InicioSéries et dépendance / Dépendance aux séries

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Publicado el lunes 26 de octubre de 2015

Resumen

Le but de ce colloque est de fonder puis d’analyser le lien entre séries et dépendance, en tenant compte de ces deux aspects corrélés : la surconsommation de séries, et leur production selon des procédés qui favorisent cette surconsommation. Du fait de ce double impératif, ce colloque se veut pluridisciplinaire. Il s’adresse d’une part aux spécialistes de la question des dépendances (psychiatres, psychologues, travailleurs sociaux, etc.), qui disposent des outils d’analyse et des statistiques permettant d’évaluer le degré de réalité du phénomène d’addiction aux séries, d’en jauger les conséquences, mais aussi d’en comprendre les mécanismes. Il s’adresse également aux spécialistes des enfants et adolescents (enseignants, infirmiers et médecins scolaires, animateurs, éducateurs, parents…), public particulièrement touché par le phénomène étudié ici. Il s’adresse enfin aux producteurs et aux scénaristes de séries télévisées, ainsi qu’aux spécialistes de séries, de cinéma, d’études culturelles ou de narratologie, entre autres, dont les outils spécifiques peuvent aider à mieux comprendre ce qui, dans la construction des séries comme dans leur réception, vise à créer, entretenir, amplifier, ou au contraire limiter, les tendances addictives qui en découlent.

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Colloque organisé par le CICLAHO, le CREA (EA 370), l’EA 1569 et CLIPSYD (EA 4430)

Argumentaire

“It’s like the people who make potato chips. They know how to put the right chemicals in there to make you want to eat the next potato chip. Our goal is to make you want to watch that next episode.” / « On fait comme les fabricants de chips. Ils savent quels additifs mettre dans leur produit pour vous pousser à en manger encore plus. Nous, on fait en sorte que vous vouliez voir l’épisode suivant. »

Carlton Cuse

Imaginons un instant des propos semblables tenus non pas par Carlton Cuse, le scénariste réputé de plusieurs épisodes de Lost, mais par un chimiste de l’industrie du tabac. Impossible ! Une telle déclaration reviendrait à avouer non seulement que le tabac est addictif, mais également qu’il est conçu pour l’être le plus possible, à des fins mercantiles. En comparaison, la position de Carlton Cuse ne semble choquer personne. Elle atteste cependant une double réalité. Premièrement : les séries possèdent indéniablement une dimension addictive. Produits de consommation courante, elles peuvent engendrer un besoin frénétique. Et, comme pour les produits de l’industrie agroalimentaire évoqués par Cuse, leur surconsommation peut entraîner un nombre important de symptômes problématiques. Deuxièmement : les séries sont pensées pour susciter la dépendance. Leurs concepteurs affinent une recette miracle, dont les ingrédients et les savoir-faire mis en jeu contribuent à créer ou à entretenir leur dimension addictive. La série télévisée serait-elle l’une des dernières drogues légales à pouvoir organiser ainsi sa prolifération incontrôlée ?

Le but de ce colloque est de fonder puis d’analyser le lien entre séries et dépendance, en tenant compte de ces deux aspects corrélés : la surconsommation de séries, et leur production selon des procédés qui favorisent cette surconsommation. Du fait de ce double impératif, ce colloque se veut pluridisciplinaire. Il s’adresse d’une part aux spécialistes de la question des dépendances (psychiatres, psychologues, travailleurs sociaux, etc.), qui disposent des outils d’analyse et des statistiques permettant d’évaluer le degré de réalité du phénomène d’addiction aux séries, d’en jauger les conséquences, mais aussi d’en comprendre les mécanismes. Il s’adresse également aux spécialistes des enfants et adolescents (enseignants, infirmiers et médecins scolaires, animateurs, éducateurs, parents…), public particulièrement touché par le phénomène étudié ici. Il s’adresse enfin aux producteurs et aux scénaristes de séries télévisées, ainsi qu’aux spécialistes de séries, de cinéma, d’études culturelles ou de narratologie, entre autres, dont les outils spécifiques peuvent aider à mieux comprendre ce qui, dans la construction des séries comme dans leur réception, vise à créer, entretenir, amplifier, ou au contraire limiter, les tendances addictives qui en découlent.

Notre réflexion s’organisera autour de deux axes principaux.

Axe numéro 1 – La dépendance aux séries : points de vulnérabilité, symptômes, conséquences, et ressources pour faire face au problème.

  • Usage problématique, dépendance, ou addiction aux séries ? Quelle place le monde de la psychiatrie doit-il accorder à la consommation démesurée de séries, en fonction des classifications actuelles ? Quel lien avec certains comportements d’usage problématique (workaholism,par exemple) ?
  • Caractérisation. Lorsque l’on parle de dépendance aux séries, parle-t-on de dépendance à un objet ou à un comportement spécifique lié à cet objet ?
  • Dimension quantitative : Peut-on estimer la consommation quotidienne d’un échantillonnage d’individus ? Quel est l’impact du binge watching (visionnage compulsif) ? Quelles en sont les motivations ? Qu’en retirent ceux qui pratiquent la consommation concentrée de séries ? Quelle est la place d’une éventuelle compétition avec les autres fans ? Avoir tout vu avant les autres constitue-il un enjeu favorisant ce type de pratiques ?
  • Rapprochements possibles avec d’autres formes d’addiction (aux jeux vidéo ; à la télévision en général ; à Internet ; aux réseaux sociaux….)
  • Phénomènes d’identification aux personnages et leurs enjeux. D’un point de vue subjectif, que recherche-t-on à travers une telle identification : oubli d’une réalité difficile à vivre, courage pour affronter le quotidien ou se réinventer, réflexivité sur son propre comportement par l’intermédiaire d’un doppelgänger, ange gardien ou démon tentateur ? En quoi le médium sériel se démarque-t-il de l’impact des films de ce point de vue ?
  • Quel est le profil sociodémographique des addicts (accros) aux séries ? Celui-ci varie-t-il en fonction du style de série ? Observe-t-on des différences générationnelles? Des différences entre hommes et femmes ?
  • Existe-t-il des manifestations physiques de la dépendance aux séries? (Phénomène de manque, sommeil perturbé, etc.) ?
  • Les séries, les sciences cognitives et les neurosciences. Peut-on envisager un rapprochement avec les recherches existantes en neurocinématique (Uri Hasson)?La dépendance aux séries peut-elle être révélée par l’imagerie cérébrale, comme des études récentes ont démontré que l’usage d’écrans tactiles modifie la façon dont on se représente ses doigts dans le cerveau ? Constate-t-on un impact au niveau des neuromédiateurs? Peut-on mettre en évidence l’existence d’un impact sur le « circuit de la récompense », ou pour le moins sur la production de dopamine ? Quel rôle le travail mémoriel qu’impose une série (par répétition des points d’ancrage, lieux, personnages, types d’interactions) joue-t-il dans la mise en place d’une dépendance ? Quel est le rôle exact de la musique dans l’identification des personnages et des lieux, et comme moteur de certaines actions qui reviennent comme leitmotivs ?
  • Quelles sont les conséquences de la dépendance aux séries ? Sont-elles à court terme, à moyen terme, ou à long terme? Quel impact sur les comportements, au niveau personnel ou au niveau des relations avec l’entourage ?
  •  Comment les spectateurs parlent-ils de leur dépendance ? La considèrent-t-ils comme une souffrance ou comme une source de plaisir ? Quelle stratégie envisagent-ils pour se sevrer, ou au contraire, pour entretenir leur dépendance ? Quelle place occupe-t-elle dans leur vie ? Quel temps quotidien passent-ils à organiser leur consommation sérielle ? Envisagent-t-ils des programmes – télévisés ou autres – de substitution pour se défaire de leur dépendance ? Existe-t-il des cas de déni ? Est-ce un sujet tabou, une « tare » à préserver du regard d’autrui, ou au contraire un motif de satisfaction susceptible d’être étalé au grand jour ? Peut-on parler d’une mémoire sérielle comme on parle de mémoire ou d’archéologie filmique ? Quelles sont les croyances de ceux qui se considèrent comme « accros » aux séries ? Quelles attitudes les caractérisent ? Peut-on constituer des sous-groupes parmi ces publics ?
  • De quelles ressources la société dispose-t-elle pour faire face à ce nouveau type de comportement addictif ? Une prévention est-elle mise en place, et si oui, comment fonctionne-t-elle ? Comment la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) fait-elle le lien entre ce phénomène et des addictions reconnues ?

Axe numéro 2 – Les séries et la dépendance : entre stratégies addictives et réflexion sociétale ?

  • Les séries encouragent-elles la dépendance, et si oui, par quels moyens? Stratégies commerciales (publicité, teasers, modes de diffusion multisupport, piqure de rappel du type previously on, rôle du marketing, produits dérivés, spinoffs…) et stratégies narratives (temps long, cliffhanger (fin à suspense), inclusion de faits d’actualité, construction d’un sentiment d’appartenance à une communauté, résurrection de personnages plébiscités ou suppression parfois artificielle de personnages jugés peu intéressants, diffusion sur Internet de fins alternatives, prise en compte des avis exprimés sur les forums, etc.)
  • Certaines séries ou certaines chaînes découragent-elles de tels phénomènes, exprimant ainsi leur conscience que la dépendance qu’elles entraînent peut avoir des conséquences néfastes ? Ou plus simplement, peut-on considérer que certains aspects des séries constituent des freins à l’addiction (rôle de la segmentation en saisons, fréquence de diffusion et durée des épisodes, procédés de mise à distance qui bloquent l’identification, spoilers, etc.)
  • Comment les séries réfléchissent-elles de l’intérieur aux enjeux de cette dépendance qu’elles favorisent, et aux dépendances en général ? (Personnages de drogués ou d’addicts, scènes qui font intervenir des support groups, mise en abîme de l’inévitable séparation avec la série,  de la rechute, du manque, du sevrage, de la dépendance à un univers fictionnel, du processus créatif, de la réception d’une série, etc.)
  • Quelle est la place du phénomène de dépendance aux séries dans l’histoire culturelle ? Quel lien entretient-elle avec l’accusation que l’on porte contre la fiction, depuis ses origines, de détourner les humains de la réalité ? Peut-on considérer qu’il existe une généalogie de la dépendance aux formes sérielles, depuis les origines orales ou littéraires jusqu’aux formes actuelles, en passant par le feuilleton cinématographique et les séries télévisées d’avant le « nouvel âge d’or » ?

Bibliographie sélective

Ang, I., Watching Dallas, Soap Opera and the Melodramatic Imagination, London, Routledge, 1985.

Billieux, J. et al., “Internet Gaming Addiction: the Case of Massively Multiplayer Online Role-Playing Games.” Current Pharmaceutical Design 20 (2015), 4026-4052.

Couteron J-P., « Addiction au quotidien, ou l’ordinaire des addictions », Psychotropes, 2008 /3 Vol. 14, p. 79-89.

Darras, E. « Les limites de la distance. Réflexions sur les modes d’appropriation des produits culturels. » In Donnat, O. (dir.), Regards croisés sur les pratiques culturelles, Paris, La documentation française, 2003.

Hasson U. et al., “Neurocinematics: The neuroscience of film” Projections 2(1) (2008):1-26

Jenkins, H. (1992), Textual Poachers: Television Fans and Participatory Culture, New-York, Routledge.

Johnson, S., Tout ce qui est mauvais est bon pour vous: Pourquoi les séries télé et les jeux vidéos rendent intelligent. Trad. J. Antoine. Paris: Privé, 2009.

Le Guern, P.  (dir.), Les cultes médiatiques. Culture fan et œuvres cultes, Rennes, PUR, 2002.

Niemiec, R. M., & Wedding, D., Positive Psychology at the Movies: Using Films to Build Character Strengths and Well-Being. Toronto: Hogrefe Publishing, 2014.

Shimamura, A. P. (dir.) Psychocinematics: Exploring Cognition at the Movies. Oxford: Oxford University Press, 2013.

Tan, S-L., A J. Cohen, S D. Lipscomb, and R. A. Kendall. The Psychology of Music in Multimedia. Oxford: Oxford University Press, 2013.

Tisseron, S. Enfants sous influence : Les écrans rendent-ils les jeunes violents ? Paris: A. Colin, 2000.

Valleur M., Matysiak J.-C., Sexe, Passion et Jeux Vidéo. Les nouvelles formes d’addiction, Paris, Flammarion, 2003.

Valleur M., Velea D. «Les addictions sans drogues»  Toxibase, n ° 6 (juin 2002).

Wellenstein A., « Qu’est-ce qu’une addiction ? (sélection bibliographique) », Psychotropes, 2008 /3 Vol. 14, p. 73-77.

Young, S. D. Psychology at the Movies. Chichester, West Sussex: Wiley-Blackwell, 2012.

Zachs, J. Your brain at the movies. Oxford University Press, 2014.

Langues du colloque

Français et anglais

Publication

La publication d’un ouvrage reprenant certaines des interventions est fortement envisagée. Dans ce cas, la remise des textes correspondant aux interventions se fera lors du colloque, pour une parution à la suite.

Modalités de soumission

Nous vous remercions d’envoyer vos propositions de communications (titre et résumé de 300 mots environ + 4 à 5 mots clé), accompagnées d’une courte notice biographique,

avant le 18 novembre 2015,

aux adresses électroniques de tous les organisateurs : nathalie_camart@hotmail.com ; seb.lefait@libertysurf.fr ; paquet.deyris@yahoo.fr ; romodesprez@gmail.com.

Date et lieu

Université Paris Ouest Nanterre La Défense

vendredi 5 février 2016

Comité d’organisation

Le comité d'organisation est aussi en charge de la sélection des propositions

  • Nathalie Camart (CLIPSYD – EA 4430, Paris Ouest Nanterre La Défense)
  • Sébastien Lefait (EA 1569, Université Paris 8)
  • Anne-Marie Paquet-Deyris (CICLAHO / CREA – EA 370, Paris Ouest Nanterre La Défense)
  • Lucia Romo-Desprez (CLIPSYD – EA 4430, Paris Ouest Nanterre La Défense)

Lugares

  • Université Paris Ouest
    Nanterre, Francia (92)

Fecha(s)

  • miércoles 18 de noviembre de 2015

Palabras claves

  • série télévisée, dépendance, addiction

Fuente de la información

  • Sébastien Lefait
    courriel : sebastien [dot] lefait [at] univ-paris8 [dot] fr

Licencia

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Para citar este anuncio

« Séries et dépendance / Dépendance aux séries », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el lunes 26 de octubre de 2015, https://doi.org/10.58079/thl

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