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Guerre et innovation communicationnelle : 2000-2017

War and communication innovations, 2000-2017

Revue « Signes, discours et société »

“Signes, discours et société” journal

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Publié le vendredi 23 mars 2018

Résumé

Le développement de la communication moderne est lié à l’histoire de conflits armés au XXe siècle. Ses ingénieries ont été utilisées pour engager les populations civiles dans l’effort de guerre ou pour persuader les soldats d’aller au combat. Sous les régimes d’exception de la guerre, des techniques de communication ont été initialement conçues et perfectionnées, puis ont été réemployées en temps de paix dans des logiques de contrôle social. Ce numéro thématique de Signes, discours et société propose d’analyser l’innovation en communication dans les laboratoires des guerres depuis le début des années 2000.

Annonce

Argumentaire

Le développement de la communication moderne est lié à l’histoire de conflits armés au xxe siècle. Ses ingénieries ont été utilisées pour engager les populations civiles dans l’effort de guerre ou pour persuader les soldats d’aller au combat. Sous les régimes d’exception de la guerre, des techniques de communication ont été initialement conçues et perfectionnées, puis ont été réemployées en temps de paix dans des logiques de contrôle social (Mattelart, 1992, 2007). Ce numéro thématique de Signes, discours et société propose d’analyser l’innovation en communication dans les laboratoires des guerres depuis le début des années 2000. À rebours des discours optimistes qui, dans les années 1990, envisageaient la possibilité d’une paix perpétuelle entre les nations grâce à l’aménagement d’une « société de l’information » (Breton, 1997), l’histoire contemporaine montre non seulement que les guerres perdurent, mais que les techniques dévolues à la « fabrique du consentement » des populations y sont encore expérimentées. Prenant acte de l’évolution des dispositifs et des usages informationnels au tournant du xxie siècle, considérant l’internationalisation des politiques de « contre-terrorisme » depuis 2001 et l’évolution des conflits depuis les « printemps arabes », les auteurs sont invités à proposer une contribution en s’insérant dans l’un des axes suivants.

Axe 1 – Négocier en ligne le sens des conflits

L’usage de plateformes en ligne et des réseaux sociaux numériques permet à des belligérants et leurs sympathisants de donner une visibilité aux conflits armés mais aussi d’engager des discussions sur leurs déroulements. De la sorte, les usagers du net mettent à mal le contrôle du politique sur la communication de guerre, un contrôle traditionnellement ordonné par des logiques de secret. Considérant le développement sur internet d’espaces de discussion et de mise en scène des conflits, comment les armées tentent-elles de négocier le sens de la guerre ? Dans quelle mesure, tant au niveau doctrinaire que celui de la pratique, la circulation des représentations de la guerre sur Internet reconfigure-t-elle les stratégies informationnelles entre belligérants ?

Axe 2 – Justifier la guerre auprès des audiences étrangères

Historiquement, la communication extérieure des États est liée aux enjeux de la guerre. À travers des médias transnationaux, les gouvernements s’adressent à des publics étrangers soit pour justifier le recours à la violence « légitime » contre l’ennemi, soit pour saper le soutien moral de ses partisans. On s’intéressera, de ce point de vue, à l’émergence de nouveaux dispositifs de communication internationale (numériques, radiophoniques, télévisuels) pour exporter la guerre ou, à l’inverse, pour endiguer les flux informationnels en provenance de l’ennemi. Comment, depuis le début des années 2000, les gouvernements / États réorganisent-ils leur communication internationale pour convaincre les audiences étrangères de la légitimité de leurs engagements armés ? Tant au niveau technique que légal, que mettent-ils en œuvre en retour pour « sécuriser » leurs espaces de réception nationaux ?

Axe 3 – Numériser l’élément moral de la guerre

Depuis 2005, les sciences sociales computationnelles sont employées de manière plus systématique par de grandes puissances militaires anglo-saxonnes afin d’analyser les sociétés qui entrent dans l’équation des conflits. Big data et traitements algorithmiques permettent de modéliser les comportements des populations civiles et de cartographier des réseaux de combattants. Sentiments, valeurs et émotions entrent ainsi dans le codage numérique des dimensions morales de la guerre. Grace à ces outils informatiques, les armées orientent leurs opérations sur le champ de bataille et conçoivent des stratégies de communication ciblées. Prenant acte de la numérisation de ce « terrain humain », on pourra interroger l’évolution des systèmes cognitifs et informationnels utilisés par les armées pour s’orienter au sein des populations. Comment l’informatique connectée et les sciences computationnelles sont-elles utilisées par les armées depuis le début des années 2000 ?  Dans quelle mesure leurs usages modifient-ils la prévision, l’estimation et le cours des conflits armés ?

Axe 4 – De la guerre au contrôle social

Les innovations info-communicationnelles qui ont vu le jour dans des contextes de guerre sont réutilisées en temps de paix. Parmi ces innovations se comptent aussi bien des technologies d’information, comme le gps par exemple, que des ingénieries du consentement. Considérant cette conversion, on interrogera la mise en œuvre en temps de paix de technologies de contrôle social initialement créées ou perfectionnées en période de guerre. Cette conversion peut être questionnée, par exemple, à partir des états d’exception permanents décrétés par les politiques sécuritaires du contre-terrorisme. Depuis la première décennie des années 2000, quelles logiques gouvernent la reconversion des technologies informationnelles crées et expérimentées dans les phases de conflits ? Comment sont mis en œuvres et justifiés des dispositifs de gouvernementalité sur le continuum entre sécurité intérieure et sécurité extérieure ?

Modalités de soumission

Le dossier de Signes, discours et société sollicite des analyses récentes et des contributions originales sur les questions évoquées supra. Les propositions (3 000 signes espaces non comprises) indiquant problématique et méthodologie sont à adresser à Olivier Koch

pour le 15 avril 2018.

Adresse : koches1@yahoo.fr

Calendrier

  • Remise des propositions d’articles : 15 avril 2018
  • Avis du comité de lecture : 7 mai 2018
  • Remise des articles : 30 août 2018
  • Mise en ligne des articles : 30 octobre 2018

Comité scientifique

  • Michel Bourse, Université de Galatasaray.
  • David Douyère, Université de Tours.
  • Olivier Koch, Université de Galatasaray.                                 
  • Tristan Mattelart, Université Paris II Panthéon Assas.
  • Arnaud Mercier, Université Paris II Panthéon Assas.
  • Pierre Mœglin, Université Paris XIII.
  • Jacques Walter, Université de Lorraine.

Bibliographie indicative

Boëx (Cécile), « La vidéo comme outil de l’action collective et de la lutte armée », in Burgat (François), Paoli (Bruno), dir., Pas de printemps pour la Syrie. La découverte, 2013, pp. 172-184.

Breton (Philippe), L’utopie de la communication. La découverte, 1997.

Chamayou (Grégoire), Théorie du drone. La fabrique éditions, 2013.

Charon (Jean-Marie), Mercier (Arnaud), coord., Armes de communication massives. Informations de guerre en Irak : 1991-2003. Cnrs éditions, 2004.

Couteau-Bégarie (Hervé), dir., Les médias et la guerre. Economica, 2005.

Gonzales (Roberto J.), Militarizing the culture. Essays on the warfare state. Left Coast Press, 2010.

Kempf (Olivier), Alliances et mésalliances dans le cyberespace. Economica, 2014.

Koch (Olivier), « De la géopolitique de l’information télévisuelle à la géopolitique des réseaux », in Koch (Olivier), Mattelart (Tristan), dir., Géopolitique des télévisions transnationales d’information. Mare & Martin, coll. Media critic, 2016, pp. 247-266.

Mattelart (Armand), La communication-monde. La découverte, 1992.

Mattelart (Armand), La globalisation de la surveillance. La découverte, 2007.

Mattelart (Tristan), Le cheval de Troie audiovisuel. PuG, 2013.

Sage (Michel), « Les militaires dans l’espace public numérique », in Letonturier (Eric), dir., Guerres, armées et communication. Hermès, Cnrs éditions, coll. Les essentiels, 2017, pp. 115-130.


Dates

  • dimanche 15 avril 2018

Mots-clés

  • guerre, communication

Contacts

  • Olivier Koch
    courriel : koches1 [at] yahoo [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Olivier Koch
    courriel : koches1 [at] yahoo [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Guerre et innovation communicationnelle : 2000-2017 », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 23 mars 2018, https://doi.org/10.58079/zus

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