Literature and mobility
Littérature et mobilité
Published on Friday, May 04, 2018
Abstract
Les écrivains, quoiqu’ils écrivent en français, n’ont jamais quitté leur langue maternelle, et conséquemment, leur langue et leurs origines. Le français côtoie les autres langues dans une symbiose qui rappelle la Tour de Babel. Driss Chraïbi, Ahmadou Kourouma, Tahar Benjelloun ou Léopold Sédar Senghor manifestent clairement cette dualité dans leurs écrits. Cette mobilité est une source de richesse pour la langue française, plus accueillante et plus à même de se mouvoir dans un monde qui bouge. L’exil n’est jamais totalement vécu comme une finitude, il est toujours une parenthèse où le passé rappelle le présent et le futur. La complétude de l’exilé se trouve dans cette possibilité de vivre la diversité comme une norme, y compris dans les langues qui l’habitent. Le colloque questionnera le rapport entre la littérature et la mobilité, toutes les mobiltés : exil, voyage, errance, exode, migration...
Announcement
Argumentaire
La littérature est de tout temps un chapelet de règles à suivre. Aristote, dans sa Poétique, en a délimité les contours. La littérature est alors frontière(s). Les écrivains ou les poètes se devaient d’écrire dans tel ou tel territoire générique sans possibilité de mélange. Le purisme règne alors, et les lettres, tout comme les gens de lettres, présentent un caractère sédentaire.
Pourtant, l’Antiquité a osé le mélange, voire la fusion des arts. L’ekphrasis en est l’exemple concret. Le visuel, le pittoresque, le descriptif, selon les traductions, se mêlent au narratif. C’est là la première mobilité qu’a connue le domaine des Arts.
Aujourd’hui, la mobilité, aux aspects de mue, a touché aussi les écrivains. Que ce soit sous forme d’exil, d’errance ou de voyage, les écrivains bougent. Leur ipséité aussi. L’appel de la mobilité et du déplacement fut tellement grand qu’ils y cédèrent et commencèrent à vivre la séparation, mais aussi à survivre à ses conséquences : vagabondage (Blaise Cendras), fugues (Paul Verlaine et Arthur Rimbaud), errance (Walter Benjamin, Witold Gombrowicz), voyages (Elias Canetti), migrations (écrivains issus des diasporas, dont la littérature beur), exodes (Aharon Appelfeld), exil (écrivains francophones de première génération). Cette mobilité polymorphe n’est pas sans conséquence sur l’écrivain, en particulier, et sur la littérature en général. Si elle était salvatrice de la fin du XVIIIe siècle jusqu’aux années 80 du siècle dernier, D’ailleurs, « C'est la poésie qui a permis aux Polonais de ne pas oublier leur nom et de rentrer […] dans la terre promise de leur patrie indépendante[i], elle devient de proche en proche problématique.
La complétude de l’exil de jadis laisse la place à un exil au goût d’insularité. L’écrivain reste un étranger là où il se trouve, sinon son étrangeté surgit au moment fatidique où il se croyait “intégré” dans un pays qu’il connaît sur le bout des doigts. Cette prise de conscience est mal vécue. Fouad Laroui, dans Ce Vain combat que tu livres au monde, fait dire à son personnage Ali s’adressant à sa compagne Malika : “-- Tu sais parfaitement ce que je veux dire. Je me fais virer en tant qu’Arabe et je continue à vivre en Français, c’est ça le deal ? Et en plus, je dois dire merci ?” La schizophrénie commence par cette tragédie où la chance d’être se heurte à la simulation et au je(u) d’être. L’écrivain entre dans une discontinuité de son être. Ayant choisi ou y ayant été forcé, l’exilé découvre qu’au lieu d’aller “des ténèbres à la Lumière » selon l’heureuse expression d’Alain Mabanckou[ii], il se retrouve dans des ténèbres qui ravivent chez lui l’appartenance à une terre qu’il a quittée.
D’autre part, cette mobilité spatiale est, aussi, linguistique. Parler de littérature francophone, par exemple, de ce point de vue est justifié. Les écrivains, quoiqu’ils écrivent en français, n’ont jamais quitté leur langue maternelle, et conséquemment, leur langue et leurs origines. Le français côtoie les autres langues dans une symbiose qui rappelle la Tour de Babel. Driss Chraïbi, Ahmadou Kourouma, Tahar Benjelloun ou Léopold Sédar Senghor manifestent clairement cette dualité dans leurs écrits. Cette mobilité est une source de richesse pour la langue française, plus accueillante et plus à même de se mouvoir dans un monde qui bouge. L’exil n’est jamais totalement vécu comme une finitude, il est toujours une parenthèse où le passé rappelle le présent et le futur. La complétude de l’exilé se trouve dans cette possibilité de vivre la diversité comme une norme, y compris dans les langues qui l’habitent.
Le colloque tentera de répondre à ces formes de mobilité que l’argumentaire a détaillées. Une liste non exhaustive d’axes à traiter est donnée à titre indicatif.
- Géographie de la mobilité littéraire
- Littérature terre d’accueil
- De la recherche scientifique à la littérature : Scientifiques et littérature
- Mobilité linguistique : de la langue maternelle à la langue d’écriture et vice-versa
- L’expression de la mobilité dans les nouvelles théories littéraires
- Migration et littérature
- Ecrivain avant et après mobilité
- Voyage et croyance
- Mobilité et dépaysement
Organisé par :
- l’Université Cadi Ayyad de Marrakech,
- la Faculté Polydisciplinaire de Safi,
- le Groupe de Recherches Littérature, Communication et Imaginaire,
- le Département de Langue, Littérature et Communication Françaises.
- Études Françaises
Date du Colloque : les 04 et 05 décembre 2018.
Calendrier
- La date limite de soumission des propositions : le 20 août 2018.
- La notification des propositions retenues : le 10 septembre 2018.
- L’envoi des textes pour publication d’actes de colloque : le 30 février 2019
Coordonnateur du colloque
- Pr. Abdelaziz AMRAOUI
Comité d’organisation
Pr. Abdelaziz Amraoui (UCAM, FP Safi), Pr. Mounir ElBaskri (UCAM, FP Safi), Pr. Rachid Naim (UCAM, FP Safi), Pr. Mohammed Laouidat (UMI, Meknès, Maroc), Pr.Abderrahmane GHARIOUA (U. Alqaraouiyyine, Rabat), Pr. BENKIRANE Thami (U. Moulay Abdellah, Fès).
Comité scientifique
Pr. Abdelaziz Amraoui (UCAM, FP Safi), Pr. Rachid Naim (UCAM, FP Safi), Pr. Mounir ElBaskri (UCAM, FP Safi), Pr. Youssef Abouali (CREMEF, Casablanca), Pr. Humberto Luiz Lima de Oliveira (Universidade Estadual de Feira de Santana -UEFS-, Brésil), Pr. Christian Mbarga, (St. Thomas University, Canada), Marie-Rose Abomo-Maurin (Yaoundé 1, Cameroun), Pr. Mohammed Laouidat (UMI, Meknès, Maroc), Pr. Abderrahmane Gharioua (UQ, EDHH, Rabat), Georges A. Bertrand (Docteur ès Lettres & Civilisations et rattaché à l'Académie de Limoges, France), Pr. BENKIRANE Thami (U. Moulay Abdellah, Fès), Rémi Astruc (Université de Cergy-Pontoise, France).
Modalités de soumission
Vous pouvez adresser vos propositions de communications jusqu’au 20 août 2018 au professeur Abdelaziz Amraoui (a.amraoui@uca.ac.ma)
Les exposés, pendant le colloque, se feront sous la forme d’interventions orales de 20 à 25 minutes.
Les propositions de communications doivent nous parvenir sous la forme suivante : un texte en word (TNR, 12, justifié gauche et droite) accompagné d’une courte biobibliographie (TNR, 12, justifié gauche et droite).
Les frais d’inscription pour la participation au colloque sont de 700 dh (70euros) pour les enseignants-chercheurs et 500 dh (50euros) pour les doctorants.
Fiche d'inscription
- NOM/Prénom
- Ancrage institutionnel
- Adresse, tél., courriel
- Titre de la communication
- Aire thématique
- Résumé en une page
[i] Rozewicz, T. (1972). L’errance collective. Liberté, 14(6), 50–60.
[ii] Leçon inaugurale prononcée au Collège de France le 17 mars, à paraître le 24 avril aux éditions Fayard.
Subjects
- Language (Main category)
- Mind and language > Language > Literature
Date(s)
- Monday, August 20, 2018
Keywords
- exil, émigration, mobilité, écrivains
Contact(s)
- Abdelaziz Amraoui
courriel : a [dot] amraoui [at] uca [dot] ac [dot] ma
Reference Urls
Information source
- Abdelaziz Amraoui
courriel : a [dot] amraoui [at] uca [dot] ac [dot] ma
License
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To cite this announcement
« Literature and mobility », Call for papers, Calenda, Published on Friday, May 04, 2018, https://doi.org/10.58079/105d