Página inicialLa part de l’autre, approche plurielle de la traduction

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La part de l’autre, approche plurielle de la traduction

The part of the other - a plural approach to translation

Revue des sciences sociales (2017)

Revue des sciences sociales journal (2017)

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Publicado quarta, 11 de maio de 2016

Resumo

La traduction participe d’un « détour par l’ailleurs » qui, par la confrontation avec « une pensée du dehors » (François Jullien), déstabilise les systèmes cloisonnés et clos. Tout en révélant « d’autres modes d’intelligibilité », elle crée de l’inconfort dans le système de représentations et forge un regard déshabitué. Par un mouvement de va-et-vient entre deux sphères culturelles, repérant les contrastes mais aussi les liaisons, le traducteur s’éloigne du « seuil » pour arpenter le « pont ». En nous faisant entendre, comme le souligne Nicole Lapierre, l’accent de l’autre, il nous révèle le nôtre.

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 Argumentaire

Pour l’anthropologue et le sociologue, c’est dans la relation dialectique et langagière à l’autre ainsi qu’au monde environnant, que se construit l’homme singulier. Sa perception tout comme sa structuration de l’espace et du temps sont tributaires des catégories linguistiques de son groupe d’appartenance. Apprendre ou traduire une autre langue, c’est échapper à l’enfermement étriqué, c’est refuser d’être assigné à une vision close et « ouvrir une seconde fenêtre sur le paysage de l’être » (Georges Steiner). À rebours, un texte privilégie l’ouverture à l’autre mais la traduction peut aussi être fermeture à l’autre, rendre sa pensée opaque, montrer qu’on est passé à côté ou refuser son originalité… Ainsi la traduction par Wilhelm-Perrot, pasteur, d’un commentaire de Confucius : il introduit un créateur – un dieu – qui n’est pas dans le texte original (Cf. François Jullien, Entrer dans une pensée, Paris Gallimard 2012 p. 153).

Dans la perspective de l’anthropologie et de la sociologie chaque langue porte l’empreinte décisive du rapport singulier au monde qu’élabore une civilisation. Elle porte la trace du moment de l’histoire dans laquelle cette communauté humaine s’inscrit.

L’impuissance des mots face à la barbarie qui les utilise comme des instruments d’aliénation et d’oppression, voire d’éradication, nous incite à interroger la façon dont la culture habite le langage au cœur de la modernité.

Des écrivains qui furent contraints à l’exil, ou qui s’y résignèrent participèrent à la construction d’une « culture de l’entre-deux ». Celle-ci résulte des interactions créatrices entre plusieurs langues. Elle bénéficie de l’enrichissement réciproque de la langue d’accueil, qui se trouve bousculée, soumise à des sonorités et des rythmes neufs, et de la langue de l’errant, qui est arrachée à l’évidence d’une existence partagée. Parfois l’exilé acquiert une connaissance intime et profonde de la langue-hôte, en même temps qu'il la transforme et lui confère une dimension singulière.

La traduction participe d’un « détour par l’ailleurs » qui, par la confrontation avec « une pensée du dehors » (François Jullien), déstabilise les systèmes cloisonnés et clos. Tout en révélant « d’autres modes d’intelligibilité », elle crée de l’inconfort dans le système de représentations et forge un regard déshabitué. Par un mouvement de va-et-vient entre deux sphères culturelles, repérant les contrastes mais aussi les liaisons, le traducteur s’éloigne du « seuil » pour arpenter le « pont ». En nous faisant entendre, comme le souligne Nicole Lapierre, l’accent de l’autre, il nous révèle le nôtre. Il « met l’écoute en éveil et déconstruit l’évidence du sens ».

Il arrive que le choc entre les cultures, celle des migrants et celle du pays d’accueil, ainsi que la tension entre les correspondances et les ruptures, soient à l’origine d’une langue flamboyante. Celle-ci, comme le souligne Nicole Lapierre, « oralise l’écriture, trouble le français de créole, et fait surgir du sens dans la collision des mots[1]. »

On peut parler d’une « crise du langage » lorsque les détenteurs du pouvoir, ou ceux qui s’emploient à l’accaparer, ainsi que les idéologues convaincus de posséder « la vérité », l’instrumentalisent. Cette perversion manipulatrice rend impossible la construction d’une société pleinement humaine. L’effondrement du mot et de la parole signifie la mort d’une signification du langage. Tous les totalitarismes, fascistes, national-socialistes, staliniens, maoïstes, dans la mesure où ils revendiquent une emprise totale sur la personne, redéfinissent le vocabulaire pour aller jusqu’à un retournement du sens. Lorsqu’elle supprime par décret des modalités grammaticales, des locutions et des noms, la tyrannie de la terreur mutile et falsifie le passé. Elle le réinvente pour mieux conforter l’asservissement présent.

Certains exilés qui fuyaient le nazisme n’ont pu emporter comme bien le plus précieux que leur langue maternelle, à l’heure précisément où celle-ci était pervertie par le pouvoir totalitaire. Celui-ci s’est employé à forger des expressions langagières, des mécanismes et une « novlangue », qui caporalisent les esprits. La déshumanisation planifiée du langage se retrouve de nos jours dans les techniques de la propagande et des campagnes consuméristes.

De nombreuses pistes s’ouvrent aux chercheurs, qu’ils pourront arpenter à leur guise.

  • les enjeux de la traduction :
    • à dans la sphère du politique, de l’économique et du social
    • à face aux instances judiciaires
    • à dans les institutions de santé
  • « l’auberge du lointain » (Antoine Berman) ou la confrontation créatrice
  • la traduction et la créativité culturelle
  • les pratiques langagières dans les régions pluriculturelles
  • les « novlangues » dans les sociétés contemporaines
  • l’anthropologie et le filtre de la langue pour accéder à l’autre
  • les instituts de traduction : quelles sont les implications d’une didactique ?

[1] Lapierre N : Pensons ailleurs Paris, Gallimard Folio Essais 2006 p.233

Conditions de soumission

L’article doit être adressé à tenoudji@aol.com. Il doit être anonyme. L'auteur veillera à fournir dans un fichier distinct :

  • ses coordonnées complètes : adresse postale, adresse électronique, téléphone
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  • un résumé d'une dizaine de lignes maximum en français et en anglais (avec son titre traduit.

Le texte comporte au maximum 40 000 signes et blancs, notes et bibliographie comprises. Il est rythmé par des intertitres courts, avec deux niveaux d'intertitres au maximum. Les notes, en numérotation continue, et les références bibliographiques sont reportées en fin de texte. Le renvoi aux ouvrages de référence dans le texte courant et les notes se font par la seule mention entre parenthèses du nom de l'auteur, de l'année de publication et, le cas échéant, des numéros de pages citées. Exemples :

  •  … ainsi que l'indique J. Dupont (2003a), …
  • … cette question a fait l'objet de plusieurs travaux (Dupont 2003a, Durand 2004, 2007)…

La bibliographie suit les consignes de présentations suivantes :

  • pour un ouvrage : Dupont J. (2003a), Titre de l'ouvrage en italique, Lieu d'édition, Éditeur.
  • pour un chapitre d'ouvrage : Durand M. (2004), Titre du chapitre sans guillemets, in Dupont J. (dir.), Titre de l'ouvrage en italique, Lieu d'édition, Éditeur, p. 52-92.
  • pour un article : Durand M. (2007), Titre de l'article sans guillemets, Titre de la revue en italique, Lieu d'édition et éditeur si la revue n'est pas nationale, volume, numéro, p. 52-92.

Si des illustrations sont nécessaires à l'appui du texte, l'auteur en adresse les originaux ou les fichiers image haute résolution (300dpi) à la rédaction, accompagnés des autorisations de publication. Hors ce cas de figure, la recherche et les choix iconographiques relèvent de la seule décision de la rédaction de la revue.

Remise des manuscrits avant le 25 novembre 2016

Coordination scientifique

  • Freddy Raphaël, Université Marc Bloch

Comité scientifique de la revue

  • Georges Balandier (EHESS Paris),
  • Chantal Bordes-Benayoun (CNRS Toulouse),
  • Jean Cuisenier (MNATP Paris),
  • Giovanni Gasparini (Univ. Sacro Cuore, Milano),
  • Jose Carlos Gomes da Silva (Portugal),
  • François Héran (INED Paris),
  • Claude Javeau (Univ. Libre de Bruxelles),
  • Nicole Lapierre (Paris),
  • Marianne Mesnil (Univ. Libre de Bruxelles),
  • Sonia Montecino (Univ. de Chile),
  • Jean Rémy (Univ. Cath. de Louvain),
  • Dominique Schnapper (EHESS Paris),
  • Alain Tarrius (Univ. Toulouse-Le Mirail),
  • Alain Touraine (CEMS Paris)

Locais

  • Estrasburgo, França (67)

Datas

  • sexta, 25 de novembro de 2016

Ficheiros anexos

Palavras-chave

  • traduction

Contactos

  • Patrick Tenoudji
    courriel : tenoudji [at] aol [dot] com

Urls de referência

Fonte da informação

  • Patrick Tenoudji
    courriel : tenoudji [at] aol [dot] com

Licença

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Para citar este anúncio

« La part de l’autre, approche plurielle de la traduction », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado quarta, 11 de maio de 2016, https://doi.org/10.58079/v1i

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