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Community action: what autonomy? For whom?

L'action communautaire : quelle autonomie ? Pour qui ?

Nouvelles pratiques sociales journal - special issue, no. 2 (Spring 2016)

Revue Nouvelles pratiques sociales - Hors série, n°2 (Printemps 2016)

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Published on Friday, December 19, 2014

Abstract

Dans le cadre de ses activités de mobilisation des connaissances, la revue Nouvelles pratiques sociales (NPS) s’est associée à des partenaires des milieux communautaires pour interroger les enjeux théoriques, idéologiques et politiques de l’autonomie de l’action communautaire, autant en ce qui concerne l’organisation en tant que telle que les personnes pour qui elle existe. Dans le cadre d’un numéro hors série, NPS lance cet appel de contributions à la communauté scientifique pour enrichir ces réflexions qui sont menées parallèlement avec des acteurs des milieux communautaires. 

Announcement

Argumentaire

Dans le cadre de ses activités de mobilisation des connaissances, la revue Nouvelles pratiques sociales (NPS) s’est associée à des partenaires des milieux communautaires pour interroger les enjeux théoriques, idéologiques et politiques de l’autonomie de l’action communautaire, autant en ce qui concerne l’organisation en tant que telle que les personnes pour qui elle existe. Dans le cadre d’un numéro hors série, NPS lance cet appel de contributions à la communauté scientifique pour enrichir ces réflexions qui sont menées parallèlement avec des acteurs des milieux communautaires.

Dans le prolongement des débats concernant les rapports entre l’État et les organismes communautaires, ainsi que les enjeux de financement pouvant affecter leur autonomie, qu’en est-il des réflexions actuelles sur les fondements normatifs de cette autonomie ? Sur quelles conceptions de la liberté et de la responsabilité, l’autonomie de l’action communautaire est-elle fondée actuellement ? Mais, plus spécifiquement, à quels types d’autonomie l’action communautaire permet-elle à ses « destinataires »[1] d’accéder ?

Une interprétation plurielle de l’autonomie

Si l’étymologie du terme autonomie (se gouverner par ses propres lois) semble simple à comprendre en apparence, l’histoire du traitement que la philosophie politique lui a réservé tend plutôt à démontrer le contraire. La revue Le Sociographe nous l’a bien montré dans un récent numéro intitulé « Les paradoxes de l’autonomie ». Selon l’orientation théorique ou idéologique adoptée, on peut parler d’autonomie individuelle, fonctionnelle, morale, rationnelle, sociale, collective, privatisée, etc. Afin de ne pas nous-mêmes inscrire cet appel à contribution dans une vision trop sélective de l’autonomie, nous empruntons la posture de Ricard qui utilise le concept « d’autonomie relationnelle » pour identifier les différentes interprétations de l’autonomie en fonction des rapports sociaux contribuant à la définir (Ricard, 2010 :4). L’autonomie relationnelle nous rappelle que l’autonomie des personnes se situe entre l’autonomie de base (être considéré comme un agent moral, avoir un statut de sujet politique) et l’autonomie idéale (obtention de droits et autres statuts). L’autonomie relationnelle met en cause « la façon dont on conçoit la façon dont l’individu est un agent […] Il s’agit de voir en quoi un concept descriptif et donc formel de l’autonomie a nécessairement une incidence sur le projet normatif pour lequel il sert d’outil théorique » (Ibid. : 4). Ainsi, certains peuvent affirmer que l’autonomie ne signifie pas seulement que nous puissions être les auteurs de nos jugements, mais qu’elle suppose également une émancipation en vue d’atteindre un certain type idéal de liberté (Nemer, 2013 : 11). D’autres nous mettent en garde contre l’injonction d’autonomie typiquement néolibérale qui en appelle à la responsabilisation de chacun et à la libération des individus de leur dépendance face à l’État. Cette conception particulière de l’autonomie, comprise comme « responsabilisation libératrice » (Hache, 2007), dissimulerait une forme de contrôle social visant l’adaptation et l’adhésion des individus aux exigences du néolibéralisme. Quelles sont les alternatives à l’autonomie néolibérale ? Enfin, l’autonomie individuelle peut être conçue de manière relative aux limites que lui impose l’inscription de toute action dans un univers normatif sur lequel elle ne jouit pas d’un contrôle absolu. La recherche d’une plus grande autonomie pour les individus ne devrait alors pas viser à soustraire ceux-ci à toute forme de contrainte sociale, mais plutôt à repenser de nouvelles normes sociales pouvant donner naissance à de nouvelles capacités d’action.

Ne pas confondre l’autonomie des destinataires avec celle des organismes

L’autonomie est, depuis longtemps, une revendication du mouvement communautaire. Les organismes la réclament autant pour leur propre gestion organisationnelle que pour les destinataires de leur intervention. L’autonomie est aussi porteuse d’un ensemble de significations auxquelles on s’attarde moins souvent, mais qui teintent l’orientation que ces organismes donnent à leur travail auprès de la population et des pouvoirs publics. Un tour d’horizon des écrits scientifiques et des documents issus des organismes communautaires révèle que très peu d’indications nous sont offertes sur le sens et la conception de l’autonomie revendiquée, outre le fait que celle-ci représente une condition d’existence fondamentale de l’action communautaire. Les définitions que l’on en donne ne sont souvent pas suffisamment précises pour bien en saisir le sens. Par exemple, dans la Politique gouvernementale de reconnaissance de l’action communautaire de 2001, rédigée en collaboration avec le secteur communautaire, on peut lire que « le concept d’autonomie est associé à la distance critique qui doit exister entre le mouvement communautaire et l’État ». De plus, en vertu de l’article 335 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux, l’organisme communautaire peut définir librement ses orientations, ses politiques et ses approches : « Pour les organismes communautaires, le respect de leur autonomie se base sur le fait, entre autres, que leur action représente une réponse que la communauté elle-même donne à ses besoins. Un processus qui comprend non seulement la détermination du besoin comme tel, mais aussi la mise en œuvre des moyens appropriés » (MESS, 2001 : 17). Associer l’autonomie à la distance critique avec l’État ne nous informe pas d’emblée du contenu de cette critique, ni du projet de société sur lequel elle est fondée ou encore, en vertu de quelle finalité idéologique ou pratique elle est formulée. De plus, définir l’autonomie de l’action communautaire autour de la réponse que la communauté donnerait elle-même à ses besoins ne nous précise pas non plus ce que l’on entend par « communauté », ni comment elle fait pour définir ses besoins elle-même dans un contexte traversé par des relations de pouvoir asymétriques. Dans la littérature scientifique, la question de l’autonomie a plutôt fait l’objet de réflexions divergentes quant au rôle politique que doivent jouer les organismes communautaires dans le contexte québécois des réformes successives de l’organisation de la santé et des services sociaux et quant aux enjeux découlant du virage en faveur du partenariat et des contrats de services dans le financement de l’action communautaire. Peu de recherches ont traité directement du type d’autonomie que les organismes communautaires tentent de favoriser chez leurs destinataires et pour les communautés auprès desquelles ils interviennent. C’est pourquoi cet appel souhaite obtenir des contributions aussi à ce niveau moins documenté dans la littérature.

Quelle(s) autonomie(s) pour les destinataires?

Pour approfondir cette réflexion, nous avons choisi, comme point de départ, de poser la question de l’autonomie en nous concentrant sur les rapports politiques que les organisations entretiennent avec les destinataires de l’action communautaire. Ces destinataires sont ceux et celles pour qui ces organisations ont été mises sur pied et pour qui elles développent des services. Il s’agit donc autant d’individus que d’institutions. Nous proposons de documenter les différentes positions de l’autonomie qui existent à l’heure actuelle en fonction de ces rapports politiques et qui peuvent être en tension les unes avec les autres selon les pratiques et les contraintes de l’action. À titre d’exemple, partant des mandats que les organismes disent se donner concernant l’autonomie de leurs destinataires, nous pouvons identifier des catégories de mandats représentant des conceptions idéales-typiques de l’autonomie traversant les pratiques des organismes communautaires. Le présent appel est une occasion de documenter les types de positions possibles au sujet de l’autonomie souhaitée des destinataires. Il va sans dire qu’étant donné que chaque position est une construction idéale-typique, la réalité des organisations témoigne de mouvements dynamiques entre ces positions dépendamment des types d’action ou des visées historiques propres à chaque organisation. Voici les trois représentations d’autonomie idéales-typiques que nous avons formulées à la suite de nos échanges au sein du groupe de mobilisation des connaissances :

Mandat d’expertise déléguée

Une première position pouvant être associée à une interprétation de l’autonomie de l’action communautaire est celle dont la légitimité provient d’un mandat d’expertise sur un problème social, économique ou de santé donné. L’organisation reçoit ce mandat par délégation de l’État via des contrats de services par exemple, de fondations privées ou publiques ou encore s’auto-mandate par le conseil d’administration ou l’embauche d’experts professionnels. L’organisation est ainsi mandatée pour travailler comme experte sur un dossier, un projet ou un programme et cherche à obtenir de la reconnaissance pour ses compétences professionnelles. La finalité qui accompagne habituellement ce type de position est l’adaptation sociale des destinataires à la société. On peut alors parler d’une autonomie orientée des personnes destinataires qui reçoivent le service sans pouvoir en négocier la normativité.

Mandat de représentation

Une deuxième position fonde sa légitimité sur un mandat de représentation de personnes vivant les mêmes conditions sociales d’oppression ou de marginalisation. L’organisation vise à développer l’autonomie des destinataires à l’occasion d’un conflit, c’est-à-dire en exprimant publiquement les désaccords sur certaines pratiques sociales, politiques ou mesures institutionnelles qui affectent négativement les destinataires représentés et ce, au-delà des membres actifs. On peut alors parler d’une autonomie anticipée des destinataires, étant donné que si plusieurs de ces derniers sont absents de l’action engagée, ils peuvent bénéficier des résultats des changements revendiqués. La visée principale est le changement structurel par le développement de la conscience politique critique. La reconnaissance recherchée est le droit de critiquer et de revendiquer des changements sociaux, économiques et politiques.

Mandat de participation

La troisième position tire sa légitimité du mandat de favoriser la participation des destinataires aux actions communautaires de l’organisation et aux prises de décision les concernant. La finalité de l’organisation est de favoriser l’expérimentation collective d’appropriation d’actes sociaux et la création d’espaces de reconnaissance sociale et psychosociale des situations des destinataires. La reconnaissance revendiquée est celle du pouvoir des destinataires de définir leurs problèmes et des solutions. L’autonomie des destinataires fait ainsi l’objet d’une négociation partagée avec les autres acteurs de l’organisation.

Les textes répondant à cet appel pourront s’inspirer de l’un ou l’autre des thèmes suivants issus de travaux de recherche ou d’essais analytiques :

  • Analyse de l’évolution de l’action communautaire et du concept de communauté en lien avec l’autonomie.
  • Analyse de pratiques favorisant l'autonomie des destinataires d'organismes communautaires.
  • Analyse des limites organisationnelles au développement de l'autonomie des destinataires.
  • Analyse de pratiques communautaires visant la responsabilisation des destinataires et des alternatives à l’autonomie néolibérale.
  • Évaluation d'expériences de pratiques participatives communautaires en mettant en lumière le type d’autonomie développée.
  • Étude des contraintes institutionnelles des bailleurs de fonds étatiques ou privés sur l'exercice des pratiques d'autonomie des destinataires.
  • Analyse des conséquences de l’adhésion à une conception particulière de l’autonomie sur le rapport entre les organismes et leurs destinataires.

[1] Le terme « destinataires » est ici utilisé en référence à l’ensemble des personnes et organismes qui bénéficient de l’intervention des organismes (ex.: usagers.ères, participants.es, membres, bénéficiaires, clients.es, citoyens.nes, etc.)

Bibliographie

Hache, É. (2007). « Néolibéralisme et responsabilité », Raisons politiques, vol. 4, no 28, 4-10.

MESS – Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (2001). L’action communautaire. Une contribution essentielle à l’exercice de la citoyenneté et au développement social du Québec, Québec.

Nemer, G. (2013). « L’autonomie, les contours du phénomène », Le Sociographe, Hors-série no 6, 159-172.

Ricard, L. (2010). Autonomie et reconnaissance, Mémoire de maîtrise, Montréal, Université de Montréal, Département de philosophie.

Modalités de soumission

Un résumé de l’article devra d’abord être soumis d'ici 

1er avril 2015

Les articles seront attendus pour le 1er juin 2015, le tout par courrier électronique au secrétariat de la revue Nouvelle pratiques sociales (nps@uqam.ca).

Pour toutes questions relatives à cet appel, les auteures et auteurs sont invités.es à communiquer avec les responsables :

  • Michel Parazelli, professeur

École de travail social, Université du Québec à Montréal

(514) 987-3000, poste 2746

parazelli.michel@uqam.ca

  • Louis Gaudreau, professeur

École de travail social, Université du Québec à Montréal

(514) 987-3000, poste 5101

gaudreau.louis@uqam.ca

Rappel : Les articles doivent être d’au plus 35 000 caractères (espaces compris), notes, bibliographie et tableaux inclus. Nous vous invitons à consulter le Guide de présentation des articles sur notre site web afin de prendre connaissance de l’ensemble des normes de présentation. Enfin, rappelons que les textes soumis doivent être inédits, c’est à dire qu’ils ne doivent pas avoir fait l’objet d’une publication antérieure.


Date(s)

  • Wednesday, April 01, 2015

Keywords

  • action communautaire, autonomie, responsabilité, norme sociale, destinataire d'intervention, pratique sociale

Contact(s)

  • Michel Parazelli
    courriel : parazelli [dot] michel [at] uqam [dot] ca
  • Louis Gaudreau
    courriel : gaudreau [dot] louis [at] uqam [dot] ca

Information source

  • Sarah Delisle
    courriel : nps [at] uqam [dot] ca

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Community action: what autonomy? For whom? », Call for papers, Calenda, Published on Friday, December 19, 2014, https://doi.org/10.58079/rmd

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