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Le gouvernement des données

The government of data - Études digitales issue 2

Études digitales n°2

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Publié le vendredi 16 octobre 2015

Résumé

Le numéro 2 de la revue Études Digitales ouvre un champ de réflexion où, à partir de la montée d’une hyperconnectivité, les algorithmes organisent un lien entre données et pouvoir. Nous souhaitons envisager ce phénomène en deux mouvements. Le premier mouvement rend compte d’une mutation majeure dans les formes du savoir. Le second mouvement traduit, à travers les données du pouvoir, la transformation d’une relation au politique et plus précisément celle des formes de la gouvernementalité. C’est donc une reconfiguration de la relation « savoir-pouvoir » qui constitue le thème de ce numéro.

Annonce

Parution

à paraître en octobre 2016 aux éditions Classiques Garnier

Argumentaire

Le numéro 2 de la revue Études Digitales ouvre un champ de réflexion où, à partir de la montée d’une hyperconnectivité, les algorithmes organisent un lien entre données et pouvoir. Nous souhaitons envisager ce phénomène en deux mouvements. Le premier mouvement rend compte d’une mutation majeure dans les formes du savoir. Le second mouvement traduit, à travers les données du pouvoir, la transformation d’une relation au politique et plus précisément celle des formes de la gouvernementalité. C’est donc une reconfiguration de la relation « savoir-pouvoir » qui constitue le thème de ce numéro.

Le pouvoir des données / «  Le pouvoir de »

Cette première partie se comprend comme une interrogation sur le pouvoir au sens du « pouvoir de ». Ce type de pouvoir exprime une « capacité à faire », il renvoie à l’extension de l’action et de l’expérimentation des données dans tous les champs du savoir.

C’est ainsi que s’organise, au cœur de la technoscience, une mutation informationnelle qui prend un tournant radical quand Anderson évoque une « fin de la théorie » au moment où les corrélations massives de toutes les données rendent, selon lui, toute recherche de causalité inutile. Une réflexion sur la proposition d’une « science sans les sciences », c’est-à-dire d’un calcul au service d’une raison statistique, reste encore à étayer par le renforcement d’une critique de la raison computationnelle. Les humanités en général jouent ici un rôle critique essentiel face aux risques de déshumanisation des conceptions et des pratiques scientifiques. En effet, les sciences aussi bien les sciences humaines que les sciences de la nature sont désormais largement tournées vers la prévision statistique (Supiot, La gouvernance par les nombres, 2015). Cette orientation critique paraît nécessaire pour répondre à la réduction des SHS au statut de sciences auxiliaires instrumentalisées (Ellul, Le bluff technologique, 1988).

Face aux Big data, le pouvoir des données peut-il s’envisager comme l’apparition d’une intelligence collective face au profilage généralisé ? Autrement dit, l’enjeu du devenir des Humanités ne repose-t-il pas sur l’aptitude des sciences sociales à mettre en œuvre un dépassement des frontières disciplinaires ? Il s’agit de produire un savoir commun, en commun, ou encore des communs que constitue désormais la masse des données.

La reconnaissance du rôle des instruments et le questionnement de cette « nouvelle intelligence » impliquent la formation d’une nouvelle critique. Cette situation engage une autre relation aux faits et par conséquent aux « terrains ». Le partage de l’empirique et du théorique renvoie à une expérience du sens qui ne possède pas encore son épistémologie, mais seulement une valeur heuristique.

Si les Humanités Digitales interrogent la capacité des sciences humaines à intégrer dans la recherche de nouveaux outils d’interprétation des données (Ramsay, Reading machines, 2011 et Moretti, Distant reading, 2013), la pertinence des instruments repose la question de la performance qui ne peut se concevoir sans un nouvel épistémè.

Les données du pouvoir / « Pouvoir sur »

La seconde partie de ce numéro s’entend comme l’examen des « données du pouvoir ». Au sens de pouvoir « sur ». Ce type de pouvoir trouve son originalité dans une conception renouvelée de la façon de gouverner par un nouveau processus de contrôle : « Plus que d’éliminer l’incertitude, il s’agit d’une ́préemption, d’une autre manière de gouverner visant non pas à éradiquer l’incertitude mais à la gérer différemment. » (Antoinette Rouvroy, entretien Médiapart, 2015). La société de contrôle s’illustre par le type de pouvoir qui lui correspond. Celui-ci coïncide avec la nouvelle phase de l’informatique ubiquitaire (réseaux interconnectés et Big data) laquelle succède à celle des interfaces. Peut-on parler, après le biopouvoir, d’une nouvelle forme de surveillance qui réintroduirait avec le digital un « psycho-pouvoir » (Stiegler, Économie de l’hypermatériel et du psychopouvoir, 2008) ou encore une « algocratie » par l’intermédiaire d’un processus de « gamification » ? N’assistons-nous pas à une alliance tactique entre les limitations épistémiques des Big data et les transformations politiques du néo-libéralisme ? La délégation de la décision à des algorithmes n’implique-t-elle pas une transformation de la nature même des processus décisionnels (Jorion, Le prix, 2010) ? Nous faisons l’hypothèse que la première partie du numéro engage un tournant « technologico-politique », où les formes émergentes de gouvernementalité interrogent.

La mutation des savoirs et la gouvernementalité des données pourront faire l’objet d’une proposition de contribution selon les orientations suivantes :

Données du Savoir

  • L’effacement des frontières disciplinaires confondues dans l’aplatissement des données.
  • La redistribution des corpus sous l’effet des corrélations.
  • Le nouveau régime de validation de la preuve.
  • Le déphasage entre un régime de “vérité” du comput et la possibilité de connaître.

Données du Pouvoir

  • La distinction entre ce que gouvernent les données / ce qui gouverne les données.
  • L’opposition données ouvertes / données fermées.
  • Les outils de la gouvernementalité.
  • Le risque d’une gouvernance par le calcul.
  • La logique d’une décision sans maîtrise.
  • La redéfinition du politique et du droit par la transition de l’opposition « norme/répression» à « anomie/préemption ».

L’ensemble des disciplines concernées par le traitement massif des données est sollicité.

Modalités de soumission

Les propositions d’articles (abstracts) seront envoyées pour le 2 novembre:

  • un titre et un résumé de 2000 signes maximum
  • une présentation courte de(s) l’auteur(s) : nom, prénom, profession, affiliation, e-mail

Les articles complets seront remis pour le 4 avril.

Ils seront soumis à une évaluation par les pairs en double aveugle.

Articles de 25 000 à 35 000 signes espaces compris. Une charte auteur seraconsultable sur le site : etudes-digitales.eu

Contact : etudesdigitales@gmail.com

Direction de la publication

  • Franck Cormerais
  • Jacques Athanase Gilbert

Comité éditorial

  • Sylvie Catellin (Université Versailles Saint-Quentin)
  • Nicole Dewandre (adviser, UE)
  • Armen Khatchatourov (Télécom EM Paris)
  • Greta Komur (Université de Haute-Alsace)
  • Anne Lefevre (École Supérieure d’Architecture de Saint Etienne)
  • Olivier Le Deuff (Université de Bordeaux-Montaigne)
  • Laurent Loty (CNRS Paris IV Sorbonne)
  •  Manola Antonioli (ENSA Dijon)
  • Daphné Vignon (Université de Nantes)
  • Pierre Marechaux (Université de Nantes)
  • Jean-Max Noyer (Université de Nice)
  • Vincent Puig ( IRI, Centre Pompidou)
  • Olivier Rey (CNRS)
  • Francis Rousseaux (Université de Reims/IRCAM)
  • Marcello Vitali-Rosati (Université de Montréal).

Comité scientifique

  • Bruno Bachimont (Université de Compiègne)
  • Philippe Béraud (Télécom Bretagne)
  • Serge Bouchardon (Université de Compiègne)
  • Valérie Carayol (Bordeaux-Montaigne)
  • Philippe Chantepie (Inspecteur, Ministère de la Culture)
  • Brigitte Chapelain (Université Paris Nord)
  • ClaireClivaz (Université de Lausanne)
  • Gilles Bonnet (Université de Lyon 3)
  • Alain Giffard (administrateur civil, Fondateur de Gallica)
  • Olivier Ertzscheid (Université de Nantes)
  • Jean-Paul Fourmentraux (Université Aix-Marseille)
  • Béatrice Galinon-Ménélec (Université du Havre)
  • Alexandre Gefen (CNRS, Paris IV Sorbonne)
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  • Jean-Louis Kerouanton (Université de Nantes)
  • Amar Lakel (Université Bordeaux-Montaigne)
  • Laurent Lescop (ENSA Nantes)
  • Hélène Mialet(Université de Californie, Berkeley)
  • Gerald Moore (Durham University)
  • Pierre Musso (Rennes2/ParisTech)
  • Denis Peschanski (CNRS, Paris 1 Sorbonne)
  • Yannick Prié (Université de Nantes)
  • Serge Proulx (UQAM Montréal)
  • Alberto Romele (Université de Porto)
  • Warren Sack (Université de Californie – Santa Cruz)
  • Bernard Stiegler (Université de Londres/Goldsmith)
  • Nobert Hillaire (Université de Nice).

Dates

  • lundi 02 novembre 2015

Mots-clés

  • algorithme, donnée, représentation, gouvernementalité, digital, pouvoir, literacy

Contacts

  • Jacques Athanase Gilbert
    courriel : jacques [dot] gilbert [at] univ-nantes [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Jacques Athanase Gilbert
    courriel : jacques [dot] gilbert [at] univ-nantes [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Le gouvernement des données », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 16 octobre 2015, https://doi.org/10.58079/tg1

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