Lecture seriesModern
Subjects
Emancipation
S'émanciper
Ninth spring humanities and social sciences conference
Neuvième printemps des sciences humaines et sociales
Published on Thursday, February 23, 2017
Abstract
La Maison européenne des sciences de l'Homme et de la société (MESHS) place la neuvième édition de son Printemps des sciences humaines et sociales sous une injonction : s’émanciper, et propose une réflexion en tension. Parle-t-on d’une émancipation octroyée - ce qui suppose une asymétrie entre le(s) émancipateur(s) et le(s) émancipé(s), et donc risque de reconduire, sous une forme renouvelée, voire plus subtile, l’ordre oppressif dont il s’agit de s’extraire - ou d’une auto-émancipation - ce qui engage un processus de subjectivation radicalement différent et ouvre l’interaction humaine à l’égalité politique ?
Announcement
Argumentaire
La MESHS place la neuvième édition de son Printemps des sciences humaines et sociales sous une injonction : s’émanciper, et propose une réflexion en tension. Parle-t-on d’une émancipation octroyée - ce qui suppose une asymétrie entre le(s) émancipateur(s) et le(s) émancipé(s), et donc risque de reconduire, sous une forme renouvelée, voire plus subtile, l’ordre oppressif dont il s’agit de s’extraire - ou d’une auto-émancipation - ce qui engage un processus de subjectivation radicalement différent et ouvre l’interaction humaine à l’égalité politique?
L’exploration de cette tension est au cœur de chacune des conférences qui sont ici proposées à la réflexion du public à travers des expériences multiples: les luttes féministes, la mobilisation du concept d’empowerment en santé, l’accès à la visibilité politique des migrants, les nouvelles pratiques sociales où s’expérimentent la construction de communs, l’économie collaborative, le parcours du transclasse, l’arrachement aux oppressions racistes. S’émanciper, c’est d’abord chercher à briser des interdits - à commencer par les interdits disciplinaires dont la transgression est peut-être une condition pour une pensée de l’(auto)émancipation véritable. Mais s’émanciper, c’est surtout se battre pour des droits refusés (droits humains et droits du citoyen, comme la Révolution française l’a déclaré de façon universelle et définitive) et donc partir à la (re)conquête d’une dignité humaine qui, contrairement à ce qu’on a pu croire, n’est jamais acquise définitivement et dont les modalités doivent à chaque fois être réinventées. On pensera tout au long de ce Printemps au superbe essai de La Boétie sur La servitude volontaire et au «sapere aude!» dont Kant fit la devise des Lumières: «Aie le courage de te servir de ton propre entendement!».
Martine Benoit, directrice de la MESHS et Richard Sobel, directeur-adjoint
Cette manifestation est soutenue par le conseil régional Hauts-de-France dans la cadre du CPER ISI-MESHS.
Programme détaillé
mardi 21 mars 2017 | 18h-20h
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Révolution et émancipation
Conférence de Sophie Wahnich, animée par Alain Cambier
La liberté de penser, d’opiner, de voter, conduit en 1789 chaque individu à pouvoir faire pencher la balance politique hors des carcans de la société d’ordre et des inscriptions socio-mentales traditionnelles. L’attachement à la liberté et à l’égalité passe par des processus de subjectivation qui sont autant argumentatifs qu’émotionnels dans les lieux multiples du politique qui s’inventent: les assemblées, la section, la société populaire, la commune, le théâtre, la place, la rue, la queue, la foule, la guinguette. Ce sont alors des manières d’agir et des dispositifs qui permettent d’articuler de nouveaux rôles sociaux dans des stratifications sociales fluides. «Qu’est-ce qu’un homme révolutionnaire?» interroge Saint-Just le 26 germinal an II. Un homme sensible. L’émancipation politique passe par le sensible!
- Sophie Wahnich est historienne, directrice de recherche au CNRS, elle a fait paraître en 2017: Le radeau démocratique, chroniques des temps incertains (Lignes) et La Révolution française n’est pas un mythe (Klincksieck).
- Alain Cambier est docteur en philosophie, chercheur associé au laboratoire Savoirs, textes, langage (STL - CNRS/université de Lille), professeur de chaire supérieure et chargé de cours à Sciences Po Lille. Il a récemment publié Qu’est-ce que la métaphysique? (Vrin) et Questions contemporaines de culture générale (Ellipses).
jeudi 23 mars 2017 | 18h-19h30
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Combattre le racisme aujourd’hui: la présidence Obama à l’épreuve du pouvoir politique
Conférence de Nicolas Martin-Breteau
Les deux mandats de Barack Obama comme président des États-Unis (2009-2017) ont constitué un événement majeur dans l’histoire contemporaine américaine. Pour la première fois, un président considéré comme noir a gouverné un pays dont la société s’est historiquement construite sur l’oppression institutionnalisée de la minorité africaine-américaine. Pourtant, loin de faire entrer le pays dans une ère «post-raciale», la présidence Obama a fait face à une exacerbation des tensions raciales inouïe depuis le Mouvement pour les droits civiques des années 1950 et 1960. Barack Obama a cherché, de façon parfois paradoxale, à répondre à la situation économique et sociale catastrophique des classes populaires noires en s’inspirant de deux traditions de l’histoire africaine-américaine: renverser les préjugés du groupe dominant; réformer les structures de la société englobante. L’expérience politique léguée par ses huit années au pouvoir interroge les formes que peut aujourd’hui prendre l’action politique contre les inégalités de race. La présidence Obama puis l’élection retentissante de Donald Trump posent la question plus générale de l’intersection des luttes minoritaires pour l’égalité, qu’elle soit de race, de classe ou de genre.
Nicolas Martin-Breteau est historien des États-Unis, maître de conférences en civilisation américaine à l’université de Lille. Ses travaux portent sur l’histoire contemporaine des mobilisations politiques africaines-américaines. Il a récemment coordonné avec Audrey Célestine un numéro spécial de Politique américaine (2016) sur les nouvelles formes de mobilisations raciales aux États-Unis, et dans lequel tous deux ont publié un article intitulé «“Un mouvement, pas un moment“: Black Lives Matter et la reconfiguration des luttes minoritaires à l’ère Obama».
vendredi 24 mars 2017 | 18h-20h
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Les tiers-lieux de l’économie collaborative: quel pouvoir d’agir face à la révolution transhumaniste?
Table ronde avec Marie-Christine Bureau, Chris Delepierre, Pierre Trendel, animée par Christine Liefooghe
Le monde de demain sera-t-il celui du smartphone qui évalue notre performance heure par heure en fonction de notre profil Big Data, des drones qui livrent à domicile ce que le frigo a commandé à Amazon, des diagnostics médicaux établis par Watson, le programme d’intelligence artificielle d’IBM? La révolution transhumaniste qui s’annonce et le pouvoir grandissant des Google-Apple-Facebook-Amazon en inquiètent plus d’un. Quelle liberté d’agir nous restera-t-il? La domination des géants du Web californiens s’apparente à une soumission volontaire des citoyens devenus consommateurs, voire «usagers». Mais un autre monde émerge aussi dans les tiers-lieux, des espaces qui rendent à chaque citoyen son pouvoir créatif, sa capacité d’agir pour développer, s’il le souhaite, une économie plus coopérative, durable et solidaire. FabLabs, makerspaces, hackerspaces, coworking spaces autorisent le Do-it-yourself (Fais-le toi-même), l’innovation sociale, le partage des expérimentations en mode opensource, etc. La table ronde donne la parole aux témoins de cette émergence des tiers-lieux dans le monde, en France et à Lille. Nous débattrons ainsi des vertus du bidouillage, de l’apprentissage par expérimentation, du travail collaboratif mais aussi des questions économiques, politiques et sociales que soulèvent les nouvelles formes de travail et le partage de la valeur créée (mouvement des Communs).
- Rodolphe Astori est enseignant agrégé en génie mécanique, en poste au département mécanique de l’école d’ingénieurs universitaire Polytech Lille et coordinateur du fablab de l’école, le Fabricarium.
- Marie-Christine Bureau est sociologue, membre du laboratoire interdisciplinaire de sociologie économique (LISE - CNAM/CNRS). Ses travaux portent en particulier sur les frontières du salariat ainsi que sur de nouvelles formes de travail coopératif. Elle est auteure et co-auteure de plusieurs ouvrages dont Le progrès social. Quoi de neuf depuis la Tour Eiffel? (D’ores et déjà, 2015) et Un salariat au-delà du salariat? (PUN, 2012).
- Chris Delepierre est lauréat de la première édition du tour Ticket for Change, entrepreneur du changement chez tri-D, la Troisième Révolution des Idées & Trézorium, membre du collectif des Cré@ctiv’Acteurs en région.
- Christine Liefooghe est maître de conférences à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de Lille, et membre du laboratoire Territoires, villes, environnement et société (TVES - université de Lille/université du littoral-côte d’Opale). Elle a dirigé récemment deux ouvrages portant sur le rôle de l’économie de la connaissance, de la culture et de la créativité dans le développement des territoires: L’économie créative et ses territoires (PUR, 2015) et avec Dominique Mons et Pierre Paris: Lille, métropole créative ? Nouveaux liens, nouveaux lieux, nouveaux territoires (PUS, 2016).
- Pierre Trendel est contributeur aux Communs lillois, Assemblée et Chambre des Communs, Mutualab.
lundi 27 mars 2017 | 18h-19h30
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Le transclasse, une figure d’émancipation?
Conférence de Chantal Jaquet, animée par Bruno Ambroise
La mobilité sociale apparaît comme une forme de liberté dans la mesure où le transclasse échappe à la condition et au destin de sa classe d’origine en déjouant la loi de la reproduction pour connaître un sort différent. La question se pose de savoir cependant si le transclasse est véritablement une figure d’émancipation et s’il ne risque pas de perdre son âme et de s’aliéner dans le changement de classe en reniant les siens et en servant d’alibi au maintien de l’ordre établi. Comme le faisait valoir Michelet, «le difficile n’est pas de monter, mais en montant de rester soi». Il n’est pas certain que l’on puisse légitimement parler d’ascension sociale et assimiler sans réserve le parcours du transclasse à une espèce d’élévation, de promotion et de conquête de liberté.
En prenant appui sur l’examen de diverses figures de transclasse, il s’agira d’examiner à quelles conditions la mobilité sociale peut être un facteur d’émancipation ou au contraire un frein pour la liberté.
- Chantal Jaquet est philosophe, professeure à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Spécialiste d’histoire de la philosophie moderne (Spinoza, Bacon), de la philosophie du corps, notamment de l’odorat, elle est l’auteure de 25 livres dont Les Transclasses ou la non reproduction (PUF, 2014).
- Bruno Ambroise est philosophe, chargé de recherche au CNRS, directeur-adjoint du centre universitaire de recherche sur l’action publique et le politique - épistémologie et sciences sociales (CURAPP-ESS - CNRS/université de Picardie Jules Verne). Spécialiste de philosophie du langage, il s’intéresse tout particulièrement à l’efficacité du langage et, à ce titre, étudie les conditions sociales et politiques de cette efficacité. Dans ce cadre, il mobilise notamment les œuvres de J. L. Austin et P. Bourdieu.
mardi 28 mars 2017 | 14h-16h30
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Les Communs, nouveau mode d’action collectif ?
Workshop proposé par la ChairESS, avec Christian Mahieu, Maïa Dereva, Simon Sarazin et Stéphanie Bost
Dans des contextes sociaux et politiques différents, en France mais aussi dans de nombreux pays, l’action collective se donne la forme de mobilisations en commun. On parle même d’un mouvement des Communs.
Ainsi, l’action collective, telle qu’elle se développe dans de nombreux contextes actuels, semble adopter explicitement ou implicitement cette voie de la «mise en Communs». Qu’en est-il vraiment? Que faut-il en penser, au moment où de nouvelles formes de pratiques sociales s’expérimentent, exprimées en termes d’innovation sociale, d’alternatives ou même de transition socio-politique?
Ce workshop permettra de contribuer à cette réflexion en s’appuyant sur de nombreuses expérimentations sociales actuelles.
- Stéphanie Bost est coordinatrice de l’association Interphaz.
- Maïa Dereva est contributrice aux Communs et à P2P Foundation.
- Christian Mahieu est sociologue, chercheur au CNRS et secrétaire général de la ChairESS.
- Simon Sarazin est membre du collectif Catalyst, d’Unisson et de la Couroutine.
mercredi 29 mars 2017 | 18h-20h
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Les migrants de Calais: de la clandestinité à la communauté
Entretien avec Sophie Djigo, mené par Daniel de Roulet
Les droits politiques sont l’apanage des citoyens, constitués en peuple au sein des États-nations. Dans ce contexte où les États se définissent par leur territoire et leurs frontières, et les citoyens, par leur appartenance nationale, comment exister en tant que sujet politique lorsqu’on est migrant? Quels droits ont ces individus qui vivent en transit à même les espaces nationaux? Comment se constituer en communauté lorsqu’on est clandestin, sans statut et sans voix ?
- Sophie Djigo, philosophe, professeure au lycée Baudelaire de Roubaix, a écrit La raison vivante (L’improviste, 2013), L’éthique du gangster au cinéma (PUR, 2016) et Les migrants de Calais (Agone, 2016).
- Daniel de Roulet, d’abord architecte puis ingénieur dans l’informatique, s’est consacré ces vingt dernières années à un cycle romanesque constitué de dix romans. Il est par ailleurs l’auteur de récits de voyages, dont Tous les lointains sont bleus (Phébus, 2015), et d’essais critiques, dont Tu n’as rien vu à Fukushima (Buchet Chastel, 2011) et Écrire la mondialité (La Baconnière, 2013).
Entretien précédé à 16h d’une table ronde autour du projet Accueil, migrations et clandestinité, en présence de Mathilde Pette, Aline Valence, Hubert Jayet, Abdelhafid Hammouche, Édouard Leport, sociologues et économistes, Nan Suel de l’association Terre d’Errance et Julien Saison, photographe.
À voir du 27 mars au 6 avril 2017 (espace Baïetto) : expo photos Ceux qui passent, ceux qui restent. Le campement de Norrent-Fontes
lundi 03 avril 2017 | 18h-19h30
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L’empowerment, une pratique émancipatrice?
Conférence de Marie-Hélène Bacqué, animée par Paula Cossart
Face aux limites de notre système démocratique, comment les citoyen(ne)s peuvent-ils construire des alternatives, engager des processus de transformation sociale et d’émancipation ? Comment peut-on redonner place à leur capacité d’initiative? Ce questionnement est à l’origine du succès récent en France de la notion d’empowerment désignant le «pouvoir d’agir» des individus et des groupes. Ce concept a une plus longue histoire dans le monde anglophone et dans les institutions internationales où il s’est diffusé depuis les années 1970. Des mouvements féministes de Nord et du Sud jusqu’aux programmes de la Banque mondiale et de l’ONU, la notion est utilisée dans des interprétations très différentes, aussi bien dans une perspective radicale d’émancipation que pour conforter les visions néolibérales. Quel peut être son apport dans le contexte français? Marie-Hélène Bacqué, en s’appuyant sur un ouvrage publié avec Carole Biewener, professeure d’économie et d’études du genre à Boston, reviendra sur la généalogie de cette notion et sur la façon dont elle l’a mobilisée dans un rapport sur la participation dans la politique de la ville rédigé avec Mohamed Mechmache, dirigeant du collectif ACLEFEU.
- Marie-Hélène Bacqué est professeure d’études urbaines à l’université Paris Nanterre. Ses recherches portent sur la démocratie participative et sur les quartiers populaires en France et en Amérique du nord. Elle est l’auteure, avec Carole Biewener, de L’empowerment, une pratique émancipatrice? (La Découverte, 2012).
- Docteure en science politique, Paula Cossart est maître de conférences en sociologie à l’université de Lille, chercheuse au centre de recherches «individus, épreuves, sociétés» (CeRIES). Ses recherches actuelles portent sur la sociologie historique de la démocratie participative. Elle s’intéresse en particulier à la généalogie des dispositifs délibératifs. Elle a récemment publié avec Julien Talpin: Lutte urbaine. Participation et démocratie d’interpellation à l’Alma-Gare (Le Croquant, 2015).
mardi 04 avril 2017 | 18h-19h30
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Vers une Chine créative: quelle liberté de pensée et d’action créative dans un régime fort ?
Conférence de Christine Liefooghe, animée par Éric Leclerc
La Chine a choisi de participer à la mondialisation capitaliste: elle est devenue «l’atelier du monde». Désormais, la Chine innove et veut devenir le studio créatif de l’économie mondiale. Le ralentissement de la croissance et les défis engendrés par une forte pollution l’exigent et depuis 2006, les plans quinquennaux du gouvernement soutiennent les industries créatives. Des quartiers culturels émergent dans les friches industrielles des villes chinoises, comme les très touristiques M50 de Shanghai ou 798 Art Zone de Pékin. Shenzhen, ville construite par et pour l’industrie d’exportation, est depuis 2009 «Ville Unesco du design» et Shanghai aménage un quartier de la mode pour concurrencer Paris, Londres ou New York. Pour un Occidental, imaginer des Chinois créatifs dans un régime politique fort qui limite la liberté d’expression relève du paradoxe. Si les autorités souhaitent «libérer le gène créatif» du peuple, quelle liberté est accordée aux artistes? Dissidence et création artistique font-elles bon ménage avec la «bonne créativité» à laquelle aspire le Parti Communiste Chinois? L’économie culturelle et créative «à la chinoise» est-elle le cheval de Troie de l’émancipation politique ou une nouvelle forme de domination des consciences?
- Christine Liefooghe est maître de conférences à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de Lille, et membre du laboratoire Territoires, villes, environnement et société (TVES - université de Lille/université du littoral-côte d’Opale). Elle a dirigé récemment deux ouvrages portant sur le rôle de l’économie de la connaissance, de la culture et de la créativité dans le développement des territoires: L’économie créative et ses territoires (PUR, 2015) et avec Dominique Mons et Pierre Paris: Lille, métropole créative ? Nouveaux liens, nouveaux lieux, nouveaux territoires (PUS, 2016).
- Éric Leclerc, professeur de géographie à l’université de Lille, est un spécialiste des mobilités des migrants hautement qualifiés (informaticiens indiens). Ses recherches ont porté également sur l’utilisation d’Internet par la diaspora indienne, des travaux qui interrogent les représentations du cyberespace ainsi que les méthodes des humanités numériques.
jeudi 06 avril 2017 | 14h-16h30
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Le concept d’empowerment en santé
Rencontre proposée par l’espace éthique hospitalier et universitaire (EEHU) de Lille, avec Nathalie Assez et Véronique Brunaud-Danel, modérée par François-René Pruvot
Médecine participative, patient compétent, patient expert, autonomisation, éducation thérapeutique, «self management» ou encore «empowerment»... De quoi parlons-nous? S’agit-il de nouveaux faits ou de réalités renommées? L’empowerment est-il un concept pour lui-même? Une idée économiquement intéressante ? Une réponse utile pour le patient?
L’empowerment est défini comme un processus par lequel une personne malade, au départ d’une situation ou d’un sentiment d’impuissance, augmente sa capacité à identifier et satisfaire ses besoins, à résoudre ses problèmes et mobiliser ses ressources, de manière à avoir le sentiment de contrôler sa propre vie. Les soignants peuvent-ils contribuer à cette forme d’autonomisation des patients? Dans quelles mesures? Quel est le poids des protocoles de soins sur le ressenti des patients, en termes de choix, de maîtrise, d’identité?
L’idée louable du «patient-sujet» transforme-t-elle impérativement toute personne malade en acteur de sa propre santé, avec une responsabilité de fait et par conséquent étendue? Qu’est-ce qui rend légitime cette idée? Quels écueils risque-t-elle de rencontrer?
Empowerment rime-t-il forcément avec liberté? Efface-t-il l’implacable fossé entre le soigné et le soignant? Gomme-t-il la dimension de secours du soin? Qu’en est-il de la vulnérabilité et de la fragilité? Que partage-t-on: le pouvoir ou l’impuissance? Quels sont les enjeux éthiques de ce concept difficilement traduisible: pour les soignés, pour le soignants, pour la relation soignant-soigné?
Deux intervenantes, diplômées en éthique et membre de l’EEHU, proposeront des éléments de réponse.
- Nathalie Assez est médecin urgentiste au SAMU-SMUR du CHRU de Lille. Elle apportera une définition du concept et abordera notamment l’empowerment comme un enjeu de l’éducation thérapeutique chez les patients atteints de maladie chronique, depuis l’acceptation du diagnostic jusqu’aux moments de crise.
- Véronique Brunaud-Danel est médecin neurologue au centre SLA du CHRU de Lille. Elle interrogera plus particulièrement les mesures et les limites d’un tel processus à partir de son expérience avec les patients atteints de maladie neurodégénérative comme la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot).
- François-René Pruvot est chirurgien au CHRU de Lille, président de la Commission médicale d’établissement et coordonnateur de l’espace éthique hospitalier universitaire de Lille (EEHU).
jeudi 06 avril 2017 | 18h-19h30
Espace Baietto | 2 rue des Canonniers - Lille
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Le collectif de l’émancipation. Trouver le "nous" des luttes féministes
Conférence d’Estelle Ferrarese, animée par Mariella Palmieri
Si dans la plupart des luttes politiques et sociales la question du sujet collectif qui les porte - la question du «nous» - va de soi, les discours comme les théories féministes sont régulièrement hantées par l’absence de ce «nous».
C’est le problème par lequel Simone de Beauvoir commençait Le Deuxième Sexe, écrivant que «les femmes ne se posent pas authentiquement comme Sujet […] C’est qu’elles n’ont pas les moyens concrets de se rassembler en une communauté qui se poserait en s’opposant. Elles n’ont pas de passé, d’histoire, de religion qui leur soit propre; elles n’ont pas comme les prolétaires une solidarité de travail et d’intérêts».
C’est aussi le problème que soulevait le black feminism en dénonçant l’idée de sororité comme une invention des femmes blanches, porteuse d’oppression. Il s’agira donc de penser l’émancipation dans une telle configuration.
- Estelle Ferrarese est professeure de philosophie morale et politique à l’université de Picardie Jules Verne. Elle a été professeure invitée à la New School for Social Research à New York et fellow de la Alexander von Humboldt-Stiftung à Berlin. Ses travaux portent sur la démocratie, la Théorie critique, et le féminisme.
- Mariella Palmieri est philosophe, chercheuse associée au centre universitaire de recherche sur l’action publique et le politique- épistémologie et sciences sociales (CURAPP-ESS - CNRS/université de Picardie Jules Verne). Ses recherches portent sur la théorie de la subjectivité, le rapport entre la morale et le politique, la critique et théorie féministe.
Subjects
- Modern (Main category)
Places
- Faculté de médecine de l'université de Lille - pôle recherche (salle du conseil) - 1 place de Verdun
Lille, France (59)
Date(s)
- Tuesday, March 21, 2017
- Thursday, March 23, 2017
- Friday, March 24, 2017
- Monday, March 27, 2017
- Tuesday, March 28, 2017
- Wednesday, March 29, 2017
- Monday, April 03, 2017
- Tuesday, April 04, 2017
- Thursday, April 06, 2017
Attached files
Keywords
- philosophie, histoire, droit, éthique, numérique, groupes, sociologie, santé, féminisme, communauté, racisme, émancipation, Chine, révolution
Contact(s)
- Constance Bienaimé
courriel : mediation [at] meshs [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Amandine Briffaut
courriel : amandine [dot] briffaut [at] meshs [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Emancipation », Lecture series, Calenda, Published on Thursday, February 23, 2017, https://doi.org/10.58079/x1i