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Nuits et montagnes

Nights and Mountains

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Publié le lundi 24 octobre 2016

Résumé

Cet appel à articles interroge les évolutions des nuits de montagne dans les différentes dimensions historiques, économiques, sociales, culturelles, territoriales ou environnementales. Le questionnement s’inscrit dans une approche chronotopique et une rythmanalyse de la société et des territoires en 24/7, 24h / 24 et 7 jours /7. L’hypothèse centrale de l’appel à articles est que les montagnes ne sont pas épargnées par l'extension du domaine du jour et qu’elles deviennent des territoires de tensions, d’investigation, de créativité et d’expérimentation qui nous obligent à repenser nos modes d’habiter en y intégrant la dimension nocturne et temporelle.

Annonce

Argumentaire

Cet appel à articles interroge les évolutions des nuits de montagne dans les différentes dimensions historiques, économiques, sociales, culturelles, territoriales ou environnementales. Le questionnement s’inscrit dans une approche chronotopique et une rythmanalyse de la société et des territoires en 24/7, 24 h / 24 et 7 jours /7.

L’alternance jour-nuit a structuré la vie sur terre, conditionné le fonctionnement de nos sociétés et l’ensemble de nos rythmes individuels et collectifs. Depuis l’origine, l'Homme n'a eu de cesse d’échapper aux rythmes de Dame nature, pour étendre son emprise sur l'ensemble de la planète. Dans cette conquête du système monde aujourd'hui à peu près achevée, la nuit – comme la montagne marquée par les saisonnalités et la pente – est longtemps restée un espace-temps peu investi par l'activité humaine, un temps d’arrêt et un monde à explorer. Mais les temps changent. Depuis une vingtaine d’années, on assiste à une colonisation progressive de la nuit par les activités économiques et sociales. L’éclairage se généralise et sa fonction change progressivement de fonction, de la sécurité à l'agrément, de l’éclairage aux illuminations. De nombreux équipements fonctionnent en continu et le travail de nuit se banalise. La tendance générale est à une augmentation de la périodicité, de l’amplitude et de la fréquence des services. Les nocturnes sont de plus en plus nombreuses. L'offre de loisirs nocturnes se développe. Les nuits thématiques font recette. Le couvre-feu médiatique est terminé et Internet permet de surfer toute la nuit. Conséquence : nous dormons une heure de moins que nos grands-parents et dans les métropoles, la nuit est désormais réduite à trois petites heures de 1h30 à 4h30. Ces mouvements d’expansion de l’activité économique et sociale au-delà de la limite du jour, cette « nocturnalisation » de la société et cette « diurnisation » de la nuit, sont désormais bien étudiés dans les villes et métropoles occidentales. Elles sont moins explorées hors des zones urbaines et particulièrement en montagne.

L’hypothèse centrale de l’appel à articles est que les montagnes ne sont pas épargnées par cette extension du domaine du jour et qu’elles deviennent des territoires de tensions, d’investigation, de créativité et d’expérimentation qui nous obligent à repenser nos modes d’habiter en y intégrant la dimension nocturne et temporelle. La nuit en montagne a toujours été investie dans des zones non touristiques ou touristiques par les paysans voire les ouvriers paysans qui travaillaient en plus du jour la nuit avec les bêtes, par les saisonniers (déneigement, et plus récemment enneigement artificiel, etc.), par les randonneurs à ski, les alpinistes, etc. L’importation du modèle de la nuit en ville a-t-elle des conséquences sur la requalification de la nuit en montagne en y apportant une dimension plutôt touristique / patrimoniale et/ou en la rendant plus visible ?

Il suffit de se promener en montagne pour constater que la nuit est désormais une ressource exploitée : paysages transformés par la lumière, pistes de ski illuminées, nouvelle offre de loisirs, fonctionnement nocturne des équipements sportifs et touristiques, nouveaux usages, nouvelles représentations, nouvelles identités pour les territoires et marketing nocturne. Des stratégies d’exploitation touristiques se déploient grâce à la mise en lumière, au développement de l’offre de services et d’activités au delà du jour, voire au déploiement de politiques touristiques centrées sur la nuit. A contrario des stratégies de développement s’esquissent à partir d’une patrimonialisation de la nuit et de la voûte étoilée.

Mieux, les montagnes sont sans doute des espaces où se jouent de manière plus exacerbée et lisible les conflits d’usages économiques et symboliques entre exploitation et protection, continuité et arrêt, artificialisation et nature. En ce sens la nuit a beaucoup de choses à dire au jour. On peut également imaginer que les transformations de la nuit ont des effets sur le jour.

Les nuits de montagne sont également des territoires d’innovation. Elles nous invitent à repenser nos identités sociales et culturelles et celles de nos territoires. La nuit n’est pas une ressource comme une autre. Ces évolutions bien marquées en montagne sont révélatrices des dynamiques et des paradoxes qui traversent la société contemporaine et ouvrent de nouvelles perspectives scientifiques. Quelles sont ces évolutions ? Quels sont les secteurs et territoires touchés ? Quelles formes de sociabilités et quelles identités émergent ? Quelles sont les innovations en cours ? Quelles perspectives et quelle prospective ? Ce sont quelques questions qui pourront être traitées dans ce numéro.

L’articulation nuit et montagne pourra être abordée dans toutes ses dimensions. Les articles pourront s’attacher à montrer les spécificités de la nuit en montagne et l’évolution de la nuit à différentes échelles spatiales et historiques. Ils pourront mettre en évidence les transformations de l’offre territoriale nocturne, montrer les avancées du front, les résistances et les replis face au temps en continu de l’économie, des techniques et des médias. Ils pourront faire un point sur les nouveaux besoins des résidents, des excursionnistes et des touristes et sur les adaptations et les caractéristiques de l’offre.

Entre nuit blanche et nuit noire, ils pourront mettre en évidence les stratégies différenciées d’exploitation et de patrimonialisation des nuits de montagne entre protection et mise en ressource. Ils pourront repérer et analyser les contradictions entre l’exploitation de la ressource nocturne par sa diurnisation (lumière, ski de nuit, marchés nocturnes…) et l’exploitation par la protection du patrimoine nocturne (« nuit des étoiles », labels « villages étoilés ») de l’autre. Ils pourront interroger les nouveaux conflits d’usages entre habitants permanents et habitants temporaires, entre nouveaux usages et anciennes fonctions, entre technicisation et naturalisation. Ils pourront explorer les différentes formes d’exploitation entre la mise en scène spectaculaire des nuits extra-ordinaires et l’évolution des nuits quotidiennes. Les observations dans l’espace public peuvent naturellement s’étendre à la sphère intime et aux espaces intérieurs. En ce sens, l’évolution des sociabilités nocturnes, l’analyse des rites et des scènes nocturnes sont d’autres pistes possibles. Des analyses comparées sur les nouvelles représentations de la nuit montagnarde, l’esthétisation de ces territoires sont les bienvenues. Les transformations éphémères, saisonnières ou permanentes de l’espace nocturne montagnard seront considérées. Une attention particulière sera portée aux évolutions au sein de périmètres protégés et à l’analyse des hautes et basses saisons touristiques. On pourra également s’interroger sur cette double épreuve de la montagne et de la nuit qui permet d’éprouver ses limites et sur l’émergence d’une « condition nocturne » montagnarde.

Ce numéro spécial se donne pour objectif d’établir et d’interpréter les processus de transformation des nuits de montagne dans leurs différentes dimensions. Il souhaite interroger de manière critique les relations entre la nuit et la montagne dans les dimensions économiques, sociales, culturelles et environnementales. Résolument multiscalaire, il s’appuie sur la montagne pour s’intégrer dans une mise en perspective mondiale du phénomène de transformation de la nuit.

Problématique et thèmes potentiels d’articles

Les propositions d’articles s’attacheront à nourrir la réflexion sur la transformation des nuits en montagne :

  • En quoi et comment les espaces et les sociétés de montagne sont-ils transformés par cette extension du domaine du jour ?
  • Quelles évolutions ?
  • Quelles exploitations ?
  • Quels effets sur la nuit (paysage, société, territoire…) ?
  • Quelles conséquences économiques, politiques, sociales, environnementales, culturelles ?
  • Quels modes de vie et sociabilités se déploient en montagne hors de l’emprise du jour ?
  • En quoi les nuits de montagne sont-elles des temps et des territoires d’innovation ?
  • Peut-on s'en tenir à une approche de la nuit par ses loisirs ? Quid des travailleurs des stations qui travaillent pour les touristes ? Quid de la nuit en montagne hors stations et hors saison ?
  • Quelles perspectives en termes de stratégies territoriales ? Quelle prospective ?

Conditions de soumission

Les propositions d’articles d’environ 600 mots sont à envoyer en français (si auteur francophone) ou en anglais (auteurs d’autres langues)

pour le  31 janvier 2017 

  • à Luc Gwiazdzinski luc.Gwiazdzinski@univ-grenoble-alpes.fr (Université Grenoble Alpes, IGA, PACTE, UMR 5194 CNRS, MOTU)
  • et william.straw@mcgill.ca (Department of Art History and Communications Studies, McGill University)

ainsi qu'à la coordination éditoriale :

  • Olivier Vallade, olivier.vallade@msh-alpes.fr ;
  • Sylvie Duvillard (Université Pierre-Mendès France, CNRS PACTE UMR5194), sylvie.duvillard@univ-grenoble-alpes.fr ;
  • Coralie Mounet (CNRS PACTE UMR5194), coralie.mounet@univ-grenoble-alpes.fr

Les articles définitifs sont attendus pour le 1er juin 2017.

Les articles définitifs doivent être soumis dans une des langues de la revue : langues alpines – français, italien, allemand –, espagnol ou anglais. L’auteur doit au préalable prévoir la traduction dans la seconde langue après expertise. L’une des deux versions doit être en anglais. Si l’article est proposé par un anglophone,  la traduction doit être faite en français.

La publication est prévue pour la fin de 2017.

Coordinateurs scientifiques

  • Luc Gwiazdzinski (Université Grenoble Alpes, IGA, PACTE, UMR 5194 CNRS, MOTU)
  • William Straw (Department of Art History and Communications Studies, McGill University)

Bibliographie

  • Antoine J.M., Millian J., 2011.– La ressource montagne. Entre potentialités et contraintes, Paris, L’harmattan.
  • Bernier X., 2009.– « La neige, la nuit. Du ski de minuit à la Full Moon, les nouvelles pratiques nocturnes ». La Géographie, 1532, pp.8-15.
  • Bureau L., 1997.– Géographie de la nuit, Montréal, l’Hexagone.
  • Challeat S., Dupuy P.O., Lapostolle D., Benos R., Milian J., et al., 2015.–Des nuits blanches sous un ciel noir ? La protection de la nuit, nouvelle préoccupation des territoires. L'ENA hors les murs. Magazine des Anciens Elèves de l'ENA.
  • Chatterton P., Hollands P., 2002.– «Theorising urban playscapes: producing, regulating and consuming youthful nightlife city spaces», Urban Studies, Vol. 39, n° 1, pp. 95–116.
  • Clancy G., 2004.– Les cahiers de la nuit, Paris, L’Harmattan.
  • Espinasse C., Gwiazdzinski L., Heurgon E., 2005.– La nuit en question(s), La Tour d’Aigues, l’Aube.
  • Galinier J., Monod-Becquelin A. et al., 2010.– « Anthropology of the Night: Cross-Disciplinary Investigations », Current Anthropology 51: 819–47.
  • Gwiazdzinski L., 2016.– La ville 24h/24 ? Paris, Rhuthmos.
  • Gwiazdzinski L., 2007.– Nuits d’Europe, Pour des villes accessibles et hospitalières, Ministère des transports, UTBM.
  • Gwiazdzinski L., 2005.– La Nuit, dernière frontière de la ville, La Tour d’Aigues, l’Aube.
  • Koslovsky C., 2011.– Evening's Empire, Cambridge University Press.
  • Lefebvre H., 1992.– Éléments de rythmanalyse, Paris, Syllepse.
  • Lipovetsky G., 2013.– L’esthétisation du monde, Paris, Gallimard.
  • Narboni R., 2012.– Les éclairages des villes, Gollion, Editions Infolio.
  • Roberts M., Eldridge A., 2009.– Planning the Night-time City, Routledge, London.
  • Shaw R., 2014.– « Beyond night-time economy: Affective atmospheres of the urban night » », Geoforum, 51, pp. 87-95.
  • Straw W., 2014.–  « A City of Sin No More : Sanitizing Montreal in Print Culture, 1964–71. », International Journal of Canadian Studies, no. 48, pp. 137-152
  • Straw W., 2002.– « Scenes and Sensibilities », in Public n°22/23.
  • Schivelbusch W., 1993.– La nuit désenchantée, Paris, Le Promeneur (trad.). http://darksky.org

Co-directeurs des publications

  • Dominique Baud, Maître de conférence en géographie et géomatique, Laboratoire PACTE, UMR 5194 CNRS / Institut de Géographie Alpine / Université Grenoble Alpes, Grenoble, France

  • Sylvie Duvillard, Maître de Conférence à l’Université Pierre Mendès-France, Grenoble II et chercheur au laboratoire pacte-Grenoble I

  • Coralie Mounet, Chargée de Recherches, CNRS, Laboratoire Pacte UMR 5194, Grenoble.

Comité restreint

  • Anne-Laure Amilhat-Szary, Professeure à l’Université Joseph Fourier / CNRS-PACTE / Institut Universitaire de France

  • Anouk Bonnemains, docteur en géographie, chercheur associé au Laboratoire EDYTEM

  • Jörg Balsiger, Collaborateur scientifique et Chargé de cours, Département de géographie et environnement et Institut des sciences de l’environnement, Université de Genève, University of Geneva, Suisse, Genève

  • Jean-Baptiste Bing, Université de Genève, département de géographie et environnement

  • Sophie Bonin, Maître de conférences, École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles, France

  • Philippe Bourdeau, Professeur à l’Université Joseph Fourier / Institut de Géographie Alpine / UMR PACTE, à Grenoble, France

  • Anne Dalmasso, Maître de conférence d’histoire contemporaine, Université Pierre Mendès France et membre de l’équipe Sociétés, Entreprises et Territoires, UMR CNRS 5190 LARHRA (Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes), Grenoble, France

  • Bernard Debarbieux, Professeur à l’Université de Genève, Suisse

  • Pierre Derioz, Maître de Conférences HDR en Géographie, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, UMR Espace-Dev 228 IRD (Maison de le télédétection), Montpellier, France

  • Marie-Christine Fourny, Professeure à l’Université Joseph-Fourier-Grenoble, France,

  • Stéphane Gal, Maître de conférences en histoire moderne, Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA), Université Lumière Lyon 2.

  • Franck Giazzi, enseignant-chercheur au laboratoire PACTE territoires (UJF/CNRS) et à l’Institut de Géographie alpine, Grenoble, France

  • Emmanuelle George-Marcelpoil, Directrice de l’unité de recherche Développement des territoires Montagnards, Irstea Grenoble, Saint Martin d’Hères

  • Lauranne Jacob, Doctorante au Labex ITEM, laboratoire PACTE, Grenoble, France, et au département de Géographie de l’UNIGE, Genève, Suisse

  • Mari Oiry-Varacca, Maîtresse de conférence en géographie, Université Paris-Est Marne-la-Vallée. Laboratoire Analyse Comparée des Pouvoirs

  • Anne Sgard, professeure à l’Université de Genève, Suisse 

Comité « élargi »

  • Winfried E. H. Blum, Professor Emeritus, Institute of Soil Research, University of Natural Resources and Life Sciences (BOKU),Vienne, Autriche

  • Axel Borsdorf, Professeur à l’Université d’Innsbrück, Autriche

  • Federica Corrado, Politecnico di Torino, Italie

  • Cristina Del Biaggio, chercheuse invitée (post-doc) à l’Instituts of European Studies de l’Université d’Amsterdam, Pays-Bas

  • Monique Fort, Professeure Émérite (Géographie, Géomorphologie), UFR Géographie, Histoire et Sciences de la Société, UMR 8586 PRODIG, Université Paris Diderot, France

  • JC Gaillard, Associate Professor, The University of Auckland, Nouvelle-Zélande

  • Martin Price, Professor of Mountain Studies, Director of the Centre for Mountain Studies, Chairholder, UNESCO Chair in Sustainable Mountain Development, Perth College, University of the Highlands and Islands, Royaume-Uni.

  • Manfred Perlik, Professeur à l’Académie Européenne (EURAC) à Bolzano (Italie) ; au Centre for Development and Environment (CDE) de l’Université de Bern (Suisse) ; associé au Laboratoire PACTE, UMR 5194 CNRS, Grenoble (France)

  • Thomas Scheurer, Directeur de l’ISCAR (International Scientific Committee on Alpine Research) et de l’ICAS (Commission interacadémique recherche alpine des Académies Suisses des Sciences), Suisse.

  • Gian Paolo Torricelli, Professeur (Géographie urbaine et  Développement territorial), Responsable de l’Observatoire du développement territorial du Canton du Tessin, Accademia di Architettura, Università della Svizzera italiana, Mendrisio, Suisse.


Dates

  • mardi 31 janvier 2017

Mots-clés

  • nuit, montagne, temps, travail, loisirs, tourisme, modes de vie, diurnisation, nocturnalisation, patrimonialisation, artificialisation, innovations, exploitation, économie nocturne, sociabilités nocturnes

Contacts

  • Sylvie Duvillard
    courriel : sylvie [dot] duvillard [at] univ-grenoble-alpes [dot] fr
  • Olivier Vallade
    courriel : olivier [dot] vallade [at] msh-alpes [dot] fr
  • luc gwiazdzinski
    courriel : lucmarcg [at] gamil [dot] com
  • Coralie Mounet
    courriel : coralie [dot] mounet [at] univ-grenoble-alpes [dot] fr
  • Will Straw
    courriel : william [dot] straw [at] mcgill [dot] ca

Source de l'information

  • Christine Hoyon
    courriel : christine [dot] hoyon [at] orange [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Nuits et montagnes », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 24 octobre 2016, https://doi.org/10.58079/vz1

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