AccueilLe stade, ses espaces et ses publics

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Publié le lundi 23 février 2015

Résumé

En tant qu’espace dédié à une forme spécifique de culte de la performance sportive, les grands stades structurent la ville, ses images et ses mythologies autour d’une expérience socialement signifiante de la confrontation sportive. La question qui animera l’ensemble des débats sera donc la suivante : comment la société construit-elle les responsabilités qu’elle impute aux différents acteurs de la mise en spectacle du football ? Cherchant à provoquer le débat entre des chercheurs d’horizons variés, cette journée d’étude compte également sur la présence d’acteurs du spectacle du football professionnel (organisateurs, supporters, pouvoirs publics) pour ancrer les débats dans la réalité des terrains.

Annonce

Approche pluridisciplinaire sur la manière dont le spectacle du football contribue à la définition des (ir)responsabilités sociales

Argumentaire

Espace intermédiaire, ni totalement public ni totalement privé, le stade est également un écrin pour la ville qui l’abrite, un cadre d’action pour les spectateurs et supporters qui se massent autour du jeu et un « sur-lieu » dans lequel s’exprime périodiquement le décontrôle contrôlé des passions partisanes (Elias, 1974). En tant qu’espace dédié à une forme spécifique de culte de la performance sportive, il structure ainsi la ville, ses images et ses mythologies autour d’une expérience socialement signifiante de la confrontation sportive (Fontaine, 2010).

En effet, dans le microcosme des grands championnats sportifs, le club est la ville et la ville est le club (Marquis, 2009). Ce dernier y a son stade, ses partisans, son histoire, son style, sa réputation et sa culture, soit une « identité fantasmée », construite autour du mythe d’un lien « naturel » entre l’équipe et « son » public. Le folklore partisan récupère ainsi des symboles identitaires non sportifs pour marquer les différences entre groupes de supporters, à partir de spécificités culturellement localisées (Mignon, 1998). Cette forme d’essentialisation est d’ailleurs, si l’on en croit Roland Barthes (2010), ce qui fait toute l’efficacité de ce type de prestation : en jouant, dans le temps d’un affrontement idéalisé, à acclamer les bons et à conspuer les méchants, les spectateurs du sport produisent eux-mêmes les conditions de validation du mythe. Ils donnent un sens au jeu, de telle sorte que,  quel que soit le résultat, les valeurs et les solidarités locales s’en trouveront réaffirmées.

Or, de très nombreux acteurs sont impliqués dans le développement des logiques du stade et leurs interactions produisent une part importante de la dimension symbolique du jeu : joueurs, entraîneurs, architectes, gestionnaires, spectateurs, pouvoirs publics, structures fédérales, journalistes, chercheurs, essayistes et autres prestataires de « services footballistiques » contribuent ainsi, chacun à leur manière, à donner du sens à l’économie du spectacle considéré. Ils participent ainsi activement à la construction et à la diffusion du « message footballistique » (Derèze, 1996), tandis que leur « bonne » ou « mauvaise » conduite contribue à faire vivre le football dans l’espace public, en particulier en lui attribuant un pouvoir normatif (Habermas, 1981).

Les récentes transformations des « bonnes façons » d’être au stade (et des sanctions associées à ce que la norme définit comme déviances) ne manquent pas d’illustrer ce changement, qui touche l’ensemble des acteurs évoqués plus haut (Tsoukala, 2010). De fait, le financement, la construction et l’entretien des stades demeurant assez largement dépendant, en France, d’un financement public en crise, le développement de nouvelles formes et règles de management public induit une transformation des formes et des normes d’usage de ces structures. Les stades se transforment, en même temps que les usages sociaux qui en sont fait et, incidemment, en même temps que la place qu’ils occupent dans le maillage territorial de nos régions. De telles transformations, portées par une renégociation du sens donné à la venue au stade, ne manquent pas d’interroger la nature et la fonction des stades de demain (Chaix, 2011).

De ce point de vue, cette journée d’étude doit à la fois permettre distinguer les acteurs et leurs stratégies mais, également, de retrouver les déterminants sociaux et sociétaux qui guident les « choix » effectués par les acteurs du spectacle. En invitant les participants à concentrer leur regard sur le football et son spectacle, cette manifestation cherche donc à explorer les différentes façons dont « le jeu » participe à la construction de la responsabilité (ou de l’irresponsabilité) sociale des acteurs et la manière dont il structure les différents espaces publics qu’il investit, que ces derniers soient physiques, virtuels ou symboliques.

La notion de responsabilité sociale pouvant être définie comme un phénomène social de co-construction des discours et du sens qu’ils véhiculent, la présente manifestation croise ainsi la problématique de la responsabilité sociale au terrain du spectacle du football, afin d’explorer les mécanismes de jugement (Arendt, 2009) et d’imputation (Ricœur, 1996) qui structurent l’espace public (Habermas, 1988). La question qui animera l’ensemble des débats sera donc la suivante : comment la société construit-elle les responsabilités qu’elle impute aux différents acteurs de la mise en spectacle du football ?

Cherchant à provoquer le débat entre des chercheurs d’horizons variés, cette journée d’étude compte également sur la présence d’acteurs du spectacle du football professionnel (organisateurs, supporters, pouvoirs publics) pour ancrer les débats dans la réalité des terrains. Les thèmes de recherche évoqués tentent de faire cohabiter différentes approches du phénomène afin de l’aborder de la façon la plus large possible, en couvrant les questionnements suivants, donnés à titre indicatif :

  • Sport et médias

Ce thème envisagera la médiatisation du sport comme une forme de soumission du jeu à un jugement d’envergure nationale. Il aura donc pour vocation d’interroger les effets de la médiatisation du football professionnel sur le développement d’usages spécifiques du sport. Pourrons ainsi être évoqués :

  • Les stratégies de communication des organisations sportives
  • La place du sport dans les médias et les usages qui en sont fait
  • La place des médias dans l’évolution des usages qui sont faits du stade
  • Les processus de légitimation de la parole sportive
  • L’impact de la médiatisation du football sur la résurgence d’identités locales
  • Le rôle des journalistes sportifs dans la construction du sens donné au sport
  • La justesse et la justice dans l’interprétation médiatique du fait sportif
  • Etc.
  • Sociologie des tribunes

Ce thème s’attachera à identifier les stratégies mises en place par les différents acteurs pour la domination symbolique des espaces du stade, qu’il s’agisse d’acteurs institutionnels ou informels, marchands ou non marchands, publics ou privés. Parmi les pistes envisageables :

  • Typologie des spectateurs et de leur rapport à l’espace
  • Les modalités d’occupation des espaces sportifs
  • Les stratégies de régulation de la violence dans les stades
  • Les stratégies de provocation et de déstabilisation utilisée par les supporters
  • La justification des discours sur le sport
  • Etc.
  • Le stade et les territoires

Ce thème visera à cerner l’impact des spectacles du football sur le tissu socio-économique local, principalement du point de vue des usages politiques et économiques qui en sont faits.

  • Le poids socio-économique du stade sur le tissu local
  • Les problématiques de financement public des grands stades
  • Le rôle du stade dans l’attractivité des territoires
  • L’insertion des stades dans les nouveaux espaces urbains
  • Les usages politiques du stade
  • Les relations entre football professionnel et football amateur
  • Les usages commerciaux du jeu
  • Etc.
  • Histoires de stades

Ce thème cherchera à comprendre comment, historiquement, la société a construit les responsabilités qu’elle a imputées aux différents acteurs du stade. Il s’agira donc, plus spécifiquement, d’étudier les mécanismes des responsabilisations que la société fait peser sur les acteurs de sa mise en scène du jeu, depuis le terrain jusque dans les gradins et au-delà. Il sera ainsi possible d’aborder :

  • Les conditions d’émergence d’un spectacle du football
  • La constitution des identités partisanes
  • Le traitement social de l’altérité dans les stades
  • Le renouvellement des façons de penser l’espace des stades
  • L’émergence de formes marchandisées de gouvernance du sport
  • Etc.

Conditions de soumission

Les propositions de contribution comprenant

  • Titre
  • Résumé de 400 mots
  • Courte notice bio-bibliographique du ou des auteurs

sont à renvoyer à : lestadeetsespublics@gmail.com

avant le 01/04/2015

Cette journée d’étude donnera lieu à la publication d’un ouvrage collectif dans la collection « Local/Global », aux éditions L’Harmattan.

Echéances-clés

  • 04/01/2015 : lancement de l’appel à contributions
  • 01/04/2015 : clôture des candidatures
  • 15/04/2015 : compte-rendu des sélections
  • 29/05/2015 : tenue de l’événement
  • 30/06/2015 : récupération des contributions écrites
  • Rentrée 2015 : mise sous presse (éd. L’Harmattan, coll. « Local/Global »)

Déroulement prévisionnel de la journée

Chaque atelier sera composé de 3 communications de 15 à 20 minutes, suivies d’un débat de 15 à 20 minutes également.

Les noms, qualités et thèmes d’interventions de l’ensemble des communicants n’étant pas encore connues, certains ajustement peuvent avoir lieu.

  • 08h00 - Accueil
  • 09h00 - Atelier 1 : La construction du stade comme espace social
  • 10h30 - Café
  • 11h00 - Atelier 2 : Le stade comme bien public
  • 12h30 - Déjeuner
  • 14h00 - Atelier 3 : Le stade et les médias
  • 15h30 - Café
  • 16h30 - Atelier 4 : Le stade et la ville
  • 18h00 - Conclusion
  • 18h30 - Agapes
  • Comité scientifique

  • Matthieu Genty (PhD - Lille 2)
  • Sarah Mischler (MCF - Lille 2)
  • Christophe Pécout (PhD - Lille 2)
  • Guillaume Penel (MCF - Lille 2)
  • François Potdevin (MCF - Lille 2)
  • Williams Nuytens (PU - Artois)
  • Gilles Rouet (PU - Paris 5)
  • Claude Sobry (PU - Lille 2)
  • François Soulage (PU - Paris 8)
  • Joris Vincent (MCF - Lille 2)
  • Fabien Wille (PU - Lille 2)

Lieux

  • Faculté des sciences du sport, amphithéâtre Debeyre - 9 rue de l'Université
    Ronchin, France (59790)

Dates

  • mercredi 01 avril 2015

Fichiers attachés

Mots-clés

  • stade, spectacle sportif, responsabilité sociale, urbanisme, sociologie des publics

Contacts

  • Matthieu Genty
    courriel : lestadeetsespublics [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Matthieu Genty
    courriel : lestadeetsespublics [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Le stade, ses espaces et ses publics », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 23 février 2015, https://doi.org/10.58079/s0e

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