The 19th century and the future. Thinking, representing, and dreaming the future in the 19th century
Le XIXe siècle face au futur. Penser, représenter, rêver l'avenir au XIXe siècle
Société des études romantiques et dix-neuviémistes conference
Congrès de la Société des études romantiques et dix-neuviémistes
Published on Wednesday, January 13, 2016
Abstract
On a souvent remarqué que le XIXe siècle a été le premier à se penser en tant que siècle, et le premier aussi à se désigner par un numéral. Une autre de ses caractéristiques, c’est qu’il ne s’est pas centré autour d’une qualification unique, comme a fini par le faire le siècle des Lumières, mais qu’il a, au contraire, multiplié les appellations censées le caractériser. Deux précédents congrès de notre société ayant déjà entamé la réflexion d’ensemble, tant sur les représentations du XIXe siècle par lui-même que sur ses représentations au siècle suivant, notre prochain congrès se propose de prolonger cette réflexion en abordant la question sous un angle complémentaire.
Announcement
Argumentaire
On a souvent remarqué que le XIXe siècle a été le premier à se penser en tant que siècle, et le premier aussi à se désigner par un numéral. Une autre de ses caractéristiques, c’est qu’il ne s’est pas centré autour d’une qualification unique, comme a fini par le faire le siècle des Lumières, mais qu’il a, au contraire, multiplié les appellations censées le caractériser. Nombreuses sont les expressions sous la forme « le siècle de… », insistant sur une de ses déterminations jugées essentielles : le siècle de l’histoire, le siècle des révolutions, le siècle des inventaires (Thibaudet), le siècle des dictionnaires (Larousse), le siècle de l’abstraction (Fortoul), le siècle de la science, le siècle des inventions, le siècle de la vitesse, le siècle positif, le siècle romantique, le siècle de la blague (Goncourt), etc.
Deux précédents Congrès de notre Société ayant déjà entamé la réflexion d’ensemble, tant sur les représentations du XIXe siècle par lui-même que sur ses représentations au siècle suivant, notre prochain Congrès se propose de prolonger cette réflexion en abordant la question sous un angle complémentaire.
Parmi les formulations récurrentes qui viennent d’être rappelées, nous avons choisi cette fois de mettre l’accent sur le rapport privilégié du « siècle du progrès » à l’avenir et au futur, tout en engageant une réflexion plus large sur les rapports du siècle au temps historique, sur sa manière de se construire dans l’Histoire et de gérer les trois grandes dimensions de la temporalité (Passé, Présent, Futur). En partant de la temporalisation des notions, des concepts et des vécus qui se joue à l’aune du nouveau « régime d’historicité » (François Hartog), l’enquête pourrait se tourner de manière privilégiée vers la manière que le XIXe siècle a eue de penser, de représenter, d’imaginer à la fois le futur, lointain et décroché de toute temporalité, et ce futur plus concrètement pensable et en prise sur les débats contemporains qu’est l’avenir, de les construire et de se construire par rapport à eux, tout en pensant d’emblée son présent au futur antérieur, de manière de plus en plus marquée à mesure que le temps historique s’accélère.
Le XIXe siècle qui fut, côté Passé, le siècle de l’Histoire, le siècle des inventaires, un siècle « rétrospectif », fut, côté Futur, à la fois le siècle du progrès, le siècle de l’avenir et le siècle des utopies (et des dystopies), et, côté Présent, le siècle du journal, et donc aussi de l’accélération, d’une actualisation montante des pratiques et des vécus. C’est ainsi le présent lui-même, qui, du fait de l’accélération des communications et des découvertes scientifiques en rafale, se voit comme projeté vers un futur qui tend à se rapprocher de lui à grande vitesse. En conséquence, l’avenir s’impose à la pensée avec une urgence et une nécessité nouvelles. La temporalité telle qu’on la pense est alors la proie d’une sorte d’impérialisme du futur, en réponse aux siècles antérieurs qu’on pense alors marqués par leur révérence à l’immuable tradition. La question de l’avenir, auparavant plus lointaine, uniquement virtuelle, propice à de simples rêveries et utopies, se pose avec plus d’acuité : à ceux qui s’y inscrivent résolument, l’envisagent avec joie et cherchent à anticiper le futur par des visions utopiques, mais aussi à ceux que l’avenir comme le futur plus lointain effraient ou rebutent, ce qui les provoque au passéisme et à la résistance. Alors que les hommes de la fin des Lumières envisageaient la « Postérité » comme une sorte de jugement dernier laïque propre à réparer les erreurs du « despotisme » et à rétribuer les justes, mais qui demeurait lointain et incertain, le XIXe siècle vit l’avenir de manière à la fois plus intense et plus instante.
L’avenir et le futur deviennent ainsi cette dimension du temps historique que traitent avec prédilection les systèmes philosophiques. Philosophie des sciences, philosophie de l’histoire et des religions dialoguent et s’interpénètrent, comme en témoigne le parcours intellectuel de Renan. S'ouvre ainsi un champ propice aux représentations et aux imaginaires, qu'investissent également la littérature et les différents arts.
Mais l’avenir (en prise sur le présent) constitue d’abord et surtout le terrain privilégié d’affrontement des idéologies politiques, religieuses et sociales, le combat central se jouant, au moins depuis le XVIIIe siècle, autour de la notion de Progrès, notion à spectre large, qui impose une vision positivement orientée de l’avenir, qui dépasse le champ politique, puisque débouchant sur une « religion de l’avenir ». On cherche ainsi à répondre au passéisme traditionaliste des religions instituées, mais aussi à proposer une autre projection dans l’avenir qui ne soit pas de l’ordre de l’eschatologie. D’où l’affirmation de Larousse : « La foi à la loi du progrès est la vraie foi de notre âge. » Mais nombreux et actifs sont tout au long du siècle les adversaires de cette foi nouvelle. C’est pour et contre le Progrès que se joue le combat politique, mais aussi philosophique, des « progressistes » et des « réactionnaires » de tout acabit. Aux partisans de la « perfectibilité », menant la lutte au nom de l’étendard du Progrès, et qui prédisent des « lendemains qui chantent » selon des scénarios historico-politiques souvent rivaux, s’opposent alors tous ceux qui doutent, protestent ou ironisent face à une telle vision optimiste d’un avenir idéalisé.
Côté futur (plus lointain), on assiste alors à un développement des utopies, topographies imaginaires de la cité idéale (qui ont bientôt tendance à se transformer en dystopies), tandis que se cherchent aussi des genres littéraires nouveaux, tel le roman scientifique d’anticipation. Mais c’est souvent, là encore, en fonction d’une image du présent, et par des comparaisons ou antithèses facilement décryptables par rapport à lui, que se font ces voyages vers les lointains âges futurs.
Ainsi engagée, la réflexion permettrait aussi, en miroir, d’envisager le XIXe siècle depuis aujourd’hui, soit donc à partir de ce futur que nous étions pour lui, en le traitant à la fois comme un pan exemplaire de notre passé, et comme l’inventeur de visions de l’avenir qui ont continué de régir une bonne partie du XXe siècle. Que reste-t-il aujourd’hui de ce XIXe siècle penseur d’avenir et de futur, entre progrès et discours du déclin ? Quelles représentations semblent irrémédiablement datées, quelles théories, quels imaginaires sont encore vivants et parlent à notre début du XXIe siècle ?
Programme
Mardi 19 janvier
Accueil & inscription : 9h30
9h45 : ouverture du congrès par Yves Pouliquen (président de la Fondation Singer-Polignac) & José-Luis Diaz (président de la SERD)
- 10h : conférence plénière d’ouverture : François Hartog : « Ernest Renan, foi, histoire, avenir »
10h45-11h : pause
11h-13h : 1ère session : L’histoire au futur (présidence : François Hartog)
- Michèle Riot-Sarcey : « Penser l’histoire autrement »
- Domenico Paone : « Le chimiste et le philosophe : sciences de la nature et sciences historiques face à l’avenir »
- Olivier Ritz : « L’avenir d’une révolution : quand les historiens écrivent au futur (1789-1847) »
- Chapman Wing : « Ce qu’il adviendra du passé : l’histoire et l’historien dans la littérature d’anticipation »
13h-14h : buffet
14h-16h : 2e session : Modélisations du temps (présidence : Michèle Riot-Sarcey)
- Bernadette Bensaude-Vincent : « À chaque époque, son futur ? »
- Jacques-Philippe Saint-Gérand : « L’avenir dans les dictionnaires »
- Claude Blanckaert : « Achever l’humanité » : la physiologie du progrès à l’époque romantique
- Françoise Sylvos : « Actualité du futur dans les anticipations et uchronies du XIXe siècle »
16h-16h20 : pause
16h20-18h20 : 3e session : Les mœurs des temps futurs (présidence : Marta Caraion)
- Julia Csergo : « Que mangerons-nous demain ? Alimentation, gastronomie et anticipation chez Albert Robida »
- Aïcha Salmon : « Le mariage du futur. Imaginer le devenir des traditions nuptiales au XIXe siècle »
- Concepcion Palacios & Pedro Mendez : « À la rencontre du progrès : la littérature dix-neuviémiste face au phénomène moderne du tourisme »
- Caroline Grubbs : « Véhicules de demain : les anticipations du Métro parisien et l’avenir de l’espace urbain à la fin du XIXe siècle »
Mercredi 20 janvier
9h30-10h45 : 4e session : La religion de l’avenir (présidence : Philippe Boutry)
- Tomasz Szymanski : « Retour vers le futur : l’idée de religion universelle au XIXe siècle »
- Julien Bouchet : « L’avenir impossible : la crise du projet laïc à la fin du XIXe siècle »
- Guillaume Milet : « Sociétés secrètes et germination du futur : l’action historique du progrès dans Le Compagnon du Tour de France et La Comtesse de Rudolstadt de George Sand »
10h45-11h : pause
11h-13h : 5e session : Sciences de demain (présidence : Claude Blanckaert)
- Martine Lavaud : « Le XIXe siècle et l’intelligence de la quatrième dimension »
- Elsa Courant : « Les fictions de l’avenir chez Camille Flammarion »
- Daniel Perez Zapico : « Le XXe Siècle, la vie électrique ». L’électricité dans le roman d’anticipation scientifique. Jules Verne, Albert Robida, Nilo Mario Fabra »
- Edyta Kociubinska : « “L’idéal sous les voiles de l’électricité” ? L’Eve future d’Auguste Villiers de l’Isle-Adam »
13h-14h : buffet
- 14h : Conférence plénière : Françoise Gaillard : « La pensée du déclin n’est pas l’envers de la pensée du progrès »
14h45-16h : 6e session : Imaginaires de la fin (présidence : Françoise Gaillard)
- Nicolas Valazza : « La fin des livres »
- Julie Hugonny : « “Combien de temps… ? Je n’en sais rien. La temporalité après l’Apocalypse »
- Sandrine Schiano : « Contre le progrès, contre le temps… Du futur dystopique et de la fin des espèces sur le vieux continent »
16h-16h15 : pause
16h15-18h30 : 7e session : Le progrès en question (présidence : Philippe Hamon)
- Marta Caraion : « Ironie et grandiloquence du progrès (Travail de Zola, Paris, ses organes, ses fonctions… de Du Camp, Paris-Guide) »
- Nicolas Rieder : « “L’impression d’une transposition de mon moi dans l’avenir”. Le public des Expositions universelles face au Progrès »
- Fanny Robles : « Écrire à la lumière de Lamarck, Spencer et Darwin : le progrès chez J.H. Rosny aîné »
- Émilie Piton-Foucault : « Des châteaux en Espagne… L’échec des bâtisseurs d’avenir dans l’œuvre d’Emile Zola »
Jeudi 21 janvier
9h30-10h45 : 8e session : L’avenir en farce (présidence : Jean-Claude Yon)
- Stéphanie Dord-Crouslé : « L’avenir de l’humanité selon Bouvard et Pécuchet »
- Lise Schreier : « L’an 1841 et l’an 1941, ou aujourd’hui et dans cent ans : le vaudeville à l’avant-garde de la science-fiction ? »
- Laurent Bihl : « Les “anti-Lumières” de la ville ou le choc de la modernité à travers les images satiriques de presse autour de 1900 »
10h45-11h : pause
11h-12h40 : 9e session : La merveille et la technologie (présidence : Michel Pierssens)
- Émilie Pezard : « Les mutations du merveilleux à l’ère du progrès scientifique »
- Lise Jankovic : « “Jouis de ma nouvelle invention” : pouvoir surnaturel et progrès scientifique dans la comédie de magie espagnole »
- Patrick Désile : « Le voyage dans la lune, dans tous ses états »
12h40 : présentation de l’exposition « Une brève histoire de l’avenir » (Le Louvre) par Dominique de Font-Réaulx
13h-14h : buffet
14h-16h : 10e session : Politiques de l’avenir (présidence : Paule Petitier)
- Jean-Claude Caron : « Marianne dans le rétroviseur ou l’avenir de la République au miroir de son passé »
- Arthur Hérisson : « Catholicisme intransigeant, progrès technique et modernité politique au milieu du XIXe siècle. La dystopie d'un “monde sans le pape” chez Juan Donoso Cortès et Louis Veuillot »
- Ludovic Frobert : « Crises, cycles et progrès dans l’économie politique du XIXe siècle »
16h-16h15 : pause
16h15-17h30 : table ronde : « Le futur du XIXe siècle : entre raison et imaginaire »
- Animée par Jean-Claude Caron (Université de Clermont-Ferrand), avec la participation de Nathalie Richard (Université du Mans), Christophe Bouton (Université Bordeaux 3) et François Jarrige (Université de Bourgogne).
Vendredi 22 janvier
9h30-10h45 : 11e session : Forward, backward (présidence : Aude Déruelle)
- Susan Harrow : « Modernité critique, modernité stylistique : l’écriture zolienne des deux siècles »
- Laurent Le Gall : « La galerie folkloriste des années 1880-1914 : discipline en devenir et modernité régressive »
- Arnaud Baubérot : « Horoscopes et prédictions astrologiques dans Le Double almanach français ou le nouveau Nostradamus de Laurent-Antoine Pagnerre »
10h45-11h : pause
11h-13h : 12e session : L’art au futur (présidence : Dominique de Font-Réaulx)
- Béatrice Didier : « Berlioz, musicien du XXIe siècle »
- Erika Wicky : « L’avenir de la peinture, selon les photographes (1839-1860) »
- Quentin Rioual : « L’enfance de l'art, l’art de demain : pensées modernistes fin-de-siècle : théâtre, peinture, arts ».
- Julien Schuh : « Rituels industriels : l’imaginaire des techniques de reproduction à la Belle Époque »
13h-14h : buffet
14h-16h : 13e session : Utopies, dystopies (présidence : Claire Barel-Moisan)
- Pascale Auraix-Jonchière : « George Sand : la Fable, un espace pour l'utopie ? »
- Philippe Mustière : « Villes rêvées et cités de perdition dans l’œuvre de Jules Verne. La dystopie fin de siècle »
- Valérie Stiénon : « Le siècle de la dystopie ? Propositions pour une histoire littéraire »
- Clément Dessy : « Dystopies fin-de-siècle : Paul Adam, Alfred Jarry »
16h-16h20 : pause
16h20-17h : conférence plénière de clôture : Benoît Peeters : « Des Cités obscures à Revoir Paris, la bande dessinée au futur antérieur ».
Informations pratiques
Le congrès se tiendra à la Fondation Singer Polignac (43 avenue Georges Mandel, 75116 Paris). Il est ouvert au public, mais il faut s'inscrire avant le 15 janvier en adressant un message à l'adresse suivante : futur@singer-polignac.org
Le programme du congrès est disponible en ligne : https://www.singer-polignac.org/fr/missions/sciences/colloques/1279-le-xixe-siecle-face-au-futur-penser-representer-rever-l-avenir-au-xixe-siecle
Comité scientifique
- Claire Barel-Moisan (CNRS),
- Marta Caraion (Lausanne),
- Jean-Claude Caron (Clermont-Ferrand II),
- Aude Déruelle (Orléans),
- Frédérique Desbuissons (INHA),
- José-Luis Diaz (Paris-Diderot),
- Françoise Gaillard (Paris-Diderot),
- François Hartog (EHESS),
- Jean-Yves Mollier (Saint-Quentin),
- Jean-Claude Yon (Saint-Quentin).
Comité d’organisation
- Claire Barel-Moisan (CNRS),
- Aude Déruelle (Orléans),
- José-Luis Diaz (Paris-Diderot)
Subjects
Places
- 43 avenue Georges Mandel
Paris, France (75116)
Date(s)
- Tuesday, January 19, 2016
- Wednesday, January 20, 2016
- Thursday, January 21, 2016
- Friday, January 22, 2016
Keywords
- XIXe siècle, futur, avenir
Contact(s)
- Claire Barel-Moisan
courriel : claire [dot] barel-moisan [at] ens-lyon [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Claire Barel-Moisan
courriel : claire [dot] barel-moisan [at] ens-lyon [dot] fr
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To cite this announcement
« The 19th century and the future. Thinking, representing, and dreaming the future in the 19th century », Conference, symposium, Calenda, Published on Wednesday, January 13, 2016, https://doi.org/10.58079/u5e