Accueil« Civiliser » le monde, « ensauvager » l'Europe ?

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« Civiliser » le monde, « ensauvager » l'Europe ?

"Civilising" the world, "wilding up" Europe?

Circulation des savoirs, transferts de connaissances et « mimicry » dans l'espace colonial germanophone

The circulation of knowledge, the transfer of knowledge and "mimicry" in the German-speaking colonial space

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Publié le mercredi 28 janvier 2015

Résumé

Ce colloque est centré sur la dynamique circulatoire des savoirs, des transferts de connaissance et des représentations, liée à la notion d’autorité et à l’expérience impériale des mondes germanophones et de leur sphère coloniale. Celle-ci ne se limite pas aux territoires officiellement colonisés, mais comprend l’ensemble des territoires à travers le monde où se sont établis des « colonies d’Allemands » (Amériques, etc.). L’on s’intéressera tout particulièrement au phénomène de retour de l’expérience coloniale, sur la mise en scène de soi par rapport à l’autre colonial, dans le cadre d’une « mimicry inversée », aux discours, représentations, productions textuelles et visuelles et aux projections imaginatives engendrées, tant du côté du colonisateur que du colonisé.

Annonce

Argumentaire

L'expérience coloniale allemande connaît une expansion dans l’espace, mais aussi  dans le temps, car la « colonialité » (Immanuel Wallerstein, Anibal Quijano), entendons le fait colonial en lui-même, sa narration et sa mise en scène dans le discours scientifique, littéraire ou médiatique ainsi que l’imaginaire qu’il suscite, n’a pas pris fin avec le Traité de Versailles privant l’Empire allemand de ses colonies, mais a perduré, sous d’autres formes, sous Weimar et le « Troisième Reich ». 

Inscrits dans le regard colonial que caractérise en premier lieu son autoréférentialité, les espaces colonisés furent tout d’abord perçus comme des espaces sans paysages et par conséquent sans histoire. Sous l’effet de transferts de connaissances, de savoirs et de représentations, les colonies, saisies comme des prolongements des aires métropolitaines, étaient censées devenir sous la pression de l’action coloniale, domestiquant les hommes et transformant la nature, des « paysages européens ». Ainsi, la colonialité se comprend également comme un phénomène de civilisation, c’est-à-dire de mise aux normes occidentales des espaces conquis, engendrant un phénomène de « mimétisme colonial » au sens où l’entend Homi Bhabha. 

Cependant, la colonisation procède d’un double mouvement. Si les colons cherchèrent à façonner des espaces et des hommes autres à leur image, à fabriquer des « Allemagnes nouvelles », cela ne fut pas sans incidences sur la façon dont l’espace germanophone s’appréciait. La découverte d’Ailleurs lointains amena celui-ci à infléchir les certitudes acquises, voire à les reconsidérer pour venir à se repenser. C’est en ce sens que l’on interrogera le « retour de l’expérience coloniale » qui met l’accent sur les phénomènes de (ré)appropriation au sein de l’espace germanophone, de représentations, de pratiques, de modes, de moyens d’expression, de comportements indigènes et / ou colons, ou supposés tels, par le biais d’un rapport de « mimicry inversée ». À travers un jeu de regards et de mises en scènes performatives, centrées autour du désir de « décivilisation », voire d’« ensauvagement du  vieux continent » transparaît l’aspiration  à un dépassement de l’habitus civilisé, c’est-à-dire l’autocontrainte (Norbert Elias) et d’un retour à une primitivité première, ou tout du moins à ce que l’on tient pour un retour aux sources salvateur en vue, non pas de critiquer la « mission civilisatrice » de la colonisation, mais la civilisation elle-même. 

Il s’agit par conséquent d’aborder cette ambivalence coloniale majeure, que nous tenons pour le moteur même de l’action coloniale, et de nous intéresser à la manière dont les « coloniaux » issus de l’espace colonial germanophone ont transformé leurs « Autres », grâce notamment à la mise en œuvre de technologies et de savoirs nouveaux, tout en revenant sur la façon dont ils se sont (ré)imaginés eux-mêmes, à partir des marges et des altérités coloniales.

La lecture des phénomènes s’opérera au travers de deux entrées spécifiques, mais néanmoins liées entre elles thématiquement, la seconde découlant de la première. 

La première concerne les représentations du monde colonial comme « autre soi-même » qui, par le biais de la circulation des savoirs et des transferts de connaissances, voire de projections utopiques qu’exprime une rhétorique et un discours spécifiques qui se distribuent sur l’espace colonisé. 

La seconde entrée portera sur le phénomène de retour de l’expérience coloniale, sur la mise en scène de soi par rapport à l’autre colonial, dans le cadre d’une « mimicry inversée », où l’on se (re)crée à partir de l’intégration de l’autre en soi.

Modalités pratiques d'envoi des propositions 

Les propositions sont à adresser

avant le 10 mars 2015

aux deux adresses suivantes sous forme de résumé d’une page maximum (en français, allemand ou anglais) : 

Comité scientifique 

  • Sylvio Correa, Université de Santa Catarina, Brésil
  • Christine de Gemeaux, Université de Tours, France
  • Adjaï Paulin Oloukpona-Yinnon, Université de Lomé, Togo
  • Catherine Repussard, Université de Strasbourg, France
  • Janos Riesz, Université de Bayreuth
  • Sylvia Paletschek, Université de Freiburg / Breisgau

Lieux

  • Strasbourg, France (67)

Dates

  • mardi 10 mars 2015

Fichiers attachés

Mots-clés

  • colonialisme, espace germanophone, circulations, transfert

Contacts

  • Catherine Repussard
    courriel : repussardcatherine [at] wanadoo [dot] fr
  • Christine de Gémeaux
    courriel : chdegemeaux [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Christine de Gémeaux
    courriel : chdegemeaux [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« « Civiliser » le monde, « ensauvager » l'Europe ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 28 janvier 2015, https://doi.org/10.58079/rwe

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