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L’écologie de l'attention

Vivre dans un monde hyperconnecté

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Publié le mercredi 06 mai 2015

Résumé

Nous vivons dans une société de l'information. Cette société nouvelle a profondément transformé nos comportements. Nous sommes en permanence connectés. À chaque instant, notre attention est requise. Depuis des années, s'intensifient les rapports entre une société de l'information et une économie de l'attention : plus l'information est abondante, plus l'attention est rare. Depuis longtemps, le travail se formule comme une lutte contre l'oisiveté et impose une certaine discipline de l'attention, tandis que la consommation impose précisément de capter l'attention. Des techniques de plus en plus sophistiquées sont déployées pour la capturer : mesure d'audience, campagne publicitaire, profilage algorithmique. L'effet de ces technologies sur nos comportements est largement vérifié : augmentation du nombre de troubles de l'attention, dissipation au travail générée par une hyper connectivité….

Annonce

Argumentaire 

Au niveau académique, l’économie de l’attention tend à se constituer comme un nouveau champ de recherche. A la suite des travaux d’Herbert Simon, M. H. Godlhaber a forgé ce terme pour désigner le nouveau type d’économie induite par notre société de l’information. De nombreux travaux se revendiquent de ce champ, construit autour de l’idée que l’attention constituerait la nouvelle rareté de nos économies. Signalons également, dans le paysage universitaire francophone, l’organisation du colloque « L’économie de l’attention au carrefour des disciplines », organisé par Y. Citton, M. Poirson et P. Le Quéau, qui a rassemblé des chercheurs de différentes disciplines autour de ce champ de recherche.

C’est dans la dynamique ouverte par ces travaux que le présent cycle de séminaires entend s’inscrire, tout en adoptant une double position. D’une part, défendre la thèse selon laquelle le problème de l’attention gagnerait à être abordé comme un problème « écologique » et non simplement économique, dans la mesure où l’attention doit être réfléchie dans son rapport à un environnement complexe fait d’interactions multiples entre personnes et entre dispositifs techniques. D’autre part, et en conséquence de cette problématisation, au plan méthodologique, opter pour une cartographie du problème de l’attention à partir d’un échange entre acteurs et universitaires de différentes disciplines (sociologie du travail, marketing, pédagogie et éducation, psychologie, soins de santé, philosophie,…). En effet, l’enjeu de ce travail vise à mieux appréhender cette ressource humaine rare et centrale pour notre capacité réflexive et notre vivre ensemble qu’est l’attention.

Plan des séances et modalités pratiques

Nous proposons cinq séances, articulées par thématiques.

La séance inaugurale se déroulera au BOZAR (Rotonde Bertouille), et les trois séantes suivantes à Namur (salle académique, 4e étage de la Faculté d’Informatique de l’Université de Namur), de 18h30 à 21h00. Les présentations dureront de 40 min à 45 minutes, et seront suivies d’environ 30 minutes de débat.

Programme

Séance 1. (19 mai 2015)

Domestication de l’attention dans le travail 

Depuis des années, s'intensifient les rapports entre une société de l'information et une économie de l'attention : plus l'information est abondante, plus l'attention est rare. Tour à tour suscitée, perturbée et disciplinée, elle se monétise. Elle devient, tout à la fois, une ressource dans les organisations qu’il s’agit de protéger et, dans le capitalisme contemporain, une nouvelle source d’extraction de la valeur.

Si la disciplinarisation du travail ouvrier a constitué une condition sine qua non du développement de l'industrie, notamment, au dix-neuvième et vingtième-siècles, il semble que la sphère du travail ait récemment connue d'importantes transformations : flexibilité et mobilité accrue, percolation du temps professionnel sur le temps privé, culte de l'urgence et gestion de projets sur le court terme, etc. Nous voudrions ici nous concentrer sur ce qui peut être identifié comme « la surcharge informationnelle » prise en lien avec la diversification et la complexité croissante des tâches laborieuses. Lorsque celle-ci n'est pas gérée, elle donne le plus souvent lieu à une baisse de la productivité – que les perturbations proviennent de l'extérieur ou du travail lui-même, où l'impératif de « temps réel » empêche l'exécution de toute tâche continue.

Orateurs pressentis :

  • Yves Citton, Professeur de littérature à l’Université de Grenoble, membre de l’UMR LIRE et codirecteur de la revue Multitudes
  • Stefana Broadbent, psychologue et anthropologue du numérique, Londres, Royaume-Uni

(Répondante N. Dewandre) 

Séance 2. (09 juin 2015)

De l’attention à l’intention : le monde de l’économie et du management 

L’économie numérique passe aujourd’hui en partie par la captation de l’attention du consommateur et de l’usager. La portée et la stratégie marketing de ces dispositifs numériques est étudiée par de nombreux économistes. Kessous, Mellet et Zouinar qui se sont intéressés au traitement de l’attention dans les études de marché montrent qu’il s’agit soit, de la considérer comme une ressource cognitive des individus qu’il s’agit de protéger et d’allouer efficacement ou a contrario, comme une denrée rare, nouvelle source d’extraction de valeur. Au-delà de ces raisonnements, une réflexion critique et juridique nous semble nécessaire. Sans quoi, cette nouvelle forme d’exploitation plus culturelle (Y. Citton), qui ne porte plus directement sur le travail productif mais sur nos capacités d’attention, et concrètement, sur nos données privées qui alimentent cette économie, risque de s’imposer.

Orateur confirmé

  • Emmanuel Kessous, sociologue du digital, Nice, France

(Répondante A. Rouvroy) 

Séance 3. (29/09/2015)

Troubles de l’attention : le monde de l’éducation 

La captation intensive de notre attention au quotidien entraine de plus en plus de troubles dits « de l’attention ». Ces troubles peuvent être particulièrement problématiques dans le monde éducatif : perte de concentration des élèves/étudiants, dissipation en classe, hyperactivité, impulsivité, obligation de diminuer le temps des cours etc. En réponse à cette problématique grandissante, on assiste à une médicalisation de plus en plus fréquente et systématique des troubles de l’attention, qualifié dans le jargon médical de TDA/H (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) ; ainsi, de plus en plus d’enfants se voient prescrire de la Rilatine®, un psychostimulant. Ces troubles de l’attention sont-ils un phénomène nouveau dans le monde éducatif et quelles en sont les raisons ? Comment ces troubles de l’attention impactent-ils le travail des éducateurs, professeurs et autres membres du monde éducatif ? Comment expliquer ces troubles de l’attention au niveau neurologique ? Pourquoi cette (sur)médicalisation par les soignants ?

Orateurs pressentis :

  • Patrick Landman, psychiatre et psychanalyste, auteur du livre « Tous hyperactifs. L’incroyable épidémie des troubles de l’attention »
  • Mireille Houart, pédagogue, elle fournit un accompagnement méthodologique des étudiants des facultés de sciences et de médecine de l’Université de Namur

(Répondante C. Lobet) 

Séance 4.  (20/10/2015)

Attention et lien social / Les théories du care

Plusieurs auteurs mettent en avant le fait qu’exercer son attention n’est pas une pratique neutre. C’est bien au contraire une pratique normative : porter tel regard sur la situation, c’est indissociablement attirer son attention sur certains éléments de la situation et en négliger d’autres. Autrement dit, c’est juger ce qui importe. Pour des auteures comme Tronto ou Gilligan, l’attention renvoie à une disposition éthique fondamentale « sur laquelle se fonde toute action morale dans la perspective du care » (Marie Garrau, Care et attention). L’attention renverrait à une capacité de se laisser affecter par autrui, d’identifier ses besoins et d’y répondre par une activité de care. L’attention constituerait une « valeur démocratique centrale » (Garrau), seule à même de lutter contre l’indifférence institutionnalisée. Si les éthiques du care ont le mérite de mettre en avant la charge normative de la problématique de l’attention, permettent-elles d’en déployer la dimension politique ? Définir l’attention comme une disposition éthique, ne risque-t-il pas d’occulter la dimension collective ou « transindividuelle » de l’attention ? Celle-ci n’est-elle pas toujours déjà façonnée par des affects communs (Lordon), des frames (D. Snow) et des conventions d’interprétation (Boltanski, Thévenot) ? 

Oratrice confirmée :

  • Nathalie Rigaux, sociologue du care, Namur, Belgique

Oratrice pressentie :  

  • Marie Garrau

(Répondant Alain Loute)

Organisation

Unité technologie et Société du CRIDS, Université de Namur

Inscriptions

Inscription souhaitée à l'adresse suivante : attention@unamur.be

Lieux

  • Salle académique, 4e étage de la Faculté d’Informatique de l’Université de Namur - Rue Grandgagnage 21
    Namur, Belgique (5000)

Dates

  • mardi 19 mai 2015
  • mardi 09 juin 2015
  • mardi 29 septembre 2015
  • mardi 20 octobre 2015

Mots-clés

  • économie de l'attention

URLS de référence

Source de l'information

  • Alain Loute
    courriel : alain [dot] loute [at] uclouvain [dot] be

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’écologie de l'attention », Séminaire, Calenda, Publié le mercredi 06 mai 2015, https://doi.org/10.58079/sl8

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