AccueilLes effets de l'accompagnement social des publics des et par les Caisses d'allocations familiales (Caf)

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Les effets de l'accompagnement social des publics des et par les Caisses d'allocations familiales (Caf)

Assisting the public and its effects - the role of the French family benefits organisation (Caf)

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Publié le mercredi 20 décembre 2017

Résumé

La Caisse nationale des Allocations familiales lance un appel à propositions de recherche sur les effets de l’accompagnement social des publics des et par les Caf. Deux axes principaux et deux axes transversaux structurent cet appel. Les axes principaux sont les effets attendus par les accompagnant·e·s et par les accompagné·e·s ; les effets réels objectivés. Les axes transversaux sont l'appréhension de la situation de l’accompagné·e dans sa globalité ; la diversité des publics, dans une perspective genrée et intersectionnelle.

Annonce

Présentation

La Caisse nationale des Allocations familiales lance un appel à propositions de recherche sur les effets de l’accompagnement social des publics des et par les Caf.

Deux axes principaux et deux axes transversaux structurent cet APR. Les axes principaux : 1/les effets attendus par les accompagnant.e.s et par les accompagné.e.s ; 2/les effets réels objectivés. Les axes transversaux : 1/appréhension de la situation de l’accompagné.e dans sa globalité ; 2/diversité des publics, dans une perspective genrée et intersectionnelle.

Le délai de réalisation des recherches est de 24 mois maximum à compter de la notification de la convention. Plusieurs propositions pourront être retenues. Sont éligibles les disciplines suivantes : sociologie, socioéconomie, psychologie, psychosociologie, économie, sciences politiques, sciences de l’éducation, anthropologie, ethnologie.

Le présent appel a été envoyé pour publication au Journal Officiel de l’Union Européenne et au BOAMP le 05/12/2017. Les annonces officielles sont consultables à partir des liens suivants :

Argumentaire

La Caisse nationale des Allocations familiales (Cnaf) contribue depuis plusieurs décennies à la production de travaux de recherche sur l’accompagnement social de façon générale et sur l’accompagnement social réalisé par les travailleurs sociaux des Caisses d’allocations familiales (Caf) en particulier. Toutefois, les travaux portant spécifiquement sur les effets de l’action de ces professionnel.le.s des Caf ne sont pas nombreux. Un certain nombre d’études et de recherches ont été réalisées qui renseignent, par exemple, sur les effets des aides financières individuelles, de l’accompagnement au départ en vacances familiales, de l’accompagnement social des opérations de restructuration de l’habitat, des centres sociaux ou encore de la médiation familiale.

Cet appel à projets de recherche vise à documenter la façon dont l’accompagnement social par les travailleurs sociaux des Caf agit sur les personnes et familles accompagnées et les mécanismes par lesquels il est susceptible de transformer leur situation. Ceci en appréhendant la situation des accompagné.e.s dans sa globalité d’une part, et en proposant des axes de recherche peu investigués, d’autre part. Les travaux contribueront ainsi à l’enrichissement méthodologique et conceptuel de la littérature sur les effets de l’accompagnement social de façon générale.

L’accompagnement social en tant que relation et processus

Nous retiendrons la définition synthétique de ce  qu’est  la  notion  d’accompagnement  social comme « parcours avec autrui, vers un objectif fixé, dans une relation de proximité », « relation bilatérale associant un accompagné et un accompagnant, ce dernier agissant dans le cadre d’une structure d’aide sociale, qu’elle soit publique, privée à but lucratif ou privée à but non lucratif » avec généralement pour visée « l’acquisition d’une autonomie du bénéficiaire dans le secteur considéré » dans une perspective qui « se démarque des logiques d’assistance qui prévalurent dans l’aide aux plus démunis » (APEX, 2017, Revue  de littérature critique. Les effets de l’accompagnement social sur les bénéficiaires, Dossier d’études, Cnaf, n°195, octobre, en accès libre sur www.caf.fr, rubriques « Presse et institutionnel », « Etudes et statistiques » puis « Publications » et « Dossiers d’études »).

L’accompagnement social des publics des et par les Caf s’inscrit dans un cadrage institutionnel général (voir l’annexe page 9) et prend appui sur des combinaisons, variables, de différents outils : démarches administratives pour ouvrir des droits Caf et hors Caf, aides financières individuelles ponctuelles, orientation vers des partenaires associatifs ou institutionnels, actions collectives, etc. Il ne saurait pour autant s’y résumer : une part irréductible demeure, qui relève de l’interaction singulière entre la personne accompagnée et la personne accompagnante et qui a trait en particulier à la dimension relationnelle et émotionnelle de l’accompagnement, à ce qui se noue à l’oral, dans les échanges entre les professionnel.le.s et les personnes accompagnées. Les mécanismes humains de la relation d’accompagnement sont assurément à examiner également, au-delà des dispositifs et des outils, pour prétendre en appréhender les effets.

Appréhender l’accompagnement social par ses effets

Dans une perspective non pas évaluative mais résolument compréhensive, le département de la Recherche, des études et de la valorisation scientifique de la Direction des statistiques, des études et de la recherche (Dser) de la Cnaf souhaite, avec cet APR, mieux comprendre ce que l’accompagnement par les travailleurs sociaux des Caf fait aux personnes accompagnées. Qu’est-ce que l’accompagnement social produit précisément sur la situation de la personne/de la famille ? Dans quelle mesure et comment l’accompagnement permet-il de transformer la situation des personnes accompagnées, voire d’infléchir durablement leur trajectoire et leur parcours de vie ?

De façon générale, il s’agit avec cet APR d’ouvrir la boîte noire de l’accompagnement en faisant un détour par les effets sur les personnes accompagnées de leur interaction avec les professionnel.le.s.

Les effets documentés de l’accompagnement social dans les domaines du logement, de la parentalité, de la jeunesse, du handicap et de l’emploi témoignent de l’existence d’angles morts dans les travaux disponibles, de la difficulté d’agréger les résultats pour en tirer des conclusions et mesurer précisément les effets de l’accompagnement social, et ce quel que soit le champ investigué. Plus précisément et de façon très synthétisée, les effets identifiés dans la littérature existante sur une grande variété de politiques et de dispositifs sont plus particulièrement difficiles à cerner en matière d’accompagnement à la parentalité ; ils sont globalement positifs mais circonscrits s’agissant du logement, contrastés pour ce qui est de l’accompagnement vers l’emploi – avec des effets globalement positifs des programmes d’accompagnement vers l’emploi des personnes en situation de handicap et généralement plus ténus s’agissant de l’insertion professionnelle des jeunes.

L’investigation des effets de l’accompagnement social soulève un certain nombre de difficultés méthodologiques auxquelles les projets s’attacheront à porter attention. En  premier lieu se pose la question du choix des critères à partir desquels appréhender l’impact de l’accompagnement sur les bénéficiaires, compte tenu du caractère très général des objectifs initiaux ou au contraire de leur caractère très restrictif. Par ailleurs, il est plus difficile de mettre en évidence des liens de causalité dans le domaine de l’accompagnement social dans la mesure où les effets de contexte sont plus marqués dans l’analyse des problématiques sociales qu’ils peuvent l’être dans d’autres champs. Qu’est-ce qui est imputable à l’accompagnement social précisément et comment tenter d’isoler l’impact des autres facteurs qui peuvent entrer en jeu tels que l’environnement ou la conjoncture économique par exemple ? Autre question : comment mesurer les effets d’interventions qui se veulent préventives ? Quant aux pratiques des professionnel.le.s du travail social, leur variété ne peut pas être réduite à l’application uniforme et reproductible de techniques et de procédures compte tenu, notamment, de l’importance de l’oralité dans ce domaine. L’accompagnement social, par définition relationnel et multidimensionnel, est variable selon les personnes accompagnées et les personnes accompagnantes, le contexte, la difficulté ou plus souvent les difficultés, cumulées et multifactorielles qui ont motivé cette relation. A cela s’ajoute la dimension temporalité : les effets des interventions sociales peuvent mettre du temps à se déployer et l’exercice consistant à mesurer ponctuellement leurs effets est ainsi susceptible de passer à côté.

Cela étant rappelé, on peut schématiquement distinguer les effets attendus et les effets réels d’un accompagnement social. Les premiers et les seconds sont susceptibles d’être décomposés en effets matériels tangibles et en effets plus subjectifs, moins aisément objectivables. Les effets attendus correspondent aux objectifs visés par les professionnel.le.s et/ou par les accompagné.e.s ; ils ne coïncident pas nécessairement. Ils sont susceptibles d’être appréhendés du point de vue des travailleurs sociaux et du point de vue des personnes accompagnées ainsi que de leur entourage familial, amical, etc. Les effets réels peuvent eux aussi être perçus par les deux types d’acteurs de la relation d’accompagnement. Les effets réels d’ordre matériel sont en outre potentiellement identifiables à partir d’éléments factuels caractérisant l’évolution de la situation matérielle de la personne accompagnée (revenus d’activité, prestations, composition familiale, situation au regard de l’emploi, etc.). Par ailleurs, les effets réels peuvent correspondre totalement ou partiellement aux effets attendus et comprendre également des effets induits non prévus. L’accompagnement social produira ses effets selon une temporalité variable, plus ou moins longue selon les cas. Ces effets sont susceptibles d’être plus ou moins durables dans le temps.

Dans ce cadre, deux grands axes de recherche sont proposés :

  • Axe 1 : les effets attendus par les accompagnant.e.s et par les accompagné.e.s ;
  • Axe 2 : les effets réels objectivés.

Les projets peuvent s’inscrire dans l’un de ces axes ou bien dans les deux.

Axe 1 : Les effets attendus par les accompagnant.e.s et par les accompagné.e.s

Cet axe entend saisir les objectifs de l’accompagnement, du point de vue des professionnel.le.s et des personnes accompagnées, la façon dont ils sont déterminés et sont susceptibles d’évoluer au cours de l’accompagnement. Les projets pourront intégrer les questionnements listés ci-dessous à titre indicatif et sont libres d’en proposer d’autres.

Comment les objectifs sont-ils fixés ? Donnent-ils lieu à une contractualisation formalisée ?

Quels types d’objectifs sont assignés ? De quelle nature sont les objectifs visés ? Ils peuvent être plus ou moins précis et concrets ou au contraire larges voire flous. Une attention particulière pourra être portée aux objectifs d’«autonomie », de « pouvoir d’agir » et de « projet » fréquemment assignés à l’accompagnement.

Comment les professionnel.le.s traduisent-ils/elles la demande ou non-demande et identifient-ils/elles les besoins ? Comment établissent-ils/elles le diagnostic de la situation de l’accompagné.e et de sa famille ? Comment la globalité de la situation est-elle prise en compte ?

Tous les objectifs font-ils l’objet d’une énonciation explicitée de la part des  accompagnant.e.s ? Dans quelle mesure donnent-ils lieu à négociation ? Quelle traduction en font les accompagné.e.s ? Quelle perception en ont-ils/elles ?

Quel est le rôle de l’accompagné.e dans la définition des objectifs et de l’échéance de l’accompagnement ? Dans quelle mesure et en fonction de quoi celui-ci varie-t-il selon les personnes accompagnées voire les accompagnant.e.s ? Quels types de collaboration, de stratégies et de résistances sont à l’œuvre au moment de la définition initiale des objectifs ?

Comment les objectifs visés évoluent-ils dans le temps au cours de l’accompagnement ? Dans quelle mesure font-ils l’objet d’ajustements au cours de l’accompagnement ?

Dans quelle mesure les objectifs visés varient-ils selon le type de publics ? ex : femme en situation de monoparentalité, personne issue de l’immigration, etc.

Les logiques de « co-construction de parcours » et d’« usager au centre » du processus d’accompagnement trouvent-elles à s’incarner et selon quelles modalités ? Quelle est concrètement la consistance de ces principes généraux au stade de l’initiation de la relation?

Axe 2 : Les effets réels objectivés

Cet axe vise à comprendre comment évolue la situation de la personne/famille accompagnée, dans toutes ses dimensions, et à déterminer l’effet et la nature des facteurs d’évolution. La manière dont les actrices et acteurs identifient elles/eux-mêmes les effets de l’accompagnement doit également être appréhendée.

Comment la situation de l’accompagné.e évolue-t-elle/a-t-elle évolué ? Quels changements sont intervenus entre le début et la fin de l’accompagnement ? Quels changements sont intervenus pendant l’accompagnement et quelles évolutions sont perceptibles plusieurs mois après la fin de l’accompagnement ? Les effets repérés sont-ils durables dans le temps ?

Comment les professionnel.le.s appréhendent-ils/elles la question des effets de leur action et de leur interaction avec les accompagné.e.s ? Cherchent-ils/elles à en identifier les effets et à apprécier l’atteinte, totale ou partielle, des objectifs assignés ? Si oui, comment le font- ils/elles ? Un temps de l’accompagnement est-il systématiquement dédié à un bilan ? Quelle est la participation à cette appréciation des personnes accompagnées d’une part et des professionnel.le.s encadrant.e.s et des pairs (lors d’échanges informels, de réunions d’équipe ou de groupes d’analyse de la pratique) d’autre part ?

Quelles modifications sont repérables dans la situation financière de la personne accompagnée (revenus d’activité, prestations, niveau de vie) et dans sa situation familiale, conjugale, professionnelle, résidentielle, etc. ?

Quels changements relevant de l’état psychologique, cognitif et affectif sont identifiables, en termes de bien-être, de confiance en soi, d’estime de soi, de sentiment de capacité d’émancipation et d’action, de propension à faire ses propres choix, de sentiment d’accomplissement personnel, de rapport à l’avenir, de projection dans le futur ?

Qu’en est-il de l’état de santé, de l’isolement social ou encore de la participation citoyenne des personnes accompagnées ?

Les effets identifiables sont-ils perçus autant par les accompagné.e.s que par les accompagnant.e.s ?

On peut faire l’hypothèse que les effets sont susceptibles de dépendre d’une combinaison d’éléments ayant trait aux caractéristiques des parties prenantes de la relation et à la relation elle-même :

  • la porte d’entrée dans l’accompagnement Caf (origine de la première rencontre),
  • le diagnostic institutionnel posé sur la situation de la personne/famille,
  • le parcours institutionnel antérieur (Caf et hors Caf),
  • les événements de vie passés et présents,
  • les attentes de l’accompagné.e et de l’accompagnant.e,
  • les objectifs visés, la façon dont ils ont été déterminés, la connaissance et la perception qu’en ont les personnes accompagnées (cf. axe 1)
  • les actions et démarches entamées/réalisées (aides financières individuelles ponctuelles, ouverture de droits Caf et hors Caf, démarches administratives diverses, orientation vers des partenaires, accès à des structures spécialisées, actions collectives, élaboration d’un « projet », etc.),
  • l’appropriation par les accompagné.e.s des outils mobilisés lors de l’accompagnement,
  • la « qualité » et l’épaisseur de la relation (positionnement, attitudes, place et rôle des acteurs et actrices de la relation à son initiation – voir axe 1 – et tout au long de l’accompagnement, collaboration/résistances, confiance, engagement relationnel et émotionnel de l’accompagné.e et de l’accompagnant.e, etc.),
  • l’implication d’autres intervenant.e.s (« partenaires » internes à la Caf, structures associatives, institutions autres, etc.),
  • le nombre et la fréquence des interactions ainsi que la durée totale de l’accompagnement,
  • les représentations et valeurs de l’accompagné.e et de l’accompagnant.e (par exemple en ce qui concerne les droits sociaux, la protection sociale, la place et le rôle du travail et de l’activité, le rôle de parent/mère/père, les relations femmes-hommes, les institutions et la société en général).

Les résultats de l’accompagnement social étant possiblement renforcés ou amoindris par des éléments exogènes tels le contexte socio-économique, la conjoncture, l’environnement de vie, etc., les effets de contexte gagneraient, dans la mesure du possible, à être intégrés aux analyses.

Axes transversaux

Les équipes sont invitées à prendre en compte la situation de l’accompagné.e dans sa globalité d’une part et la diversité des publics d’autre part, notamment dans une perspective genrée et intersectionnelle.

L’appréhension de la situation de l’accompagné.e dans sa globalité

Face au cumul de difficultés auxquelles sont confrontées un certain nombre de personnes, les professionnel.le.s peuvent souhaiter mettre en œuvre un accompagnement qui  soit global et prenne en compte les différentes dimensions identifiées et potentiellement imbriquées : budget, santé, logement, accès aux droits, formation, emploi, mode de garde, relations familiales, etc. Comment ce principe d’accompagnement global se traduit-il concrètement ? En quoi consiste précisément la réponse apportée à la diversité des problématiques qui se conjuguent et peuvent se renforcer mutuellement ? Quels sont les leviers actionnés, selon quel plan d’action, dans quelle temporalité, avec quelle priorisation ? Comment sont combinés en pratique les différents instruments mobilisables (démarches administratives, aides financières individuelles ponctuelles, ouverture de droits, orientation vers des partenaires, actions collectives, etc.) ? Dans quelle mesure la dimension psychologique et cognitive de la vie des personnes est-elle prise en compte au démarrage et au cours de l’accompagnement (bien-être, confiance en soi, estime de soi, sentiment de solitude, etc.) ?

La prise en compte de cette dimension globale ne doit pas empêcher les projets de se focaliser sur un domaine d’accompagnement plus particulier. Les équipes peuvent ainsi axer leur proposition sur une ou plusieurs dimensions qui, à la différence de l’emploi, ont été relativement moins investiguées par les sciences sociales, à l’instar du logement, de l’insertion sociale ou de la séparation conjugale par exemple. Il s’agit là d’une possibilité et non d’une obligation, les équipes restant libres de leur choix, qu’il conviendra de justifier. A noter toutefois : l’accompagnement vers l’emploi, qui a déjà fait l’objet de nombreux travaux, n’est pas une thématique éligible dans le cadre de cet APR.

La diversité des publics

Les équipes peuvent souhaiter embrasser la diversité des publics faisant l’objet d’un accompagnement par la Caf ou bien plutôt se concentrer sur une ou plusieurs catégories comme, par exemple, les personnes issues de l’immigration et des Outre-mer, les jeunes,  les femmes en situation d’isolement, les monoparent.e.s précaires ou au contraire celles qui ont un quotient familial relativement élevé et sont accompagnées par exemple en cas de séparation, de décès d’enfant ou de conjoint ou encore dans le cadre de difficultés liées à un isolement consécutif à un congé parental et/ou en cas de « suivi de conjoint ».

Par ailleurs, une attention toute particulière à la dimension du genre est souhaitée dans les propositions s’inscrivant dans cet APR. Il apparaît en effet opportun d’approfondir la réflexion sur l’impact sexué des interventions des professionnel.le.s des Caf et sur le rôle de l’intervention sociale dans la reproduction mais également dans la déconstruction des stéréotypes de genre et des assignations sexuées. Dans quelle mesure l’accompagnement social mis en œuvre par les professionnel.le.s du travail social des Caf contribue-t-il au contrôle sexué ou au contraire à l’émancipation des femmes et des hommes ?

En outre, il peut être intéressant d’intégrer la dimension culturelle et religieuse dans la réflexion, en interrogeant la différenciation éventuelle des normes et pratiques selon l’origine et la religion réelles ou supposées de l’accompagné.e et de l’accompagnant.e. Il est en effet permis de postuler que les tensions qui traversent la société française dans ce domaine n’épargnent pas la relation d’accompagnement, ses objectifs et ses effets. L’adoption d’une perspective intersectionnelle articulant position sociale, genre et culture/religion/phénotype peut être éclairante à cet égard.

Soulignons par ailleurs qu’à l’instar des accompagné.e.s, les professionnel.le.s du travail social en Caf ne sont pas un groupe homogène, de sorte qu’il peut être intéressant, dans les analyses, de tenir compte de leur profession (deux sont majoritaires en Caf : les assistant.e.s socia.ux.les et les conseillères/-ers en économie sociale et familiale), de leur formation initiale et continue, de leurs caractéristiques socio-démographiques propres ou encore de leur parcours professionnel antérieur. Dans le même temps, il conviendra de resituer les différents types de professionnel.le.s dans le cadre de l’Institution qui les emploie et de laquelle ils/elles reçoivent mandat et prescriptions.

Méthodologie

Il existe une diversité de travaux sur les effets d’une grande variété de dispositifs et de types d’accompagnement, avec une prédominance des méthodologies quantitatives sur les méthodologies qualitatives, et ce particulièrement dans l’univers anglo-saxon structuré par le paradigme de l’evidence based policy, où foisonnent les travaux de type « évaluation aléatoire randomisée » (comparaison d’un groupe test et d’un groupe témoin). Les apports et limites de ces deux grands types de méthodologies incitent ici à les articuler dans les réponses attendues des équipes de recherche.

En conscience des limites inhérentes à l’exercice, les projets s’attacheront à saisir les effets attendus et/ou les effets réels de l’accompagnement social par les Caf sur les personnes accompagnées en mobilisant différentes disciplines : sociologie, socio-économie, psychologie, économie, sciences politiques, sciences de l’éducation, anthropologie, ethnologie. Une approche pluridisciplinaire serait bienvenue.

La complexité de l’objet de recherche et les difficultés d’appréhender cette question des effets dans le champ social plaident pour le recours à des méthodes qualitatives et à des méthodes quantitatives. Les projets peuvent proposer une combinaison des deux types de méthodes ou bien faire le choix de privilégier l’un des deux, l’une et l’autre option étant à justifier en fonction de la problématique retenue.

Le recours à l’observation peut permettre de saisir la relation dans son déroulement et contribuer ainsi à la compréhension de ce qui se noue concrètement entre les accompagné.e.s et les accompagnant.e.s, de ce qui se donne et s’échange au fil des rencontres et des changements qui interviennent dans la relation et dans ce qu’elle produit. L’accessibilité au terrain des Caf pourra permettre d’observer les rencontres individuelles entre accompagnant.e.s et accompagnées et les séances de travail social de groupe. Les équipes de recherche sont également libres de choisir, dans une perspective comparative, un ou plusieurs autres terrains d’observation ne relevant pas des Caf, à l’instar de la polyvalence de secteur (Conseil départemental) par exemple.

Les projets peuvent privilégier les entretiens avec des professionnel.le.s du travail social des Caf et des personnes accompagné.e.s, et notamment des entretiens biographiques approfondis avec des personnes en cours d’accompagnement et/ou à l’issue de l’accompagnement pour appréhender leur parcours et leur trajectoire familiale, conjugale, résidentielle, professionnelle, etc.

Les travaux mixtes ou exclusivement quantitatifs pourront s’attacher à construire des indicateurs capables de refléter la diversité tant des objectifs poursuivis que des effets induits, attendus ou non, sur la situation matérielle et financière des personnes et sur le plan psychologique, affectif et cognitif.

Pour recueillir des données de nature à apprécier la situation de la famille avant et après un accompagnement social, le logiciel de suivi des interventions sociales des Caf et les bases de données de la Cnaf offrent des possibilités d’exploitation pour qui maîtrise le logiciel SAS.

Quelle(s) que soi(en)t la ou les méthodes retenues, une perspective longitudinale peut être intéressante à adopter pour documenter l’accompagnement social des Caf en tant que processus dynamique et relation évolutive dont les effets sont susceptibles de se déployer dans le temps.

Le délai de réalisation des recherches est de 24 mois maximum à compter de la date de notification des conventions conclues entre la Cnaf et les titulaires.

Modalités de candidature

Enfin, le dossier de candidature peut être téléchargé sur le site www.meoss.fr. Les dossiers complets sont à soumettre

au plus tard pour le 31 janvier 2018 à 15h00.

Comité de sélection

Un comité de sélection ad hoc sera constitué début février pour en ajuster la composition à la nature des projets reçus.


Dates

  • mercredi 31 janvier 2018

Mots-clés

  • accompagnement social, genre, intersectionnalité, effet

Contacts

  • Clémence Helfter
    courriel : clemence [dot] helfter [at] cnaf [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Clémence Helfter
    courriel : clemence [dot] helfter [at] cnaf [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les effets de l'accompagnement social des publics des et par les Caisses d'allocations familiales (Caf) », Appel d'offres, Calenda, Publié le mercredi 20 décembre 2017, https://doi.org/10.58079/z5e

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