AccueilÉconomie politique des circulations et consommations dans les métropoles du Moyen-Orient

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Économie politique des circulations et consommations dans les métropoles du Moyen-Orient

The political economy of circulation and consumption in Middle Eastern metropolises

Approches comparées et connectées

Comparative and connected approaches

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Publié le lundi 15 février 2016

Résumé

La région du Moyen-Orient qui se dessine à partir des métropoles sur lesquelles porte notre appel (Amman, Beyrouth, Damas, Dubaï, Erbil, Istanbul, Téhéran), est à la fois divisée et interconnectée, mais aussi traversée par des crises politiques et économiques majeures. Espace en tensions, cette région a également été marquée ces dernières décennies par des réformes économiques d’orientation libérale. Ces réformes ont participé d’une redéfinition des circulations des biens et des personnes au niveau local et régional, mais aussi d’une transformation sensible des formes et des modes de consommation. C’est sur ces derniers points, ceux des circulations et des consommations saisies dans un contexte rendant nécessaire une analyse à plusieurs échelles (local, régional, global), que nous souhaitons susciter les contributions de chercheurs appartenant aux différentes disciplines des sciences-sociales et humaines (anthropologie, économie, géographie, histoire, politologie, sociologie).

Annonce

Cet appel à contribution concerne la publication d’un ouvrage collectif à paraître en 2016 et dirigé par Yoann Morvan (chercheur CNRS, IDEMEC, Aix-en-Provence) et Thierry Boissière (chercheur MAE, co- responsable de l’Observatoire urbain du Proche-Orient, Ifpo, Beyrouth) et porte sur le thème « Économie politique des circulations et consommations dans les métropoles du Moyen-Orient : approches comparées et connectées ».

Argumentaire

La région du Moyen-Orient qui se dessine à partir des métropoles sur lesquelles porte en priorité notre appel (Amman, Beyrouth, Damas, Dubaï, Erbil, Istanbul, Téhéran), est à la fois divisée et interconnectée, mais aussi traversée par des crises politiques et économiques majeures: guerres civiles syrienne et irakienne, instabilité politique libanaise, crises politico-militaires en Turquie, tensions dans le Golfe, aggravation des dissensions interconfessionnelles dans toute la région, poussées autonomistes kurdes, émergence du groupe « Etat Islamique », remise en question de certaines frontières issues de la période des mandats, etc.

Espace en tensions, cette région a également été marquée ces deux dernières décennies par une vague de réformes économiques d’orientation libérale, y compris dans des pays ayant longtemps connu des régimes de tendance « socialiste » (Syrie, Irak) : privatisations, réduction du secteur public, ouverture aux capitaux étrangers et accords de libre échange (Ex : « Arab Free Trade Area », 2005), suppression des subventions d'Etat, développement du secteur bancaire privé, multiplication des enseignes et des franchises étrangères, des espaces du commerce « mondialisé » (shopping-mall), etc.

Ces réformes économiques « néolibérales », censées permettre l’émergence d’un marché régional intégré, ont contribué à renforcer les inégalités sociales et économiques, créant de nouvelles frustrations mais aussi de nouvelles aspirations dans un contexte d’immobilisme politique, du moins jusqu’en 2011. Considérées parfois comme ouvrant la voie à un « capitalisme des copains », ces réformes ont de fait d’abord profité à une minorité d’affiliés et d’hommes d’affaires proches des pouvoirs en place, même si elles ont aussi bénéficié à une classe moyenne urbaine éprise de consumérisme et de « modernité ». Elles ont également contribué à transformer les paysages des métropoles concernées, notamment par une tendance à la multi-polarisation, à la gentrification et par la diversification et la multiplication des espaces commerciaux et des surfaces publicitaires. Ces réformes ont enfin participé d’une redéfinition des circulations des biens et des personnes au niveau local et régional, mais aussi d’une transformation sensible des formes et des modes de consommation.

C’est sur ces derniers points, ceux des circulations et des consommations saisies dans un contexte rendant nécessaire une analyse à plusieurs échelles (local, régional, global), que nous souhaitons susciter les contributions de chercheurs appartenant auxdifférentes disciplines des sciences-sociales et humaines (anthropologie, économie, géographie, histoire, politologie, sociologie).

Issus d'une histoire peu ou prou partagée, les différents pôles urbains que nous nous proposons d’explorer par le biais de la question des circulations et des consommations ont connu, ces dernières décennies, d'importantes transformations présentant certaines similitudes formelles, en particulier du fait du « néo-libéralisme ». Il s'agira d’éprouver cette notion, en usant éventuellement du comparatisme et en revenant sur l'histoire économique et politique récente des différents cas présentés, si possible dans leurs interconnections.

Les propositions de contributions pourront s'attacher à comprendre comment les pratiques de consommation (participant du modèle néo-libéral dominant ou de modèles plus locaux ou alternatifs) « circulent » et se diffusent, aussi bien à l’échelle de la région que d’espaces plus localisés (quartiers, aires urbaines, sous-régions, réseaux de proximité). Elles s’appliqueront également à rendre compte des bouleversements en retour que produisent les circulations de biens, de personnes et de modèles, sur la diversification des pratiques de consommation et plus généralement sur les économies locales. Par ricochet, ce questionnement permettra d'interpréter les mobilisations potentielles dans les cas urbains étudiés, en lisière des « Printemps arabes », et de les situer vis-à-vis de ceux-ci. L'hypothèse serait ici qu'un mixte de formes de « consom'action » et de rapports clientélaires renégociés parvient à faire tenir tant bien que mal ces édifices sociaux d'économies urbaines émergentes et actuellement sous fortes tensions.

  • Un élément important de la réflexion pourrait être l'évolution des formes du commerce et plus particulièrement des shopping malls, ces nouveaux espaces publics/privés s'étant multipliés ces dernières années dans les métropoles appréhendées, concourant à la redéfinition des formes de socialisation et du statut social des consommateurs. On pourrait par exemple rendre compte de ce que ces nouveaux espaces de commerce, ainsi que les formes de consommation qui leur sont associées, nous disent des mutations des sociétés urbaines concernées, tant du point de vue de la transformation des espaces publics que de la façon dont se construit un imaginaire consumériste puisant dans des registres traditionnels revisités ou dans des modèles importés.
  • Il serait également intéressant de déceler les transformations ou apparitions de « nouveaux mots » de l'échange : consommations et expressions linguistiques de celles-ci sont en effet parties intégrantes de circuits d'échanges reposant sur la confiance, des croyances et le crédit. Pourraient être ainsi questionnés les cadres dans lesquels les transactions commerciales se déroulent et prennent leur signification pour leurs acteurs, commerçants et clients : tout à la fois les « rituels de transaction » et les éléments de langage qui rendent cette transaction possible dans un contexte marqué par l’incertitude. Les notions de « confiance » et de « réputation » constituent des supports majeurs pour les relations d’échange et des entrées importantes pour mieux comprendre les transactions et les relations entre commerçants et clients. Pourrait également être analysée l’évolution de ces notions, du petit commerce aux magasins de chaîne et à la grande distribution : comment s’élaborent les échanges et la « parole marchande » dans les quartiers commerciaux « modernes » et dans les shopping-malls, espaces réputés marqués par l’impersonnalité des relations et l’anonymat ?
  • Les circuits d'échanges plus ou moins locaux s'articulent à des circulations plus vastes, migratoires (migrants, réfugiés, déplacés), économiques, marchandes, religieuses, culturelles et affectent les sociétés métropolitaines, contribuant notamment à générer de nouvelles « minorités intermédiaires », tels les Libanais à Erbil. De nouvelles bourgeoisies contribuent à redessiner les trajectoires des exportations, tandis que certaines diasporas peuvent jouer un rôle clé dans des marchés émergents, comme les Iraniens à Dubaï. Des migrations plus temporaires, tel le shopping des Téhéranais à Istanbul ou celui des jeunes expatriés arabes à Abu Dhabi, influent les imaginaires et pratiques de consommation dans leurs métropoles d'origine. Les pèlerins enfin s’inscrivent dans des pratiques de mobilités à la fois religieuses et commerciales, contribuant à alimenter, en fonction de leur obédience, toute une « industrie » du pèlerinage, aussi bien en Arabie Saoudite que dans nombre de villes iraniennes, irakiennes et syriennes. Tous s’inscrivent dans des espaces urbains qu’ils contribuent à qualifier par les usages qu’ils en font : espaces de vie (hôtels, restaurants, cabarets, quartiers résidentiels, zones d’habitats informels, camps de réfugiés) ou espaces intermédiaires participant de différents dispositifs (lieux de culte, souks, malls, entrepôts, foires internationales, boutiques, petits commerces de rue, marchés alternatifs).
  • Enfin, dans une région affectée par de nombreux conflits armés, l’économie de guerre s’est développée de façon exponentielle, alimentant une part de plus en plus importante des circulations et des échanges existant entre certaines métropoles : comment se mettent en place et s’organisent à la fois les réseaux et les circulations qui alimentent cette économie de manière souvent souterraine, et les formes de consommation contraintes qui en découlent ? Quelle place y occupent les déplacés et les réfugiés, mais aussi les minorités intermédiaires évoquées plus haut ?

Ainsi, ces diverses circulations et formes de consommation pourraient constituer autant d’analyseurs des économies politiques connectées dans un nouveau système régional caractérisé aussi bien par des effets de continuité que de ruptures et de segmentations importantes.

Conditions de soumission

Les chercheurs souhaitant participer à ce projet de publication sont invités à envoyer leur proposition (titre et résumé d’une demi page, coordonnées et rattachement institutionnel) aux éditeurs

avant le 1er mars 2016.

Les langues officielles sont le français et l’anglais.

Après sélection, les textes complets devront être transmis pour le 30 juin 2016.

Contacts

Yoann Morvan : yoannmorvan@yahoo.com Thierry Boissière : thboissiere@gmail.com

Responsables scientifiques

  • Yoann Morvan (chercheur CNRS, IDEMEC, Aix-en-Provence)
  • Thierry Boissière (chercheur MAE, co- responsable de l’Observatoire urbain du Proche-Orient, Ifpo, Beyrouth)

Dates

  • mardi 01 mars 2016

Mots-clés

  • économie politique, circulations, consommation, mobilités, villes, urbanisme, commerce, Moyen-Orient, printemps arabes

Contacts

  • Thierry Boissière
    courriel : thboissiere [at] gmail [dot] com
  • Yoann Morvan
    courriel : yoannmorvan [at] yahoo [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Thierry Boissière
    courriel : thboissiere [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Économie politique des circulations et consommations dans les métropoles du Moyen-Orient », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 15 février 2016, https://doi.org/10.58079/uej

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