Colloque international, Paris, 21-23 mars 2019
Organisateurs
- Isabelle Davion (Université Paris-Sorbonne, SIRICE, EHNE)
- Stanislas Jeannesson (Université de Nantes, CRHIA, EHNE)
Argumentaire
L’historiographie des traités qui mirent fin à la Grande Guerre a depuis une trentaine d’années considérablement évolué et nul ne songerait aujourd’hui à soutenir, du moins de façon lapidaire, que Versailles a conduit tout droit à la Seconde Guerre mondiale. On s’accorde de plus en plus à penser que l’œuvre de Versailles, certes imparfaite – ce dont les négociateurs avaient d’ailleurs parfaitement conscience –, constituait une tentative de reconstruction du système international, au-delà même du simple continent européen, à partir d’un certain nombre de principes et de valeurs partagées, dont on ne peut nier l’ambition ni le caractère profondément novateur. Le centenaire de 2019 fournit l’occasion, une nouvelle fois, de revenir sur des traités qui ne se contentèrent pas de procéder au règlement de la guerre mais qui ouvrirent une page décisive de l’histoire des relations internationales contemporaines.
Ce colloque, organisé en partenariat avec le LabEx EHNE (Écrire une histoire nouvelle de l’Europe), l’UMR SIRICE (Sorbonne-Identités, relations internationales et civilisations de l'Europe) et le CRHIA (Centre de recherches en histoire internationale et atlantique), compte s’appuyer sur les apports des différentes historiographies nationales et de leurs récents renouvellements, pour les faire se rencontrer avec un triple objectif :
- considérer comme un tout, de façon globale, l’ensemble des traités qui de 1918 à 1923, de Brest-Litovsk à Lausanne, en passant par les traités signés par la conférence de la Paix mais aussi celui de Riga, mettent un terme à une guerre qui, pour nombre de peuples d’Europe orientale et du Moyen-Orient, se prolonge sous diverses formes bien au-delà de 1918. Nous devons sur ce point nous affranchir d’une chronologie par trop occidentalo-centrée qui verrait l’issue du conflit dans la conférence de Paris et les règlements frontaliers européens.
- envisager l’espace composé du continent européen et de l’ancien empire ottoman, de l’Atlantique à l’Oural et au Caucase, de la mer Baltique au Golfe arabo-persique, dans une continuité géostratégique, afin de décloisonner les historiographies et de les affranchir du prisme national, autant que faire se peut. L’objectif est de faire émerger des problématiques collectives, voire transnationales, par-delà les traditions historiographiques très différentes, si ce n’est conflictuelles, propres aux pays d’Europe occidentale et d’Europe centre-orientale, ou aux pays vainqueurs, vaincus et neutres.
- interroger les premières années d’application des traités, décisives en ce qu’elles confrontent les principes à l’épreuve du terrain, jusqu’à la première remise en cause que constitue le traité de Lausanne du 24 juillet 1923, et même au-delà. Les traités, qui sont autant de créations continues, renferment en effet plusieurs dispositions qui prévoient une mise en œuvre progressive, susceptible d’évoluer au gré des circonstances et des volontés politiques, tant sur le plan territorial (les plébiscites) que militaire (les régimes d’occupation), économique (la définition de la nature et du montant des réparations), international et juridique (la question des minorités, le système des mandats, l’entrée en vigueur de la SDN). Il nous paraît indispensable de lier l’étude des traités à ces prolongements naturels, lesquels engagent autant la responsabilité des grandes puissances que des États successeurs, des vainqueurs que des vaincus.
Axes thématiques
C’est dans ces perspectives que nous souhaitons orienter les problématiques du colloque selon trois grands axes, qui pourront fournir matière aux contributions des intervenants :
- La question des notions et des principes qui sous-tendent les traités sur la période 1918-1923. Nous proposons de mettre en lumière quatre éléments qui nous semblent fondamentaux : le droit des peuples et le statut des minorités ; la notion de frontière juste, impliquant la pratique du plébiscite ; la question centrale des responsabilités dans les origines du conflit ; la notion même de réparations, dans toutes les acceptions du terme, sur le plan moral comme financier. Dans quelle mesure, sur chacun de ces points, les traités se répondent-ils pour susciter analogies et corrélations ? Peut-on réellement considérer ces traités comme un édifice homogène, juridiquement et politiquement parlant, à l’échelle de l’Europe et du monde, ou faut-il, au contraire, continuer de privilégier les approches et les spécificités nationales ? Comment par exemple la notion européenne de minorité trouve-t-elle à s’insérer dans la logique universelle de la SDN ?
- La réception de ces traités, dans l’ensemble de l’Europe et de l’empire ottoman, mais aussi dans les mondes coloniaux et le continent américain. Nous privilégierons sur ce point les réflexions portant sur plusieurs pays ou sur des acteurs et phénomènes transnationaux, de façon à dépasser les nombreuses études déjà réalisées dans le cadre de chaque État et à contribuer à écrire une histoire globale des traités de paix. Comment entre-t-on en paix ? Quelle place revêt dans le processus, la période qui court de la signature de l’armistice à celle du traité ? Quel rôle jouent les groupes de pression, tant dans un cadre national (anciens combattants, intérêts économiques…) que transnational (mouvements féministes, organisations ouvrières, associations pro-SDN…) ? Comment les espoirs suscités par le wilsonisme se heurtent-ils aux réalités des traités ? Quel écho rencontrent les jugements critiques qui, dans tous les pays, s’abattent sur les traités ? La chronologie pourra également être interrogée pour mettre en lumière l’importance de la signature des traités dans le processus d’entrée en paix.
- L’application immédiate des traités, dans les premières années qui suivent leur signature, qu’il est nécessaire, nous semble-t-il, d’envisager à différentes échelles et à différents moments. On pourra étudier, sur le terrain, les conditions dans lesquelles s’élaborent et se déroulent les plébiscites, comme, à l’échelle de la SDN, s’attarder sur la mise en œuvre du nouvel ordre international. Le rôle joué par les acteurs, diplomates, militaires, juristes, experts, ONG, fera l’objet d’une attention particulière, de même que les interactions entre acteurs locaux, nationaux et internationaux. Il faudra enfin poser la question de la solidarité entre les vainqueurs, à l’Ouest comme à l’Est, chargés de l’application des traités : l’échec final de ces traités peut-il s’expliquer, du moins partiellement, par la démission collective des anciens alliés, confrontés aux responsabilités qu’impose le fait de gagner une guerre ?
Modalités pratiques d'envoi des propositions
Les propositions de communication doivent être envoyées
avant le 15 avril 2018
à l’adresse suivante : paix.paris2019@free.fr. Elles ne devront pas excéder une page et seront accompagnées d’un court CV. Les communications pourront être faites en français ou en anglais. Le colloque donnera lieu à une publication. Les frais de transport et d’hébergement des intervenants sont pris en charge.
Comité d’honneur
- Michel Catala, université de Nantes
- Olivier Dard, université Paris-Sorbonne
- Robert Frank, université Paris I Panthéon-Sorbonne
- Margaret MacMillan, Université d’Oxford
- Hervé Magro, directeur des Archives diplomatiques
- Antoine Marès, université Paris I Panthéon-Sorbonne
- Marie-Pierre Rey, université Paris I Panthéon-Sorbonne
- Tomasz Schramm, université Adam Mickiewicz, Poznań
Comité scientifique
- Balázs Ablonczy, université Loránd Eötvös, Budapest
- Étienne Boisserie, INALCO
- Corine Defrance, CNRS
- Frédéric Dessberg, université Paris I Panthéon-Sorbonne /Saint-Cyr
- Sabine Dullin, Sciences Po Paris
- Frédéric Guelton, Service historique de la Défense
- Jean-Michel Guieu, université Paris I Panthéon-Sorbonne
- John Horne, Trinity College, Dublin
- Ross Kennedy, Illinois State University
- Henry Laurens, Collège de France
- Marcus Payk, Humboldt Universität
- Georges-Henri Soutou, université Paris-Sorbonne
- Florin Ţurcanu, université de Bucarest
International Conference, Paris, 21-23 March 2019
Organisers
- Isabelle Davion (Paris-Sorbonne University, SIRICE, EHNE)
- Stanislas Jeannesson (University of Nantes, CRHIA, EHNE)
Argument
The historiography of the post-WW1 treaties has evolved significantly in the last 30 years: there is now a general agreement that this less-than-perfect work represented a sincere attempt to rebuild an international system which would apply a number of shared principles and values. The 2019 centennial provides an opportunity to reconsider these treaties which opened a new chapter in the history of international relations.
The conference will be organised in partnership with the Center of Excellence Labex EHNE (Writing a new History of Europe: http://labex-ehne.fr/en/) and the joint research groups SIRICE (Sorbonne-Identities, International Relations and Civilizations of Europe: http://www.sirice.eu/) and CRHIA (Centre de recherches en histoire internationale et atlantique). This project aims to:
- examine the treaties which were signed between 1918 and 1923 – from Brest-Litovsk to Lausanne- as a whole, in a global perspective, and thus, get away from a “Western-centered” chronology.
- decompartmentalize the national historiographies and reveal collective approaches, even transnational ones.
- consider how the treaties were enforced during the first years of their practical application : during this decisive phase which takes us to the signature of the Lausanne treaty and even beyond, the principles set by the Peacemakers had to be applied in the light of realities on the ground. The treaties contain provisions which allow progressive implementation and adjustments in various fields : territorial (plebiscites), military (occupation regimes), economic (definition of the reparations nature and amount), legal (question of minorities in East-central Europe and Middle East, mandate system, experts, League of Nations)… They were a work in progress, in which Great Powers and Successor states, victorious and vanquished belligerents had equal responsibilities.
Main themes
From this broad perspective, we would like to set out three main lines of discussion that provide a basis for proposals for papers to the conference:
- Notions and principles which underpin the 1918-1923 treaties, and amongst them: selfdetermination and minority status; the idea of a legitimate frontier; the question of responsibilities; moral and financial reparations. In each case, how and to what extent do the treaties reach agreements on these issues? Can we regard them as a consistent structure or should we still highlight national specificities? Or how the European notion of « minority » is applicable in the League of Nations universal logic?
- The treaties reception in Europe and former Ottoman Empire, as well as in colonial territories and the United States. We intend to favour multinational and transnational proposals in order to avoid case studies and to contribute to a global history of the Peace treaties. What does it mean to make peace? How do people manage the period which runs from the armistice to the treaty? How do hopes raised by Wilsonism respond to the actual content of the treaties?
- The enforcement of the treaties, during the years immediately following their signing. In an approach at various scales and at various moments, we would like to observe the conditions which accompany the organisation of a plebiscite, as well as the conditions which accompany the implementation of the new international order in Geneva. Old and new actors such as diplomats, officers, lawyers, experts, NGO, will receive particular attention. The question of the solidarity –or rather the lack of it‒ among the Peacemakers and victorious nations who were in charge of the treaties enforcement will be looked at: was the eventual failure of these treaties due –at least partially‒ to the collective resignation of the former allies when confronted with responsibilities involved in victory?
Submission guidelines
Paper proposals, in French or in English, are to be sent to the conference organisers
by April 15 2018.
A publication is planned.
To apply, please send a 250 word abstract of the proposed paper, together with a short CV, to: paix.paris2019@free.fr. Travel costs as well as accommodation will be paid for by the organisers.
Honorary Committee
- Michel Catala, University of Nantes
- Olivier Dard, Paris-Sorbonne University
- Robert Frank, Panthéon-Sorbonne University
- Margaret MacMillan, University of Oxford
- Hervé Magro, Head of the Diplomatic Archives, Paris
- Antoine Marès, Panthéon-Sorbonne University
- Marie-Pierre Rey, Panthéon-Sorbonne University
- Tomasz Schramm, Adam Mickiewicz University, Poznań
Scientific Committee
- Balázs Ablonczy, Eötvös Loránd University
- Étienne Boisserie, INALCO
- Corine Defrance, CNRS
- Frédéric Dessberg, Panthéon-Sorbonne University / Saint-Cyr Military Academy
- Sabine Dullin, Sciences Po
- Frédéric Guelton, History Office of the French Ministry of Defense
- Jean-Michel Guieu, Panthéon-Sorbonne University
- John Horne, Trinity College, Dublin
- Ross Kennedy, Illinois State University
- Henry Laurens, Collège de France
- Marcus Payk, Humboldt Universität
- Georges-Henri Soutou, Paris-Sorbonne University
- Florin Ţurcanu, University of Bucarest