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« J’ai écrit ma vie en un mot »

"I wrote my life in a word" - Courbet's correspondance, 20 years on

La correspondance de Courbet, 20 ans après

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Publié le vendredi 06 janvier 2017

Résumé

De l’automne 1837 à l’hiver 1877, la correspondance de Courbet forme une chronique qui révèle les facettes de l’homme et du peintre, ses sociabilités ses conceptions esthétiques, philosophiques ou politiques, et permet d’affiner le contexte de son œuvre et de ses actions. Vingt ans après l’édition de ce document exceptionnel par Petra ten-Doesschate Chu, ce colloque aura deux ambitions : examiner les apports décisifs de cette somme dans les travaux récents ; montrer en quoi ses inépuisables ressources permettent de poursuivre et d’élargir la reconsidération du « maître d’Ornans », au plus près de son incarnation.

Annonce

Argumentaire

De l’automne 1837 à l’hiver 1877, la correspondance de Courbet forme une chronique qui révèle les facettes de l’homme et du peintre, ses sociabilités ses conceptions esthétiques, philosophiques ou politiques, et permet d’affiner le contexte de son œuvre et de ses actions. Grâce à elle, surgit une figure d’épistolier et, en quelque sorte, un écrivain doué d’un style, à rebours du peintre illettré que certains de ses contemporains avaient raillé ou salué et dont s’était imposée l’image ambivalente. Cette correspondance donne accès au verbatim de l’auteur, à ses états d’âme jour après jour, aux inévitables marques conscientes et répétitions inconscientes, lapsus calami, aveux, qui se glissent dans toute production écrite à visée intime. Vingt ans après l’édition de ce document exceptionnel par Petra ten-Doesschate Chu, ce colloque aura deux ambitions : examiner les apports décisifs de cette somme dans les travaux récents ; montrer en quoi ses inépuisables ressources permettent de poursuivre et d’élargir la reconsidération du « maître d’Ornans », au plus près de son incarnation.

Programme

Mardi 17 janvier

APRES-MIDI

14h-14h10 : Mot d’accueil et introduction

Session 1 : Statuts de la lettre

Présidence de session : Yves Sarfati

  • 14h10-15h : Conférence inaugurale (50 minutes) – Petra ten-Doesschate Chu, professeure d’histoire de l’art à Setton Hall University, New-Jersey, USA

L’éditrice de la Correspondance de Courbet revient sur sa longue fréquentation de ce corpus écrit et présente de nouvelles lettres, inédites, de Gustave Courbet.

  • 15h-15h20 : Portrait d’un peintre réputé inculte en écrivain sensible – Dominique de Font-Réaulx, conservateur général, directrice du musée national Eugène-Delacroix

Gustave Courbet est longtemps apparu comme un peintre de talent mais peu éduqué, peu enclin à la réflexion, encore moins à l’écriture. La publication de sa Correspondance en 1996 fut la révélation d’un homme à l’écriture juste, sensible, réfléchie, souvent mélancolique, mettant sa création en perspective. Elle a permis de retrouver l’homme et le peintre, au cœur de son œuvre. Le travail d’édition menée par Petra ten-Doesschate Chu fut et demeure un apport remarquable dans la connaissance de Gustave Courbet et de son processus artistique. Elle a offert à la fois de nouveaux sujets comme de nouveaux angles de vision, renouvelant les études de l’artiste.

15h20-15h50 Pause-Discussion

  • 15h50-16h10 : Les Exercices de style de Gustave Courbet, épistolier – Michèle Audin, écrivaine

Paysan, philosophique, zoologique, maladroit, désinvolte, partial, télégraphique, officiel…

Juxtaposant et parfois superposant de nombreuses manières d'écrire, c'est un nouvel autoportrait du peintre que la correspondance de Gustave Courbet esquisse. En complément des regards de critiques d'art et d'historiens, un regard d'écrivain sur cette montagne de Courbet.

  • 16h10-16h30 : Le régime de l'épistolarité ostensible chez Courbet – Bertrand Tillier, professeur d’histoire contemporaine, Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne

Par des formules, des (fausses) précautions, des détails, des narrations et des usages émaillant sa correspondance, il semble que, très tôt, Courbet ait mesuré l’étendue des possibilités que lui offrait la pratique de l’écriture épistolaire. En effet, ses lettres adressées à des proches, des alliés ou des ennemis, s’avèrent souvent des écrits à double-fond susceptibles d’être rendus publics et de devenir des proclamations. Dans cette perspective, on interrogera donc le régime de l'épistolarité ostensible de la correspondance, comme stratégie d’intervention.

  • 16h30-16h50 : L'apport de la correspondance de Courbet à l'approche génétique – Ségolène Le Men, professeure d'histoire de l'art, université Paris Ouest Nanterre

L'édition de la Correspondance de Courbet par Petra ten-Doesschate Chu a contribué à stimuler la recherche sur Courbet et à en démultiplier les approches. Cette source permet notamment de documenter l'approche génétique selon des procédures qui seront explicitées dans la communication, tant au stade de l'élaboration picturale qu'au stade expositionnel. En prenant appui sur quelques exemples parmi lesquels le dossier de L'Atelier, je m'intéresserai au fonctionnement dialogique et performatif de la genèse picturale chez Courbet à travers les protocoles d'adresse et de relai vers les mondes de l'art.

16h50 : Discussion – fin de la journée

Mercredi 18 janvier

MATIN

Session 2 : Les mots de la lettre

Présidence de session : Dominique de Font-Réaulx

10h Mot d’accueil

  • 10h10-10h30 : Le beau revoir – Gilbert Titeux, docteur en histoire de l’art, université de Strasbourg, EA 3400 ARCHE

Il est question de ces flaques d’eau sur les chemins ensablés, que l’air, le soleil et le vent ont fini par assécher, et qui permettent de bien voir l’éventuelle trace d’un animal qui y a posé son pied. Le « vol-ce-l’est » ainsi perçu montre alors à quel point une simple flaque dont l’eau s’est évaporée peut se transformer en un livre ouvert, que les veneurs appellent alors un « revoir ».

Pour qui s’intéresse aux peintures de chasse de Courbet, la Correspondance du peintre constitue un précieux revoir, où bien des vol-ce-l’est éclairent la quête de sens suscitée par la production artistique du maître d’Ornans.

L’on s’efforcera donc de montrer, à partir de quelques exemples précis, toute l’importance de certaines lettres de Courbet pour l’interprétation de sa peinture se rapportant à la chasse.

  • 10h30-10h50 : Les formations de l’inconscient dans la correspondance de Courbet – Yves Sarfati, professeur de psychiatrie et psychanalyste, CRMPS, Université Paris Diderot

Les lettres de Courbet regorgent d’aveux sur ses états d’âme. États conscients quand il évoque son humeur versatile. États inconscients, aussi, dont conservent la trace ses lapsus, ses coq-à-l’âne, certaines erreurs ou oublis. Il s’agit donc d’une mine d’or pour la lecture psychopathologique d’une vie quotidienne : celle d’un peintre qui se dévoile à l’écrit. Nous verrons ainsi comment il peut « écrire 20 pages, comme cela, tout d'une haleine », étudierons le sens de quelques dénégations et le pourquoi de tant de post-scriptum. Nous analyserons aussi un lapsus calami particulièrement significatif de son rapport à l’amour et à la mort.

10h50-11h20 Pause-Discussion

  • 11h20-11h40 : Courbet, cet aphoriste – Thomas Schlesser, directeur de la Fondation Hartung-Bergman et professeur d’histoire de l’art, Ecole polytechnique

La correspondance de Courbet secrète bon nombre de phrases, souvent autosuffisantes et puissamment évocatrices d’une pensée, d’une ambition, d’une époque qui ont servi avec intensité les travaux récents sur le peintre. On s’intéressera donc au sens de l’aphorisme de Courbet, en rappelant que l’un de ses courriers, à destination de Proudhon, fut même consacré à cela seulement, et en traquant surtout les formules les plus signifiantes parmi la masse de ses écrits. Cette enquête pourra aussi participer à la compréhension du style littéraire de Courbet et à dégager quelques traits de sa personnalité ; elle sera peut-être enfin l’occasion de se demander si ces citations, une fois isolées, ne sont pas aussi trompeuses que séduisantes…

  • 11h40-12h : Le fondement des tourments ou du siège au pinceau. Essai sur l'impact des « échauffements » chez Courbet – Philippe Godeberge, médecin gastroentérologue, chargé de cours, université Paris-V René Descartes

Tout au long de sa vie, Gustave Courbet va émailler ses lettres de mentions très directes relatives à ses crises hémorroïdaires. Cette souffrance au quotidien va peu à peu envahir son existence jusqu’à servir de prétexte pour le faire sortir de sa prison de Sainte Pélagie afin d'être opéré par un grand nom de la médecine, Auguste Nélaton. Dans cette communication seront abordés les aspects cliniques de cette maladie ainsi que le traitement dont a pu bénéficier Courbet à l’époque. Nous tenterons de relever le défi lancé par les organisateurs consistant à explorer l'œuvre de Courbet sous l’œil d'un proctologue et de détecter, parsemant sa peinture, des allusions à "ses échauffements", si présents dans sa correspondance.

  • 12h-12h20 : Proudhon dans la correspondance de Courbet. La machine et le cœur – Hervé Touboul, maître de conférence de philosophie, université de Franche-Comté

Qu'est Proudhon pour Courbet lorsque ce dernier écrit ? Celui qui pense ce qu'il peint ? L'antithèse de Napoléon III ? La présence rassurante qui sait la direction à suivre ? Bref celui qui relève dialectiquement sa peinture en philosophie ? A moins que ce ne soit un double, la machine à peindre Courbet doublant la machine à écrire Proudhon ? Comme si ce qui est présent n'était jamais tout-à-fait ce qu'il est. Mais le double n'est pas le même ; la mort de Proudhon est la fin du monde. Seul le cœur peut faire repartir la machine. « L'homme est comme une machine à destination » (lettre du 24 janvier1865).

12h20 Discussion - Pause déjeuner

APRES-MIDI

Session 3 : La lettre-matériau

Présidence de session : Thomas Schlesser

  • 14h30-14h50 : Lire la Correspondance en ethnologue ? – Noël Barbe, chercheur au IIAC-Laboratoire d’anthropologie et d’histoire sur l’institution de la culture (CNRS/EHESS)

La Correspondance de Courbet peut-elle être constituée comme un « matériau », ou faire partie d’un terrain d’enquête pour l’ethnologue ? Quels effets de connaissance peut-on en attendre et à propos de quels objets ?

  • 14h50-15h10 : Affinités électives ou stratégie de carrière ? Courbet et l'art allemand – France Nerlich, professeure d’histoire de l’art contemporain, InTRu EA 6301, Université François-Rabelais, Tours

L’idée du triomphe de Courbet en Allemagne a profondément marqué les ouvrages de ses premiers biographes qui s’appuient en grande partie sur la correspondance et les souvenirs de l’artiste ; elle a aussi conduit à une réflexion importante sur la dimension politique de son œuvre, notamment dans le catalogue Courbet und Deutschland de 1979. Mais qu’en est-il exactement de cette « autorité » allemande que Courbet invoque, notamment dans ses lettres à Castagnary, et qui annonce à ses yeux la reconnaissance des artistes libres et donc une revanche sur l’oppression exercée par le pouvoir politique ? Il s’agira ici de remettre en perspective la manière dont Courbet instrumentalise son succès en « Allemagne » et de déceler plus précisément la part de stratégie et d’affinité qui motive ses liens avec les artistes germaniques.

  • 15h10-15h30 : Un drôle de paroissien, athéisme et anticléricalisme de Courbet exprimés dans sa correspondance – Thierry Savatier, historien de l’art

Critiques et biographes n’ont accordé qu’un intérêt mineur à l’athéisme et à l’anticléricalisme de Courbet. Au-delà de ses deux grandes toiles anticléricales (Le Retour de la conférence et La Mort de Jeannot à Ornans) ou des deux pamphlets qui en étaient inspirés, l’étude de sa correspondance nous apporte de précieuses indications sur cet engagement radical, qui fut probablement le plus constant de sa vie et offre au regardeur d’aujourd’hui des clefs de lecture supplémentaires pour comprendre son œuvre.

15h30-16h Pause – Discussion

  • 16h-16h20 : Clinique des variations de l’humeur chez Gustave Courbet à la lecture de sa correspondance – Arnaud Portier, psychiatre, praticien hôpital d’Argenteuil

La correspondance complète d’un artiste sur une longue période de sa vie est d’une grande richesse clinique et autorise alors une « autopsie psychologique » du personnage. C’est particulièrement vrai dans le cas de la correspondance de Courbet qui couvre une quarantaine d’années de sa vie. Ce qui frappe le psychiatre à la lecture de ces lettres, c’est tout d’abord la grande labilité de l’humeur qu’on y perçoit.

Par une analyse clinique de ces lettres sur la vie entière, confrontées aux témoignages de ses contemporains et biographes, nous avons pu émettre l’hypothèse que Courbet souffrait d’un trouble affectif bipolaire. Cette hypothèse sera illustrée par l’étude de deux lettres de 1854, décrivant deux états thymiques opposés.

  • 16h20-16h40 : « Un fouillis inextricable ». L’Atelier de Courbet : de l’écriture à la peinture – Isolde Pludermacher, conservateur, musée d’Orsay

La Correspondance de Courbet a été une source précieuse sur laquelle s’est appuyée la récente restauration de L’Atelier au musée d’Orsay (2014-2016). Dans des lettres datées de 1854 et 1855 adressées à différents destinataires, l’artiste livre des indications techniques, des descriptions précises de sa composition en même temps qu’il affirme la nature ambitieuse de son projet. Bien qu’elles soient souvent très détaillées, ces informations écrites ne trouvent pas toujours leur exact équivalent pictural, ce qui nous conduira à nous interroger sur l’apport de l’écriture à la connaissance de la peinture.

16h40- 17h Discussion

Comité scientifique

  • Yves Sarfati,
  • Thomas Schlesser
  • Bertrand Tillier

Lieux

  • Musée d'Orsay, Auditorium, niveau -2 - 62 rue de Lille
    Paris, France (75007)

Dates

  • mardi 17 janvier 2017
  • mercredi 18 janvier 2017

Mots-clés

  • courbet, réalisme, correspondance

Contacts

  • Scarlett Reliquet
    courriel : scarlett [dot] reliquet [at] musee-orsay [dot] fr

Source de l'information

  • Scarlett Reliquet
    courriel : scarlett [dot] reliquet [at] musee-orsay [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« « J’ai écrit ma vie en un mot » », Colloque, Calenda, Publié le vendredi 06 janvier 2017, https://doi.org/10.58079/wjs

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