Ce séminaire réfléchit aux fondements du dessin – lieu d’inspiration pour l’artiste, « activateur de pensée », projection de fantasmes artistiques, trace balbutiante de compositions « in progress », transcription brute d’imaginaires figurés, « premier jet » graphique d’abstractions conceptuelles, vérification « sur pièces » d’hypothèses rêvées, essai visant à tester la capacité réalisatrice, aboutissement d’utopies intangibles par d’autres techniques, etc. Il pose les pratiques et usages sociaux du dessin – intimité secrète d’une œuvre à l’amont de son processus, circulation d’une ébauche servant de modèles aux disciples, projet destiné aux commanditaires, fondement de l’enseignement artistique au XIX^e siècle, objet de convoitise des collectionneurs, trace mobile aisément reproductible, etc. –. Il inscrit le débat d’idées à la frontière de l’histoire de l’art, de la génétique et de l’histoire culturelle.

Séminaire organisé par le CNRS (Institut d’histoire du temps présent, IHTP) et l’École nationale des Chartes le vendredi de 12h à 14h à l’École nationale des Chartes 65, rue de Richelieu (Salle Molinier)

Argumentaire

Réfléchir aux fondements du dessin – lieu d’inspiration pour l’artiste, « activateur de pensée », projection de fantasmes artistiques, trace balbutiante de compositions « in progress », transcription brute d’imaginaires figurés, « premier jet » graphique d’abstractions conceptuelles, vérification « sur pièces » d’hypothèses rêvées, essai visant à tester la capacité réalisatrice, aboutissement d’utopies intangibles par d’autres techniques, etc. – autant que poser les pratiques et usages sociaux du dessin – intimité secrète d’une œuvre à l’amont de son processus, circulation d’une ébauche servant de modèles aux disciples, projet destiné aux commanditaires, fondement de l’enseignement artistique au XIX^e siècle, objet de convoitise des collectionneurs, trace mobile aisément reproductible, etc. –, inscrit le débat d’idées à la frontière de l’histoire de l’art, de la génétique et de l’histoire culturelle. De fait, par l’examen approfondi de corpus diversifiés croisant des grilles d’analyses pluridisciplinaires, le séminaire, sur le registre de l’anthropologie culturelle, questionne les « racines de l’œuvre », isole aussi ses fonctions socio-esthétiques grâce à une typologie critique. De la sorte, fidèle aux interrogations du philosophe Gaëtan Picon arpentant les « Sentiers de la Création » aux tournants des années 1970 lorsqu’il évoque, par exemple, les dessins de Miró, pour la plupart inaboutis : « […] ce témoignage sur ce qui aurait pu être n’a pas moins d’importance. Le pays de la création est plein de ces chemins dont parle Heidegger, qui ne mènent nulle part, si ce n’est aux entrelacs de leur errance. Que la création avant d’être l’acte irréparable de l’œuvre, ait été intention, puissance, nous le voyons ici, de tout près […] », le séminaire cherche à toucher, frôler au moins, « l’ailleurs » de l’œuvre. Ouvrant jusqu’à l’actualité afin d’interpréter les ferments de la création la plus contemporaine, le groupe de recherche ne fait pas l’impasse sur les artistes, architectes ou designers d’aujourd’hui. Certes rompus générationnellement à l’expérience des outils numériques, beaucoup demeurent convaincus, tels les frères Bouroullec que «  […] le dessin à main levée est une instance archaïque, le réceptacle de tensions normales entre la pensée d’un projet et sa réalité […] ».

Responsable scientifique

• Agnès CALLU (École des Chartes, CNRS/IHTP)

Ancienne élève de l’École nationale des Chartes (thèse publiée sur la Réunion des musées nationaux sous la III^e République, Prix Lenoir) et de l’Institut national du Patrimoine (INP), Docteur en histoire contemporaine de l’IEP / Sciences Po - Paris (PhD) (thèse publiée sur le philosophe nietzschéen Gaëtan Picon, Prix Chaix d’Est Ange), Habilitée à diriger des recherches (HDR) à l'EPHE (dossier d'habilitation intitulé "Culture, Médias et Patrimoines : enjeux contemporains"), Agnès Callu est historienne, conservateur du Patrimoine au musée des Arts décoratifs, chargé du Cabinet des Dessins, chercheur permanent au CNRS (Institut d’histoire du temps présent, IHTP) et chercheur associé à Sciences Po (Centre d'Histoire de Sciences Po, CHSP), chargé de cours l’École nationale des Chartes.

Programme

Pratiques culturelles du dessin

Séance 1/ 16 octobre 2015

• « Le dessin au musée : fonction socio-esthétique» (Agnès Callu, ENC/IHTP-CNRS)

Séance 2/6 novembre 2015

• « Le dessin : des galeries, un marché» (Max Torregrossa, Galerie VivoEquidem et Matthieu Fournier, Artcurial)

Séance 3/ 20 novembre 2015

• « Le dessin en revue » (Frédéric Pajak, « Les Cahiers Dessinés »)

Lectures pluridisciplinaires du dessin

Séance 4/11 décembre 2015

• « Techniques et pratiques de l’improvisation graphique » (Jan Blanc, Université de Genève)

Séance 5/ 12 février 2016

• « Kandinsky et Walter Benjamin: le code et le graphe entre tâches et signes (Frédéric Ménager-Aranyi, EHESS)

Séance 6/ 26 février 2016

• « L’Art Nouveau : pour une redéfinition du dessin ornemental » (Rossella Froissart, Université Aix-Marseille)

Séance 7/11 mars 2016

• « Le travail créateur de Jean Dubuffet : autour du trait » (Agnès Callu, ENC/IHTP-CNRS)

Séance 8/ 18 mars 2016

• « Le dessin de Roni Horn : présences poétiques » (Marjorie Micucci, Université Paris Diderot Paris 7)

Séance 9/ 8 avril  2016

• « Le roman graphique : de la littérature dessinée » (Benoît Berthou, Université Paris 13 et Catherine Mao, Université Paris-Sorbonne)

Séance 10/ 15 avril 2016

• « Dessin et Psychanalyse : totems et tabous chez Lacan » (Virginie Megglé, psychanalyste)

Séance 11/ 6 mai 2016

• « Genèse du dessin de la note musicale » (Nicolas Donin, IRCAM)

Égohistoires de créateurs

Séance 12/ 13 mai 2016

• « Trajectoire, création, explicitation : le dessin du réel » (Thomas Lévy-Lasne, artiste plasticien [sous réserve] et conclusions du séminaire, IV » (Agnès Callu)