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The conservation of biodiversity - what models for designing and managing protected areas?

Conservation de la biodiversité : quels modèles de conception et de gestion pour les aires protégées ?

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Published on Tuesday, July 24, 2018

Abstract

À la lumière de l’évolution dans le temps des initiatives prises par la communauté internationale pour assurer la conservation de la biodiversité et des écosystèmes, on constate une faible présence des débats sur la place des enjeux globaux émergents, sur des questionnements éthiques et philosophiques en lien avec la viabilité, voire même, dans certains cas, la pertinence des aires protégées. La nécessité d’élargir ces débats au-delà du normatif s’impose aujourd’hui dans une perspective transdisciplinaire, en faisant appel entre autres aux sciences naturelles et de l’environnement, ainsi qu’aux sciences humaines et sociales. Il s’agit notamment de la philosophie, la sociologie, l’anthropologie, l’ethnologie, les sciences des religions, les sciences de la santé (humaine et animale), les sciences économiques, les sciences politiques, le droit, les arts, la littérature, la géographie, etc.

Announcement

Redacteurs associés

  • Achille Assogbadjo (Université Abomey-Calavi,Bénin),
  • Dominique Bourg (Université de Lausanne, Suisse),
  • Robert Kasisi (Université de Montréal, Canada),
  • Jonathan Tardif (Université de York, Canada)

Argumentaire

La gestion règlementée des espaces tire ses origines de la vision dont les peuples se sont faits de la nature à travers les temps. Puisqu’il existe autant de perceptions du monde que de peuples sur la planète, et parfois difficilement compatibles, nous pouvons souscrire à l’exigence de Philippe Descola (2008) lorsqu’il suggère que « la préservation de la biodiversité ne pourra être pleinement efficace que si elle tient compte de la pluralité des intelligences de la nature ». Depuis plus de 2000 ans, l’humanité protège certains sites, forêts et écosystèmes. Sur tous les continents, des forêts sacrées chargées de valeurs culturelles et spirituelles ont été protégées par des législations traditionnelles. En Europe, durant la période médiévale, en quête de nouvelles activités de loisir, d’importants domaines de chasse exclusifs à la féodalité ont été créés.

Reconnu aujourd’hui comme le premier parc national des temps modernes, Yellowstone, créé en 1872, symbolise l’opposition de deux visions relatives au concept d’aire protégée. Le duel mémorable opposant le naturaliste américain John Muir à son compatriote Gifford Pinchot lors de la création de ce parc consacrera cette dualité. Le concept est imaginé par le premier en tant que « wilderness », portant une vision sacrée de la nature excluant la recherche de ce que la nature apporte à l’homme. Pinchot, quant à lui, percevra la nature comme une réserve de ressources à exploiter avec mesure, sa protection se justifiant par rapport aux bénéfices sociaux qu’elle assure. S’agit-il d’une opposition entre l’écocentrisme et l’anthropocentrisme? Bien que ce débat date du 19e siècle, il n’en demeure pas moins que jusqu’à aujourd’hui, les différentes façons de concevoir et d’appréhender les aires protégées portent, dans leur essence, des stigmates de cette confrontation.

Aujourd'hui, les aires protégées sont une composante clé de la stratégie de conservation de la biodiversité de la plupart des pays. Loin d'être neutre, leur création, éminemment politique, s’accompagne généralement de changements économiques, sociaux et environnementaux non négligeables (Brechin et al. 2007; West et al. 2006). Ces espaces ont par ailleurs une histoire; souvent utilisés par les communautés locales et d’autres acteurs depuis des décennies, leur apparition soudaine et les nouvelles règles qui en découlent concourent à modifier les dynamiques locales et régionales, parfois de façon drastique (Borrini-Fayerabend et al., 2004). La création et le maintien d'une aire protégée participent par ailleurs à la transformation du territoire; elle a donc plusieurs significations au-delà de la simple protection de la biodiversité (Déry 2007, 220; Depraz 2008). Ainsi, bien que les aires protégées contribuent à l'occasion aux objectifs de conservation et de développement en milieu rural, elles laissent souvent les communautés locales ainsi que les écosystèmes plus fragiles qu'auparavant (Millenium Ecosystem Assessment 2005; Scherl et al. 2004; Adams et Hutton 2007).

Bien qu’elles aient été reconnues par la communauté internationale comme étant les deux principales méthodes de conservation de la biodiversité, la conservation in situ et ex situ constituent les parents pauvres de la recherche relative à la conservation de la biodiversité. La plupart des publications couvrant ces deux domaines demeurent des documents techniques et des manuels axés sur les lignes directrices de planification, la gestion, la valorisation du tourisme ou encore la recherche relative aux espèces et aux milieux. S’impose donc le besoin d’intensifier la production d’articles scientifiques de fond questionnant l’essence même ainsi que les modèles de conception et de gestion de ces aires protégées. Ce besoin se justifie avec acuité d’autant plus qu’à ce jour, pour certains observateurs, ces espaces bénéficient déjà d’une couverture significative et souvent inadéquate au regard des incidences de leur taille sur les aspirations des populations vivant dans l'arrière-pays. En effet, le nombre de ces espaces protégés, considérés par la règlementation comme biens publics, est estimé à plus de 200 000 et couvre près de 14,7 % de la surface terrestre et des eaux intérieures (en excluant l'Antarctique) (UNEP-WCMC et IUCN 2016). Or, le Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 envisage d’ici à 2020 la protection d’au moins 17 % des zones terrestres et d’eaux intérieures, et 10 % des zones marines et côtières (UICN 2016).

À la lumière de l’évolution dans le temps des initiatives prises par la communauté internationale pour assurer la conservation de la biodiversité et des écosystèmes, on constate une faible présence des débats sur la place des enjeux globaux émergents, sur des questionnements éthiques et philosophiques en lien avec la viabilité, voire même, dans certains cas, la pertinence des aires protégées. La nécessité d’élargir ces débats au-delà du normatif s’impose aujourd’hui dans une perspective transdisciplinaire, en faisant appel entre autres aux sciences naturelles et de l’environnement, ainsi qu’aux sciences humaines et sociales. Il s’agit notamment de la philosophie, la sociologie, l’anthropologie, l’ethnologie, les sciences des religions, les sciences de la santé (humaine et animale), les sciences économiques, les sciences politiques, le droit, les arts, la littérature, la géographie, etc.

Dans ce sens, le présent appel à texte a pour but de publier un dossier multidisciplinaire abordant les différentes dimensions des parcs naturels et aires protégées. Néanmoins, la préférence sera accordée aux recherches qui soulèvent des questionnements pertinents et scientifiquement fondés sur la pratique et sur la recherche interdisciplinaire. Les recherches interdisciplinaires avec un volet (ou une portée) « intervention » seront également attendues. Sans s’y limiter, les problèmes/sujets traités peuvent relever d’une des dimensions suivantes :

Axe 1: Gouvernance des aires protégées / Communication

  • La contribution des acteurs non étatiques (ONG, groupes citoyens, entreprises, etc.) dans la gouvernance des aires protégées;
  • Gouvernance transfrontalière des aires protégées
  • Aires protégées et géostratégie régionale/globale pouvant inclure également les concepts de corridor écologique et de transfrontalité;
  • Communication et aires protégées;
  • La place et l’impact des NTIC dans l’évolution de la gestion des aires protégées.

Axe 2: Menaces sur la gestion durable des aires protégées

  • Aires protégées dans le contexte des changements climatiques;
  • Défis relatifs aux espèces exotiques envahissantes;
  • Aires protégées dans le contexte de la mondialisation;
  • Démographie et aires protégées;
  • Aires protégées et impératifs de santé publique (notamment la problématique des zoonoses).

Axe 3: Dimension sociale et humaine dans la gestion durable des aires protégées

  • Représentations socioculturelles (cultures et religions) dans la conception et la gestion des aires protégées;
  • Aires protégées et la question de l’acceptabilité sociale;
  • Aires protégées et droits des peuples autochtones;
  • Aires protégées et savoirs locaux et autochtones;
  • Valorisation socioéconomique des aires protégées;
  • Aires protégées et concept de biophilie.

Axe 4: Gestion des conflits à l'interface aires protégées/population humaine

  • Aires protégées et conflits (armés, fonciers, d’accès aux ressources, etc.);
  • Cohabitation/conflits aires protégées et expansion des activités agricoles et industrielles.

Nature des propositions et calendrier

Les propositions peuvent émaner de chercheurs et de praticiens, avec naturellement la possibilité de textes cosignés. Ils croiseront en tous les cas un axe de réflexion privilégié (analyse des situations d’in/acceptabilité, généalogie, dispositifs, usages savants) avec l’un et/ou l’autre des mondes de la pratique identifiés.

Échéancier

  • 15 septembre 2018 : date limite pour l’envoi d’une proposition

d’un maximum de 600 mots comprenant, outre le titre provisoire et 5 mots-clés, la mention d’un référentiel théorique, l’esquisse d’une problématique, l’explicitation d’un cadre méthodologique et d’un terrain et enfin l’évocation des résultats (escomptés) ;

  • 15 octobre 2018 : avis aux auteurs quant à l’acceptation ou refus de leur proposition ;
  • 15 décembre 2018 : date limite pour l’envoi d’un texte complet respectant les conditions éditoriales précisées sur le site de la revue à l’adresse suivante : http://vertigo.revues.org ;
  • Évaluation du texte par un comité de lecture — réponse définitive de la revue en février et mars 2018 avec grille d’évaluation des évaluateurs ;
  • avril et mai 2019 : réception des textes révisés ;
  • Mai 2019 : mise en ligne du numéro.

Sauf pour les dates du 15 septembre et du 15 décembre, l’échéancier est fourni à titre indicatif.

Soumission des propositions

Les propositions et manuscrits (avec résumé, texte complet, figures, tables et bibliographie) doivent être soumis par courrier électronique à Jessica Onitsoa Andriamasinoro (rédactrice-adjointe [VertigO]) l’adresse courriel suivante : redacteur.adjoint@editionsvertigo.org. La soumission doit être bien identifiée au nom du dossier : « Conservation de la biodiversité : quels modèles de conception et de gestion pour les aires protégées ? »

Pour soumettre un texte, prière de consulter les politiques de publication de la revue disponibles à l’adresse suivante : https://vertigo.revues.org/5401

Lors de la soumission, les auteurs doivent fournir leur nom et les coordonnées de trois réviseurs potentiels pour leur article. La revue se réserve le droit de choisir ou non les réviseurs proposés.

Vous pouvez aussi nous faire parvenir en tout temps des propositions de textes pour les différentes sections de la revue. La revue accepte la soumission de textes scientifiques en tout temps.

Bibliographie

  • Adams, W. M., et J. Hutton, 2007, "People, Parks and Poverty: Political Ecology and Biodiversity Conservation." Conservation and Society 5(2): 147-183.
  • Borrini-Fayerabend, G., M. Pimbert, M. T. Farvar, A. Kothari et Y. Renard, 2004, Sharing power. Learning-by-doing in co-management of natural resources throughout the world. Tehran: IIED & IUCN/CEESP/CMWG.
  • Brechin, S. R., G. Murray et C. Benjamin, 2007, "Contested Ground in Nature Protection: Current Challenges and Opportunities in Community-Based Natural Resources and Protected Areas Management." In The SAGE handbook of environment and society, dir. Jules N. Pretty, 553-577. Los Angeles; London: SAGE.
  • Depraz, S., 2008, Géographie des espaces protégés - Genèse, principes et enjeux territoriaux. Paris: Armand Colin.
  • Déry, S., 2007, "Les parcs nationaux en Asie du Sud-Est, une manifestation de la transformation de l’État moderne. Le cas du parc national Cat Tien au Vietnam." Géocarrefour 82(4): 219-230.
  • Descola, P., 2008, A qui appartient la nature. La vie des idées, 21.
  • Millenium Ecosystem Assessment, 2005, Ecosystems and Human Well-being. Our Human Planet: Summary for Decision-makers. Washington, DC: Millenium Ecosystem Assessment.
  • Scherl, L. M., A. Wilson, R. Wild, J. M. Blockhus, P. Franks, J. A. McNeely et T. McShane, 2004, Can protected areas contribute to poverty reduction? Opportunities and limitations. Gland, Switzerland & Cambridge, UK: IUCN.
  • UICN, 2016, Rapport annuel. UICN: Gland, Suisse.
  • UNEP-WCMC et IUCN, 2016, Protected Planet Report 2016. UNEP-WCMC and IUCN: Cambridge UK and Gland, Switzerland.
  • West, P., J. Igoe et D. Brockington, 2006, "Parks and peoples: The social impact of protected areas." Annual Review of Anthropology 35: 251-277.

Date(s)

  • Saturday, September 15, 2018

Keywords

  • aire protégée, conservation, environnement

Contact(s)

  • Eric Duchemin
    courriel : eric [dot] duchemin [at] au-lab [dot] ca
  • Jessica Onitsoa Andriamasinoro
    courriel : redacteur [dot] adjoint [at] editionsvertigo [dot] org

Information source

  • Jessica Onitsoa Andriamasinoro
    courriel : redacteur [dot] adjoint [at] editionsvertigo [dot] org

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« The conservation of biodiversity - what models for designing and managing protected areas? », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, July 24, 2018, https://doi.org/10.58079/10oi

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