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Les frontières dans tous leurs états

Borders in all their states

Colloque jeunes chercheurs en sciences humaines et arts

Young researchers conference in the arts and humanities

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Veröffentlicht am Donnerstag, 13. Oktober 2016

Zusammenfassung

La huitième édition des Journées jeunes chercheurs en sciences humaines et arts (2L2S) se tiendra à Nancy les 20 et 21 octobre 2016. Nous proposons cette année un questionnement sur « Les frontières dans tous leurs états » à travers quatre axes thématiques : les frontières spatiales ; les frontières culturelles ; les frontières de l’humain et les frontières du travail. L'approche retenue se veut interdisciplinaire et internationale.

Inserat

Argumentaire

Huitième édition des Journées Jeunes Chercheurs en sciences humaines et arts, ce colloque est ouvert à des communications d’étudiant-e-s en Master 2, de doctorant-e-s, jeunes docteur-e-s, francophones ou anglophones. Dans une dynamique interdisciplinaire, toutes les disciplines sont invitées à participer afin de proposer un échange scientifique autour d’objets transversaux.

Après le succès des sept premières rencontres dont la plupart ont fait l’objet d’une publication, nous proposons pour 2016 un questionnement sur « Les frontières dans tous leurs états ». Organisé au sein du Laboratoire lorrain de sciences sociales (2L2S) et en adéquation avec l’axe 1 de la Maison des sciences de l’homme de Lorraine, ce colloque se tiendra à Nancy les 20 et 21 octobre 2016.

D'une manière générale, une frontière est définie par un critère qui permet de distinguer des objets selon leurs propriétés et de les séparer en groupes. En tant qu'objet observé, passer une frontière c'est voir l'une de ses propriétés modifiée de telle sorte que l’on passe d'un ensemble à un autre. En tant que sujet observant, les frontières permettent de distinguer les objets entre eux ; sans elles, ceux-ci ne pourraient être vus que comme un seul ensemble hétéroclite. Les frontières ne modifient pas en eux-mêmes les objets, mais structurent leur appréhension. Partant, elles permettent de nommer, catégoriser et qualifier, et ainsi d'interagir avec les objets ou de les utiliser.

Les frontières peuvent être absolues, au fondement d’une catégorisation binaire (visible ou invisible, vivant ou mort, individuel ou social, naturel ou culturel, sauvage ou domestique, incluant ou excluant, matériel ou symbolique, même ou autre, etc.), mais elles peuvent aussi être qualifiées de progressives. Dans cette configuration, les objets sont placés sur des échelles, rendant leurs frontières perméables ou floues.

L’acte de classification, dans la vie sociale comme dans les sciences, est à la fois récurrent et ambivalent : s’il favorise l’intelligibilité de notre environnement, il porte également le risque de voir se développer des velléités de hiérarchisation et des rapports de domination. Les frontières sont ainsi le théâtre de conflits, de tensions et de rapports de force entre les objets et entre les individus. Lieux de passages et de transitions, ces zones instables répartissent statuts, ressources et pouvoirs.

Ces rencontres s’articuleront autour de quatre axes propres à illustrer ces différentes dimensions : les frontières spatiales ; les frontières culturelles ; les frontières de l’humain ; les frontières du travail.

Frontières spatiales

L’espace est un objet de recherche qui s’impose lorsque la notion de frontière est évoquée. Qu'elles soient administratives, politiques, juridiques, matérielles ou immatérielles (symboliques, imaginaires, mythiques), les frontières organisent, classifient et hiérarchisent les espaces du local jusqu’au global. Présentées parfois comme des évidences, les frontières évoluent pourtant dans le temps et dans l’espace : elles ont une origine, une histoire. Construites notamment par des définitions et des décisions politiques, les frontières institutionnelles ne reflètent pas toujours les territoires perçus et vécus par ses habitants, et peuvent contribuer à la catégorisation voire la stigmatisation de ces derniers (Dupré, 2005). À titre d’exemple, la réforme territoriale du 7 août 2015 qui vient refondre les régions suscite la réticence de certains élus et habitants attachés notamment à l’idée – questionnable – d’une identité culturelle des territoires.
Par ailleurs, les limites qui caractérisent les espaces peuvent être poreuses et en perpétuel déplacement : on constate, par exemple, la difficile délimitation entre territoire rural et urbain, dont les frontières ont rapidement évolué ces dernières années en Europe occidentale. La séparation entre les milieux dits naturels et anthropisés semble également de plus en plus complexe à déterminer. La nette distinction entre nature et culture – entre le sauvage et le domestique – amenée par les sociétés occidentales n’est pas uniforme et partagée universellement (Descola, 2004). Les perceptions de la nature et de l’espace sont très variables et dépendantes du degré d’urbanité ou de ruralité ainsi que du milieu socio-culturel d’appartenance de l’individu : les campagnes sur le sol français peuvent être perçues par les uns comme un réservoir de ressources naturelles à domestiquer et par les autres comme un cadre de vie ou une proximité à la nature dite « sauvage » (Perrier-Cornet, 2002).
Porteuses d’enjeux sociaux, religieux, culturels, écologiques, politiques, etc. les frontières spatiales impliquent des expériences subjectives, des pratiques et des représentations. La construction, les transformations, l’éventuelle porosité de ces espaces ainsi que leurs conséquences pourront ainsi être questionnées.

Frontières des cultures

Si la culture se rapporte autant à la terre qu’à un ensemble d’activités physiques ou intellectuelles, aux sentiments, à des biens, des valeurs morales, des compétences ou la possession d’un savoir (Tylor, 1876-78), si elle concerne tant une personne, un groupe, une discipline ou une civilisation, elle reste définie essentiellement par ses frontières (Agier, 2013). Zones de côtoiements, de coopérations, d’affrontements ou de mise à l’épreuve, les frontières sont des lieux de passage entre le dedans et le dehors, entre le Soi et l’Autre, tout comme peuvent l’être les frontières linguistiques. La crispation autour de la question des migrations, des identités nationales qui seraient mises en danger du fait de frontières « trop » ouvertes, nous renvoie manifestement à la définition des frontières culturelles. Pour autant, les problématiques écologiques et sociales de développement durable font apparaître des sujets transversaux qui, en appelant une réponse générale, font fi des différences culturelles et redéfinissent les frontières. Dans son sens renvoyant à l’art, les frontières questionnent la séparation entre la production d’un expert institutionnellement reconnu et celle d’un amateur, réalisée dans le cadre d’un emploi, du loisir ou de la science. Ces frontières interrogent également le bon et le mauvais goût, le beau et le laid, ainsi que les limites de la monstration. À l’heure où sont mises en cause des expositions jugées choquantes et où des oeuvres sont saccagées, les frontières de l’art et de la culture paraissent particulièrement floues autant que bordées d’enjeux, et peuvent ainsi être rediscutées.

Frontières de l’humain

Le rapport de l’être humain à son corps varie historiquement et culturellement. Dans nos sociétés occidentales, un processus de rationalisation du corps a conduit à son extraction de la totalité unifiée du vivant, l’établissant ainsi en frontière (avec la communauté, le cosmos) : le corps devient l'expression première de l'individualité (Le Breton, 1990). Sa matérialité permet une argumentation d’ordre moral, symbolique et social qui a conditionné le rapport à la vie, à la santé, à la maladie et à la mort au fil des siècles. L’histoire est ainsi marquée par la redéfinition constante de la séparation entre le sain et le malsain, le normal et le pathologique, le pur et l’impur, le collectif et l’individuel, l’identité et l’altérité, l’Homme et la machine, le soi et le non-soi – notamment au prisme du concept d’« objet-frontière » (Hoeyer, 2010) – ou le masculin et le féminin. De même, le vieillissement inéluctable – mais toujours repoussé – du corps impose un déplacement permanent des frontières de l’humain et des normes qui lui sont associées à un certain âge et dans un contexte donné.
Le corps est ainsi le support de modes de gouvernement (Foucault, 1963), de symboles et de pratiques – dont les frontières de professionnalisation et de reconnaissance institutionnelle ne sont pas toujours bien marquées – qui le travaillent et qui vont déterminer les limites de l’humain. Cependant, au-delà d’une double intuition d’universalité et d’immuabilité, l’humain (en opposition au non-humain) et la vie (en opposition à la mort), le « vi(v)able » et le « non-vi(v)able », sont définis, circonscrits, à travers des lois et des codes institutionnels qui diffèrent d’un pays à l’autre, qui évoluent, et qui entrent parfois en dissonance avec des appréciations symboliques, religieuses, éthiques, techniques ou scientifiques. L'étude des frontières de l’humain implique donc de questionner leurs mouvements socio-historiques, les critères et les savoirs employés pour les discriminer ou s’en saisir, les controverses et les luttes qu’elles provoquent, ou encore les milieux sociaux ou professionnels dans lesquels elles sont définies ou mobilisées.

Frontières du travail

Si les sociétés occidentales sont fondées sur le travail3 (Meda, 2004) celui-ci est aujourd’hui porteur de plusieurs sens, statuts ou fonctions. En constante évolution, c’est à partir du XVIIIe siècle que la notion de travail est entendue comme facteur de production, se détachant ainsi des activités liées aux sphères domestique et politique. Par exemple, la professionnalisation des secteurs liés aux tâches ménagères et au travail à domicile – longtemps confinés à l’informel – a eu pour conséquences l’introduction de nouvelles relations entre professionnels et bénéficiaires (ou clients). Aujourd’hui, la sphère de l’engagement individuel et militant tel que le bénévolat, le travail associatif ou les initiatives d’autogestion – issus des traditions de militantisme politique et de l'économie sociale – côtoie le développement d’actions de type bénévolat d’entreprise et mécénat de compétences, ce qui questionne la frontière entre le secteur de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS), le secteur public ou de l’entreprise privée.
Parallèlement, le contexte de crise des années 1970 et l’affaiblissement de l’État social ont redessiné les contours (incertains) de l’emploi, intégrant précarité, inégalités et instabilité. C’est dans ce contexte que le dictionnaire du travail (2012) indique qu’il est « possible de décrire les frontières dans le travail à partir d’une multitude de couples d’opposition : entre protégés et précaires, hommes et femmes, cadres et non cadres, qualifiés et non qualifiés, manuels et intellectuels, travailleurs nationaux et étrangers, jeunes et vieux, salariés et non-salariés, secteur marchand et non marchand, etc. ».
Les travaux qui s’inscrivent dans cet axe pourront ainsi aborder, d’une part, la nature et la porosité des frontières existantes entre professionnels, experts et amateurs, et d’autre part entre le travail privé, le travail public, le secteur de l’ESS et le travail informel.

Programme

Journée 1 : 20 octobre 2016

8h30-9h00 : Accueil du public

9h00-9h30 : Ouverture du colloque (discours officiels)

Atelier thématique n°1 – Travail

  • 9h30-9h50 : Amélie LEZEAU (sciences de l’éducation), "Sectorisation du New Public Management chez les enseignants du 1er degré", Université de Bourgogne
  • 9h50-10h10 :  Benjamin DUBERTRAND (anthropologie), "Repenser la question du rapport au travail à la lumière des modes de vie alternatifs d’Ariège", Université Toulouse II Jean Jaurès

10h10-10h30 : Pause

  • 10h30-10h50 : Francesca QUERCIA (sciences politiques), "L’action théâtrale dans les quartiers populaires. Formation et transformation d’un “monde” et ses frontières", Centre Max Weber (Université Lyon 2 –ENS de Lyon)
  • 10h50-11h10 : Verena RICHARDIER (sociologie), "Le décentrement de l’action humanitaire, frontières de carrières, frontières de care", ENS de Lyon

11h10-11h30 : Animation scientifique

11h30-12h15 : Mise en perspective par les discutant(e)s et questions du public.

Discutant : Jean-Pascal HIGELE (sociologie)

12h15-13h30 : Repas

13h30-14h30 : Présentation des posters

 Atelier thématique n°2 – Espace

  • 14h30-14h50 : Julien BACHELIER (histoire), "La formation d’une frontière : la Bretagne et les principautés voisines au Moyen Âge"
  • 14h50-15h10 : Benoît VAILLOT (histoire), "“Tracer une frontière” - La frontière franco-allemande de 1871"

15h10-15h30 :Pause

  • 15h30-15h50 : Ousmanou NWATCHOCK A BIREMA (sciences politiques), "Bâtir la paix en élargissant les frontières : les usages stratégiques des frontières politiques en Afrique"
  • 15h50-16h10 : Adrien BENAISE (sociologie), "« Eux et nous ». Frontières urbaines, symboliques et sociales"
  • 16h10-16h30 : Audrey KLEIN (géographie), présentation de son film "Le pont sur l'Una"
  • 16h30-17h15 : Mise en perspective par les discutant(e)s et questions du public.

Discutants: Hervé MARCHAL (sociologie) et Mark BAILONI (géographie)

19h-20h15 : Repas

Intervention “périphérique” :

20h30-22h30 : Théâtre des Aperçus, pièce « Made in Colombia » suivie d’un échange avec la salle.

Journée 2 : 21 octobre 2016

9h-9h30 : Accueil du public

Atelier thématique n°3 – Humain

  • 9h30-9h50 : Marianne CELKA (sociologie), "L’antispécisme comme reconfiguration des frontières de l’humain"
  • 9h50-10h10 : Flo MORIN (sciences politiques, sociologie), "Ces corps qui changent Parcours trans-espèces, modifications corporelles et subjectivation"

10h10-10h30 : Pause

  • 10h30-10h50 : Adrien PRIMERANO (anthropologie), "Sauter la frontière de l'Anormal : le genre comme solution ?"
  • 10h50-11h10 : Chamberlain NENKAM, « De la frontière entre l’Homme et l’animal dans les chefferies bamiléké de l’Ouest-Cameroun : images et imaginaire », Université de Yaoundé 1

11h10-11h30 : Diffusion du film « Un robot au musée »

11h30-12h15 : Mise en perspective par les discutant(e)s et questions du public.

Discutantes : Ingrid VOLERY (sociologie)et Marie-Pierre JULIEN (anthropologue)

12h15-13h30 : Repas

13h30-14h30 : Présentation des posters

Atelier thématique n°4 – Cultures

  • 14h30-14h50 : Julien MERLIN (sociologie), "Les frontières de l’UNESCO, Le cas du classement des lagons de Nouvelle-Calédonie au patrimoine mondial de l’humanité"
  • 14h50-15h10 : Gaëlle LAFARGE (littérature et civilisation américaine), "Les frontières dans la vallée du Mississippi et ses récits de voyages : migration de l’idéologie et de la culture américaine de l’espace géopolitique vers l’espace littéraire", Université de Lorraine

15h10-15h30 : Pause

  • 15h30-15h50 : Justine BRETON (lettres modernes), "Histoire d’un aller et retour : Merlin, magicien et figure chrétienne"
  • 15h50-16h10 : Anne BESSETTE (sociologie), "Aux frontières de la création artistique"
  • 16h10-16h30 : Cyrielle LEVEQUE (arts plastiques), "À la frontière de l’image documentaire à l’image plasticienne, Entre réalité et fiction" et présentation de ses œuvres.

16h30-17h15 : Mise en perspective par les discutant(e)s et questions du public.

Discutant(e)s : Géraldine BOIS (sociologie) et Léo SOUILLES-DEBAT (arts).

17h15-17h45 : Clôture du colloque des jeunes chercheurs par Jean-Luc DESHAYES (sociologie).

Kategorien

Orte

  • Nancy, Frankreich (54)

Daten

  • Donnerstag, 20. Oktober 2016
  • Freitag, 21. Oktober 2016

Schlüsselwörter

  • frontières, jeunes chercheurs, travail, cultures, humain, espace, interdisciplinarité

Kontakt

  • Colloque Doctorants 2L2S
    courriel : colloquedoctorants2l2s [at] gmail [dot] com

Informationsquelle

  • Sciences Humaines et Arts Colloque Jeunes Chercheurs
    courriel : colloquedoctorants2l2s [at] gmail [dot] com

Lizenz

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Zitierhinweise

« Les frontières dans tous leurs états », Kolloquium , Calenda, Veröffentlicht am Donnerstag, 13. Oktober 2016, https://doi.org/10.58079/vxk

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