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Comparing and confront dead animals: interdisciplinary approaches

Comparer et confronter les morts animales : approches interdisciplinaires

Géographie et cultures journal

Revue « Géographie et cultures »

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Published on Friday, September 20, 2019

Abstract

La thématique de la mort des animaux investit aujourd’hui le débat public de différentes manières : remise en cause de l’abattage industriel et de l’alimentation carnée, dénonciation ou défense de pratiques culturelles (corrida, abattage rituel), justifications éthico-techniques multiples de la mort animale pour raisons sanitaires, scientifiques, alimentaires, etc. Elle engage par ailleurs de nombreux débats philosophiques, historiques, géographiques et anthropologiques concernant le statut des animaux (et du vivant en général), entre hypothèse d’un « tournant animaliste »  réaffirmation d’une spécificité humaine ou recherche d’une théorie renouvelée du don-contre don étendue aux relations trans-spéciques.

Announcement

Argumentaire

La thématique de la mort des animaux investit aujourd’hui le débat public de différentes manières : remise en cause de l’abattage industriel et de l’alimentation carnée, dénonciation ou défense de pratiques culturelles (corrida, abattage rituel), justifications éthico-techniques multiples de la mort animale pour raisons sanitaires, scientifiques, alimentaires, etc. Elle engage par ailleurs de nombreux débats philosophiques (de Fontenay, 1998 ; Wolff, 2017 ; Donaldson & Kymlicka, 2016), historiques (Ritvo, 2008 ; Baratay, 2011), géographiques (Estebanez et al., 2013 ; Blanc, 2000) et anthropologiques (Brisebarre, 1998 ; Descola, 2010 ; Vialles, 1987) concernant le statut des animaux (et du vivant en général), entre hypothèse d’un « tournant animaliste » (Andersson, 2014) réaffirmation d’une spécificité humaine (Digard, 2012) ou recherche d’une théorie renouvelée du don-contre don étendue aux relations trans-spéciques (Porcher, 2011).

Ces enjeux impliquent une réflexion renouvelée sur la pluralité des statuts sociaux des animaux selon leur mode de mise à mort et sur les transformations du rapport aux animaux autour des notions de sensibilité, de douleur (Le Neindre et al., 2009), de souffrance et de conscience. Ils interrogent aussi la pluralité des systèmes culturels en matière de rapports entre humains et animaux, et notamment les enjeux symboliques et moraux des pratiques de mise à mort selon les cadres culturels mais aussi économiques et politiques. En quoi par exemple des pratiques telles que la chasse ou l’abattage rituel d’un côté, l’élimination sanitaire ou l’abattage industriel de l’autre (Franck, Gardin & Givre, 2015, 2016), renverraient-elles à des histoires, des systèmes sociaux mais aussi des justifications morales distinctes voire opposées ? Dans un autre registre, que signifie l’injonction fréquente à « tuer humainement » (Givre, 2015) dans les normes du bien-être animal qui tendent à s’imposer comme un cadre global en matière de mort animale ?

Mettre l’accent sur les dimensions comparées et les approches interdisciplinaires

Pour aborder ce sujet particulièrement débattu, nous souhaitons regrouper des contributions de différentes disciplines (géographie, sociologie, anthropologie, droit, etc.), animées par la même volonté de distanciation scientifique, et également ouvertes à la nécessité de mener un travail réflexif autour de la question des affects que soulèvent aujourd’hui les mises à mort des animaux. À ces fins, ce numéro se veut fondamentalement comparatiste dans ses méthodes et interdisciplinaire dans son contenu. Les contributions viseront à appréhender différentes modalités pratiques de la mort des animaux que sont l’abattage industriel, le sacrifice, l’extermination des  nuisibles, la chasse, ou l’euthanasie au zoo, en refuge ou en clinique, etc. Elles prendront également soin d’analyser ces modalités en tant que dispositifs tout à la fois spatiaux (abattoirs, refuges, zoos…), techniques (industriels, rituels, sanitaires…) et discursifs (professionnels ou non, vétérinaires, juridiques, religieux, médiatiques…). Elles pourront également concerner les politiques sanitaires ou de contrôle des populations animales (élevages contaminés, loup, ours etc.) dans leurs dimensions territoriales.

Le présent numéro thématique propose notamment d’aborder la question des enjeux locaux et globaux des pratiques contemporaines de mort animale, selon une approche comparative qui nous semble généralement manquer aux travaux sur ce thème. En particulier, le lien entre mort des animaux et construction de normes globales en matière de bien-être animal n’a jusque-là pas été systématiquement analysé, dans une approche interdisciplinaire, comparative et multisituée, à la fois attentive aux situations concrètes et à la circulation des pratiques, normes et valeurs. Il s’agira ainsi d’interroger la place, dans ces différentes pratiques de mort animale, de notions aussi globales que le « bien-être animal » (Animal Welfare), aujourd’hui présente tant dans l’économie productive que dans les « économies morales » du rapport aux animaux (Griffin, 2011), dans les modes de gouvernance du vivant et dans les mobilisations animalistes. Quels sont les effets de la globalisation de certaines règles normatives en matière de vie et de mort animales sur des « morales situées » et des pratiques culturellement localisées ?

Il s’agira ainsi d’analyser et d’interroger la production et les effets d’éthiques à prétention universalisante en matière de rapports aux animaux, qui peuvent relever aussi bien de discours écologiques , économiques (optimiser la « production » animale, Porcher, 2011), moraux ou juridiques (Donaldson & Kymlicka, 2016). Assiste-t-on à l’émergence d’une norme unifiée, hégémonique et globale en termes de mise à mort des animaux, qui s’imposerait à des situations locales hétérogènes ? L’abattage industriel des animaux de rente servirait-il alors de référent ultime des normes et des critiques liées à la mort animale, à partir duquel seraient évaluées des pratiques aussi variées que l’expérimentation animale, la chasse, l’élimination des nuisibles ? Dans quelle mesure les systèmes normatifs globalisés participeraient-il alors à la modification des dispositifs (lieux, pratiques, techniques, textes, discours et images) des mises à mort animales ? La diffusion de représentations unifiées de l’animal comme être sensible conduit-elle à une nouvelle pluralisation des modes de mise à mort selon de nouvelles hiérarchies animales basées sur la « sentience » ?

Quatre axes complémentaires : espaces, pratiques, discours, images

L’un des enjeux principaux sera ainsi de réunir et articuler des contributions prenant appui sur des terrains suffisamment variés et contrastés pour mettre en perspective des pratiques et des normes qui, loin d’être homogènes, nécessitent un examen contextualisé. Nous proposons en particulier d’explorer quatre axes thématiques complémentaires, ouvrant sur des terrains pluriels et des situations variées de mort animale, permettant de dresser autant de configurations du rapport aux animaux et à leurs morts.

  • Espaces

Gouverner les animaux, entre pratiques sociales et spatiales : la gestion sociale et spatiale de la mort animale relève d’une dialectique complexe entre ordre et désordre, cacher et montrer (le sang, la souffrance, la violence), prescrire et proscrire (la bonne ou mauvaise mort animale). Il s’agira d’examiner les dispositifs concrets de la gouvernance animale, les usages du bien-être animal qui s’y déploient, avec un accent spécifique sur la place de la mort animale dans la fabrique contemporaine du rural et de l’urbain.

  • Pratiques.

Les médiations symboliques, techniques et matérielles : la mort animale engage des médiations techniques et symboliques qui peuvent relever de traditions diverses autant que de registres de justification économiques, sanitaires ou zootechniques (Porcher, 2011). Il s’agira d’interroger l’impact de la notion de bien-être animal sur ces médiations, la transformation des manières de faire et des registres de légitimation, l’écart entre le prescrit et le réel, les petits arrangements avec les normes.

  • Discours

Les  économies morales et politiques de la mort animale : le  bien-être animal fait l’objet de discours institutionnels, juridiques, philosophiques, éthiques, sanitaires, techniques, religieux, au sein desquels s’articulent différentes représentations du rapport aux animaux (souffrance, conscience, respect, etc.). Il s’agira d’analyser la négociation et la confrontation entre ces différents discours sur les mises à mort dans l’espace public et au regard de leurs enjeux sociétaux et politiques.

  • Images

Voir et montrer la mort animale : notre problématique implique une réflexion sur les régimes de visibilisation et d’invisibilisation, qu’il s’agisse de donner à voir ou de cacher la mort, de ses représentations par exemple médiatiques, de l’impact émotionnel de la mort animale mais aussi de son investissement croissant par divers champs artistiques, littéraires, critiques, etc. Il s’agira ainsi d’accorder une place aux enjeux sensibles et affectifs de la mort animale, partie intégrante de ses dimensions sociétales et morales actuelles.

Modalités de soumission et d’évaluation

Les articles (entre 35 000 et 50 000 signes maximum, résumés et bibliographie inclus) sont à soumettre à la rédaction de la revue Géographie et cultures (gc@openedition) au plus tard

le 4 mai 2020.

Les instructions aux auteur.e.s sont disponibles en ligne : http://gc.revues.org/605

Les articles seront évalués en double aveugle.

Coordinateurs

  • Alice Franck, Université Paris1 / UMR PRODIG CNRS 8586
  • Jean Gardin, Université Paris1 / UMR LADYSS CNRS 7533
  • Olivier Givre, Université Lumière Lyon2 / UMR EVS CNRS 5600

Bibliographie

Andersson Cederholm E., Björck A., Jennbert K., & Lönngren A-S. (eds), 2014, Exploring the Animal Turn, Human-animal relations in Science, Society and Culture, The Pufendorf Institute of Advanced Studies, Lund University.

Baratay Éric, 2011, « Chacun jette son chien. De la fin d’une vie au XIXe siècle », Romantisme, n° 2011-3, n° 153, p. 147-162.

Baratay Éric, 2012, Le point de vue animal. Une autre version de l’Histoire, Paris, Éditions du Seuil.

Blanc Nathalie, 2000, Les animaux et la ville, Paris, Odile Jacob.

Brisebarre Anne‐Marie (éd.), 1998b, « Mort et mise à mort des animaux », Études Rurales, p. 147‑148 (numéro spécial), http://www.persee.fr/issue/rural_0014‐2182_1998_num_147_1

Descola Philippe, 2010, « À chacun ses animaux », in Jean Birnbaum (ed.), Qui sont les animaux ?, Paris, Gallimard, p. 167-179.

Digard Jean-Pierre, 2012, « Le tournant obscurantiste en anthropologie. De la zoomanie à l'animalisme occidentaux », L'Homme, vol. 3 (n° 203­‑204), p. 555-578.

Donaldson Sue, Kymlicka Will, 2016, Zoopolis. Une théorie politique des droits des animaux, Paris, Alma Éditeur.

Estebanez Jean, Gouabault E., Michalon J. (dir.), 2013, « Où sont les animaux ? Vers une géographie humanimale », Dossier thématique, Carnets de Géographes, n° 5.

Estebanez Jean, Staszak J.‐F., 2012, « Animaux humains et non‐humains au zoo. L’expérience de la frontière animale », in Dubied A., Fall J. et Gerber D. (dir.), La frontière humain/animal, Genève, Librairie Droz.

Fontenay Élisabeth de, 1998. Le Silence des bêtes. La philosophie à l'épreuve de l'animalité, Paris, Fayard.

Franck Alice, Gardin Jean, Givre Olivier, 2015, « La mort animale rituelle en ville. Une approche comparée de la «fête du sacrifice » à Istanbul, Khartoum et Paris », p. 139‐168, in Histoire Urbaine, n° 44.

Franck Alice, Gardin Jean, Givre Olivier, 2016. « Blood and the city: animal representations and urban (dis)orders during the “feast of the sacrifice” in Istanbul and Khartoum », in Anthropology of the Middle East, vol. 11, n° 2.

Givre Olivier, 2015. « “Tuer humainement“. L’animal rituel et sacrificiel entre licite et légal », in M. Cros, J. Bondaz, F. Laugrand (dir.), Bêtes à pensées. Visions des mondes animaux, Paris, Éditions des Archives Contemporaines.

Grifin Carl J., 2011, « Animal maiming, intimacy and the politics of shared life: the bestial and the beastly in eighteenth- and early nineteenth-century England », in Transactions on the Institute of British geographers, Royal Geographical Society NS 37, p. 301‑316.

Le Neindre Pierre, Guatteo Raphaël, Guémené Daniel, Guichet Jean-Luc, Latouche Karine, Leterrier Christine, Levionnois Olivier, Mormède Pierre, Prunier Armelle, Serrie Alain, Servière Jacques (eds), 2009, Douleurs animales : les identifier, les comprendre, les limiter chez les animaux d’élevage. Expertise scientifique collective, rapport d’expertise, INRA (France).

Porcher Jocelyne, 2011. Vivre avec les animaux, une utopie pour le XXI° siècle, Paris, La découverte, 160 p.

Ritvo Harriet, 2008, « Making Animals Real », in BioSocieties.

Wolff F., 2017, Trois utopies contemporainesEdition A. Fayard, 184 p.


Date(s)

  • Monday, May 04, 2020

Keywords

  • animal, mort, statut, mise à mort, abattage, humain

Contact(s)

  • Emmanuelle Dedenon
    courriel : emmanuelle [dot] dedenon [at] cnrs [dot] fr

Information source

  • Emmanuelle Dedenon
    courriel : emmanuelle [dot] dedenon [at] cnrs [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Comparing and confront dead animals: interdisciplinary approaches », Call for papers, Calenda, Published on Friday, September 20, 2019, https://calenda.org/446381

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