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Genre, sexualité et prise de parole

Gender, sexuality and speech

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Publié le jeudi 29 juin 2017

Résumé

Du célèbre triptyque exit / voice / loyalty proposé par Hirschman (1970), traduit en français par défection/prise de parole/loyauté, c’est la prise de parole qui a inspiré le plus de développements selon Bennani-Chraïbi (2009). Rien qu’en sciences sociales, cette prise de parole, a, en effet, pu être caractérisée de « verticale » vs « horizontale » selon le régime politique dans lequel elle s’inscrit - démocratique ou autoritaire (O’Donnel, 1986) ; d’« interne » vs « externe » selon qu’elle se mêle à de la loyauté ou à de la défection et fait appel, ce faisant, à l’opinion publique (Politix, 1995) ; de « standardisée » et « impersonnelle » vs « de proximité » en fonction de la distance et des filtres organisationnels qui séparent son émetteur·trice et sa cible (Barraud de Lagerie, 2006) ; ou perçue par les acteurs·trices mêmes comme “profane” vs “experte” selon la position de son émetteur·trice dans les rapports sociaux de classe, de race et/ou de genre (Spivak, 1988 ; Le Caroff, 2015).

Annonce

Les doctorant-e-s du Laboratoire d'Études de Genre et sexualité (LEGS)

Première UMR interdisciplinaire dédiée aux études de genre et de sexualité en France, le LEGS a été créé en 2014 à l’initiative de l’INSHS, sur proposition de l’université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, et avec l’université Paris Ouest Nanterre. Il compte une quarantaine de doctorant-e-s travaillant dans une perspective interdisciplinaire : littérature, sociologie, anthropologie, science politique, géographie, etc.

Argumentaire

Du célèbre triptyque exit/voice/loyalty proposé par Hirschman (1970), traduit en français par défection/prise de parole/loyauté, c’est la prise de parole qui a inspiré le plus de développements selon Bennani-Chraïbi (2009). Rien qu’en sciences sociales, cette prise de parole, a, en effet, pu être caractérisée de « verticale » vs « horizontale » selon le régime politique dans lequel elle s’inscrit - démocratique ou autoritaire (O’Donnel, 1986) ; d’« interne » vs « externe » selon qu’elle se mêle à de la loyauté ou à de la défection et fait appel, ce faisant, à l’opinion publique (Politix, 1995) ; de « standardisée » et « impersonnelle » vs « de proximité » en fonction de la distance et des filtres organisationnels qui séparent son émetteur-trice et sa cible (Barraud de Lagerie, 2006); ou perçue par les acteurs-trices mêmes comme “profane” vs “experte” selon la position de son émetteur-trice dans les rapports sociaux de classe, de race et/ou de genre (Spivak, 1988 ; Le Caroff, 2015).

Les usages de cette notion dépassent, cependant, les seules sciences sociales. On peut, d’ailleurs, l’étendre à la communication non-verbale et, plus généralement, à l’expressivité corporelle qu’elle soit intentionnelle ou non, à la performance artistique, à l’intervention littéraire, etc. (par ex. Cixous 1975). Il convient alors d’interroger la possible correspondance entre “prise de parole” et “expression artistique”, et de questionner la pertinence de cette notion comme outil dans le cadre de l’analyse des oeuvres. On peut par ailleurs interroger cette notion dans ses liens avec l’action qui vise à briser des silences et rendre visible des normes liées au genre et sexualité (Lorde 1978).

Associer aux questions de genre et de sexualité la notion de prise de parole devrait permettre d’aborder au sein de ce colloque un large spectre de problématiques. Selon notamment que l’on prend le « de » au sens objectif ou subjectif du génitif, et si on se limite pour l’exemple au seul genre, on peut ainsi s’atteler à interroger tout autant le genre de la prise de parole (West & Zimmermann, 2000; Dulong & Matonti 2007) que les prises de parole dans l’espace des causes liées au genre (Bereni 2012, Paternotte & Kuhar, 2017). Ce faisant, on s’aperçoit que cette association remet au travail la distinction traditionnelle entre la « langue », au sens de la structuration d’un système symbolique et la « parole » au sens de ses usages singuliers en contexte (Yaguello, 1978; Spender, 1980).

Modalités pratiques d'envoi des propositions 

La date de réception des propositions est fixée au

31 août 2017.

Les propositions d’environ 500 mots, accompagnées d’une note biographique doivent être envoyées à josselintricou@gmail.com et caseau.annececile@gmail.com. Une réponse d’acceptation ou de refus sera retournée à la fin octobre afin qu’avec les participant-e-s déjà identifié-e-s au sein du LEGS soit planifiée le colloque qui se déroulera dans le cadre de la 8e édition du Congrès international des recherches féministes dans la francophonie (CIRFF) à Paris, du 27 au 31 août 2018. 

Coordination scientifique

  • Josselin Tricou
  • Anne-Cécile Caseau,

La sélection des propositions se fera par les doctorant-e-s du LEGS

Bibliographie

  • Pauline Barraud de Lagerie, « Quel consumérisme politique pour promouvoir la responsabilité sociale des entreprises », Gestion, 2006, vol.31, n°2, p. 119-124.
  • Mounia Bennani-Chraïbi, « Exit, voice, loyalty », in: Dictionnaire des mouvements sociaux. Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.), 2009, p. 228-235.
  • Laure Bereni, “Penser la transversalité des mobilisations féministes : l’espace de la cause des femmes”, in: Christine Bard. Les féministes de la 2ème vague, Presses universitaires de Rennes, 2012, p.27-41,
  • Hélène Cixous, Le rire de la Méduse (1975), in Le rire de la Méduse et autres ironies, Galilée, 2010.
  • Delphine Dulong et Frédérique Matonti, “Comment devenir un(e) professionnel(le) de la politique? L’apprentissage des rôles au Conseil régional d’Ile-de-France”, Sociétés & Représentations, 2007, vol. 2, n°24, p.251-267
  • Albert O. Hirschman, Exit, Voice, and Loyalty: Responses to Decline in Firms, Organizations, and States, Harvard University Press, 1970.
  • Coralie Le Caroff. « Le genre et la prise de parole politique sur Facebook », Participations, vol. 12, n° 2, 2015, pp. 109-137.
  • Audre Lorde "The Transformation of Silence into Language and Action", in Sinister Wisdom 6 (1978), repris in The Cancer Journals, Spinsters, Ink, San Francisco, 1980 (disponible : https://www.csusm.edu/sjs/documents/silenceintoaction.pdf)
  • Guillermo O’Donnel , « On the Convergence of Hirschman’s Exit, Voice and Loyalty and Shifting Involvements », in: Alejandro Foxley et al. (eds), Development, Democracy and the Art of Trepassing : Essays in Honor of A. Hirschman, Notre Dame (Ind.), University of Notre Dame Press, 1986.
  • David Paternotte et Roman Kuhar (Dir.), Anti-Gender Campaigns in Europe. Mobilizing against Equality, Rowman & Littlefield, 2017
  • Dale Spender, Man made language, Routledge & Kegan Paul, 1980
  • Marina Yaguello, Les mots et les femmes, Petite Bibliothèque Payot, [1978] 2006
  • Gayatri Chakravorty Spivak, « Can the Subaltern Speak ? », in Cary Nelson,Lawrence Grossberg (ed.), Marxism and the Interpretation of Culture, Chicago, University of Illinois Press, 1988, p.271-313. (Les Subalternes peuvent-illes parler ?, traduction française de Jérôme Vidal, Éditions Amsterdam, 2006).
  • Candace West & Don H. Zimmerman, « Genre, langage et conversation ». In: Réseaux, volume 18, n°103, 2000. Le sexe au téléphone. p. 183-213

Catégories

Lieux

  • Nanterre, France (92)

Dates

  • jeudi 31 août 2017

Mots-clés

  • genre, sexualité, prise de parole

Source de l'information

  • Josselin Tricou
    courriel : josselintricou [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Genre, sexualité et prise de parole », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 29 juin 2017, https://doi.org/10.58079/y0f

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