques avec les théories de la conception, l’étude du design ou de la conception des innovations ou encore celle de la formation des ingénieurs et des experts.
On parle de « développement durable », de « transition énergétique », d’ « innovation de rupture », d’« énergies renouvelables », d’« économie circulaire », de « temps réel », de « traces numériques »… Chacune de ces expressions à la mode engagent une référence au temps. Mais de quel temps s’agit-il ? Comment faire se rejoindre les concepts d’innovation, assimilé depuis Francis Bacon à une idée de rupture, et celui de soutenabilité, fondé, en son principe, sur l’agencement du continu et la préservation du durable ? Que faire du concept de « conception de l’inconnu » que développent les théories de la conception et les professionnels de l’innovation ? Comment concilier la temporalité de l’innovation et celle du maintien dans l’existence des objets et des systèmes techniques (maintenance, préservation du patrimoine, recyclage), la capacité de nos sociétés à se réinventer et l’entretien du fonctionnement du monde commun ?
Les techniques s’enracinent dans des durées très hétérogènes et contribuent à leur tour à projeter de nouvelles durées (récits évolutionnistes, imaginaires de science-fiction, nouveaux média, feuilles de route, promesses, attentes, craintes, espérances) qui remodèlent l’expérience subjective et collective du temps. Les techniques contemporaines nous confrontent souvent à des objets qui chevauchent les échelles de temps : inscrits dans le présent – et même pour la plupart dans le jetable et l’éphémère – ils persistent néanmoins dans l’existence bien au-delà des projets de leurs concepteurs. Simultanément, de nombreux usages de techniques anciennes perdurent et cohabitent avec les formes nouvelles. Le monde contemporain apparaît ainsi davantage comme un palimpseste de temps multiples que comme le produit d’un front d’innovation allant sans cesse de l’avant.
Il s’agit donc d’étudier les techniques sous l’angle de la multiplicité des échelles et des figures du temps dont participe leur inscription dans le monde. Les objets techniques constituent en effet des points de tangence entre des temporalités multiples, historiques, socioculturelles et naturelles (des rythmes du corps aux cycles de la Terre). Les ingénieurs, les concepteurs et les designers sont confrontés à l’accélération – technique comme culturelle – de l’obsolescence, tandis que nos actes et de nos choix techniques déploient leurs conséquences de plus en plus loin dans le temps (épuisement des ressources, changement climatique, durée des déchets, transformations anthropologiques à long terme). Le renouvellement tous les cinq ans des logiciels et des supports matériels de lecture met en péril la mémoire des individus, des institutions et des États (comme l’a montré le cas célèbre des archives illisibles de la NASA). Dans quelle durée civilisationnelle s’inscrivent de tels artéfacts ? Avec l’essor du « big data » ou encore de la médecine génomique, nos sociétés projettent de plus en plus leur futur dans des traces. Le futur, en tant qu’horizon à la fois désiré et obligé des temporalités humaines, individuelles et sociétales, revêt ainsi des représentations contradictoires – éternel présent dans le cas de la soutenablité, éternel remaniement dans le cas de la conception innovante.
Pour penser l’innovation dans la durée, il faut donc accepter de mettre le temps en question, de s’interroger sur la dynamique temporelle des innovations, de la conception et de la construction des objets, tout comme sur leur durabilité sous ses multiples formes : durabilité des ressources, durée de vie et d’usage, et du devenir des objets après le temps de leur usage.
Programme
Le séminaire du Réseau Penser la Technique en Société se tiendra le 3e mercredi de chaque mois à la SEIN et par webconférence à partir de ce lien.
Séance 1 – mercredi 19 novembre 2015
17h-19h
Sezin TOPCU, La France nucléaire. L’art de gouverner une technologie contestée, Seuil, coll. Sciences Humaines, 2013
Discutante : Laurence Raineau (CETCOPRA)
Séance 2 – mercredi 17 décembre 2015
17h-19h
Stéphane LEMBRE, L’école des producteurs. Aux origines de l’enseignement technique en France (1800-1940), Presses universitaires de Rennes, coll. Carnot, 2013
Séance 3 – mercredi 14 janvier 2015
17h-19h
Thomas LE ROUX, Michel LETTE (dir), Débordements industriels. Environnement, territoire et conflit, XVIIIe-XXIe siècle, Presses universitaires de Rennes, coll. Histoire, 2013
Discutants : Aurélien Cohen et Laure Dobigny (CETCOPRA)
Séance 4 – mercredi 18 février 2015
17h-19h
Alain BELTRAN, Jean-Pierre WILLIOT, Les routes du gaz, Histoire et enjeux du transport du gaz, Le Cherche Midi, coll. Beaux Livres, 2012
Séance 5 – mercredi 18 mars 2015
17h-19h
Martina SCHIAVON, Itinéraires de la précision. Géodésiens, artilleurs, savants et fabricants d’instruments de précision en France, 1870-1930, Presses Universitaires de Nancy, 2013
Séance 6 – mercredi 15 avril 2015
17h-19h
Tim INGOLD, Making: Anthropology, Archaeology, Art and Architecture, Routledge, London, 2013.
Discutants : Sophie Poirot Delpech et Gérard Dubey (CETCOPRA)
Séance 7 – mercredi 20 mai 2015
17h-19h
Pamela H. SMITH, Amy MEYERS, Harold J. COOK, Ways of Making and Knowing: The Material Culture of Empirical Knowledge, University of Michigan Press, Bard Graduate Center Cultural Histories of the Material World Series, 2014
Séance 8 – mercredi 17 juin 2015
17h-19h
Cathy DUBOIS, Michel AVIGNON, Philippe ESCUDIER, Observer la Terre depuis l’espace. Enjeux des données spatiales pour la société, Dunod, coll. Quai des sciences, 2014
Discutants : Pierre de Jouvancourt et Alexandre Duclos (CETCOPRA)
Comité d'organisation
Iinitiateurs
- Anne-Françoise Garçon (coordination du projet). Centre d’histoire des techniques de l‘Institut d’histoire moderne et contemporaine (IHMC), UMR CNRS-ENS-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
- Bernadette Bensaude-Vincent. Centre d’études des techniques, des connaissances et des pratiques (CETCOPRA). Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
- André Grelon. Centre Maurice Halbwachs (CMS). Ecole des hautes études en sciences sociales (CNAM).
- Olivier Hirt. Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI).
- Valérie Nègre. Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris La Villette (ENSAPLV).
- Jean-Claude Ruano-Borbalan. Laboratoire Histoire des Technosciences en Société (HT2S) du Centre national des arts et métiers (CNAM).
Avec le soutien
- du Centre de gestion scientifique de l’Ecole des mines parisTech ;
- de l'équipe Ingénieries, Techniques, Urbanisations, Sociétés (ITUS) de l'INSA Lyon ;
- Du laboratoire Recherches et Etudes sur le changement Industriel, Technologique et Sociétal de l’Université de technologie Belfort-Montbéliard (RECITS) ;
- Du Musée des arts et métiers ;
- De la Société d’encouragement pour l’industrie nationale (SEIN).
Subjects
Places
- Société d'encouragement pour l'industrie nationale (SEIN), 4, place Saint-Germain-des-Prés
Paris, France (75006)
Date(s)
- Wednesday, November 19, 2014
- Wednesday, December 17, 2014
- Wednesday, January 14, 2015
- Wednesday, February 18, 2015
- Wednesday, March 18, 2015
- Wednesday, April 15, 2015
- Wednesday, May 20, 2015
- Wednesday, June 17, 2015
Keywords
- technique, théories de la conception, design, ingénieur, interdisciplinarité, innovation, pensée technique, temporalité
Contact(s)
- Anne-Fançoise Garçon
courriel : Anne-Francoise [dot] Garcon [at] univ-paris1 [dot] fr
Information source
- Sacha Loeve
courriel : sacha [dot] loeve [at] univ-lyon3 [dot] fr
License
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To cite this announcement
« TempTech : les temporalités de la technique », Seminar, Calenda, Published on Friday, November 28, 2014, https://doi.org/10.58079/ri9