AccueilPerte de biodiversité, « new public management » et néolibéralisme

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Perte de biodiversité, « new public management » et néolibéralisme

The loss of biodiversity, new public management and neo-Liberalism

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Publié le jeudi 19 janvier 2017

Résumé

L’objectif scientifique de cette journée d’études est de comprendre les effets des logiques économiques et politiques liées au néolibéralisme et au new public management sur la prise en charge de la perte de biodiversité et sur l’appréhension de la crise de la biodiversité. L’enjeu est épistémologique (interrogations sur les conditions de l’élaboration d’une analyse scientifique de la perte de biodiversité dans l’évaluation des politiques publiques) et pratiques (comment les politiques publiques peuvent internaliser cette crise dans leur élaboration et le développement de politiques adaptées).

Annonce

Cette journée d’études est organisée en coopération avec l’Université Lille 2, le laboratoire du CERAPS (UMR 8026), l’AgroParisTech et l’association de scientifiques Développement durable & Territoires.

Argumentaire

Si la disparition accélérée des espèces fait l’objet de nombreux débats scientifiques pour saisir son ampleur – sixième extinction (Leakey et Lewin, 1997), Anthropocène (Steffen et al., 2011), effondrement des écosystèmes (Barnosky Anthony et al., 2012) –, la gravité de la situation et ses potentielles conséquences pour le maintien des socio-écosystèmes sont unanimement reconnues. La biodiversité est d’ailleurs un concept scientifique proposé par des biologistes de la conservation dans les années 1980 pour alerter les pouvoirs publics et l’opinion publique de l’érosion du vivant (Takacs, 1996). La perte du vivant, liée à des phénomènes comme l’artificialisation des sols et le changement climatique, entraîne de nombreuses irréversibilités écologiques qui menacent la pérennité de notre avenir. Le vivant peut difficilement être envisagé sans le prisme de sa disparition. La montée en puissance depuis le milieu des années 1980 des logiques néolibérales au sein de l’action publique nationale française a provoqué de nombreuses modifications en son sein et ce, tant d’un point de vue cognitif qu’opérationnel (Dardot et Laval, 2010). Une nouvelle ligne théorique de conception de l’Etat et de son action apparaît. Les changements dans la conduite de l’action publique suivent les principes de performance, issus de la méthodologie d’action prônés par le néolibéralisme. Ce mouvement est régulièrement qualifié de New Public Management (NPM) (Bezès, 2008). Celui-ci désigne la tendance de l’action publique à adopter le référentiel d’action du secteur privé (notamment sa vision de l’efficacité de l’action) et à utiliser ses méthodes : application de techniques de gestion, mise en concurrence, managérialisation des services administratifs, recours au marché et aux consultants (Bezes, 2012 ; Henry et Pierru, 2012). La valorisation des partenariats public/privé, etc. (Dreyfus, 2011) a mis en évidence cette évolution. Les collectivités territoriales ont elles aussi suivi ce mouvement : de nouvelles méthodes d’action, d’instruments ou finalités s’institutionnalisent. Parmi elles, on retrouve la logique gestionnaire court-termiste (Bruno et Didier, 2013 ; Mercier, 2001), la culture du chiffre et du résultat (Salais, 2010), ainsi que de fortes contraintes budgétaires ou le recours au marché pour la gestion des biens communs émergents (O’Toole et Meier, 2011).  Le lien entre néolibéralisme et biodiversité a déjà fait l’objet de certains traitements (Arpin, Charvolin et Fortier, 2015 ; Petitimbert, 2016 ; Thomas et Boisvert, 2015). Ces travaux ont mis en évidence les conditions de production de la connaissance du vivant à partir d’un cadre cognitif issu du modèle néo-libéral (Maris, 2015).

L’objectif scientifique de cette journée d’études est de comprendre les effets des logiques économiques et politiques liées au néolibéralisme et au new public management sur la prise en charge de la perte de biodiversité et sur l’appréhension de la crise de la biodiversité. L’enjeu est épistémologique (interrogations sur les conditions de l’élaboration d’une analyse scientifique de la perte de biodiversité dans l’évaluation des politiques publiques) et pratiques (comment les politiques publiques peuvent internaliser cette crise dans leur élaboration et le développement de politiques adaptées).                                                           

La question de la perte de la biodiversité et de ses irréversibilités soulève de nombreuses questions en termes de compétences politiques et économiques, d’instruments, de réseaux d’acteurs et appelle à un renouvellement de l’analyse en SHS en termes spatiaux et temporels, lié à une interdisciplinarité croissante entre écologie scientifique et sciences humaines.  Il s’agit bien ici de mener une réflexion scientifique interdisciplinaire et d’aboutir à un cadre théorique commun pour faire émerger à la fois de nouvelles pistes épistémologiques et aussi de mettre en exergue les grandes évolutions économiques et politiques des territoires liées à la crise écologique et à la disparition du vivant.  

Axe 1 : Rôle et influence du néolibéralisme et du new public management dans la prise en charge de la perte de biodiversité

Dans quelle mesure le néolibéralisme et le NPM, de par les représentations qu’ils diffusent, leur poids dans la prise de décision des acteurs politiques et économiques et leur rôle constituant influencent-ils le processus de prise en charge de la perte de biodiversité ? Quelles représentations et quel regard sont alors diffusés autour de la perte de biodiversité et de ses irréversibilités? Il s’agit ainsi de réfléchir à la façon dont la perte de biodiversité est appréhendée, de l’influence du néolibéralisme et du NPM sur la politisation de la perte de biodiversité et les conséquences que cela engendre sur la prise en charge de la perte de biodiversité.

Axe 2 : Méthodes et instruments du new public management : quel statut pour la perte de biodiversité ?

Dans quelle mesure les instruments liés au néolibéralisme et au new public management (services écosystémiques, évaluation des politiques publiques, indicateurs de biodiversité, etc.) et leurs méthodes (partenariats public/ privé, recours aux cabinets de consultants, etc.) catalysent et légitiment la prise en charge de la biodiversité ? Et ainsi, comment contribuent-ils à construire l’objet biodiversité ? Quelles conséquences alors sur la prise en charge de la perte irréversible du vivant ?

Axe 3 : Néolibéralisme, new public management et crise de biodiversité : quelles conséquences pour les sciences humaines et sociales ?

La crise de biodiversité a des conséquences irréversibles sur la perte du vivant. En quoi cette situation inédite amène les SHS à ré-examiner et à envisager différemment leur méthode d’analyse et de compréhension du néolibéralisme et du new public management ?

Modalités pratiques

Cette journée d’études s’inscrit dans le cadre de la publication d’un dossier spécial de la revue Développement durable & Territoires, dirigé par les organisateurs de cette JE et à paraître en 2018. Ce numéro spécial donne lieu à un Appel à publications déjà diffusé dans les réseaux scientifiques. La date limite de réception des articles par les directeurs du numéro est prévue pour la mi-juin 2017. Les évaluations de ces articles par des évaluateurs externes sont prévues pour septembre 2017. Suite aux évaluations, des modifications nécessaires avant publication auront cours.  Il faut toutefois noter qu’une proposition de communication n’oblige pas ses auteurs à rédiger un article pour le dossier thématique de la revue DD&T et inversement, que l’écriture d’un article dans le dossier ne signifie pas qu’une communication doit être faite lors de cette journée d’études. Les contributeurs pour la JE et pour le dossier restent libres de proposer une contribution à l’un et l’autre.

Cet appel à communication est ouvert à tous chercheurs en sciences humaines et sociales et en écologie. Les propositions faites par de « jeunes chercheurs » sont largement encouragées.  Le résumé - de 5000 caractères maximum - devra présenter la problématique, le cadre théorique et méthodologique, le terrain étudié ainsi que les principaux résultats. Ce résumé est attendu pour le 20 mars 2017 maximum et doit être envoyé à l’adresse suivante : dossierbiodiversiteddt@gmail.com  Dans la mesure du possible, une partie des frais liés à la participation à cet évènement sera prise en charge.  La journée d’études se tiendra le 8 juin 2017 à l’Université Lille 2, Faculté des sciences juridiques et politiques, place Déliot, Lille (métro Porte de Douai).

Calendrier

Date limite de réception des propositions de communication : 20 mars 2017

Annonce des propositions retenues : 5 avril 2017

Envoi du texte de la proposition retenue (format communication et pas nécessairement article – précisions ultérieures à la sélection des propositions) : 25 mai 2017

Journée d’études : 8 juin 2017

Comité d’organisation

  • Clémence Guimont, doctorante en science politique à l’Université Lille 2 (CERAPS UMR 8026) 
  • Rémy Petitimbert, doctorant en science politique à l’Université Lille 2 (CERAPS UMR 8026)
  • Bruno Villalba, professeur des universités en science politique à l’AgroParisTech (CERAPS UMR 8026)

Comité scientifique

  • Valérie Boisvert, professeure ordinaire en économie écologique à l’IGD, UNIL, Lausanne
  • Leslie Carnoye, docteure en économie à l’Université Lille 1 (CLERSE UMR 8019)
  • Denis Couvet, professeur des universités en écologie au Museum national d’Histoire Naturelle (CESCO UMR 7204)
  • Nathalie Frascaria-Lacoste, professeure des universités en écologie à l’AgroParisTech, (ESE UMR 8079)
  • Géraldine Froger, professeure des universités en économie à l’université Toulouse – Jean Jaurès (LEREPS EA 4212)
  • Joana Guerrin, maîtresse de conférences en science politique à l’université de Nîmes (CHROME EA 7352)
  • Caroline Lejeune, post-doctorante en science politique, UNIL, Lausanne

Lieux

  • Lille, France (59)

Dates

  • lundi 20 mars 2017

Fichiers attachés

Mots-clés

  • biodiversité, new public management, néolibéralisme, territoires

Contacts

  • Clémence Guimont
    courriel : dossierbiodiversiteddt [at] gmail [dot] com
  • Rémy Petitimbert
    courriel : remy [dot] petitimbert [at] laposte [dot] net

Source de l'information

  • Clémence Guimont
    courriel : dossierbiodiversiteddt [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Perte de biodiversité, « new public management » et néolibéralisme », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 19 janvier 2017, https://doi.org/10.58079/woi

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