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L'Afrique littéraire de la diaspora

African literature of the diaspora

Postures et rhétoriques des écrivains

The postures and rhetoric of writers

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Veröffentlicht am Dienstag, 26. Juni 2018

Zusammenfassung

Plutôt qu’une réalité vécue, l’Afrique de l’écrivain de la diaspora serait pour le fervent lectorat local une construction narrative, déformée par le miroir de l’Occident. Qu’en est-il réellement ? L’œuvre du malgache Raharimanana par exemple  n’apporte-elle pas immédiatement un démenti sans appel à ce jugement ? En offrant une écoute attentive à cet argument, peut-être pour l’invalider, la notoriété de l’écrivain de la diaspora s’explique-t-elle par l’effet de proximité du champ métropolitain ? ou alors aurait-elle une plus-value certaine à mettre en lumière ? Comporte-elle une distorsion d’optique ? Si oui, laquelle ? Langues et Littératures, revue de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’Université Mohammed V de Rabat, consacre un numéro thématique à la littérature de la diaspora africaine, à paraître en 2019. 

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Présentation

L’Afrique littéraire de la diaspora

Postures et rhétoriques des écrivains

(numéro coordonné par Hassan Moustir)

Langues et Littératures[1], revue de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’Université Mohammed V de Rabat, consacre un numéro thématique à la littérature de la diaspora africaine, à paraître en 2019. Les modalités de contribution sont détaillées à la fin du présent argumentaire.

[1] Langues et Littératures adopte l’évaluation internationale par les pairs et la norme APA, accessible via le lien : http://benhur.teluq.uquebec.ca/~mcouture/apa/normes_apa_francais.pdf

Argumentaire

Les honneurs de l’écrivain de la diaspora africaine ne se comptent pas, sa position en tant qu’auteur africain tout court est moins certaine et plus complexe à définir. Sa paratopie, selon le mot de Maingueneau (2016), entre champ d’accueil et champ d’origine ne le fixe nulle part. De même, sur le plan institutionnel, comme sur celui purement littéraire, un phénomène de distorsion multiple et imprévisible guette souvent l’auteur de la diaspora et son écriture. Rappelons d’abord quelques faits qui en attestent.

Le 17 mars 2016, l'écrivain congolais Alain Mabanckou donnait sa leçon inaugurale au Collège de France, sur une invitation d'Antoine Compagnon, leçon dont le titre suggérait une relecture en vue d'une écriture de l'histoire littéraire africaine. Son brillant séminaire redisait à qui en doutait encore que les pièces du récit national français étaient cousues, aussi, de fil noir. Il s’en déduisait malgré la justesse du constat un discours sur l’Afrique, depuis la France, ce que d’aucuns lisent comme une lettre de doléance de l’auteur africain en général destinée à l’ancienne instance tutrice de cette littérature. Le propos du manifeste Pour une littérature-monde ne fut pas moins lu comme un vœu de dissolution de la littérature francophone. Dans Imaginary homelands (1991), Salman Rushdie ne signait-il pas l’arrêt de mort de la Commonwealth literature (« ‘’Commonwealth literature’’ does not exist »). Pourtant la tendance serait aujourd’hui à l’affirmation des littératures nationales et non aux pratiques flottantes dans le paysage monde. Quelques années auparavant, en 2005, l'auteure algérienne Assia Djebar devenait la première femme (nord)-africaine à siéger comme immortelle à l'Académie française.

L'auteur pouvait-elle pour autant maintenir sa pratique de la langue d'écriture au rang d'évidence, sans avoir à "la justifier" comme on peut le lire dans Ces voix qui m’assiègent 1999), essai sous-titré, En marge de ma francophonie (rappelons que d'autres auteurs l'ont également fait avant elle, Khatibi notamment dans La Langue de l'autre (1998)). Ne reste-on pas perplexe en outre face à l'énigme de la nostalgie de l’Algérie française comme semble la figurer son roman La Disparition de la langue française (2003).  Plus reculé encore dans le temps, le 2 juin 1983 précisément, Senghor était le premier immortel africain à recevoir cet insigne sacre ; d’aucuns trouvaient incompatibles sa « défense et illustration de la francophonie » avec l’affirmation d’une culture nègre authentique. On ne peut à l’occasion rappeler la querelle, passagère, que provoqua le Nigérian prix Nobel de Littérature 1986, Wole Soyinka, en troquant la « tigritude » contre «la négriture », soit dans l’esprit de la formule l’acte libérateur plutôt que la revendication essentialiste.

Du point de vue de la réception, et plus proche de nous, l'humour de Fouad Laroui - en faisant fi ici de la distinction nord/sud du continent- et son ressort principal, l'ironie, n'est pas reçu de la même manière d'une rive à l'autre de la Méditerranée. Dans une de ses chroniques, l’auteur déclarait, ironiquement, bannir cette figure de son éventail stylistique. Davantage qu'une question de code littéraire, serait-ce d'un parti pris culturel qu’il s’agit, méjugeant souvent de la posture de l'écrivain usant d’une double énonciation? Plus encore, beaucoup de lecteurs africains ne se reconnaissent pas forcément dans une écriture qui, dans certains cas, crée un effet de dépaysement inverse pour celui qui connait la culture du dedans. Rien n’égale pour eux une écriture du terroir, comme celle d’un Najib Mahfoud par exemple qui atteint le pinacle de « l’universalité » en obtenant le Nobel de littérature en 1988 ou encore la profondeur organique de Sony Labou Tansi, de Félix Couchoro ou encore de la sud-africaine Nadine Gordimer récipiendaire du prix Nobel en 1991, plus d’une décennie avant son compatriote de la diaspora, John Maxwell Coetzee.

Certains auteurs du terroir, moins illustres, ne dépeignent pas moins efficacement les contours d’une culture et d’un être au monde africain. Plutôt qu’une réalité vécue, l’Afrique de l’écrivain de la diaspora serait pour le fervent lectorat local une construction narrative, déformée par le miroir de l’Occident. Qu’en est-il réellement ? L’œuvre du malgache Raharimanana par exemple  n’apporte-elle pas immédiatement un démenti sans appel à ce jugement ? En offrant une écoute attentive à cet argument, peut-être pour l’invalider, la notoriété de l’écrivain de la diaspora s’explique-t-elle par l’effet de proximité du champ métropolitain ? ou alors aurait-elle une plus-value certaine à mettre en lumière ? Comporte-elle une distorsion d’optique ? Si oui, laquelle ?

Axes de réflexion

D’autres questions découlent de ces constats préliminaires et peuvent constituer à titre indicatif autant d’axes de réflexion :

  • N’est-il pas vrai que pour ces écrivains de la diaspora, venus à l’Europe et ailleurs au départ des différentes contrées du continent, l’Afrique reste, très souvent, l'univers de fiction d'élection ?
  • À l’inverse, ce lecteur supposé partial ne tient-il pas souvent la position spatiale comme un absolu, alors qu'elle serait davantage un "effet de langage"  intéressant à questionner?
  • En d’autres termes, suffit-il d’être ailleurs pour devenir écrivain de la diaspora, ou est-ce au contraire d’abord une posture, un langage et une rhétorique ? - Si c’est le cas, et face à la force structurante du champ d’accueil, quelles stratégies discursives ces écrivains adoptent-ils en faveur de leur propre visibilité ? Quel regard depuis « l’Ailleurs » porte-il sur l’Afrique ?
  • Le fait diasporique serait-il nécessairement producteur d'un effet de distance de nature critique?
  • Comment cet effet de distance, comme catalyseur de proximité, sert-il de motifs aux diverses constructions discursives de l'appartenance.
  • En quoi l'Afrique des écrivains de la diaspora serait-elle différente de celle des auteurs du terroir si tant est que cela est soutenable ?
  • Quels (doubles ?) discours et postures développent-ils aussi bien à l'égard de la culture d’accueil qu’à celle « d’origine » si toutefois cette appellation est toujours admissible pour certains d’entre eux. Pensons ici également aux auteurs « issus » de la diaspora n’ayant pas une expérience initiale (initiatique ?) et directe du pays.
  • Quelles transformations subit la représentation de l’Afrique quand elle est filtrée par la position de l’écrivain, ou sa double posture ?
  • Quels effets éditoriaux possibles sont-ils sensibles dans la manière de représenter une réalité africaine « devenue autre » ?
  • La diaspora en matière d’écriture, de l’Afrique en l’occurrence, ne serait-elle pas en définitive l’expression d’une distance culturelle qui s’énonce de façons multiples et variées, selon les auteurs et leur degré de proximité du champ littéraire d’accueil ou d’origine ?
  • Enfin, de quelles représentations, médiatiques notamment, font l’objet ces écrivains africains de la diaspora du point de vue de l’identification, de l’exposition médiatique et de l’usage culturel ?

Dates et modalités de contribution

  • Les articles d’une longueur de 30.000 caractères (espaces compris) sont attendus pour le 15 décembre 2018.
  • La décision du comité de rédaction de la revue, à l’issue d’un processus d’expertise en double aveugle, sera communiquée aux auteurs vers le 30 mars 20
  • Les références doivent respecter le style de l’American Psychological Association (APA). Une version en Français de APA est accessible via le lien : http://benhur.teluq.uquebec.ca/~mcouture/apa/normes_apa_francais.pdf
  • Les contributions sont à adresser conjointement à : Langues-et-litteratures@um5.ac.ma et hassan.moustir@um5.ac.ma

Directeur

Jamal Eddine El Hani

Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines

Université Mohammed V de Rabat, Maroc

Editeur

Said Graiouid

Université Mohammed V de Rabat, Maroc

Comité de rédaction

  • Hassan Belhiah, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
  • Zakaria Boudhim, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
  • Abdelmouneim Bounou, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
  • Ijjou Cheikh-Moussa, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
  • Yamina El Kirat,  Université Mohammed V de Rabat, Maroc
  • Rachid Moursli, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
  • Hassan Moustir, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
  • Karima Yatribi, Université Mohammed V de Rabat, Maroc

Comité scientifique international

  • Bruno Nassim Aboudrar, Paris 3, Université Sorbonne Nouvelle, France
  • Taieb Belghazi, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
  • Fawzi Boubia, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
  • Matthias Brenzinger, Université de Cape Town, Afrique du Sud
  • miriam Cooke, Université de Duke, U.S.A.
  • Adama Coulibaly, Université Felix-Houphouët-Boigny, Côte D’Ivoire
  • Souleymane Bachir Diagne, Columbia University, U.S.A.
  • Mohamed Dahbi, Université Al Akhawayn, Maroc
  • Alfonso de Toro, Université Leipzig, Allemagne
  • Mbaye Diouf, Université McGill, Canada
  • Brian Edwards, Université Northwestern, U.S.A.
  • Ute Fendler, Université de Bayreuth, Allemagne
  • Ranjan Ghosh, Université North Bengal, India
  • Lahcen Haddad, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
  • Dymitr Ibrizinov, Université de Bayreuth, Allemagne
  • Simona Corlan-Ioan, Roumanie
  • Deborah Kapchan, Université New York, U.S.A.
  • Nadia Kiwan, Université of Aberdeen, UK
  • Karima Laachir, SOAS Université de Londres, UK
  • Fouad Laroui, Université d’Amsterdam, NL
  • Sinfree Makoni, Université Penn State, U.S.A.
  • Ulrike Hanna Meinhof, Université de Southampton, UK
  • Hassan Mekouar, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
  • Abdelhay Moudden, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
  • Bruno Péquignot, Paris 3, Université Sorbonne Nouvelle, France
  • Abderrahman Tenkoul, Université Ibn Tofail, Maroc  
  • Claudia Tresso, Université de Turin, Italie

Orte

  • Rabat, Marokko

Daten

  • Samstag, 15. Dezember 2018

Schlüsselwörter

  • Afrique, diaspora, énonciation, postures, rhétoriques, positionnement, littérature-monde, postcolonial

Kontakt

  • Hassan Moustir
    courriel : moustirhassan [at] gmail [dot] com
  • Hassan Moustir
    courriel : moustirhassan [at] gmail [dot] com

Informationsquelle

  • Hassan Moustir
    courriel : moustirhassan [at] gmail [dot] com

Lizenz

CC0-1.0 Diese Anzeige wird unter den Bedingungen der Creative Commons CC0 1.0 Universell .

Zitierhinweise

« L'Afrique littéraire de la diaspora », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am Dienstag, 26. Juni 2018, https://doi.org/10.58079/10dh

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