AccueilAssistance, prévoyance, assurance au prisme de la Grande Guerre et d’un changement de paradigme (fin XIXe-années 1920)

AccueilAssistance, prévoyance, assurance au prisme de la Grande Guerre et d’un changement de paradigme (fin XIXe-années 1920)

Assistance, prévoyance, assurance au prisme de la Grande Guerre et d’un changement de paradigme (fin XIXe-années 1920)

Assistance, welfare funds, and insurance in the Great War - a change of paradigm (late 19th century to the early 1920s)

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Publié le jeudi 04 janvier 2018

Résumé

L’assistance, la prévoyance et l’assurance, qui structurent l’histoire de nos sociétés contemporaines, ont conditionné une expérience humaine et une connaissance historique. Replacée dans la longue durée, chacune des trois notions a déjà fait l’objet de travaux de recherche, qui laissent cependant inexplorés ou insuffisamment travaillés de nombreux champs d’enquête : le renouvellement méthodologique en sciences humaines et sociales, comme en histoire des sciences ouvre en effet des perspectives d’analyse nouvelles, susceptibles d’aider à mieux comprendre l’interaction, la transformation, les formes d’hybridation et la place contemporaine de l’assistance, de la prévoyance et de l’assurance.

Annonce

Argumentaire

L’Assistance, la Prévoyance et l’Assurance, qui structurent l’histoire de nos sociétés contemporaines, ont conditionné une expérience humaine et une connaissance historique. Replacée dans la longue durée, chacune des trois notions a déjà fait l’objet de travaux de recherche, qui laissent cependant inexplorés ou insuffisamment travaillés de nombreux champs d’enquête : le renouvellement méthodologique en sciences humaines et sociales, comme en histoire des sciences ouvre en effet des perspectives d’analyse nouvelles, susceptibles d’aider à mieux comprendre l’interaction, la transformation, les formes d’hybridation et la place contemporaine de l’assistance, de la prévoyance et de l’assurance. C’est dans cette perspective que s’inscrit le colloque organisé à Paris les 17 et 18 janvier 2018.

Analyser les notions d’ « Assistance – Prévoyance – Assurance au prisme de la Grande Guerre et d’un changement de paradigme » implique de prendre acte de la rupture culturelle majeure sans précédent que représente la première guerre mondiale. Celle-ci est associée à l’entrée nouvelle de la violence de masse. La « brutalisation des sociétés européennes » (G. Mosse) a eu une répercussion considérable et immédiate, notamment sur l’analyse du risque, la démographie, la place des « sciences de guerre », le rôle de l’Etat et la relation entre une science de la connaissance (actuariat) et son usage politique. L’ampleur des changements démographiques, la puissance de l’hécatombe (pertes humaines), le nombre jamais atteint jusqu’alors de grands blessés, mutilés, et d’invalides de guerre, les questions d’hygiène (lutte contre la tuberculose notamment) ont fait passer au premier plan les sciences médicales et la recherche scientifique, remettant en question le magistère du droit dans la réflexion sur l’invalidité et le pensionné par exemple. De fait, face à de tels bouleversements, l’assistance, y compris celle délivrée par la Croix Rouge, devient conjoncturellement une forme d’accompagnement mieux adaptée, au détriment de la forme contractuelle classique de l’assurance pour se protéger des aléas et accompagner une reconstruction. De même, ces bouleversements ont redonné toute sa place à l’Etat, et ouvert une place centrale aux organisations transnationales et institutions internationales (OIT, SDN…), conduisant par là-même à s’interroger sur la Grande Guerre comme révélateur du débat récurrent relatif à la construction du caractère social de l’assurance et à l’organisation de la prévention (maladies).

Toutefois « plus que la rupture, l’effet révélateur que produit la guerre » (Anne Rasmussen) est porteur d’une réflexion autant en amont qu’en aval. La Grande Guerre, est incontestablement le révélateur d’un passage qui trouve son ancrage entre le début du XXe siècle, voire la fin du XIXe, et les années 1920. Celui-ci voit l’extension des savoirs scientifiques, la montée en puissance de la rationalité du risque, grâce à la maîtrise du calcul actuariel, y compris pour son usage en médecine et santé publique, la normalisation des travaux et enquêtes statistiques, le développement des mathématiques financières et l’émergence, par la voie d’ingénieurs du social et d’actuaires, d’un « esprit économétrique », liant des traditions de savoir antagonistes : économie, mathématique et statistique.

Ainsi, en amont, peut-on voir dans la « longue stagnation » du dernier tiers du XIXe siècle, avec ses nombreuses faillites, la montée de la précarité sociale et ses conséquences directes en termes d’assistance (cf. fonction des nombreuses ligues et associations féminines), un des soubassements conjoncturels des changements qui ont émergé de la Grande Guerre ; le « moment 1900 », quant à lui, est associé à une autre question majeure : celle des régulations sociales et juridiques, posée avec acuité par des juristes sensibles à la démarche sociologique et historique dans l’objectif de donner toute son ampleur à l’observation des faits sociaux et de contribuer au renouveau de la doctrine juridique (autant dans le domaine civil que dans ceux du travail et du commerce). En aval, la sortie de guerre est associée jusqu’au milieu des années 1920 à la crise économique et financière avec ses répercussions sur le marché du travail et le chômage, aux très fortes tensions inflationnistes qui, en raison du bouleversement du rapport traditionnel entre revenu, épargne et rente, ont eu des répercussions directes sur les conditions de vie des familles, la prévoyance individuelle et collective. Associé à l’essor du salariat, cette conjoncture économique et financière a bouleversé les nombreuses formes et techniques de protection sociale, tant privées que publiques, qui coexistaient avant 1914 et a favorisé les nouvelles formes de régulation sociale transnationale (le rôle BIT par exemple).

Au regard de ces exemples, ce colloque s’inscrit dans une réflexion d’ensemble au prisme de la Grande Guerre, sur les moments porteurs de scansions, révélateurs d’enjeux et de définition du savoir (entre tradition et innovation) autant philosophique, mathématiques, juridique qu’économique et intimement associés à l’adaptation des sociétés modernes et contemporaines à la construction de la modernité. Ces moments correspondent souvent à des conjonctures particulièrement signifiantes pouvant porter un changement de paradigme (adhésion à un système de pensée et d’action dans l’ordre du savoir avec ses projections symboliques, ses modèles et valeurs).

Ainsi, s’agit-il de s’interroger sur l’évolution, la transformation et la représentation des trois notions d’assistance, d’assurance et de prévoyance, dans leur dimension philosophique et morale, voire moralisatrice, mais aussi éducative. Elles ont été avant la Grande Guerre au cœur d’un projet global visant à en faire une « science sociale » ; elles sont devenues, après le premier conflit mondial, des notions avant tout techniques, scientifiques et pragmatiques, comme en témoignent à la fois le développement de leur enseignement dans les nouveaux instituts universitaires créés au début des années 1920 et l’importance de plus en plus forte de l’économie et la finance dans la société.

En recourant à une approche résolument interdisciplinaire, le colloque posera finalement la question du rôle de la Grande Guerre dans le changement de paradigme évoqué : a-t-elle été déterminante ou n’a-t-elle été qu’un moment de conjoncture exceptionnelle ayant facilité l’adaptation nécessaire, à l’œuvre antérieurement, aux défis de la modernité ?

Sept grandes thématiques pourront être retenues pour traiter le sujet. Elles prendront en compte chacune dans leur domaine spécifique les écrits scientifiques, les débats au cœur des institutions et organisations (nationales et internationales) ainsi que le rôle d’acteurs essentiels (théoriciens et experts), des réseaux de sociabilité nationale et internationale, d’institutions et d’organisations transnationales  à l’œuvre dans la réflexion et la pratique de l’Assistance, de la Prévoyance et de l’Assurance. 

Programme

Colloque organisé par l’Institut de sciences juridique et philosophique de la Sorbonne ISJPS-CNRS (UMR 8103) – Université Paris 1 Panthéon-SorbonnProgramme Pluriannuel de Recherche PPR « Assurance et Société »

Mercredi 17 janvier 

9h00 – Accueil

9h15-10h00 : Ouverture

Allocutions de Georges Haddad, Président de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de Gilles Wolkowitsch, Secrétaire général de la Fédération Française de l’Assurance - FFA

  • 10h00-10h15 : Propos introductifs de Nelly Hissung-Convert, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Raymond Dartevelle, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, organisateurs du Colloque.

Quel paradigme ? L’Etat social et la culture juridique à l’épreuve de la guerre

Sous la présidence de Judith Rainhorn

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

  • 10h15-10h35 : Vincent Viet, Cermes3

 La Grande Guerre et le développement de l’Etat protecteur.

  • 10h35-10h55 : Fatiha Cherfouh, Université Paris-Descartes

Le droit social : cheval de Troie du socialisme ? (fin XIXe-1920).

10h55-11h20 : Discussions

Pause (11h20-11h30)

  • 11h30-11h50 : Charlotte Broussy, Université de Montpellier

Le développement du contrat d’assurance populaire en France au prisme de la Grande Guerre.

  • 11h50-12h10 : Stéphane Zygart, Université Charles de Gaulle, Lille 3

Travailleurs et Anciens Combattants : les droits des mutilés de la Première Guerre Mondiale.

12h10-12h40 : Discussions

Pause méridienne

Etat et organisation privée face aux risques et réparations : entre paix et guerre

Sous la présidence de Christophe Prochasson

Ecole des hautes études en sciences sociales – EHESS - Paris

  • 14h30-14h50 : Anne Rasmussen, Université de Strasbourg

Le risque « maladie » dans l’Armée, entre paix et guerre : évaluation, régulation, réparation.

  • 14h50-15h10 : Guillaume Richard, Université Paris-Descartes

Une comparaison des régimes de dommages de guerre : le rôle de l’Etat (France) et de l’assurance privée (Angleterre) en matière de barèmes et d’indemnités.

  • 15h10-15h30 : Céline Paillette, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Prévenir le risque épidémique : information, diplomatie et organisation internationale à l’aune de la Grande Guerre.

15h30-16h00 : Discussions

Pause : 16h00-16h15

  • 16h15-16h35 : Mélanie Fabre, EHESS -

ParisCharité privée ou assistance publique ? Dick May et son Orphelinat des Armées au cœur des controverses.

  • 16h35-16h55 : Clément Collard, Sciences Po - Paris

La rééducation professionnelle des mutilés français de la Première Guerre mondiale entre résistance de l’assistance privée et rationalisation par l’Etat (1914-années 1920).

16h55-17h30 : Discussions

Jeudi 18 janvier

9H00 - Accueil

Statistique mathématique et actuariat au service d’un changement de paradigme

Sous la présidence de Nicolas Leboisne

Université Claude Bernard – Lyon 1

  • 9h15-9h35 : Laurent Mazliak, Université Pierre et Marie Curie - Paris 6

Assurance et sociologie au sortir de la Grande Guerre : du bon usage de la statistique mathématique. La rencontre entre Maurice Fréchet et Maurice Halbwachs à Strasbourg (1920-1925).

  • 9h35-9h55 : Michel Armatte, Université Paris-Dauphine

Après 1914 : nouvelle génération d’actuaires experts et nouvelles problématiques : en suivant les parcours de René Risser et Paul Razous.

  • 9h55-10h15 : Mathias Cléry, Université Pierre et Marie Curie - Paris 6

Des mathématiciens à la conquête des sciences actuarielles : les parcours de H. Galbrun et J. Dubourdieu de l’ENS, au CNAM et à la banque Paribas, années 1920-1930.

10h15-10h45 : Discussions

PAUSE : 10h45-11h00

  • 11h00-11h20 : Luc Berlivet, Cermes3 CNRS-Inserm / EHESS-UPD

Epidémiologie et statistiques. La lente institutionnalisation des approches numériques de la santé en Europe et aux Etats-Unis (années 1880-années 1930).

  • 11h20-11h40 : Martin Lengwiler et Claus Musterle, Université de Bâle

Entre suspension et renforcement : les réseaux internationaux d’actuaires et leur transformation par la Première Guerre Mondiale.

12h00-12h30 : Discussions

Pause méridienne

Prévision et régulation face à la question sociale, de l’Etat-nation aux organisations internationales

Sous la présidence de Olivier Dard Université Paris-Sorbonne – Paris 4

  • 14h00-14h20 : Claire Araujo da Justa, Université Paris Nanterre

A l’aube d’un changement de paradigme ? Assistance, Prévoyance et Assurance dans les débats parlementaires franco-italiens d’avant-guerre.

  • 14h20-14h40 : Cyrille Marconi, Université de Pau et des Pays de l’Adour

Réorganisation du traitement du chômage : entre disparition de l’assistance par le travail et réflexions sur l’assurance-chômage (1890-1930).

14h40-15h10 : Discussions

PAUSE : 15h10-15h20

  • 15h20-15h40 : Isabelle Lespinet-Moret, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Prévoir, assurer et réguler le travail, un projet global pour l’Organisation internationale du travail de reconstruction des relations sociales.

  • 15h40-16h00 : Ingrid Liebeskind, Université de Genève

Le chômage : un enjeu réformateur, de la « question sociale » à la fin du XIXe siècle, au « problème du chômage » envisagé par l’Organisation internationale du travail durant les années 1920.

16h00-16h30 : Discussions

  • 16h30-17h00 : Conclusions de Raymond Dartevelle, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (ISJPS-CNRS).

Cocktail de clôture : 17h00

Colloque réalisé dans le cadre du Programme Pluriannuel de Recherche « Assurance et Société. Historicité des savoirs et pratiques de l’interdisciplinarité »

Convention de recherche entre l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et la Fédération Française de l’Assurance - FFA

Organisation scientifique du colloque

  • Raymond Dartevelle, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne : raymond.dartevelle@gmail.com
  • Nelly Hissung-Convert, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne : nellyconvert@yahoo.fr

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – Institut de sciences juridique et philosophique de la Sorbonne ISJPS-CNRS (UMR 8103)

Lieu et adresse du colloque

Moyens d’accès

Adresse de l’Institut nationale d’histoire de l’Art : 2, rue Vivienne (Galerie Colbert)  – 75002 Paris

Venir à l'INHA :

Par les transports en commun :

  • Stations de métro les plus proches : Palais-Royal-Musée du Louvre (lignes 1 et 7), Bourse (ligne 3) ou Pyramides (lignes 7 et 14).
  • Les arrêts des lignes d'autobus no 29 (Bibliothèque nationale, Mairie du IIe ou Victoires) et no 39 (Sainte-Anne-Petits-Champs) sont à proximité.

En voiture : le parking le plus proche est situé place de la Bourse.

Galerie Colbert

L'accès à la galerie Colbert se fait soit par le 2, rue Vivienne, soit par le 6, rue des Petits-Champs, Paris 2e.

Information et inscription obligatoire

ISJPS – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 9, rue Malher – 75004 Paris

tél. 01 44 78 33 61 – e-mail : isjps@univ-paris1.fr

Lieux

  • Galerie Colbert. Inscription obligatoire à l'adresse : isjps@univ-paris1.fr - INHA, 2 rue Vivienne, 75002 Paris
    Paris, France (75)

Dates

  • mercredi 17 janvier 2018
  • jeudi 18 janvier 2018

Mots-clés

  • Grande Guerre; 14-18; santé; travail; mutilés; orphelins; Etat providence; assurance; prévoyance; assistance; assurance populaire; enfants; protection; guerre; conflit; dommage; risque; maladie

Contacts

  • Raymond DARTEVELLE
    courriel : raymond [dot] dartevelle [at] gmail [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Nelly Convert
    courriel : nellyconvert [at] yahoo [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Assistance, prévoyance, assurance au prisme de la Grande Guerre et d’un changement de paradigme (fin XIXe-années 1920) », Colloque, Calenda, Publié le jeudi 04 janvier 2018, https://doi.org/10.58079/z89

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