AccueilSe faire apôtre, du XIXe siècle à nos jours

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Se faire apôtre, du XIXe siècle à nos jours

Becoming an apostle - from the 19th century to the present day

L’Église catholique et les différents régimes d’apostolat dans le monde moderne

The Catholic church and its different apostolate regimes in the modern world

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Publié le mardi 17 juillet 2018

Résumé

Fort de son expérience pluridisciplinaire et des divers laboratoires qu’il réunit, l’IEFR souhaite mobiliser à la fois l’exégète, l’historien de l’art et des religions, le théologien, le philosophe, le spécialiste des textes littéraires, ou encore le sociologue, afin de s’interroger sur les pratiques contemporaines de l’apostolat dans l’Église catholique. Quelle spécificité de l’apostolat laïc par rapport à l’apostolat hiérarchique ? De quelle manière les préoccupations apostoliques modifient-elles la relation des Congrégations religieuses au monde ? Quelle place des œuvres dans le travail apostolique ? Quelle spécificité à l’apostolat féminin, notamment à partir de la fin du XIXe siècle ? Comment l’apostolat par les arts est-il conçu ? Quel lien ou quelle distinction entre apostolat et évangélisation ? Quelle logique d’Incarnation suppose l’apostolat ? Quelle influence des mouvements charismatiques et des nouveaux mouvements d’Église sur le renouvellement de l’apostolat après le second Concile de Vatican ? Les figures nouvelles de l’apostolat mettent-elles en crise la notion de « paroisse » ? Et, de manière plus large : quelles conceptions de l’apostolat ont été défendues (apostolat de prière, apostolat direct, apostolat de témoignage, apostolat d’éclaircissement, etc.) depuis le début du XIXe siècle ?

Annonce

Argumentaire

L’IEFR et la Faculté de Théologie/UCLy organisent un colloque à Arras les 5-6 février 2019.

Responsables scientifiques : Charles Coutel, Christophe Leduc, Marie-Hélène Robert, Olivier Rota.

Faisant suite au colloque « Témoigner, entre actes et paroles » (dont les actes ont été publiés en 2016), ce colloque s’intéressera aux pratiques et aux conceptions de l’apostolat catholique à l’époque contemporaine. Réponse militante, prophétique, ou tout simplement pragmatique, à la modernité, l’apostolat contemporain s’inscrit dans une longue tradition qui va connaître de profonds bouleversements aux XIXe et XXe siècles, et plus récemment encore sous l’influence de la montée des mouvements identitaires.

Déstabilisée par le développement des pensées modernes, l’Église catholique a tardé au XIXe siècle à s’engager dans le débat des idées. Les premières initiatives de reconquête sont plutôt venues de la base. Elles ressortent pour beaucoup de nouvelles méthodes missionnaires. Désignées sous le terme unique d’apostolat, ces méthodes se sont dans les faits déclinées en de nombreuses formes, dont le nombre n’a fait que croître à partir du milieu du XIXe, jusqu’à désigner chaque chrétien comme un apôtre en puissance.

Fondée en 1840, dans le sillage de l’Association de la Propagation de la foi, l’association de l’Apostolat catholique rappelle ainsi que « le précepte de charité impose à tous les hommes l’obligation de travailler au salut éternel du prochain, comme à leur propre salut, en faisant usage, chacun selon son pouvoir, des moyens spirituels et temporels proportionnels au rang, aux talents, aux circonstances de temps et de lieu, et à la plus ou moins grande abondance des moyens spirituels et temporels que Dieu leur a départis »[1]. Les appels à situer l’apostolat dans le cadre d’une charité « à la fois active et discrète, aussi éloignée de la timidité que de l’importunité » disent quelque chose de la stratégie de reconquête qui anime les milieux missionnaires sur le sol européen, au moins jusqu’à l’entre-deux guerres.

Le prêtre figure dans ce combat au premier rang des apôtres : « Apôtre de la souffrance », consacré pour offrir à l’autel la sainte victime du Calvaire, il est attendu de lui qu’il offre un exemple d’abnégation chrétienne, anime un apostolat de parole et suscite des vocations d’apôtre parmi les laïcs[2]. Or, dès le milieu du XIXe siècle, l’apostolat est de plus en plus conçu comme une manière de mobiliser les laïcs. « Ce n’est pas seulement auprès des personnes plus spécialement consacrées à Dieu par leur vocation, que l’Apostolat se recommande. L’esprit de zèle qu’il tend à répondre, n’est pas moins propre aux personnes dévouées que la volonté de Dieu retient au milieu du monde, que celles qui vivent dans la solitude du cloître », note le P. Ramière dans un volume de 1861[3].

La formation de l’Action catholique spécialisée à partir de la fin des années 1920 donne un poids nouveau à l’apostolat : « dans Rerum novarum », écrit J.-H. Soret, « l’action sociale des catholiques […] avait pour conséquence heureuse et éminemment souhaitable de ramener au bercail catholique des âmes égares par de mauvaises influences ; dans la pensée de Pie XI, l’action sociale n’est que la conséquence de la priorité donnée à l’apostolat pour étendre le règne du Christ »[4].

Si l’Action catholique promeut un « apostolat direct à base d’actions fortement symboliques », sa dynamique d’incarnation porte néanmoins par ricochet à l’enfouissement[5]. Aussi est-ce autour d’un extrême effacement que l’apostolat commence à se réformer dans l’entre-deux guerres, pour adopter de nouvelles formes grâce à quelques précurseurs impliqués dans le monde du travail. On trouve alors bien souvent, aux origines de l’action de ces précurseurs, l’influence des écrits du P. de Foucauld, et sa méditation autour de la vie cachée de Jésus. « Je vous apprends d’abord que l’on peut faire du bien aux hommes, beaucoup de bien, un bien infini, sans paroles, sans sermon, sans bruit, dans le silence et en donnant le bon exemple… Quel exemple ?… Celui de la piété, des devoirs envers Dieu amoureusement remplis, de la bonté envers tous les hommes, de la bonté envers ceux qui nous entourent », écrit-il[6]. Si Charles de Foucauld n’a fondé aucun ordre, du moins directement, sa pensée a irrigué toute une pensée faisant de l’apostolat un exercice d’apprivoisement plutôt que de persuasion, cherchant à faire disparaître peu à peu les préventions et les préjugés à l’égard du christianisme[7].

Fort de son expérience pluridisciplinaire et des divers laboratoires qu’il réunit, l’IEFR souhaite mobiliser à la fois l’exégète, l’historien de l’art et des religions, le théologien, le philosophe, le spécialiste des textes littéraires, ou encore le sociologue, afin de s’interroger sur les pratiques contemporaines de l’apostolat dans l’Église catholique.

Quelle spécificité de l’apostolat laïc par rapport à l’apostolat hiérarchique ? De quelle manière les préoccupations apostoliques modifient-elles la relation des Congrégations religieuses au monde ? Quelle place des œuvres dans le travail apostolique ? Quelle spécificité à l’apostolat féminin, notamment à partir de la fin du XIXe siècle ? Comment l’apostolat par les arts est-il conçu ? Quel lien ou quelle distinction entre apostolat et évangélisation ? Quelle logique d’Incarnation suppose l’apostolat ? Quelle influence des mouvements charismatiques et des nouveaux mouvements d’Église sur le renouvellement de l’apostolat après le second Concile de Vatican ? Les figures nouvelles de l’apostolat mettent-elles en crise la notion de « paroisse » ? Et, de manière plus large : quelles conceptions de l’apostolat ont été défendues (apostolat de prière, apostolat direct, apostolat de témoignage, apostolat d’éclaircissement, etc.) depuis le début du XIXe siècle ?

Modalités de soumission

Les propositions de communication (titre et résumé de 1500 signes) accompagnées d’une courte présentation de l’auteur doivent être envoyées conjointement à : charles.coutel@univ-artois.fr, christophe.leduc@univ-artois.fr, et mhrobert@univ-catholyon.fr et  olivier.rota@univ-artois.fr

La date limite d’envoi des propositions est le 15 octobre 2018.

La réponse sera faite au courant du mois de novembre.

[1] Petit manuel à l’usage des membres de l’apostolat catholique établi à Rome dans l’église du Saint-Esprit des Napolitains, en l’honneur et sous la protection de la Reine des apôtres, Marie Très-Sainte et Immaculée, et placé sous la dépendance immédiate et absolue du souverain pontife, Clermont-Ferrand, Librairie catholique, 1840, Avis au lecteur.

[2] Voir : J. Lyonnard (SJ), L’Apostolat de la Souffrance, ou les victimes volontaires pour les besoins actuels de l’Église et des nations, surtout des nations catholiques de l’Europe, Paris, Poussielgue et Fils, 1866, 340 p.

[3] H. Ramière (SJ), L’apostolat de la Prière. Sainte Ligue des Cœurs chrétiens unis au Cœur de Jésus pour obtenir le triomphe de l’Église et le salut des Âmes, Paris et Lyon, Perisse Frères, 1861, p. 386.

[4] Jean-Hugues Soret, Philosophies de l’action catholique. Blondel-Maritain, Paris, Cerf, « Sciences humaines et religions », 2007, p. 103.

[5] Yvon Tranvouez, Catholicisme et société dans la France du XXe siècle. Apostolat, progressisme et tradition, Paris, Karthala, « Signes des Temps », 2011, p. 55.

[6] Écrits spirituels de Charles de Foucauld, Ermite au Sahara, apôtre des Touaregs, Paris, J. de Rigord, 1947 [1923], p. 135.

[7] Ibid., p. 237.

Comité scientifique et organisateur

  • Charles Coutel, Université d’Artois
  • Christophe Leduc, Université d’Artois
  • Marie-Hélène Robert, Université catholique de Lyon
  • Olivier Rota, Université d’Artois

Dates

  • lundi 15 octobre 2018

Mots-clés

  • Histoire, Religion, Catholicisme, Apostolat

Contacts

  • Olivier Rota
    courriel : olivier [dot] rota [at] univ-catholille [dot] fr
  • Charles Coutel
    courriel : charles [dot] coutel [at] univ-artois [dot] fr
  • Christophe Leduc
    courriel : christophe [dot] leduc [at] univ-artois [dot] Fr
  • Marie-Hélène Robert
    courriel : mhrobert [at] univ-catholyon [dot] fr

Source de l'information

  • Olivier Rota
    courriel : olivier [dot] rota [at] univ-catholille [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Se faire apôtre, du XIXe siècle à nos jours », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 17 juillet 2018, https://doi.org/10.58079/10hl

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