AccueilÉtudes de cas : jeux d'échelles pour décrire le social

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Études de cas : jeux d'échelles pour décrire le social

Case study: the play of scale to describe the social

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Publié le vendredi 19 février 2016

Résumé

Empruntée à la cartographie mais aussi à l’optique et à l’architecture, la notion d’échelle est un concept-clé en sciences humaines et sociales. De l’échelle cartographique à l’échelle spatiale, en passant par les échelles temporelles et les échelles d'analyse sociologique, son usage est aujourd'hui une pratique généralisée dans la plupart des disciplines en sciences humaines et sociales. Les jeux d’échelles sont devenus des outils indispensables à la compréhension des groupes sociaux et des configurations d’acteurs. Au regard de ce foisonnement, la journée d’étude souhaite insister sur les aspects concrets des changements d'échelles en sciences humaines et sociales, particulièrement dans les méthodes d'analyse documentaire, dans la pratique du terrain et dans le rapport à l’écriture du chercheur.

Annonce

Argumentaire

Inspiré des travaux de Jean Tricart dans les années 1950, puis des « échelons » de Roger Brunet et des « ordres de grandeur » d’Yves Lacoste dans les années 1960-1970, le recours à l’interscalarité est devenu une démarche reconnue en géographie. À tel point que le changement d'échelle a longtemps servi de signe de reconnaissance des géographes et de marqueur corporatif. Au sein de la discipline, des débats demeurent cependant sur les méthodes de croisement : au traditionnel emboîtement d'échelles, Michel Lussault préfère parler d'imbrication pour souligner le caractère systémique d'un espace à différentes échelles tandis que Neil Brenner réinterroge des notions classiques comme la globalisation, l’urbain ou l’État à l’aune du réétalonnage (rescaling) politique. L’essor de la micro-géographie est une preuve supplémentaire de l’actualité des jeux d’échelles en géographie.

À l’inverse, dans son acception spatiale, la notion d’échelle a longtemps été un angle mort de la réflexion historienne. Les historiens préféraient l’acception temporelle définie par Fernand Braudel, celle de la pluralité des temps historiques. La remise en cause de l’orthodoxie labroussienne par la microstoria à la fin des années 1980 fut le moment d’une meilleure prise en compte des jeux d’échelles spatiales autour d’une nouvelle démarche inductive, inspirée de l’anthropologie, et désirant saisir le vécu des acteurs, leurs stratégies et leurs univers de justification. Après une période d'éclipse au profit d'approches culturalistes, des orientations de recherche qui reposent sur la variation des échelles, comme l’histoire connectée ou l'histoire globale, semblent être de nouveau au cœur des préoccupations, notamment en lien avec le thème de la mondialisation et la remise en cause des cadres spatiaux et idéologiques de référence.

En sociologie, la notion d’échelle est principalement convoquée pour expliquer les différences d’approche des phénomènes sociaux. Récemment, Dominique Desjeux a proposé une théorie des échelles d’observation décrivant l’échelle macrosociale des régularités, des grandes tendances, des appartenances sociales et des valeurs, l'échelle microsociale des acteurs sociaux en interaction les uns avec les autres, et l'échelle micro-individuelle du sujet et de l'individu. Aux échelles spatiales, Michel Grossetti propose de substituer des échelles d’action et d’analyse autour des trois dimensions de la masse, de la durée et du degré de généralité des phénomènes étudiés. L’un comme l’autre cherchent à dépasser l’opposition polémique entre le holisme bourdieusien et l’individualisme boudonnien par la mise à jour des jeux d’échelles implicites à ces deux positions. C’est aussi la réflexion adoptée par les travaux récents de Bernard Lahire autour des échelles de contexte qui, associées au passé incorporé, permettent de comprendre les pratiques observées.

L’échelle est donc omniprésente, des réflexions sur les échelles de l’architecte Philippe Boudon aux échelles du lien social et de l’identité de Paul Ricœur, elle irrigue une large part du champ des sciences humaines et sociales. Au regard de ce foisonnement, la journée d’étude souhaite insister sur les aspects concrets des changements d'échelles en sciences humaines et sociales, particulièrement dans les méthodes d'analyse documentaire, dans la pratique du terrain et dans le rapport à l’écriture du chercheur.

Axes

Par-delà les questions de l’interdisciplinarité et de l’évolution épistémologique des jeux d’échelles, les réflexions sur l’interscalarité poussent à s’interroger sur les configurations de son application et les questions qu’elle peut poser au chercheur dans son travail quotidien. La question des opportunités du changement d'échelles dans le document, sur le terrain de recherche et dans les méthodes d’analyse est essentielle. Les chercheurs sont aussi souvent conduits à réfléchir sur les rapports entre l’échelle et le document, la première pouvant être considérée comme un outil d’interprétation ou comme une donnée brute du document. Dans les études par cas ou d'échelle micro-locale, la question de la montée en généralité et de ses modalités, notamment dans l’écriture, reste cruciale, quelle que soit la discipline. L’essor du recours aux systèmes d’information géographique interroge sur les usages de l’échelle comme démarche heuristique et non plus seulement descriptive ou explicative. L'appel à communication porte principalement sur l’interscalarité dans l’atelier du chercheur, en insistant sur l'utilisation des jeux d'échelles dans les études de cas. Ouvert à tout chercheur en sciences humaines et sociales, il a pour but de partager des méthodes et des expériences de diverses disciplines, sur des terrains d'étude variés.

Modalités de soumission

Les intervenants seront invités à s’exprimer pendant quinze minutes, suivies d’une dizaine de minutes de questions et d’échanges. Un résumé d’une page au maximum de la communication proposée est à envoyer

avant le 15 mai 2016

à romain.gustiaux@u-pem.fr et à coralie.lessard@live.fr.

Une notification d’acceptation ou de refus des propositions sera délivrée le 1er juin 2016.

La journée se déroulera le 7 octobre 2016 sur le campus universitaire de Champs-sur-Marne.

Comité scientifique et d'organisation

Les membres du comité scientifique et d’organisation sont affiliés au laboratoire ACP de l’UPEM :

  • Vincent Azoulay, professeur d’histoire antique
  • Louis Baldasseroni, doctorant
  • Cécile Collinet, professeur de sociologie
  • Romain Gustiaux, doctorant
  • Paul Lecat, doctorant
  • Coralie Lessard, doctrante
  • Corine Maitte, professeur d’histoire moderne
  • Maxime Martignon, doctorant
  • Loïc Vadelorge, professeur d’histoire contemporaine
  • Serge Weber, maître de conférences en géographie

Lieux

  • 5 Boulevard Descartes
    Champs-sur-Marne, France (77420)

Dates

  • dimanche 15 mai 2016

Mots-clés

  • échelle, cas, interdisciplinarité

Contacts

  • Romain Gustiaux
    courriel : romain [dot] gustiaux [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Romain Gustiaux
    courriel : romain [dot] gustiaux [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Études de cas : jeux d'échelles pour décrire le social », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 19 février 2016, https://doi.org/10.58079/ugm

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