HomePresidential destitution in Brazil - call for contributions for the 2018/1 issue of Lusotopie journal

Presidential destitution in Brazil - call for contributions for the 2018/1 issue of Lusotopie journal

Destitutions présidentielles au Brésil

Appel à contribution pour le numéro 2018/1 de la revue « Lusotopie »

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Published on Friday, April 21, 2017

Abstract

Ce numéro entend retracer les processus qui mènent à une destitution présidentielle au Brésil, en particulier celle de Dilma Rousseff, en articulant les jeux et enjeux internes au champ politique et aux dynamiques sociétales. Si chacun de ces facteurs peut être étudié pour lui-même, c'est bien leur combinaison qu'il s'agira d'explorer afin de dépasser les analyses internalistes du champ politique ou les seules études des mobilisations sociales.

Announcement

Coordinateurs

  • Camille Goirand (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, IHEAL),
  • Fréderic Louault (Université Libre de Bruxelles)
  • Marie-Hélène Sa Vilas Boas (Université Nice-Sophia-Antipolis).

Argumentaire

Célébré hier comme un géant économique en devenir, une démocratie stabilisée et une société de classe moyenne émergente, le Brésil semble aujourd'hui enlisé dans une crise économique et politique majeure. La destitution de Dilma Rousseff durant l'été 2016, et sa substitution par le vice-Président, Michel Temer, ont été interprétées par certains comme un « coup d’État institutionnel » et par d'autres comme une réponse à des actes de corruption graves. La mise en examen consécutive d'élus ayant soutenu la destitution au nom de la probité publique a nourri une division, au sein des sociétés politique et civile brésiliennes, quant au sens à attribuer à la procédure. En effet, parallèlement aux mobilisations d'élus de l'opposition et de groupes sociaux favorables à la destitution de l'ex-Présidente au nom de la transparence, des manifestations se sont tenues dans l'ensemble du pays pour contester un processus vu comme une tentative de prise de pouvoir non démocratique par la droite brésilienne. Enfin, la polarisation du champ politique et de l'espace social est allée de pair avec une judiciarisation croissante de la politique et inversement, d'une politisation du pouvoir judiciaire [Engelmann, 2016].

Si le départ anticipé d'un Président n'est pas rare depuis la vague de démocratisation des pays latino-américains - on compte 18 interruptions de mandats sur la période 1985- 2008 [Marsteintredet, 2008] - ce phénomène a rarement reposé sur l'intervention des forces armées et ne s'est pas accompagné de changements de régimes. Les processus qui ont mené à une interruption de mandat présidentiel sont variés. Dans certains cas, le départ d'un Président a relevé de sa propre initiative dans un contexte de crise, à l'image de Carlos Mesa en Bolivie ; dans d'autres, il a résulté d'actes contrevenant aux normes démocratiques, à l'instar du renversement du Président équatorien Jamil Mahuad par l'armée ; enfin, l'interruption présidentielle a parfois découlé d'une procédure constitutionnelle. Le départ de Fernando Collor en 1992 au Brésil entre dans ce troisième type [Aníbal Peréz Liñán, 2008].

Ces processus peuvent néanmoins s'interpénétrer. Aussi, l'interruption du mandat présidentiel de Dilma Rousseff a-t-elle reposé à la fois sur une procédure constitutionnelle et sur  une intervention du législatif dont les assises légales et démocratiques restent débattues. En retraçant le processus de destitution de Dilma Rousseff, l'ambition de ce numéro est de saisir l’enchevêtrement entre les dynamiques plurielles qui ont mené et justifié la fin de son mandat.

Les travaux consacrés aux interruptions de mandat ont pointé trois facteurs pour appréhender ce phénomène. En premier lieu, certains auteurs mettent l'accent sur la faiblesse du « leadership » présidentiel, cette notion étant entendue soit sous un angle individuel et désigne les défaillances d'un chef de l'Etat [Skidmore, 1998], soit de manière relationnelle et fait référence à l'érosion de ses soutiens au sein du Congrès et de la société civile [Ollier, 1998].

En second lieu, la littérature souligne l'influence des systèmes partisans et électoraux dans les processus d'interruption d'un mandat présidentiel. Si l'instabilité intrinsèque des régimes présidentiels ne semble pas vérifiée [Linz, 1990 ; Linz et Valenzuela, 1994], la combinaison du présidentialisme et du multipartisme enlève au chef de l’État toute garantie de majorité parlementaire [Mainwaring, 2003]. L'interruption d'un mandat présidentiel est, dans cette perspective, plus probable lorsque la coalition gouvernante est minoritaire au sein du Congrès. Reposant sur un système proportionnel et un multipartisme fragmenté, le régime politique brésilien est considéré par certains comme un exemple paradigmatique des difficultés que peut rencontrer un Président pour construire et stabiliser une majorité parlementaire [Abranches, 1988]. Dans cette perspective, la destitution de Collor en 1992 a été expliquée par les profits, statutaires et électoraux, que les élus espéraient en tirer. Tant en 1992 qu’en 2016, c’est devant les télévisions nationales, donc sous l’œil de ses électeurs, que chaque parlementaire a déclaré comment il voterait et pour quelle raison [Monclaire, 1994 ; Banck, 1994].

Ces deux premiers facteurs, souvent combinés, mettent donc l'accent sur les dynamiques propres au champ politique mais négligent l'influence d'acteurs et d'organisations extérieurs aux institutions politiques [Sallum et Casarões, 2011].

Une dernière perspective interroge l'influence des dynamiques sociétales sur l'interruption des mandats présidentiels. La mobilisation de groupes sociaux, opposés au gouvernement et défavorisés par les mesures prises par les exécutifs, est corrélée à la popularité d'un Président et la légitimité dont il jouit. Kathryn Hotchlester [2008] montre que les mobilisations contestataires ont joué un rôle de premier plan dans le départ prématuré de Présidents dans plusieurs pays d'Amérique latine. Ces actions collectives peuvent également être rapportées aux évolutions socio-économiques qui traversent les pays étudiés. Dans un essai rédigé « à chaud » sur la destitution de Dilma Rousseff, Marco Aurélio Nogueira [2016] souligne que les classes moyennes supérieures ont peu bénéficié de l'ensemble des réformes des gouvernements du PT, davantage orientées vers les plus aisées et les plus démunies, ce qui a nourri les mobilisations à l'encontre de la Présidente et du PT dans son ensemble.

Ce numéro entend retracer les processus qui mènent à une destitution présidentielle au Brésil, en particulier celle de Dilma Rousseff, en articulant les jeux et enjeux internes au champ politique et aux dynamiques sociétales. Si chacun de ces facteurs peut être étudié pour lui-même, c'est bien leur combinaison qu'il s'agira d'explorer afin de dépasser les analyses internalistes du champ politique ou les seules études des mobilisations sociales. Ce numéro vise également à intégrer dans l'analyse un acteur peu étudié dans la littérature relative aux interruptions de mandat présidentiel, le système judiciaire, dont l'activité d'interprétation des normes constitutionnelles et d'encadrement du dicible et de l'indicible durant la procédure de destitution de Dilma Rousseff a été fondamental.

Enfin, si la destitution peut être envisagée comme un « révélateur » des espaces positionnels et des rapports de force entre acteurs, elle est également à l'origine de transformations. Comme l'objet « scandale » étudié par Damien de Blic et Cyril Lemieux [2005], la destitution peut être envisagée comme un momentinstituant, menant à des repositionnements, à une redistribution des cartes institutionnelles et à une redéfinition des normes de comportement légitimes. C'est donc en articulant une double perspective, la destitution comme révélateur des enjeux et conflits au sein du champ politique et de l'espace social, d'une part, puis comme période de transformation, d'autre part, que ce numéro compte aborder la situation politique au Brésil aujourd'hui.

Les approches comparatives, mettant en miroir le cas brésilien avec des expériences d'interruption de mandat présidentiel dans d'autres pays, sont bienvenues. Nous invitons également les auteurs à présenter des travaux qui mobilisent une perspective historique et inscrivent dans le temps long la situation politique brésilienne actuelle.

Modalités de soumission

Les auteurs souhaitant proposer un article sont invités à envoyer un résumé de 3000 signes maximum

avant le 15 mai 2017

à lusotopiebresil@gmail.com.

Si le résumé est retenu, les articles complets sont attendus pour le 10 décembre 2017.

La revue Lusotopie publie des articles en français, portugais et anglais.


Date(s)

  • Monday, May 15, 2017

Attached files

Keywords

  • destitution, Amérique latine, mouvement social

Contact(s)

  • Marie-hélène Sa Vilas Boas
    courriel : msavilas [at] hotmail [dot] com

Reference Urls

Information source

  • Marie-hélène Sa Vilas Boas
    courriel : msavilas [at] hotmail [dot] com

License

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To cite this announcement

« Presidential destitution in Brazil - call for contributions for the 2018/1 issue of Lusotopie journal », Call for papers, Calenda, Published on Friday, April 21, 2017, https://doi.org/10.58079/xgv

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