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Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales

Boèce au fil du temps

Boecio a través del tiempo

Boethius revisited

La réception de son œuvre et son influence sur les lettres européennes du Moyen Âge à nos jours

La recepción de su obra y su influencia en las letras europeas desde la Edad Media hasta hoy

The reception of his works and his influence on European literature from the Middle-Ages to the present time

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Publié le vendredi 17 juillet 2015

Résumé

Grâce au concours de spécialistes venus de plusieurs horizons des sciences humaines, nous nous proposons de mettre en lumière des aspects méconnus, ou partiellement explorés de l’œuvre de ce grand classique de l’Antiquité, figure exemplaire de l’éclectisme scientifique, qui contribua par son œuvre à l’universalisation des savoirs. Nous prêterons une attention particulière à la manière dont le legs culturel et scientifique de Boèce est reçu par des auteurs européens dans leurs propres productions, pour le faire fructifier selon les sensibilités, les inquiétudes et les aspirations propres à chaque contexte et à chaque époque.

Gracias a la colaboración de especialistas en las diversas ciencias humanas, nos proponemos destacar aspectos desconocidos o parcialmente explorados de la obra de este gran clásico de la Antigüedad, figura ejemplar del eclecticismo científico, que contribuyó con su obra a la universalización del saber. Prestaremos una particular atención a la forma en que reciben el legado cultural y científico de Boecio los autores europeos en sus propias producciones, para hacerlo fructificar según las sensibilidades, las inquietudes y las aspiraciones propias de cada contexto y de cada época.

With the contribution of specialists in several branches of humanities, our purpose is to bring to light some neglected or partially studied aspects of this great classical thinker and exemplary figure of scientific eclecticism, who played a great part in the universalization of knowledge. We will pay special attention to the way in which Boethius’ scientific and cultural legacy was included in the works of other European authors, and was renewed according to the feelings, anxieties and aspirations particular to every age and historical context.

Annonce

Organisation

Colloque International organisé par Alicia Oïffer-Bomsel (CIRLEP – URCA EA 4299), Sophie Conte (CRIMEL – URCA EA 3311) et María Elena Cantarino Suñer (GIUV2013-037 – Universitat de València), en deux parties :

  1. Université de Reims Champagne-Ardenne, France, 2-3 Juin 2016 : « Littérature et Arts »
  2. Université de Valence, Espagne, 17-18 Novembre 2016 : « Théologie et Philosophie »

Présentation

Homme influent à la cour de Théodoric avant d’être déchu, Boèce a joué un rôle important dans la vie politique de son temps, peu après la chute de l’Empire romain d’Occident. Il devient l’une des figures les plus marquantes de l’histoire culturelle occidentale pour avoir récupéré et transmis la culture grecque dans le monde latin[1]. Son contemporain Cassiodore, secrétaire des rois ostrogoths en Italie, a relevé, dans une lettre qu’il lui adressait, l’importance pour le monde latin de son travail de traduction des œuvres fondatrices de la culture grecque :

Nous savons que tu es rempli d’une ample érudition, et que tu as puisé à la source même de la science les arts que le vulgaire pratique sans les connaître… Au moyen de tes traductions, on peut lire en Italie Pythagore le musicien, Ptolémée l’astronome ; l’arithmétique de Nicomaque, la géométrie d’Euclide sont entendues des Ausoniens, et le théologien Platon, le logicien Aristote, disputent dans la langue de Romulus […] tous les arts et toutes les sciences que des hommes différents avaient donnés à la Grèce féconde, Rome les a reçus de toi seul[2].

Boèce a aussi joué un rôle dans le développement des arts libéraux – dont on trouve l’origine chez Martianus Capella – notamment par l’élaboration de traités consacrés aux disciplines du quadrivium, œuvrant aussi par ses traités de logique, de philosophie et de théologie à l’essor de la pensée scientifique occidentale. Boèce est ainsi l’un des principaux précurseurs du mouvement de renaissance de la culture antique, qui se produisit par exemple sur les territoires ibériques dès le VIIe siècle grâce à l’œuvre d’Isidore de Séville.

C’est assurément la Consolation de Philosophie, très tôt qualifiée de chef d’œuvre littéraire, qui suscita le plus grand nombre de lectures et d’interprétations au fil des siècles. Créé dans des circonstances extrêmes pour Boèce, devant l’imminence de sa mise à mort, cet ouvrage d’inspiration néoplatonicienne fut perçu en particulier par les scolastiques comme une œuvre majeure de philosophie morale, animée par trois préoccupations fondamentales : quête spirituelle, recherche de la vérité et finalité didactique. L’orthodoxie de la pensée religieuse de Boèce, si imprégnée de platonisme, fut mise en question au cours de l’histoire.

L’œuvre de Boèce connut une grande fortune pendant toute l’époque médiévale et dès les premiers temps de la Renaissance (Dante et Pétrarque en Italie, Jean Gerson en France, Thomas More en Angleterre). Elle fut mise à contribution dans la littérature du XVIIe siècle pour répondre aux préoccupations religieuses du moment (jésuites de la Contre-Réforme, Polyeucte, tragédie chrétienne de Corneille, Pensées de Pascal, courant ascétique et moralistes chrétiens). Dans le cadre du mouvement antitrinitaire qui parcourut l’Europe aux XVIe et XVIIe siècles, sa pensée théologique fut d’un grand secours. Aux XVIIIe et XIXe siècles, en France par exemple, des auteurs comme Saint-Simon ou Chateaubriand furent en quelque sorte héritiers de Boèce et du genre littéraire qu’il a initié avec sa Consolation. En Espagne, cette œuvre, rééditée en castillan, est présente dans les écrits des principales figures de l’Illustration. De nouvelles traductions et des réimpressions paraissent au XIXe siècle dans plusieurs pays européens, parfois sur l’initiative des tenants d’une culture scientifique et philosophique classique dont l’intégrité semble être menacée, en raison de l’emprise croissante des doctrines matérialistes et positivistes. Dans les premières décennies du XXe siècle, l’œuvre de Boèce n’est pas ignorée, même dans des terres que l’on s’imagine trop aisément étrangères à la latinité ; ainsi Johan Schotman traduit en néerlandais la Consolation de Philosophie, parue en 1924 sous le titre De vertroosting der wijsbegeerte. On lira ci-dessous les problématiques privilégiées à Reims puis à Valence.

Université de Reims Champagne-Ardenne, France, 2-3 Juin 2016 : Littérature et Arts

Sur le plan lexical et conceptuel, Boèce fut le créateur d’une terminologie latine appelée à influencer considérablement le langage philosophique et scientifique dès l’époque médiévale. On pourra étudier le processus d’intégration de ce vocabulaire spécialisé dans les langues vernaculaires européennes (romanes, anglo-saxonnes, germaniques) ou comparer des traductions d’œuvres de Boèce réalisées soit dans une même langue, soit dans diverses langues européennes, en choisissant une perspective diachronique ou synchronique.Héritière de la tradition antique, la Consolation de Philosophie est à la croisée de plusieurs genres littéraires et philosophiques : consolatio stoïcienne (Sénèque), dialogue à visée didactique (Platon et Cicéron), dialogue intérieur (saint Augustin)... Parmi les procédés littéraires mis en œuvre dans cet ouvrage écrit sous la forme du prosimètre (satire Ménippée), figure l’allégorie (Martianus Capella). Boèce exploite le motif du songe, enraciné aussi bien dans la tradition biblique que dans la tradition païenne, et restaure celui de la Fortune, notion honnie dans la tradition patristique (saint Augustin), en lui donnant toute sa valeur paradoxale et sa versatilité sémantique. On pourra s’interroger sur la manière dont ces antécédents d’ordre formel ont été repris dans des productions ultérieures pour donner lieu à des créations diversifiées, selon les circonstances du moment, les enjeux et les finalités de l’écriture.

Avant le XIIe siècle, c’est par le truchement de Boèce que l’Occident eut accès aux écrits aristotéliciens sur le langage et la logique : les Catégories et le Peri Hermeneias, puis l’Organon, les Premiers et Seconds Analytiques, les Topiques et les Réfutations sophistiques.

C’est principalement dans le De differentis topicis que Boèce montre le lien entre la dialectique et la rhétorique. Il existe des études sur la diffusion et la réception de ce traité au Moyen Age. Qu’en est-il pendant les périodes postérieures ?

Boèce, réduit à la dernière extrémité, trouve en lui-même les ressources pour devenir maître de lui-même, puisant dans sa mémoire le souvenir des auteurs qu’il a lus toute sa vie : c’est précisément dans ces circonstances de profond dénuement qu’émerge l’acte créateur. On pourra s’intéresser aux rapports que la mémoire entretient avec l’écriture et la création, dans la continuité des travaux de Frances Yates et Mary Carruthers.L’influence du De institutione musica fut comparable à celle de la Consolation et des traités logiques. D’inspiration néo-pythagoricienne, la théorie musicale de Boèce associe poésie et musique. On peut s’interroger par exemple sur les modes d’adaptation de cette théorie au théâtre européen, comme l’a fait J. Sage à propos de Pedro Calderón de la Barca[3].

Le De institutione musica et le De arithmetica développent la doctrine esthétique de la proportion, héritée de Vitruve et appelée à une grande fortune tant dans le domaine musical que dans l’architecture et la peinture. D’une manière générale, on pourra analyser l’impact des théories esthétiques de Boèce (concept de beauté et plaisir visuel, en lien avec les justes proportions) sur les idées esthétiques postérieures.

Université de Valence, Espagne, 17-18 Novembre 2016 : Théologie et Philosophie

Lors de la session de Valence, on s’interrogera sur la postérité des idées développées dans les œuvres de Boèce, relevant de la théologie et de la philosophie, selon les axes esquissés ci-dessous.

Au croisement de la philosophie morale et de la spiritualité, on trouve dans la Consolatio le principe de l’inanité des biens terrestres, indissociable du courant ascétique représenté par Sénèque et par l’écrivain romain lui-même. C’est dans cette lignée que s’inscrit le mouvement ascétique chrétien caractérisé par le mépris du monde qui, à partir du Contemptus mundi attribué à Thomas a Kempis, donnera lieu à l’écriture en Europe d’une multitude d’ouvrages consacrés à cette thématique.

La lecture de la Consolation conduit également à une méditation sur l’existence du mal, sur son origine et sur les moyens auxquels l’homme peut avoir recours pour s’y dérober. Unde malum, d’où vient le mal ? Avant d’apparaître dans la Consolation de Boèce, cette interrogation se trouve au cœur du Livre VII des Confessions de saint Augustin.

À partir des discussions opposant les théologiens d’Orient et d’Occident au sujet de la Trinité et de la nature du Christ, Boèce, sans doute animé du désir de contribuer à l’unification de l’Église catholique, étape préalable à une hypothétique restauration de l’Empire, en vient à corroborer le bien-fondé du Symbole de Nicée, en se servant de la logique aristotélicienne. Cette question conserva toute sa vigueur quand l’Église de Rome dut faire face au mouvement antitrinitaire qui traversa l’Europe au XVIe et au XVIIe siècle.

Le grand apport de Boèce à la science théologique est le recours systématique à la philosophie dans le traitement des questions relatives à la foi. Il développa ainsi, dans le contexte des disputes christologiques, sa définition de persona, devenue fondamentale dans l’histoire des dogmes du christianisme.

Depuis la métaphysique aristotélicienne, le rapport entre l’éternité et le temps devient une question récurrente dans la pensée grecque, traitée par les néo-platoniciens. Saint Augustin commente ce problème dans le Livre XI des Confessions. Le concept d’éternité, que Boèce définit dans le Livre V de la Consolatio, en tant que catégorie indissociable de la divinité permet de comprendre la prescience divine. L’auteur montre ensuite l’absence d’incompatibilité entre la providence et la liberté de l’homme.

Le libre arbitre est l’un des principes structurants de la philosophie chrétienne. Boèce reprend dans la Consolation les questions déjà traitées dans le Peri Hermeneias sur la prescience divine et les futurs contingents. C’est surtout à partir du XVe siècle que l’étude de cette question épineuse acquiert une vigueur particulière, jusqu’à avoir une large répercussion chez les humanistes. Lorenzo Valla entame le débat avec son De libero arbitrio, un ouvrage sous forme de dialogue où il prend position contre les idées de Boèce exposées dans la Consolation, et auquel Leibniz se réfère dans ses Essais de Théodicée (1710), en poussant jusqu’au bout l’explication entamée par l’humaniste italien trois siècles auparavant.

Notes

[1] Liste complète des œuvres de Boèce et de leurs éditions modernes : J. Magee & J. Marenbon, “Appendix : Boethius’ works”, in J. Marenbon, éd., The Cambridge Companion to Boethius, Cambridge, University Press, 2009, p. 303-310.[2] Cassiodore, Ep. I, 45. (L. J. de Mirandol, La Consolation philosophique de Boèce, Paris, Hachette, 1861, p. viii).[3] J. Sage, « The function of music in the theatre of Calderon », in D.W. Cruickshank and J.E. Varey (ed.), P. Calderón de la Barca, Comedias. A facsimile edition with textual and critical studies, Farnborough, Gregg International, 1973, t. 1, p. 209-227.

Organisation et direction scientifique 

  • Alicia OÏFFER-BOMSEL, Maître de conférences en Civilisation de l’Espagne moderne à l’Université de Reims Champagne-Ardenne (CIRLEP EA 4299).
  • Sophie CONTE, Maître de conférences en Langue et Littérature latines à l’Université de Reims Champagne-Ardenne (CRIMEL EA 3311).
  • María Elena CANTARINO SUÑER, Professeur titulaire de Philosophie morale et Philosophie politique à l’Université de Valence, Espagne (GIUV2013-037).

 Comité scientifique 

  • Jesús ALCOLEA BANEGAS, Professeur titulaire de Logique et de Philosophie des Sciences. Doyen de la Faculté de Philosophie et de Sciences de l’Éducation à l’Université de Valence, Espagne.
  • Jean-Frédéric CHEVALIER, Professeur des Universités en Langue et Littérature latines (études latines et néo-latines) à l’Université de Lorraine (Metz).
  • Carmen CORTÉS ZABORRAS, Professeur titulaire en Langue et Littérature française du Moyen Âge à l’Université de Málaga.
  • Christophe ERISMANN, Historien des idées, Professeur de Philosophie médiévale à l’Université de Lausanne.
  • Véronique GÉLY, Professeur des Universités en Littérature générale et comparée à l’Université Paris-Sorbonne.
  • Miren LACASSAGNE, Maître de conférences en Langue et Littérature médiévales à l’Université de Reims Champagne-Ardenne.
  • Alexandra MERLE, Professeur des Universités en Civilisation et Littérature de l’Espagne moderne à l’Université de Caen Basse-Normandie.
  • Nicoletta PALMIERI, Professeur des Universités en Langue et Littérature latines (époques antique et médiévale) à l’Université de Reims Champagne-Ardenne.
  • Rosa Rius GATELL, Professeur titulaire d’Histoire de la Philosophie de la Renaissance à l’Université de Barcelone.
  • María Jesús SOTO-BRUNA, Professeur titulaire de Philosophie Médiévale. Directrice de l’Institut d’études Médiévales de l’Université de Navarre.
  • Christian TROTTMANN, Directeur de recherche en Philosophie au CNRS au Centre d’études Supérieures de la Renaissance de Tours.
  • Vincent ZARINI, Professeur des Universités en Littérature latine de l’Antiquité tardive à l’Université Paris-Sorbonne.

Modalités de soumission

Les langues du colloque seront le français, l’espagnol ainsi que l’anglais, sans que ce critère soit exclusif ; des interventions en italien et en allemand pourront être acceptées.Les propositions de communication (environ 200 mots) accompagnées d’un bref Curriculum Vitæ, sont à envoyer aux trois responsables scientifiques : sophie.conte@univ-reims.fr ; alicia.oiffer-bomsel@univ-reims.fr ; Elena.Cantarino@uv.es

  • avant le 15 novembre 2015 pour le colloque de Reims,

  • et avant le 15 janvier 2016 pour le colloque de Valence

L’acceptation des propositions, après examen par le comité scientifique, sera signifiée au plus tard le 15 décembre 2015 pour le colloque de Reims, le 15 février 2016 pour le colloque de Valence.

Frais d'inscription

  • Frais d’inscription (colloque de Reims) : 40 euros (hébergement, repas, pauses café, actes du colloque).
  • Frais d’inscription (colloque de Valence) : à préciser prochainement.

Coloquio Internacional organizado por Alicia Oïffer-Bomsel (CIRLEP – URCA EA 4299), Sophie Conte (CRIMEL – URCA EA 3311) et María Elena Cantarino Suñer (GIUV2013-037 – Universitat de València) en dos partes:

  1. Universidad de Reims Champagne-Ardenne, Francia, 2-3 de Junio de 2016: “Literatura y Artes”
  2. Universidad de Valencia, España, 17-18 de Noviembre de 2016: “Teología y Filosofía”

Presentación

Hombre influyente en la corte de Teodorico antes de caer en desgracia, Boecio desempeñó un papel importante en la vida política de su tiempo, poco después de la caída del Imperio romano de Occidente. Pasa a ser una de las figuras más relevantes de la historia cultural occidental por haber recuperado y transmitido la cultura griega en el mundo latino[1]. Su contemporáneo Casiodoro, secretario de los monarcas ostrogodos en Italia, destaca, en una carta a él dirigida, la importancia para el mundo latino de su trabajo de traducción de las obras fundadoras de la cultura griega:

Bien sabido es que posees una vasta erudición, y que has sacado de la fuente misma de la ciencia las artes que de ordinario la gente practica sin conocerlas…Mediante tus traducciones, se puede leer en Italia al músico Pitágoras, al astrónomo Tolomeo; la aritmética de Nicomaco, la geometría de Euclides son conocidas de los ausonios, y el teólogo Platón, el lógico Aristóteles, debaten en la lengua de Rómulo […] todas las artes y todas las ciencias que hombres diferentes dieron a la fecunda Grecia las ha recibido Roma tan sólo de ti[2].

No menos importante fue la función que llevó a cabo Boecio en el desarrollo de las artes liberales –cuyo origen se halla en Marciano Capella– especialmente por haber elaborado tratados consagrados a las disciplinas del quadrivium, auspiciando con sus escritos de lógica, de filosofía y de teología el progreso del pensamiento científico occidental. Boecio es así uno de los principales precursores del renacimiento de la cultura antigua, que se produjo por ejemplo en los territorios ibéricos desde el siglo VII gracias a la obra de Isidoro de Sevilla.

No cabe duda de que la Consolación de la Filosofía, muy pronto calificada de obra de arte literaria, fue la que dio lugar a un mayor número de lecturas y de interpretaciones a lo largo de los siglos. Creada en circunstancias extremas para Boecio, ante la inminencia de su propia ejecución, esta obra de inspiración neoplatónica fue percibida en particular por los escolásticos como un texto clave de filosofía moral, animado por tres preocupaciones fundamentales: búsqueda espiritual, averiguación de la verdad y finalidad didáctica. La ortodoxia del pensamiento religioso de Boecio, fuertemente impregnado de platonismo, fue puesta en tela de juicio en el transcurso de la historia.

La obra de Boecio tuvo gran resonancia durante toda la época medieval y desde los primeros tiempos del Renacimiento (Dante y Petrarca en Italia, Jean Gerson en Francia, Tomás Moro en Inglaterra). Su influencia se hizo sentir también en la literatura del siglo XVII a raíz de nuevas preocupaciones religiosas (jesuitas de la Contrarreforma, Polyeucte, tragedia cristiana de Corneille, Pensamientos de Pascal, corriente ascética y moralistas cristianos). En el marco del movimiento antitrinitario que recorrió Europa en los siglos XVI y XVII, su pensamiento teológico se convirtió en una referencia ineludible. En los siglos XVIII y XIX, en Francia por ejemplo, autores como Saint-Simon o Chateaubriand dejan constancia de alguna u otra forma de la huella intelectual de Boecio en su obra, especialmente en cuanto al género literario introducido por la Consolación. En España, esta obra, reeditada en castellano, está presente en los escritos de las principales figuras de la Ilustración. Salen a la luz en varios países europeos nuevas traducciones y reimpresiones, a veces por iniciativa de los defensores de una cultura científica y filosófica clásica cuya integridad parece verse amenazada por la creciente pujanza de las doctrinas materialistas y positivistas. En los primeros decenios del siglo XX, la obra de Boecio no se ignora, ni siquiera en tierras que uno tiende a imaginarse como ajenas a la latinidad; así pues, Johan Schotman traduce al neerlandés la Consolación de la Filosofía, publicada en 1924 bajo el título De vertroosting der wijsbegeerte. He aquí las orientaciones temáticas que sugerimos seguir para Reims y para Valencia respectivamente.

Universidad de Reims, Francia, 2-3 de Junio de 2016 : Literatura y Artes

En el plano léxico-conceptual, Boecio fue el creador de una terminología latina destinada a influir notoriamente en el lenguaje filosófico y científico desde la época medieval. Podrá estudiarse el proceso de incorporación de este vocabulario especializado en las lenguas vernáculas europeas (románicas, anglosajonas, germánicas) o comparar traducciones de obras de Boecio realizadas sea en una misma lengua, sea en diversas lenguas europeas, desde una perspectiva diacrónica o sincrónica.

Heredera de la tradición antigua, la Consolación de la Filosofía se sitúa en la intersección de varios géneros literarios y filosóficos: consolatio estoica (Séneca), diálogo con finalidad didáctica (Platón y Cicerón), diálogo interior (san Agustín)… Entre los procedimientos literarios utilizados en esta obra que adopta la forma prosimétrica latina (sátira Menipea), figura la alegoría (Marciano Capella). Boecio emplea el motivo del sueño, arraigado tanto en la tradición bíblica como en la pagana, y restaura el de la Fortuna, noción denostada en la tradición patrística (san Agustín), proveyéndola de todo su valor paradójico y su versatilidad semántica. Cabrá interrogarse sobre el modo en que estos antecedentes de orden formal son recogidos en producciones posteriores dando lugar a creaciones diversificadas, según las circunstancias del momento, las motivaciones y las finalidades de la escritura.Antes del siglo XII, fue gracias a la mediación de Boecio como Occidente tuvo acceso a los escritos aristotélicos sobre el lenguaje y la lógica, las Categorías y el Peri Hermeneias, a los cuales se suman el Organon, los Primeros Segundos Analíticos, los Tópicos y las Refutaciones sofísticas. Es principalmente en el De differentis topicis donde Boecio muestra el vínculo entre la dialéctica y la retórica. Existen estudios sobre la difusión y la recepción de este tratado en la Edad Media; ¿se puede afirmar lo mismo por lo que se refiere a las épocas siguientes?

Boecio, reducido a la última extremidad, encuentra en su persona los recursos necesarios para ser dueño de sí mismo, extrayendo de su memoria el recuerdo de los autores que ha leído toda su vida: es precisamente en esas circunstancias de profundo desposeimiento donde emerge el acto creador. Será posible interesarse en las relaciones que mantiene la memoria con la escritura y la creación, siguiendo la línea de investigación marcada por Frances Yates et Mary Carruthers.

La influencia del De institutione música fue comparable a la de la Consolación y a la de los tratados lógicos. De inspiración neopitagórica, la teoría musical de Boecio asocia poesía y música. Podremos interrogarnos, por ejemplo, acerca de los modos de adaptación de esta teoría al teatro europeo, como lo hizo en su momento J. Sage en lo que atañe a Pedro Calderón de la Barca[3].Los tratados De institutione musica De arithmetica desarrollan la doctrina estética de la proporción, proveniente de Vitrubio y llamada a tener una gran repercusión tanto en el terreno musical como en la arquitectura y la pintura. De forma general, se podrá analizar el influjo de las teorías estéticas de Boecio (concepto de belleza y placer visual, relacionado con las proporciones justas) sobre las ideas estéticas posteriores.

Universidad de Valencia, España, 17-18 de Noviembre de 2016 : Teología y Filosofía

En el marco de la sesión de Valencia, el estudio podrá centrarse en la recepción y pervivencia de las ideas expuestas en las obras de Boecio, relativas a la teología y a la filosofía, conforme a los ejes que pasamos a definir sucintamente:

En el espacio de convergencia entre la filosofía moral y la espiritualidad se encuentra, precisamente en la Consolación, el principio de la inanidad de los bienes terrenales, indisociable de la corriente de ascetismo representada por Séneca y por el mismo escritor romano Boecio. En esta línea se inscribe el movimiento ascético cristiano caracterizado por el menosprecio del mundo que, a partir del Contemptus mundi atribuido a Thomas a Kempis, desemboca en la escritura en Europa de una multitud de tratados consagrados a esta temática.

La lectura de la Consolación conduce igualmente a una meditación sobre la existencia del mal, sobre su origen y sobre los medios al alcance del hombre para conseguir librarse de dicho mal. Unde malum, ¿de dónde procede el mal? Antes de surgir en la Consolación de Boecio, este interrogante constituyó el núcleo mismo del Libro VII de las Confesiones de san Agustín.

A raíz de las disputas entre los teólogos de Oriente y de Occidente acerca de la Trinidad y de la naturaleza de Cristo, Boecio, sin duda movido por el deseo de contribuir a la unificación de la Iglesia católica, etapa previa a una hipotética restauración del Imperio, acaba por corroborar el fundamento del Símbolo de Nicea, sirviéndose para ello de la lógica aristotélica. Este problema permanecía plenamente vigente cuando la Iglesia de Roma tuvo que hacer frente al movimiento antitrinitario que atravesó Europa en los siglos XVI y XVII.

La gran aportación de Boecio a la ciencia teológica es el recurso sistemático a la filosofía en el tratamiento de las cuestiones relativas a la fe. Fue así como el filósofo romano desarrolló, en el contexto de disputas cristológicas, su definición de persona, que habría de ser fundamental en la historia de los dogmas del cristianismo.

Desde la metafísica aristotélica, el nexo entre la inmutable eternidad y la sucesión temporal se convierte en una cuestión recurrente en el pensamiento griego, tratada por los neoplatónicos. San Agustín comenta este problema en el Libro XI de las Confesiones. El concepto de eternidad, que define Boecio en el Libro V de la Consolación como categoría indisociable de la divinidad permite comprender la presciencia divina. Seguidamente el autor comenta la ausencia de incompatibilidad entre la providencia y la libertad del hombre.

El libre arbitrio es uno de los principios estructurantes de la filosofía cristiana. Boecio retoma en la Consolación las cuestiones ya analizadas en el Peri Hermeneias en lo referente a la presciencia divina y los futuros contingentes. Es sobre todo a partir del siglo XV cuando el estudio de esta ardua cuestión adquiere una particular vitalidad hasta alcanzar amplia repercusión entre los humanistas. Lorenzo Valla inicia el debate con su De libero arbitrio, una obra en forma dialogada donde toma posición contra las ideas de Boecio desarrolladas en la Consolación, y a las que hace referencia Leibniz en sus Ensayos de teodicea (1710), llevando hasta sus últimas consecuencias la explicación que iniciara el humanista italiano tres siglos antes.

Notas

[1] Lista completa de las obras de Boecio y de sus ediciones modernas: J. Magee & J. Marenbon, “Appendix : Boethius’ works”, in J. Marenbon, ed., The Cambridge Companion to Boethius, Cambridge, University Press, 2009, p. 303-310.[2] Casiodoro, Ep. I, 45. (L. J. de Mirandol, La Consolation philosophique de Boèce, Paris, Hachette, 1861, p. viii).[3] J. Sage, « The function of music in the theatre of Calderon », in D.W. Cruickshank and J.E. Varey (ed.), P. Calderón de la Barca, Comedias. A facsimile edition with textual and critical studies, Farnborough, Gregg International, 1973, t. 1, p. 209-227.

Organización y dirección científica

  • Alicia OÏFFER-BOMSEL, Profesora titular de Civilización Española: Edad Moderna de la Universidad de Reims Champagne-Ardenne (cirlep ea 4299).
  • Sophie CONTE, Profesora titular de Lengua y Literatura latinas de la Universidad de Reims Champagne-Ardenne (crimel ea 3311).
  • María Elena CANTARINO SUÑER, Profesora titular de Filosofía moral y Filosofía política de la Universitat de València (GIUV2013-037).

Comité científico

  • Jesús ALCOLEA BANEGAS, Profesor titular de Lógica y Filosofía de la Ciencia. Decano de la Facultad de Filosofía y Ciencias de la Educación de la Universitat de València.
  • Jean-Frédéric CHEVALIER, Catedrático de Lengua y Literatura latinas. Estudios latinos y neolatinos de la Universidad de Lorena (Metz).
  • Carmen CORTÉS ZABORRAS, Profesora titular de Lengua y Literatura francesa de la Edad Media de la Universidad de Málaga.
  • Christophe ERISMANN, Historiador de las mentalidades, Profesor de Filosofía medieval de la Universidad de Lausana.
  • Véronique GÉLY, Catedrática de Literatura general y comparada de la Universidad de París - Sorbona.
  • Miren LACASSAGNE, Profesora titular de Lengua y Literatura medievales de la Universidad de Reims Champagne-Ardenne.
  • Alexandra MERLE, Catedrática de Civilización y Literatura españolas: época moderna de la Universidad de Caen Baja-Normandía.
  • Nicoletta PALMIERI, Catedrática de Lengua y Literatura latinas, épocas antigua y medieval de la Universidad de Reims Champagne-Ardenne.
  • Rosa Rius GATELL, Profesora titular de Historia de la Filosofía del Renacimiento de la Universitat de Barcelona.
  • María Jesús SOTO-BRUNA, Profesora ordinaria de Filosofía Medieval. Profesora titular de Filosofía. Directora del Instituto de Estudios Medievales de la Universidad de Navarra.
  • Christian TROTTMANN, Director de investigación en el área de Filosofía en el CNRS (Centro Nacional de Investigaciones Científicas) del Centro de Estudios Superiores del Renacimiento de Tours.
  • Vincent ZARINI, Catedrático de Literatura latina de la Antigüedad tardía de la Universidad de París - Sorbona.

Modalidades de sumisión

Las lenguas del coloquio serán el francés, el español y el inglés, sin que éste sea un criterio exclusivo; podrán aceptarse intervenciones en italiano y en alemán.Las propuestas de comunicación (aproximadamente 200 palabras) en las que se especificará el título, el autor, su adscripción académica y unas breves líneas curriculares, se enviarán a las tres responsables científicas (véase aquí abajo) : sophie.conte@univ-reims.fr ; alicia.oiffer-bomsel@univ-reims.fr ; Elena.Cantarino@uv.es

  • antes del 15 de noviembre de 2015 para el coloquio de Reims,

  • y antes del 15 de enero de 2016 para el coloquio de Valencia:

Notificación de aceptación de las propuestas, tras examen por los miembros del Comité Científico: 15 de diciembre de 2015 para el coloquio de Reims, 15 de febrero de 2016 para el coloquio de Valencia.

Cuota de inscripción

  • Cuota de inscripción del coloquio de Reims: 40 euros (alojamiento, restauración, pausas-café, actas del coloquio).
  • Cuota de inscripción del coloquio de Valencia: se precisará próximamente.

Lieux

  • Université de Reims Champagne-Ardenne - 57, rue Pierre Taittinger
    Reims, France (51)
  • Universitat de València
    Valence, Espagne

Dates

  • dimanche 15 novembre 2015
  • vendredi 15 janvier 2016

Mots-clés

  • Boèce, art, théologie, Consolation de Philosophie

Contacts

  • Alicia Oïffer-Bomsel
    courriel : alicia [dot] oiffer-bomsel [at] univ-reims [dot] fr
  • Sophie Conte
    courriel : sophie [dot] conte [at] univ-reims [dot] fr
  • María Elena Cantarino Suñer
    courriel : Elena [dot] Cantarino [at] uv [dot] es

URLS de référence

Source de l'information

  • Benoit Roux
    courriel : benoit [dot] roux [at] univ-rouen [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Boèce au fil du temps », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 17 juillet 2015, https://doi.org/10.58079/t22

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