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Les territoires du vieillissement

The territories of aging

Revue « Lien social et politiques » nº79, automne 2017

Lien social et politiques journal no.79, autumn 2017

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Publié le mercredi 24 février 2016

Résumé

Le vieillissement est aujourd’hui une préoccupation montante des pouvoirs publics, une expérience vécue par un nombre croissant d’individus et un champ d’études qui, longtemps délaissé, suscite un intérêt grandissant des chercheurs en sciences sociales, tant en France qu’au Québec. Qu’il soit appréhendé en termes de politiques publiques ou d’expériences, un aspect important du vieillissement est sa dimension territoriale. Tout en étant présente dans un certain nombre de travaux, celle-ci reste cependant souvent à l’arrière-plan. Aussi, l’objectif de ce numéro est-il de rassembler des contributions permettant d’explorer les «  territoires  » du vieillissement. Il s’agit, d’une part, d’appréhender les espaces géographiques du vieillir tels qu’ils sont façonnés par l’action publique en interrogeant notamment les découpages spatiaux et les modalités d’intervention, et, d’autre part, de comprendre comment se vivent les vieillissements selon les milieux de vie.

Annonce

Argumentaire 

Le vieillissement est aujourd’hui une préoccupation montante des pouvoirs publics, une expérience vécue par un nombre croissant d’individus et un champ d’études qui, longtemps délaissé, suscite un intérêt grandissant des chercheurs en sciences sociales, tant en France qu’au Québec. Qu’il soit appréhendé en termes de politiques publiques ou d’expériences, un aspect important du vieillissement est sa dimension territoriale. Tout en étant présente dans un certain nombre de travaux, celle-ci reste cependant souvent à l’arrière-plan. Aussi, l’objectif de ce numéro est-il de rassembler des contributions permettant d’explorer les « territoires » du vieillissement. Il s’agit, d’une part, d’appréhender les espaces géographiques du vieillir tels qu’ils sont façonnés par l’action publique en interrogeant notamment les découpages spatiaux et les modalités d’intervention, et, d’autre part, de comprendre comment se vivent les vieillissements selon les milieux de vie.

Trois grands axes ont été retenus. Le premier concerne les territoires de l’action publique et vise à réunir des travaux qui analysent de quelle manière les politiques publiques de la vieillesse et du vieillissement sont, en France, au Québec ou ailleurs, territorialisées et ce que produit cette territorialisation, par exemple en termes d’inégalités d’accès aux prestations et services entre zones géographiques ou en termes de relations entre professionnels (dont la coordination peut être rendue difficile par des territoires d’intervention variables selon les institutions). Autour de ce premier axe, le questionnement peut s’élargir. En effet, le vieillissement de la population met en lumière un besoin grandissant d’interventions publiques adaptées à cette réalité sociodémographique. Or, contrairement aux « années dorées » de l’État providence qui furent à l’origine de plusieurs politiques sociales, l’action publique se développe dans un contexte différent favorisant le démantèlement des politiques et la création de nouveaux modes de gouvernance pour les gérer. En conséquence, est-il possible de bonifier ou de mettre en œuvre des politiques généreuses couvrant les besoins des personnes âgées dans les conditions socio-économiques actuelles, et ce peu importe le territoire de l’action publique ? Est-ce que les groupes communautaires et le secteur privé sont en mesure de prendre le relais des services publics ? Est-ce que l’ajout de nouveaux partenaires produit une gouvernance lourde et complexe qui diminue la capacité d’intervention des autorités publiques ou, au contraire, la bonifie ? Quelles sont les conséquences de ces actions sur les familles et les proches-aidants qui sont intégrés de plus en plus dans les plans d’intervention auprès des personnes âgées ? De plus, cet axe vise à analyser le transfert de nouvelles responsabilités sociales aux instances locales comme les municipalités ou les départements, et ce, tant au Québec qu’en France. Est-ce que la participation des municipalités et des départements s’inscrit dans un nouvel effort pour rapprocher l’action gouvernementale des citoyens ou s’agit-il tout simplement d’un autre moyen pour réduire la taille de l’État et ce sans offrir aux instances locales les outils nécessaires pour assumer ces nouvelles responsabilités ?

Le deuxième axe s’intéresse aux territoires du quotidien, pratiqués et vécus par les personnes âgées, mais aussi partagés avec autrui, et à la manière dont ils évoluent avec l’avancée en âge. Les rapports aux lieux et à l’Autre sont au cœur des questions qui pourront être abordées dans cet axe. Les géographies du quotidien varient-elles en fonction du territoire habité ? Dans quelle mesure diffèrent-elles selon que l’on vit dans un quartier central d’une grande métropole ou dans une zone rurale isolée ? De ce point de vue, la dimension territoriale se présente comme particulièrement discriminante. Selon que l’on réside en milieu urbain, semi-urbain ou en zone rurale les modes d’appropriation de l’espace seront différents et les difficultés éprouvées variées. Comment faire pour s’adapter à un environnement qui ne cesse de changer, d’évoluer et qui se modifie sous l’impulsion de multiples aménagements ? Quelles expériences les personnes âgées ont-elles lorsque, nées dans certaines zones territoriales, elles voient leur environnement devenir autre et perdent leurs repères ? Que l’on songe aux transformations visibles du territoire (rénovation urbaine et développement de projets de construction qui, parfois, reconfigurent entièrement certains quartiers, villes ou villages ; aménagement de la voirie, des espaces naturels ; modifications de l’organisation des transports en commun) et à leurs effets (l’arrivée importante de nouvelles populations dans certains quartiers, le renouvellement générationnel qui s’opère dans certaines zones ou, au contraire, la désertion de certaines villes et villages en milieu rural et, avec elle, la disparition des services à la personne), il s’agit de se demander comment les personnes vieillissantes éprouvent ces transformations qui remettent en question leurs connaissances du terrain, bouleversent leurs repères, réduisent leur sphère de sociabilité, accélèrent l’expérience de la solitude et de l’isolement social. À travers ces multiples configurations, les contributions travailleront l’impact de ces transformations de l’environnement et des territoires sur les formes de la sociabilité et la dynamique intergénérationnelle : comment est-il possible de vivre ensemble aujourd’hui dans ces différents milieux ? Comment les relations intergénérationnelles parviennent-elles à se construire ? Dans quelle mesure ces transformations peuvent-elles, au contraire, favoriser une culture de l’entre-soi générationnel ? Il s’agira également de se demander comment la participation sociale et citoyenne peut ainsi se déployer, donnant aux personnes vieillissantes le sentiment d’être encore actives et utiles dans la vie de la Cité. Les contributions pourront aussi interroger et éclairer le sentiment d’appartenance symbolique à un territoire, un milieu et, comment, il peut être mis à mal ou renforcer par ces aménagements.

S’inscrivant dans la continuité du précédent, le troisième axe porte plus spécifiquement sur les modes d’habiter dans la vieillesse. Il s’agit de réunir ici des articles traitant du domicile, des « habitats intermédiaires » ou des EHPAD ou CHSLD, appréhendés tant du point de vue de leur conception et de leur organisation (qui dessinent certaines figures particulières de l’habiter) que du point de vue des usages effectifs des lieux (à la fois les pratiques de ceux qui y habitent et celles des professionnels amenés à y intervenir). Les contributions attendues pourront ainsi s’interroger sur des modes d’habiter qui ont émergé récemment dans la population âgée (comme les colocations entre seniors ou les habitats autogérés) ou sur des modes d’habiter encore peu étudiés et qui ouvrent sur le thème des marginalités dans la ville (comme ceux des personnes âgées sans abri) ; elles pourront aussi explorer la question de l’unicité ou de la pluralité des lieux de vie. Certaines contributions permettront de porter un éclairage sur les mobilités résidentielles au fil de l’avancée en âge et sur leur caractère plus ou moins choisi ou subi, qu’il s’agisse de mobilités de début de retraite, de mobilités d’ajustement intervenant plus tard dans le parcours de vie, ou encore, des transferts entre différents lieux de vie (domicile, hôpital, EHPAD ou CHSLD) qui surviennent dans les derniers temps de l’existence. Les contributions attendues pourront aussi étudier les aménagements et adaptations du logement, questionner les manières de s’approprier un lieu de vie collectif, ou encore s’intéresser aux pratiques des professionnels amenés à intervenir dans un espace privé qui, pour eux, est d’abord un espace de travail. Se pose ici, de façon transversale, le thème du chez-soi (ou son absence) qui peut se décliner de différentes manières : rapport au chez-soi et crainte de devoir le quitter pour des raisons de santé, de perte du conjoint, etc. ; vie en institution de soins et (in)capacité d’y recréer un chez-soi. Enfin, cet axe pourra être l’occasion d’interroger de quelle manière les choix architecturaux influencent les modes d’habiter et, au-delà, les expériences du vieillir. De ce point de vue, les travaux comparatifs mettant en regard les manières de vieillir dans des lieux de vie différents seront particulièrement bienvenus.

Finalement, et de façon complémentaire, les deux derniers axes, en rassemblant des contributions variées, devraient permettre d’appréhender la diversité des formes du vieillir.

Modalités pratiques d'envoi des propositions

Les auteurs sont invités à envoyer une proposition de contribution (1 à 2 pages, ou environ 6000 signes) à l’intention de Anne-Marie Séguin (Anne-Marie.Seguin@UCS.INRS.Ca)

avant le 6 mai 2016.

Les auteurs dont la proposition de contribution aura été retenue par le comité de rédaction seront invités à soumettre un article complet pour le 15 décembre 2016. 

Coordination

  • Vincent Caradec (CeRIES, Université de Lille) ;
  • Aline Chamahian (CeRIES, Université de Lille) ;
  • Patrik Marier (CREGES, Université Concordia);
  • Anne-Marie Séguin (VIES et CREGES, INRS)

Catégories


Dates

  • vendredi 06 mai 2016

Fichiers attachés

Mots-clés

  • territoire, vieillissement, action publique

Contacts

  • Anne-Marie Seguin
    courriel : Anne-Marie [dot] Seguin [at] UCS [dot] INRS [dot] Ca

URLS de référence

Source de l'information

  • Céline Rothé
    courriel : celine [dot] rothe [at] ehesp [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les territoires du vieillissement », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 24 février 2016, https://doi.org/10.58079/uhb

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