Announcement
Argumentaire
La fin des années 1980 a marqué une rupture, avec l’effondrement du bloc soviétique et le renforcement parallèle du libéralisme économique à l’échelle de la planète. L’ouverture d’un grand nombre de pays à l’économie de marché et l’accélération des échanges internationaux de biens et de capitaux rendent le processus qui en a découlé en partie comparable à la première mondialisation économique, entre le XIXe siècle et la Grande Guerre. La mondialisation contemporaine présente cependant un visage inédit par bien des aspects. Les hiérarchies entre les pays et entre les régions ont été bouleversées, qu’il s’agisse de leurs poids démographiques, économiques ou politiques, avec l’émergence successive des « tigres asiatiques », de la Chine, du Brésil, de l’Afrique du Sud ou de l’Inde sur la scène mondiale. Par ailleurs, les États ont vu leur pouvoir concurrencé par des entités privées, qu’elles relèvent du secteur de la production économique ou de celui des activités à but non lucratif. Une partie de ces entités possède une capacité d’action à l’échelle du monde, tout en intervenant dans les territoires locaux. L’ensemble de ces transformations est aussi lié aux révolutions technologiques des dernières décennies, qui ont modifié les conditions de circulation des personnes, des produits, des capitaux et des informations. Si une part croissante des échanges se fait aujourd’hui de façon virtuelle, la rapidité des transports, la baisse de leurs coûts et l’augmentation de leur fréquence ont également modifié les relations entre les pays, les institutions, les entreprises et les individus.
Dans cette mise en relation généralisée, certains espaces pourraient à première vue sembler peu impliqués : les régions du monde éloignées des grands centres de décision de la planète, les quartiers relégués aux confins des métropoles, les campagnes en voie de dépeuplement, et plus généralement tous les lieux qui étaient encore qualifiés, vers la fin du XXe siècle, de périphéries ou de marges. Cependant, affirmer que ces espaces n’ont qu’un rôle mineur dans cette effervescence apparaît de plus en plus comme une contre-vérité. Tout au contraire, les signes d’une intensification des mises en relation se multiplient. Il ne s’agit pas seulement d’impulsions venues de l’extérieur, aisément repérables par la présence des téléphones portables et d’Internet, des panneaux rédigés dans des langues étrangères qui accompagnent la construction de nouvelles infrastructures, ou encore des ensembles résidentiels qui poussent au milieu des champs. Des acteurs de plus en plus nombreux pensent aujourd’hui leurs projets depuis ces périphéries, que celles-ci soient le centre de leur action ou l’un des lieux qu’ils privilégient dans des stratégies de type réticulaire. Si certains profitent, assez classiquement, de l’éloignement pour rester hors de la vue des autorités, d’autres renégocient leur situation dans la mondialisation : ils s’appuient sur l’ancienneté de leur présence et la spécificité de leurs valeurs culturelles pour revendiquer des droits particuliers ou leur autonomie, se proposent d’exploiter des ressources nouvelles, liées à des territoires singuliers et longtemps ignorés, ou dessinent de nouvelles centralités aux bords des voies de communication que développe la mondialisation. Tous construisent de nouveaux lieux de pouvoir économique et politique, à plus ou moins grande distance des capitales nationales et des grandes agglomérations, mais non sans établir des liens avec le reste du monde.
Les relations nouvelles des espaces périphériques avec d’autres lieux, les flux de toutes natures que ces relations déclenchent, les stratégies des acteurs qui sont au centre de ces dynamiques, les territoires institutionnels, politiques ou identitaires que construisent ou renforcent ces reconfigurations et les dissymétries sociales et économiques qu’elles génèrent ou reproduisent, ont fait l’objet d’un programme collectif de recherche, Périmarge : « Périphéries, marges : interpréter les relations aux centres dans la mondialisation », financé par l’ANR sur l’appel « Métamorphoses des sociétés : Inégalité-Inégalités ». En partant d’un modèle proposé au début des années 1980 par le géographe Alain Reynaud, cette équipe s’est intéressée aux changements qu’introduisent les nouvelles configurations de l’espace mondial, grâce à des études de cas situées dans les périphéries d’ensembles nationaux ou d’agglomérations, en Afrique et en Amérique latine. Elle souhaite aujourd’hui échanger sur ses méthodes et sur ses résultats avec des membres de la communauté scientifique qui, par d’autres chemins, ont également abordé l’analyse des relations entre des lieux diversement situés dans la nouvelle organisation spatiale du monde et qui ont mis en lumière le rôle des périphéries.
Le colloque « Nouveaux flux, nouvelles relations entre les lieux : les espaces périphériques dans la mondialisation » s’articulera autour de questions méthodologiques, thématiques et pratiques. Les propositions peuvent s’inscrire dans ces différents champs, à partir de cas situés dans les Nords et dans les Suds. Elles pourront provenir de toutes les disciplines des sciences sociales, pour alimenter la réflexion sur les flux vers et à partir des espaces périphériques, sur les relations que ces flux traduisent et sur leur rôle dans les évolutions du monde contemporain.
Axes thématiques
Les sessions thématiques s’organiseront à travers les questions de recherche suivantes :
Identifier et analyser les flux et relations
La reconfiguration des relations des périphéries avec différents lieux proches ou distants s’appuie sur des flux de toutes sortes (personnes, capitaux, produits, normes et informations) qui sont construits par une diversité d’acteurs. Leur identification, leur saisie et leur analyse posent un défi méthodologique. Comment les capter, les nommer, les collecter et interpréter leurs caractéristiques spatiales et temporelles ? Peut-on démontrer l’hypothèse d’une intensification croissante du rôle des périphéries dans les flux et relations du monde contemporain ? Les communications pourront s’appuyer sur des données de toutes natures (observations de terrain, enquêtes, entretiens, données massives…) et proposer des méthodes d’analyse relevant de la modélisation, de la comparaison, de la quantification et d’approches réflexives.
Repenser les échelles dans la mondialisation
Dans la mondialisation, les flux ne circulent plus seulement d’un centre à une périphérie dans le cadre d’un espace circonscrit (territoire national, zone économique, etc.), ni même entre des espaces, nationaux, régionaux et locaux, définis par des catégories scalaires rigides. Non seulement les flux traversent les échelles, mais les échelles elles-mêmes doivent être envisagées comme des catégories spatiales dynamiques construites par les acteurs. Ces échelles définissent des espaces d’action autant que des hiérarchies socio-spatiales, tous deux évolutifs. Les communications pourront aborder la construction des échelles par les acteurs à l’origine des flux ou encore les alternatives à l’utilisation de catégories scalaires préétablies pour mener à bien l’analyse.
Réexaminer la question des inégalités socio-spatiales
La recomposition des relations entre les périphéries et d’autres espaces a des conséquences sur les processus de différenciation socio-spatiale. Comment les flux créés participent-ils à l’émergence de dynamiques économiques ou démographiques singulières ? Comment les nouvelles relations accroissent-elles ou atténuent-elles les différences entre les espaces et entre les individus qui les habitent, les utilisent ou les contrôlent ? Comment imposent-elles de nouvelles formes d’inégalités, liées à leur diversification croissante ? Les communications pourront décrire les évolutions qui se produisent. Elles pourront aussi aborder les mutations des critères utilisés pour appréhender les inégalités, à partir de la circulation de nouveaux modèles et normes.
Questionner la catégorisation des espaces périphériques
Les notions de périphérie ou de marge sont mises à mal par la mondialisation. La capacité d’acteurs de toutes natures mais aussi de toutes origines à interagir à l’échelle de la planète est avérée. La relation privilégiée d’une périphérie avec un seul centre mérite d’être questionnée. Les espaces périphériques « mondialisés » ne seraient-ils pas plus fortement connectés à des lieux lointains qu’à leurs capitales nationales ? Et dans ce cas, la notion de périphérie, pensée comme un ensemble placé sous la dépendance d’un seul centre, est-elle toujours pertinente ? Les communications pourront répondre à ces questions à partir d’études de cas. Elles pourront proposer des catégories nouvelles pour désigner ces espaces dont l’étude amène les chercheurs à réinterroger les relations de pouvoir et les trajectoires.
Interroger la reconfiguration de l’action de l’État
Le rôle de l’État et la rémanence des territoires nationaux font partie des enjeux de la mondialisation contemporaine. Certains auteurs ont vu dans l’accélération des flux les prémisses de phénomènes de déterritorialisation. D’autres analyses ont plutôt insisté sur la transformation de l’Etat, la modification du pouvoir et de sa projection dans l’espace. Dans le prolongement de ces débats, les communications pourront s’interroger sur la façon dont l’État organise son action dans des espaces périphériques caractérisés jusqu’alors par sa faible présence. Elles pourront explorer les nouvelles formes de ses liens avec des entités privées et avec un secteur public qui s’est diversifié à travers les processus de décentralisation, de participation citoyenne et de prise en compte, plus ou moins importante selon les pays, des autorités coutumières.
Utiliser l’analyse des relations pour anticiper difficultés et conflits
Les liens de plus en plus intenses et complexes entre les différents espaces et acteurs débouchent souvent sur des conflits, tout particulièrement lorsqu’il s’agit de l’accès aux ressources. Ce constat nous invite à réfléchir à notre éventuel engagement dans une géographie appliquée. Comment l’analyse des relations et des flux peut-elle être diffusée et partagée ? Les recherches peuvent-elle aboutir à la constitution de nouveaux outils au service des sociétés, afin de nourrir leur réflexion sur leur situation ? Les collectivités locales peuvent-elles s’approprier les analyses des chercheurs pour enrichir leurs diagnostics territoriaux, en intégrant à ceux-ci les relations de leurs territoires à d’autres espaces et d’autres acteurs, afin d’anticiper les évolutions à venir ?
Envoi des propositions
Résumé d’une page (3000 signes maximum) à envoyer à l’adresse colloque.perimarge2016@gmail.com, en précisant la session thématique envisagée.
Les participants disposeront de 20 minutes d’intervention, suivies de 10 minutes de débat.
Les propositions sont attendues
avant le 30 juin 2016
L’inscription au colloque est gratuite.
Comité d’organisation
- Nicole Bernex (PUCP, Lima)
- Marthe Koffi Didia (UFHB, Abidjan)
- Laetitia Perrier-Bruslé (U. de Lorraine)
- Françoise Duraffour (CNRS)
- Pauline Gluski (IRD)
- Anaïs Marshall (U. Paris 13)
- Évelyne Mesclier (IRD)
- Marie Piron (IRD)
- Marc Piraux (Cirad)
- Jean-François Valette (CNRS)
Comité scientifique
- Anne-Laure Amilhat-Szary (U. Grenoble Alpes)
- Jean-Louis Chaléard (U. Paris 1)
- Denis Gautier (Cirad)
- Pierre Gautreau (U. Paris 1)
- Alicia Huamantinco (UNMSM Lima)
- Éric Léonard (IRD)
- Jérôme Lombard (IRD)
- Géraud Magrin (U. Paris 1)
- Pascale Metzger (IRD)
- Olivier Ninot (CNRS)
- Pape Sakho (UCAD)
- Alexis Sierra (U.Cergy-Pontoise)
- Aquiles Simoes (UFP)
- Jean-Philippe Tonneau (Cirad)
Argument
The end of the eighties marked a turning point, with the collapse of the Soviet block and the parallel consolidation of economic liberalism on a global scale. Many countries opened up to the market economy: the international trade of goods and capital created a process that could in part be compared with the first wave of economic globalisation that took place between the nineteenth century and the First World War Contemporary globalisation does however remain a unique phenomenon in many respects. Demographic, economic and political hierarchies between countries and regions have been overhauled, with the successive emergence of the “Asian Tigers”, China, Brazil, South Africa and India on the global stage. Additionally, private entities entered in a competition with the state, both in the sector of economic production and in that of not-for-profit activities. These transformations are also connected to the recent years’ technological revolutions, which transformed the circulation of individuals, products, capital and information. While a growing portion of exchanges are now conducted virtually, the increased speed, cost-effectiveness and reliability of transport have also transformed relations between countries, institutions, businesses and individuals.
Some spaces could appear to have remained excluded from these new global connections: remote regions located far away from the planet’s main decision-making centres, isolated neighbourhoods at the confines of metropolises, deserted rural areas and more generally all spaces qualified as “peripheries” or “margins” towards the end of the twentieth century. Yet stating that such spaces are only playing a minor part in this effervescence appears increasingly inaccurate. On the contrary, there are increasing signs of an intensification of connections. Those include flows from the outside world, made visible by the presence of mobile phones, of the Internet, of billboards in foreign languages displayed with the construction of new infrastructures or of residential blocks growing in the middle of the fields. Additionally, a growing number of stakeholders are now designing projects from these very peripheries, whether those are the actual centre of their action or only one of the focuses of their networked strategies. Following relatively traditional patterns, some take advantage of their remote position to keep out of sight from the authorities, while others are renegotiating their position within globalisation: they use their long-term presence and the specificity of their cultural values to request exceptional rights or a position of autonomy, they exploit new resources from these unique and long untapped territories, and create new centres along the communication routes created by globalisation. These players create new places of economic and political power, at a variable distance from national capitals and large conurbations, all the while building links with the rest of the world.
Périmarge is a research programme that explores the new connections between peripheral spaces and the rest of the world, the diverse flows created by these connections, the strategies led by new players, the institutional, political and economic landscapes built or consolidated by these configurations, as well as the social and economic dissymmetries they are generating or reproducing. The programme is funded by the ANR (National Agency for Research, France) under its strand “Social transformation: inequality-inequalities”. Working from a model developed in the early 1980s by geographer Alain Reynaud, the Périmarge research team looked at the changes brought about by the new configurations of global space, using case studies located in the peripheries of national clusters or urban conurbations in Africa and Latin America. We are now keen to discuss our methods and findings with members of the scientific community who might have used different routes to analyse relations between diverse locations within the world’s new spatial system, with a focus on the part played by the peripheries.
The conference “New flows and spatial relations: peripheral spaces within globalisation” will be organised around methodological, thematic, theoretical and practical questions. Proposals can be connected to these various fields, looking at cases located in Northern or Southern countries. We welcome contributions from all disciplines in social science, reflecting on the flows to and from peripheral spaces, on the relations reflected by these flows and on their impact on the contemporary world’s evolutions.
Sessions will be organised around the following research questions:
Identifying and analysing flows and relations
The reconfiguration of relations between peripheries and other spaces, whether near or distant, is driven by diverse flows (people, capital, products, standards and information), led by diverse players. Identifying, describing and analysing these flows is a methodological challenge. How can they be captured, named and compiled? How can we interpret their spatial and temporal characteristics? Is it possible to demonstrate a growing intensification of the role played by peripheries in the contemporary world’s flows and relations? Contributions might use data of all natures (field observations, surveys, interviews, mass data…), drawing from diverse analytical tools such as modelling, comparison, quantification or reflexive approaches.
Rethinking scale within globalisation
Within globalisation, flows do not just circulate from a centre to a periphery within a given circumscribed area (national territory, economic region, etc.), or even between national, regional and local scales as defined by rigid categories of scale. Not only do flows travel across scales, but scales themselves need to be understood as dynamic spatial categories built by various players. Scales define spaces of action as much as socio-spatial hierarchies, both of which are progressive. Contributions will look at the construction of scales by the stakeholders that drive the flows, or at alternatives to the use of predefined scale categories to carry out our analysis.
Re-examining the issue of socio-spatial inequalities
The reconfiguration of relations between peripheries and other spaces has an impact on socio-spatial differentiation processes. How do the resulting flows contribute to the emergence of original economic or demographic evolutions? How are new relations accentuating or attenuating differences between spaces and individuals who inhabit them, use them or control them? How are they imposing new forms of inequality, because of their growing diversification? Contributions might describe current evolutions. They might also study the new criteria used to capture inequalities, deriving from the circulation of new models and standards.
Challenging the categorisation of peripheral spaces
The very notions of periphery and margin are being challenged by globalisation. Players of every nature and every origin have proven their ability to interact on a global scale. The exclusive relationship between a periphery and a single centre deserves to be challenged. Are “globalised” peripheries not more connected to remote spaces than to their respective national capitals? And if that is the case, is the notion of periphery (understood as a space placed under the dependency of a single centre) still relevant? Contributions might use case studies to answer these questions. They might suggest new categories to qualify these spaces, whose study is leading researchers to challenge relations of power and trajectories.
Interrogating the reconfiguration of the state
The part played by the state and the persistence of national territories are key factors in contemporary globalisation. Some commenters saw the acceleration of the flows as a sign of a de-territorialisation process. Others insisted on the transformation of the state, on the mutation of power and on its projection in space. Taking these debates a step further, contributions might look into ways in which the state organises its action in peripheral spaces, which have so far been characterised by the weakness of its presence. They might explore the new forms of the state’s links with private entities and with the public sector, which diversified through devolution or community participation processes and in some cases through the involvement of traditional authorities.
Using the analysis of relations to anticipate challenges and conflicts
The increasingly intense and complex links between diverse spaces and stakeholders often produce conflict, especially when it comes to access to resources. This observation should invite us to reflect on our potential involvement in applied geography. How can the analysis of relations and flows be shared and disseminated? Can research contribute to producing new tools to serve communities and feed into their reflexion on their own situation? Can local authorities use the outcomes of research to support their territorial assessments, integrating territories’ relations to new spaces and stakeholders in order to anticipate future evolutions?
Submission of proposals
One page summary (3,000 characters or under) to be submitted to colloque.perimarge2016@gmail.com
Please specify the session you would like to be part of. Participants will be given a 20 minute slot for their presentation, followed by a 10 minute Q&A.
Proposals must be submitted by the 30 th June 2016.
Participation to the conference is free of charge.
Organisation committee
- Nicole Bernex (PUCP, Lima)
- Jean-Louis Chaléard (U. Paris 1)
- Françoise Duraffour (CNRS)
- Pauline Gluski (IRD)
- Adjoba Marthe Koffi-Didia (UFHB, Abidjan)
- Anaïs Marshall (U. Paris 13)
- Évelyne Mesclier (IRD)
- Laetitia Perrier-Bruslé (U. de Lorraine)
- Marc Piraux (Cirad)
- Marie Piron (IRD)
- Jean-François Valette (CNRS)
Scientific committee
- Anne-Laure Amilhat-Szary (U. Grenoble Alpes)
- Denis Gautier (Cirad)
- Pierre Gautreau (U. Paris 1)
- Bertha Gozalvez (UMSA, La Paz)
- Alicia Huamantinco (UNMSM, Lima)
- Éric Léonard (IRD)
- Jérôme Lombard (IRD)
- Géraud Magrin (U. Paris 1)
- Pascale Metzger (IRD)
- Olivier Ninot (CNRS)
- Pape Sakho (UCAD)
- Alexis Sierra (U.Cergy-Pontoise)
- Aquiles Simões (UFPA, Belém)
- Jean-Philippe Tonneau (Cirad)
Argumento
El fin de la década de 1980 ha marcado una ruptura debido a la caída del bloque soviético y la difusión del liberalismo económico a escala del planeta. La apertura de un gran número de países a la economía de mercado y la aceleración de intercambios internacionales de bienes y capitales recuerdan un proceso que resulta en parte comparable a la primera fase de globalización económica, entre el siglo XIX y la Gran Guerra. La globalización contemporánea presenta sin embargo un rostro inédito debido a ciertos aspectos. Las jerarquías entre los países y entre las regiones se han transformado, ya sea por su peso demográfico, económico o político; con la aparición sucesiva de los llamados “tigres asiáticos”, China, Brasil, África del Sur o la India, sobre la escena mundial. Por otro lado, el poder detentado por los Estados entra en competencia con aquel de las entidades privadas, ya sean las referidas a los sectores de producción económica o las dedicadas a actividades sin fines de lucro. Una parte de estas entidades poseen una capacidad de acción de escala mundial, al mismo tiempo que intervienen en los territorios locales. El conjunto de estas transformaciones está también ligado a las revoluciones tecnológicas de las últimas décadas, que han modificado las condiciones de circulación de las personas, productos, capitales o de la información. Si una parte creciente de los intercambios se hace hoy en día de modo virtual, la rapidez del transporte, la baja de sus costos y el aumento de su frecuencia han igualmente modificado las relaciones entre los países, las instituciones, las empresas y los individuos.
En este escenario de generalización de las relaciones, ciertos espacios podrían a primera vista parecer poco implicados: las regiones del mundo alejadas de los grandes centros de decisión del planeta, los barrios relegados a los confines de las metrópolis, el campo en vía de despoblamiento, y más generalmente, todos los lugares que fueron calificados -aún a fines del siglo XX- de periferias o márgenes. Sin embargo, afirmar que estos espacios no tienen más que un rol menor en las dinámicas actuales parece cada vez más una contra-verdad. Por el contrario, los signos de la intensificación de las relaciones se multiplican. No se trata solamente de impulsos venidos del exterior, fácilmente identificables por la presencia de teléfonos móviles o de internet, de avisos escritos en lenguas extranjeras que acompañan la construcción de nuevas infraestructuras, o de los conjuntos residenciales que surgen en medio del campo. Algunos actores, cada vez más numerosos, piensan sus proyectos desde estas periferias, haciéndolas el centro de su acción o uno de los lugares que ellos privilegian en sus redes estratégicas. Mientras algunos aprovechan su alejamiento para mantenerse fuera de la vista de las autoridades –una estrategia ya conocida- otros renegocian su situación en la globalización: se apoyan sobre la antigüedad de su presencia y la especificidad de sus valores culturales para reivindicar derechos particulares o de autonomía, se plantean explotar recursos nuevos, ligados a territorios singulares y por mucho tiempo ignorados, o crean nuevas centralidades en los bordes de vías de comunicación que han emergido con la globalización. Todos construyen nuevos lugares de poder económico y político, a más o menos gran distancia de las capitales nacionales y de las grandes aglomeraciones, pero no sin establecer relaciones con el resto del mundo.
El programa Perimarge: “Periferias, márgenes: interpretar sus relaciones con los centros en la globalización” investiga las nuevas relaciones de los espacios periféricos con otros lugares, los flujos de toda naturaleza que estas relaciones desencadenan, las estrategias de los actores que están en el centro de estas dinámicas, los territorios institucionales, políticos o de identidades que construyen o refuerzan estas reconfiguraciones y las disimetrías sociales y económicas que ellas generan o reproducen. Es financiado por la ANR (Agencia Nacional de Investigación Francesa) dentro de su programa “Metamorfosis de las sociedades: desigualdad-desigualdades”. A partir de un modelo propuesto a inicios de la década de 1980 por el geógrafo Alain Reynaud, el equipo se interesa por los cambios que producen nuevas configuraciones del espacio mundial gracias a los estudios de caso situados en las periferias de los conjuntos nacionales o de aglomeraciones, en África y en América Latina. Buscamos intercambiar sobre los métodos y sus resultados con los miembros de la comunidad científica que, por otros métodos, han igualmente abordado el análisis de las relaciones entre los lugares diversamente situados en la nueva organización espacial del mundo, destacando el rol de las periferias.
El coloquio “Nuevos flujos, nuevas relaciones entre los lugares: los espacios periféricos en la globalización” se articulará en torno a preguntas metodológicas, temáticas, teóricas y prácticas. Las proposiciones pueden inscribirse en varios campos a partir de casos situados en el Norte o en el Sur. Estas pueden provenir de todas las disciplinas de las ciencias sociales, para alimentar las reflexiones sobre los flujos hacia y a partir de los espacios periféricos, sobre las relaciones que esos flujos conllevan y sobre su rol en la evolución del mundo contemporáneo.
Ejes tematicos
Las sesiones se organizarán en torno a las preguntas de investigación siguientes:
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Identificar y analizar los flujos y relaciones
La reconfiguración de las relaciones de las periferias con diferentes lugares, próximos o distantes, se explica a partir de flujos de todos los tipos (personas, capitales, productos, normas e información) que son construidos por una diversidad de actores. Su identificación, tratamiento y análisis plantean un reto metodológico. ¿Cómo captarlos, nombrarlos, colectarlos e interpretar sus características espaciales y temporales? ¿Podemos demostrar la hipótesis de una intensificación del rol de las periferias como un factor que explica los flujos y relaciones del mundo contemporáneo? Las propuestas pueden apoyarse sobre datos de naturaleza diversa (observación de campo, encuestas, entrevistas, datos masivos...) y proponer novedosos métodos de modelización, comparación, cuantificación, así como enfoques reflexivos.
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Repensar las escalas en la globalización
En la globalización los flujos ya no circulan solamente de un centro hacia una periferia en el escenario de un espacio delimitado (territorio nacional, zona económica, etc.) ni incluso entre espacios nacionales, regionales y locales definidos por categorías escalares rígidas. Los flujos ya no simplemente atraviesan las escalas, sino que las escalas ellas mismas deben ser entendidas como categorías espaciales dinámicas construidas por los actores. Estas escalas definen los espacios de acción, así como las jerarquías socio-espaciales, ambos de carácter evolutivo. Las propuestas podrán abordar la construcción de las escalas por los actores en el origen de los flujos o incluso las alternativas a la utilización de categorías escalares prestablecidas para realizar un mejor análisis.
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Rexaminar la cuestión de las desigualdades socio-espaciales
La recomposición de las relaciones entre las periferias y otros espacios tiene consecuencias sobre los procesos de diferenciación socio-espacial. ¿Cómo los flujos creados participan en la emergencia de dinámicas económicas o demográficas singulares? ¿Cómo las nuevas relaciones incrementan o atenúan las diferencias entre los espacios y entre los individuos que los habitan, utilizan o controlan? ¿Cómo se imponen nuevas formas de desigualdad ligadas a su creciente diversificación? Las propuestas pueden describir las evoluciones que se producen. Pueden también abordar las mutaciones de los criterios utilizados para comprender las desigualdades, a partir de la circulación de nuevos modelos y normas.
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Cuestionar la categorización de los espacios periféricos
Las nociones de periferia o de margen son trastocadas por la globalización. Actores de todo tipo y de todo origen tienen la capacidad de actuar a escala global. La relación privilegiada de una periferia con un solo centro merece ser cuestionada. ¿Los espacios periféricos "globalizados" no estarán más fuertemente conectados a lugares lejanos que a sus capitales nacionales? ¿Y en ese supuesto, la noción de periferia pensada como un conjunto que descansa sobre la dependencia de un solo centro, sigue siendo pertinente? Las propuestas pueden responder a estas preguntas a partir de estudios de caso. Asimismo pueden proponer categorías nuevas para designar estos espacios en los que el estudio lleva a los investigadores a re interrogar las relaciones de poder y sus trayectorias.
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Interrogar la reconfiguración de la acción del Estado
El rol del Estado y la herencia de los territorios nacionales forman parte de las preguntas claves de la globalización contemporánea. Ciertos autores han visto en la aceleración de los flujos indicios de procesos de desterritorializacion. Por el contrario otros análisis han insistido sobre las transformaciones del Estado, la modificación del poder y de su proyección en el espacio. En la continuación de estos debates, las propuestas pueden interrogarse por el modo en que el Estado organiza su acción en los espacios periféricos caracterizados hasta ahora por su débil presencia. Se podrán explorar las nuevas formas de sus relaciones con entidades privadas y con el sector público diversificado a través de procesos de descentralización, de participación ciudadana y del empoderamiento, más o menos importante según los países, de las autoridades consuetudinarias.
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Utilizar el análisis de las relaciones para anticipar dificultades y conflictos
Las relaciones cada vez más intensas y complejas entre diferentes espacios y actores desembocan frecuentemente en conflictos, en particular los referidos al acceso a los recursos. Esta constatación nos invita a reflexionar sobre nuestro recurrente intercambio con la geografía aplicada. ¿Cómo el análisis de las relaciones y de los flujos puede ser difundido y compartido? ¿Podrían las investigaciones tener éxito en el proceso de construir nuevas herramientas al servicio de las sociedades, a fin de alimentar su reflexión sobre su situación? ¿Las colectividades locales se pueden apropiar de los análisis de los investigadores para enriquecer sus diagnósticos territoriales, con la integración de las relaciones de sus territorios a otros espacios y otros actores, a fin de anticipar las evoluciones que se vienen?
Envío de propuestas
Resumen de una página (3000 caracteres máximo) que deberá ser enviado al correo electrónico: colloque.perimarge2016@gmail.com, precisando la sesión a la que va dirigida.
Los participantes dispondrán de 20 minutos para sus intervenciones seguidas de 10 minutos para las preguntas.
Las propuestas serán aceptadas hasta antes del 30 de junio del 2016.
La inscripción al coloquio es gratuita.
Comité de organización
- Nicole Bernex (PUCP, Lima)
- Jean-Louis Chaléard (U. Paris 1)
- Françoise Duraffour (CNRS)
- Pauline Gluski (IRD)
- Adjoba Marthe Koffi-Didia (UFHB, Abidjan)
- Anaïs Marshall (U. Paris 13)
- Évelyne Mesclier (IRD)
- Laetitia Perrier-Bruslé (U. de Lorraine)
- Marc Piraux (Cirad)
- Marie Piron (IRD)
- Jean-François Valette (CNRS)
Comité científico
- Anne-Laure Amilhat-Szary (U. Grenoble Alpes)
- Denis Gautier (Cirad)
- Pierre Gautreau (U. Paris 1)
- Bertha Gozalvez (UMSA, La Paz)
- Alicia Huamantinco (UNMSM, Lima)
- Éric Léonard (IRD)
- Jérôme Lombard (IRD)
- Géraud Magrin (U. Paris 1)
- Pascale Metzger (IRD)
- Olivier Ninot (CNRS)
- Pape Sakho (UCAD)
- Alexis Sierra (U.Cergy-Pontoise)
- Aquiles Simões (UFPA, Belém)
- Jean-Philippe Tonneau (Cirad)