AccueilServir le Prince, servir la République en temps de guerre civile dans l'Europe des XVIe-XVIIe siècles

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Servir le Prince, servir la République en temps de guerre civile dans l'Europe des XVIe-XVIIe siècles

Serving the Prince, serving the Republic in time of civil war in 16th-17th century Europe

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Publié le lundi 19 mars 2018

Résumé

Invoqué en toute circonstance, le service touche au cœur des comportements, des relations et des cultures politiques d’Ancien Régime en Europe. Loin de se limiter à un élément de discours ou à une rhétorique superficielle, il incarne et modèle les liens unissant l’ensemble des sujets aux pouvoirs et leur rapport à l’autorité, à titre collectif comme individuel. Ce colloque international souhaite continuer à interroger les différentes configurations du service en contexte de conflit ouvert, politique ou religieux. Il a pour ambition d’embrasser tout le spectre social, d’envisager autant les groupes sociaux que les trajectoires individuelles, de rendre compte des différentes facettes du service et de ses évolutions, et de mener cette enquête à l’échelle européenne, dans une perspective comparative.

Annonce

Colloque international organisé par Jérémie Foa, Matthieu Gellard et Bertrand Haan les 29-31 mars 2018 à l'université Paris Sorbonne

En raison du plan Vigipirate, l’assistance au colloque est soumise à inscription (contact : Bertrand.Haan@paris-sorbonne.fr)

Argumentaire

Invoqué en toute circonstance, le service touche au cœur des comportements, des relations et des cultures politiques d’Ancien Régime en Europe. Loin de se limiter à un élément de discours ou à une rhétorique superficielle, il incarne et modèle les liens unissant l’ensemble des sujets aux pouvoirs et leur rapport à l’autorité, à titre collectif comme individuel.

Loin d’être une construction décidée du sommet, le service est le fruit d’interactions à tous les échelons des sociétés anciennes. Dans les strates supérieures, conseillers du roi, ambassadeurs, militaires, magistrats, officiers ou gouverneurs ont en commun de se définir avant tout comme des « serviteurs » plus que par leur fonction précise, au-delà des différentes charges qu’ils peuvent occuper, avec une grande fluidité. Ces hommes sont la chair et le sang du pouvoir, dont ils assurent le fonctionnement au quotidien, qu’ils incarnent auprès des sujets ou des princes européens et qu’ils perpétuent par-delà les princes eux-mêmes. Le service n’est toutefois pas seulement le propre des nobles et des officiers. Il caractérise tout autant les clercs, les communautés d’habitants, les municipalités et les partis politico-religieux que les particuliers, qui invoquent aussi leur attachement indéfectible à un prince, à une République, à une Église, à une ville ou à toute communauté ou pouvoir, quelle que soit l’échelle envisagée. Il convient par conséquent d’insister sur la communauté de ce lien, insuffisamment soulignée par l’historiographie.

S’il implique une hiérarchie, le service se fonde sur une réciprocité. Il revient au sujet de satisfaire et d’assister les détenteurs du pouvoir, dont on attend en contrepartie de reconnaître et d’accréditer le service rendu et d’accorder une juste récompense. S’il s’accompagne d’un discours mettant en exergue le dévouement, voire le sacrifice, et la défense du bien commun, le service demande à être confirmé en acte. Ainsi est-il un fondement de la fidélité au roi mais doit-il être profitable à chacun. L’utilité et le bénéfice mutuels sont volontiers invoqués. Le lien de dépendance créé par le service relève plus de l’interaction que de la sujétion : elle ouvre la porte à la négociation.

Au-delà de ces rapports vécus sur un mode personnel et même charnel avec les dirigeants, le service met en jeu des imaginaires politiques et des convictions religieuses. La revendication du service exprime une vision du bien commun, qu’il s’agisse d’une culture humaniste du service de la république, d’idéaux civiques tendant à l’affirmation de l’autonomie urbaine ou de la défense d’une participation des clercs ou des nobles au gouvernement. Alors que nombre d’États s’affirment au cours de la première modernité comme des entités autonomes, le service rendu à la personne du dirigeant et celui dû la république ou à l’État peuvent tendre à se dissocier, voire à entrer en conflit. La rupture provoquée par Luther est sans doute la plus spectaculaire en tant qu’elle instaure un nouveau hiatus possible entre l’obéissance à l’autorité politique d’une part et obéissance aux commandements divins et appartenance à des Églises d’autre part – elle est d’autant plus frappante que le service possède une éminente dimension théologique et ecclésiologique.

Ce sont les moments de confrontation entre différentes obligations de service que cette rencontre se propose d’envisager : les guerres civiles et les guerres de Religion des XVIe et XVIIe siècles, à l’occasion desquelles le service est mis à l’épreuve. Car c’est d’abord de ces contextes troublés que le service se construit et se révèle. Au cœur des conflits, la dimension contractuelle du service est souvent mise à rude épreuve et les liens de fidélité des individus et des croyants sont mis en concurrence, et se révèle la pluralité, souvent contradictoire, des normes et des imaginaires qui régissent les comportements des femmes et des hommes de l’époque moderne.

Ce colloque international souhaite continuer à interroger les différentes configurations du service en contexte de conflit ouvert, politique ou religieux. Il a pour ambition d’embrasser tout le spectre social, d’envisager autant les groupes sociaux que les trajectoires individuelles, de rendre compte des différentes facettes du service et de ses évolutions, et de mener cette enquête à l’échelle européenne, dans une perspective comparative.

Programme

Jeudi 29 mars

14h : Introduction, par Jérémie Foa, Matthieu Gellard et Bertrand Haan

1re session. Des communautés de service ?

sous la présidence d’Isabelle Poutrin, Université de Reims

  • 14h15 José Manuel Díaz Blanco, Universidad de Sevilla, Servicios, mercedes y privilegios: los comerciantes de la Carrera de Indias y las necesidades del rey de España, 1550-1650
  • 14h45 Susana Truchuelo, Universidad de Cantabria, Servir a Felipe IV: negociación y reciprocidad en las comunidades de frontera (el caso vasco)

15h15 Débat

2e session. Service, engagements militaires, engagements nobiliaires

sous la présidence de Nicolas Le Roux, Université Paris 13

  • 16h Mario Rizzo, Università di Pavia, Military Service and Political Stability in Spanish Lombardy. Lombard Magnates in the King’s Armies
  • 16h30 Eduardo de Mesa, Fundación Carlos de Amberes, Service, merit and reward: the Irish “nation” in the Army of Flanders (1605-1620)
  • 17h Ferenc Tóth, avec la collaboration de Géza Pálffy, Magyar Tudományos Akadémia BTK, Serviteurs ou révoltés ? La noblesse hongroise et ses souverains au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles (1664-1711)

17h30 Débat

Vendredi 30 mars (matin)

3e session : Services concurrents

Sous la présidence de Diane Roussel, Université Paris-Est - Marne-la-Vallée

  • 8h30 Marie-Karine Schaub, Université de Créteil, Servir le tsar, servir les tsars en Moscovie durant le Temps des Troubles (1598-1613)
  • 9h Claire Gantet, Université deFribourg, "Servir l'empereur ou l'Empire ? Trajectoire
    de deux chefs de guerre nobles "parjures" durant la guerre de Trente ans".

9h30 Débat

4e session : Le service en débat

sous la présidence de Denis Crouzet, Sorbonne-Université

  • 10h15 Pierre-Jean Souriac, Université Lyon 3, Maintenir la paix dans le Sud Ouest en 1561-1562 : un service du roi voué à l’échec ?
  • 10h45 Philippe Hamon, Université Rennes 2, Service ou sédition ? Les communautés rurales et le service militaire du Prince en période de troubles et guerres civiles (Europe, mi XVe-mi XVIIe siècle)
  • 11h15 Nicolas Schapira, Université Paris Nanterre, Servir en secrétaire (France, XVIe-XVIIe siècles)

11h45 Débat

Vendredi 30 mars (après-midi)

5e session : Théories du service

sous la présidence de Tatiana Debaggi-Baranova, Sorbonne Université

14h James B. Collins, Georgetown University, Lire des grands philosophes en hommes politiques : le rôle de la vie pratique dans les idées politiques de Bodin, Coquille et leurs contemporains

14h30 Stéphane Haffemayer, Université de Caen-Normandie, “Chacun sent la peine qu’il y a de rencontrer à point nommé ses nécessitez” : de Paris à Londres, l’émergence d’un projet intellectuel d’une société de services (années 1630-1650)

15h Débat

6e session : Service, diplomatie et secret

sous la présidence de Lucien Bély, Sorbonne Université

  • 16h Stephen Alford, University of Leeds, Secrecy and service in the letters of Thomas Phelippes, 1582-1601
  • 16h30 Fabrice Micallef, Université de Nantes, Serviteurs ou affronteurs ? Les diplomates d’Henri IV face à la nébuleuse des espions (1598-1610)
  • 17h Carolina Esteves Soares, Universidade de Lisboa, Diplomatic agents as political messengers, mirrors of their King and representatives of the public happiness. The portuguese diplomatic service after the Restauração (1641-1683)

17h30 Débat

Samedi 31 mars

7e session : L’art de servir

sous la présidence de François-Joseph Ruggiu, Sorbonne Université

  • 9h00 Michel Nassiet, Université d’Angers, Le service dans le duché de Bretagne pendant la guerre d’Indépendance (1488-1491)
  • 9h30 Indravati Félicité, Université Paris-Diderot, Guerre d’Empire, loyauté et souveraineté graduée : servir le prince en Allemagne du nord à la fin du XVIIe siècle

10h00 Débat

8e session : Service et engagement confessionnel

sous la présidence d’Alain Tallon, Sorbonne Université

  • 10h45 Éric Durot, University of York, ‘I do love the contrary part and the Religion both’ : des agents écossais très spéciaux au début des guerres de Religion
  • 11h15 Camille Desenclos, Université de Mulhouse, Fidèles huguenots ou loyaux serviteurs : la délicate définition du service diplomatique français auprès des princes protestants de l’Empire (années 1580-1620)
  • 11h45 Ariane Boltanski, Université Rennes 2, Propager la foi, maîtriser le pouvoir local et faire face à l’État : les « services » de la noblesse catholique du Languedoc dans les années 1620

12h15 Débat puis conclusions

  • par Nicolas Le Roux, Université Paris 13

Lieux

  • Salles des Actes - Université Paris Sorbonne 46, rue Saint-Jacques
    Paris, France (75005)

Dates

  • jeudi 29 mars 2018
  • vendredi 30 mars 2018
  • samedi 31 mars 2018

Fichiers attachés

Mots-clés

  • service, conflit politique, conflit religieux

Contacts

  • Jérémie Foa
    courriel : jeremie [dot] foa [at] univ-amu [dot] fr
  • Bertrand Haan
    courriel : Bertrand [dot] Haan [at] paris-sorbonne [dot] fr
  • Matthieu Gellard
    courriel : matthieu [dot] gellard [at] sorbonne-universite [dot] fr

Source de l'information

  • Matthieu Gellard
    courriel : matthieu [dot] gellard [at] sorbonne-universite [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Servir le Prince, servir la République en temps de guerre civile dans l'Europe des XVIe-XVIIe siècles », Colloque, Calenda, Publié le lundi 19 mars 2018, https://doi.org/10.58079/zu8

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