AccueilTrajectoires individuelles au-delà des frontières : exemplarité, exceptionnalité, représentativité

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Trajectoires individuelles au-delà des frontières : exemplarité, exceptionnalité, représentativité

Individual trajectories beyond frontiers - exemplarity, exceptionality, representativity

IIe journée d’étude des doctorantes et des doctorants du Centre de recherche en histoire européenne comparée

2nd doctoral study day at the Centre de recherche en histoire européenne comparée

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Publié le mercredi 25 juillet 2018

Résumé

Cette rencontre vise à proposer une réflexion sur la notion de mobilité en étudiant la place occupée par les trajectoires individuelles dans leur rapport à la frontière, que celle-ci soit physique, sociale ou encore économique. En quoi la trajectoire d’un individu peut-elle être représentative de son identité ou de sa personnalité ? Peut-elle conduire à l’élaboration de modèles, d’archétypes, de statistiques propres aux catégories sociales et humaines auxquelles cet individu se rattache ? Qu’est-ce qui rend le cheminement d’un individu exceptionnel ? En quoi son parcours le positionne-t-il en marge du groupe auquel il appartient ? Autant d'interrogations faisant écho à une actualité européenne très présente et auxquelles le regard porté par toutes les sciences humaines et sociales sur ces questions peut être enrichissant.

Annonce

16 novembre 2018

Argumentaire

« Je ne poursuis pas mon chemin, […] c’est mon chemin qui me poursuit. »Dans son célèbre roman Cinq semaines en ballon, publié en 1863, ce sont ces mots que le romancier Jules Verne place dans la bouche de son personnage principal, l’explorateur britannique Samuel Fergusson. Si Jules Verne souhaitait faire parcourir à ses lecteurs du XIXe siècle une terra incognita qui dépassait alors leur imagination par le biais des fantasques machines de ses personnages, il semblait avoir perçu ce que serait le siècle qui allait lui succéder : celui du bouleversement de la mobilité humaine. Nos sociétés actuelles, vivant depuis le milieu du XXe siècle au rythme d’une globalisation qui semble irréversible, sont des sociétés du mouvement, de la mobilité, du déplacement. Mais ce phénomène ne concerne pas tous les individus à la même échelle. Le géographe Christophe Guilluy, dans son ouvrage La France périphérique paru en 2014, propose ainsi de lier mobilité et classe sociale : les classes populaires seraient contraintes à des mobilités forcées ou à un immobilisme contraint, tandis que les élites, citoyennes du monde, choisiraient leurs mobilités et ne seraient désormais plus du tout attachées à la notion de nation. L’actualité brûlante de ces dernières années nous rappelle par ailleurs qu’à notre époque, on se déplace aussi pour fuir la misère, pour se protéger de la guerre, pour rechercher asile et espoir. La mobilité au-delà des frontières, au travers de la problématique migratoire, est donc plus que jamais l'un des grands enjeux du XXIe siècle.Ces trajectoires divergentes et ces mobilités complexes ne datent pourtant pas d’aujourd’hui. Au Ve siècle avant J.-C., Socrate affirmait ainsi déjà « je ne suis ni Athénien, ni Grec mais citoyen du monde ». Toutes les époques suivantes sont concernées par le phénomène, et les causes des mobilités individuelles demeurent multiples : mobilités d’intellectuels vers des centres de savoir dans l’Europe médiévale, voyage de Marco Polo vers l’Extrême Orient pour raisons commerciales à la fin du XIIIe siècle, migrations définitives d’Européens pour le Nouveau Monde à partir du XVIe siècle, voyage en Italie pour les jeunes hommes issus des élites occidentales à partir du XVIIIe siècle, migrations économiques ou politiques à l’époque contemporaine, comme celle des Juifs fuyant les persécutions ou celle des républicains espagnols se réfugiant en France après la prise de pouvoir de Franco. Voyage d’agrément, volonté d’acquérir de nouveaux savoirs, d’améliorer ses conditions de vie, d’échapper à la persécution, souhait de mener une carrière politique, de mener une entreprise commerciale avantageuse, les trajectoires individuelles témoignent de mobilités toujours plus intenses.

L’Histoire est elle-même le récit d’un vaste mouvement perpétuel, celui d’une espèce humaine qui ne tient jamais en place. Dans son ouvrage posthume Apologie pour l’Histoire (paru en 1949), Marc Bloch écrivait : « Certes, nous n’estimons plus aujourd’hui que, comme l’écrivait Machiavel, commele pensaient Hume ou Bonald, il y ait dans le temps ‘au moins quelque chose d’immuable : c’est l’homme’. Nous avons appris que l’homme aussi a beaucoup changé : dans son esprit et, sans doute, jusque dans les plus délicats mécanismes de son corps. Comment en serait-il autrement ? ». Si l’être humain demeure donc la constante autour de laquelle gravite en permanence la science historique, force est pourtant d’admettre que son identité même n’est pas figée, et que cette dernière évolue avec le temps, de même que la manière de la concevoir. Au-delà de la simple mobilité de l’individu, l’espèce humaine toute entière peut donc se percevoir comme un vaste corps en mouvement, dont chaque cellule présente un parcours original qui lui est propre, et qui raconte, au travers de sa propre histoire, une plus grande histoire, collective, aux ramifications complexes. Le passage de la trajectoire individuelle à la trajectoire collective, l’individualité du témoignage rapporté à des mobilités plus globales et l’écart existant entre les deux sera aussi au coeur de cette étude.La trajectoire individuelle, c’est évidemment dans un premier temps la mobilité de la personne, le déplacement humain dans l’espace et le temps. Qu’est-ce qui pousse une femme ou un homme, quelque soit son âge et son milieu social, à se déplacer au cours de sa vie, à quitter son domicile, sa famille, sa ville, sa patrie, voire même son continent, pour explorer d’autres horizons ? Les réponses sont évidemment multiples, et si l’on privilégiera l’analyse historique, des apports d’autres disciplines des sciences humaines et sociales sont aussi bienvenus, car la sociologie, la géographie, les sciences politiques, l’anthropologie ou même la littérature et la linguistique peuvent permettre de mettre en évidence d’autres formes de parcours personnels. On ne saurait ainsi se limiter à une simple approche strictement spatio-temporelle. Les parcours professionnels, les cheminements intellectuels mais aussi les changements politiques et idéologiques, les métamorphoses spirituelles voire même les transformations physiques, rentrent également dans le cadre large et forcément complexe de la trajectoire personnelle.Pour mieux orienter les réflexions que cette notion de trajectoire suppose, nous avons choisi de la mettre en relation avec une autre notion bien connue des sciences sociales, la frontière. Généralement entendue comme un espace qui sépare théoriquement deux États, celle-ci a fait l’objet de luttes intenses entre les nations au cours des deux siècles précédents, et a profondément bouleversé la nature des relations internationales. Elle est aussi un renvoi évident à l’actualité de ces dernières années, en particulier celle du théâtre européen. Mais par-delà ces considérations contemporaines, elle fait écho à un passé plus lointain, qui permet de la considérer sur le temps long. Comme l’affirme ainsi Thomas Serrier dans son article de 2017 publié dans l’ouvrage collectif Europa : Notre histoire et intitulé « L’histoire de l’Europe est celle de ses frontières » : « Cet enjeu touche au substrat culturel le plus profond. L’Odyssée n’est pas pour rien l’un des mythes fondateurs de l’Europe ».La frontière est très souvent une zone de conflit, d’opposition, mais aussi de discussion et d’échange. Et franchir une frontière, c’est non seulement changer d’espace étatique ou provincial, mais c’est aussi se confronter à d’autres formes de frontières, de natures culturelles, sociales, législatives ou politiques. De nouvelles frontières auxquelles il faut parfois se soumettre mais qui, lorsque l’individu s’en affranchit, par le biais du syncrétisme notamment, donnent lieu à de nouvelles trajectoires, enrichissantes socialement et intellectuellement. Un parcours de vie peut ainsi changer radicalement si l’individu dépasse les multiples frontières qu’il rencontre au cours de son existence. Considérer les trajectoires individuelles au-delà des frontières, c’est donc envisager la mobilité de l’individu dans un cadre qui le dépasse, qui le force à quitter son point d’origine pour aller ailleurs. C’est étudier en quoi le parcours d’un individu, sa spécificité, ses particularités et ses caractères propres, influent sur ce qu’il est, sur ce qu’il fait et sur ce qu’il représente. Et en finalité, sur ce que ces différents parcours peuvent nous apprendre sur de plus vastes mécanismes à l’échelle de l’histoire humaine. Répondre à cette problématique entraîne évidemment des choix méthodologiques, d’orientation prosopographique et de développement d’un corpus spécifique dont la présentation sera l’un des intérêts majeurs de cettejournée.

Les communications qui y seront présentées devront s’inscrire dans les trois axes suivants :

Exceptionnalité et originalité

Qu’est-ce qui rend le cheminement d’un individu exceptionnel ? En quoi son parcours le positionne-t-il en marge du groupe auquel il appartient ? Au contraire, si son parcours personnel se place en parfaite conformité avec un moule d’origine, en quoi peut-on tout de même y déceler des évolutions, des changements d’obédience, des velléités de transformations et d’impact sur son environnement, tant social que géographique ?

Représentativité

En quoi la trajectoire d’un individu peut-elle être représentative de son identité ou de sa personnalité ? Quelles informations nous fournit-elle sur ses origines sociales, sur sa place dans la société, sur ses désirs, ses aspirations, sur ses idées ou sur ses projets ? Peut-elle conduire à l’élaboration de modèles, d’archétypes, de statistiques propres aux catégories sociales et humaines auxquelles cet individu se rattache ? Peut-on dresser des grilles de lectures et des schémas méthodologiques à partir de ce point de départ ?

Exemplarité

En quoi ces parcours et ces trajectoires humaines peuvent-ils être considérés comme des modèles, des exemples, des symboles pour les sociétés qui les ont hébergés ? Quelle a été leur influence sur les générations suivantes, quels ont été les individus qui se revendiquent ou s’identifient, de façon consciente ou non, à ces personnes ?

Modalités de soumission

Cette journée d’étude se place dans l’axe « Mobilités et territoires » défini par le Centre de Recherche en Histoire Européenne Comparée (CRHEC), laboratoire d’Histoire rattaché à l’Université Paris-Est Créteil. Elle a pour objectif de présenter les travaux de jeunes chercheuses et chercheurs en sciences humaines et sociales qui peuvent se placer dans la perspective de ce dernier. Proposée par les doctorantes et les doctorants du CRHEC, elle est également ouverte aux chercheuses et aux chercheurs ayant récemment achevé et soutenu leur thèse, et souhaitant présenter la méthodologie de leurs travaux.Les propositions de communications peuvent être envoyées

jusqu'au 15 septembre 2018

à l’adresse suivante : journeedoctorantcrhec@gmail.com.

Les réponses seront connues au début du mois d'octobre.

Les résumés sans titres ne doivent pas dépasser 1000 caractères (espaces compris) et doivent être accompagnés d’une courte présentation de l’auteur et d’une bibliographie de quelques titres. Les communications du 16 novembre 2018 ne doivent pas excéder une vingtaine de minutes.

Organisateurs

  • Guillaume LINTE, doctorant en histoire moderne au CRHEC
  • Gabriel REDON, doctorant en histoire médiévale au CRHEC
  • Pauline SPYCHALA, doctorante en histoire médiévale au CRHEC
  • Marine TESSON, doctorante en histoire ancienne au CRHEC

Lieux

  • Paris, France (75)

Dates

  • samedi 15 septembre 2018

Mots-clés

  • mobilité, représentativité, modèle, exemplarité, frontière, trajectoire, individu

Contacts

  • Pauline Spychala
    courriel : pspychala [at] dhi-paris [dot] fr

Source de l'information

  • Pauline Spychala
    courriel : pspychala [at] dhi-paris [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Trajectoires individuelles au-delà des frontières : exemplarité, exceptionnalité, représentativité », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 25 juillet 2018, https://doi.org/10.58079/10ov

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