AccueilLa réforme grégorienne, une « révolution totale » ?

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La réforme grégorienne, une « révolution totale » ?

Die gregorianische Reform, eine „totale Revolution“?

Gregorian reform, a "total revolution"?

État comparatif de la recherche dans les espaces francophones et germanophones

Eine vergleichende Bilanz der Forschungen im deutsch- und französischsprachigen Raum

Comparative state of research in Francophone and Germanophone spaces

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Publié le lundi 06 août 2018

Résumé

Cet appel à communications est dédié à un atelier de jeunes chercheurs dont l'objectif sera de faire un état des lieux de la recherche concernant la question de la réforme grégorienne, de sa définition et de la compréhension de ses enjeux, dans les espaces francophones et germanophones, dans une démarche non seulement comparatiste, mais aussi transdisciplinaire, puisqu'il s'agira d'interroger l'état de la question aussi bien en histoire politique qu'en histoire du droit, en histoire de l'art qu'en théologie, par exemple. Cet atelier de jeunes chercheurs est organisé par Tristan Martine (université Jean Moulin Lyon 3, CIHAM-UMR 5648) et Jérémy Winandy (universität Hamburg).

Annonce

28-29 mars 2019

Atelier de jeunes chercheurs organisé par Tristan Martine (Université Jean Moulin Lyon 3, CIHAM-UMR 5648) et Jérémy Winandy (Universität Hamburg)

Argumentaire

La période post-carolingienne a donné lieu ces dernières décennies à des approches très différentes des deux côtés du Rhin, les débats sur le « mutationnisme » ou sur les questions spatiales étant par exemple beaucoup plus vifs en France, tandis que les chercheurs allemands s’intéressaient à d’autres questions, notamment celles des rituels politiques, à d’autres niveaux de l’aristocratie, avec une prégnance constante des études sur l’entourage impérial, et à d’autres chronologies, la césure que constituerait le Xe siècle étant largement moins forte dans l’historiographie de langue allemande. De même, la « réforme grégorienne », vaste mouvement réformateur qui toucha l’Occident du milieu du XIe au milieu du XIIe siècle dans le but de modifier les rapports entre clerici et laïci, fut très tôt envisagée de manière différente par les deux écoles historiographiques et cet atelier de jeunes chercheurs entend précisément faire le point sur les recherches récentes concernant cette période dans le royaume de France et dans l’Empire. 

Des définitions fluctuantes

La notion même de « réforme grégorienne » est problématique : cette expression, initiée dans la première moitié du XIXe siècle par deux protestants, F. Guizot et J. Voigt, puis théorisée en Allemagne un demi-siècle plus tard[1], renvoie d’une part à une notion morale, tout en faisant, d’autre part, uniquement référence au conflit opposant Grégoire VII à Henri IV, ce qui est trop restrictif, puisque plusieurs papes menèrent une politique similaire dès le pontificat de Léon IX et J. Paul a ainsi proposé la formule de « réforme pontificale »[2]. Mais, à la suite de la publication de l’ouvrage d’A. Fliche entre 1924 et 1937[3], l’expression est solidement ancrée dans les esprits, surtout en France[4], puisque l’on parle surtout de la « Querelle des Investitures » côté allemand, même si cette formule ne décrit que la période 1076-1122[5].

Les limites chronologiques de ce mouvement réformateur posent d’ailleurs également problème : on retient en général les années 1049-1122/1123, c’est-à-dire la période allant de l’avènement de Léon IX au concordat de Worms ou au premier concile de Latran. Cette durée chronologique est néanmoins désormais contestée, puisque dans leur philosophie, certains mouvements réformateurs des Xe et XIe siècles, notamment en Lotharingie ou à Cluny, semblent avoir inspiré de manière décisive les théories pontificales de la seconde partie du XIe siècle, tandis qu’à l’inverse, dans certaines régions, les effets concrets de ces conflits ne se firent ressentir qu’à la fin du XIIe, voire au début du XIIIe siècle.

Pourtant, l’« idéal-type »[6] que constitue la « réforme grégorienne » semble nécessaire, et une redéfinition de son contenu et de ses limites a été entamée ces dernières années, afin notamment de mesurer en quoi elle fut une période de changement, une césure potentielle entre deux Moyen Âge.

Une rupture « révolutionnaire » ?

Dès le début du XXe siècle, la réforme grégorienne, cantonnée jusque-là principalement au champ de l’histoire religieuse, a été comprise dans un sens socio-politique plus large, G. Tellenbach évoquant le passage d’un « ordonnancement politique du monde »[7] à un autre, tandis que S. Weinfurter décrivit l’épisode de Canossa comme étant la cause d’un « désenchantement » du monde[8]. Dans le même temps, la recherche a montré les particularismes locaux et les rythmes différents, soulignant par exemple le grégorianisme modéré soutenu par les Capétiens dans le royaume de France. 

L’idée d’une « révolution » grégorienne touchant l’ensemble de la société, de ses aspects juridiques aux considérations symboliques, de ses représentations iconographiques[9] aux rapports de force politiques, s’est alors progressivement diffusée, d’abord sous la plume d’historiens germanophones, comme W. Ullmann et G. Tellenbach[10], puis sous celle de chercheurs de tradition anglo-saxonne[11] et français[12]. Certaines de ces positions ont pu être discutées, que ce soit sur des aspects précis[13] ou de manière plus globale, en lien notamment avec les débats sur la « mutation de l’an mil », qui constituerait la véritable scansion du Moyen Âge. Les travaux récents ayant fortement atténué la pertinence de cette rupture, on assiste désormais en France à une nouvelle compréhension du moment grégorien comme période de rupture principale du Moyen Âge, au point que certains évoquent désormais une « mutation de l’an 1100 »[14], laquelle serait fortement (mais non uniquement) liée aux réformes pontificales et à leurs conséquences dans les sociétés latines.

Un état des lieux comparatif et interdisciplinaire

L’objectif de cette journée d’étude est justement de faire un état des lieux de la recherche des dernières décennies afin de comprendre comment les chercheurs issus de différentes disciplines et de plusieurs écoles historiographiques définissent d’un point de vue chronologique et thématique la « réforme grégorienne », d’une part, et surtout comment ils comprennent et mesurent les changements survenus durant cette période, d’autre part.

Les communications, d’une durée de 25 mn, devront donc faire le point sur l’état des recherches dans leur pays selon une perspective disciplinaire. En effet, cet atelier se veut résolument multidisciplinaire. Sont attendues des propositions en histoire religieuse, en liturgie, en histoire politique, sociale, économique et culturelle, en histoire du droit, en diplomatique, en philologie, en archéologie et en histoire de l’art. Nous essaierons de faire dialoguer pour chacune de ces disciplines les communications de deux jeunes chercheurs, l’un présentant les travaux germanophones et l’autre francophones.

Modalités de soumission

Peuvent répondre à cet appel à communication les étudiant.e.s en Master, (post)doctorant.e.s ainsi que les personnes qui se trouvent entre ces différentes phases. Nous acceptons toutes les propositions concernant les recherches de langues française et allemande. Les langues de travail du colloque seront prioritairement le français et l’allemand, mais l’anglais pourra être utilisé si nécessaire. Pour simplifier les échanges, un plan détaillé de la présentation ou un powerpoint dans l’autre langue que celle de la présentation ou éventuellement en anglais devra être fourni par les participant.e.s. Les frais de transport et d’hébergement seront pris en charge dans les limites du budget disponible.

Les candidat.e.s doivent envoyer un résumé d’une page en allemand ou en français, accompagné d’un titre, de l’affiliation universitaire, d’un bref C.V. précisant les capacités linguistiques ainsi que de leurs coordonnées. Merci de transmettre le résumé,

avant le 14 octobre 2018

aux deux adresses suivantes : tristan.martine@uni-lyon3.fr ; jeremy.winandy@uni-hamburg.de.

Coordination scientifique

  • Tristan Martine (Université Jean Moulin Lyon 3)
  • Jérémy Winandy (Universität Hamburg)

Comité scientifique

  • G. Bührer-Thierry (Université Paris 1)
  • C. Caby (Université Lumière Lyon 2)
  • J.Chiffoleau (EHESS)
  • Ph. Depreux (Universität Hamburg)
  • M.-C. Isaïa (Université Jean Moulin Lyon 3)
  • G. Lubich (Universität Bochum)
  • P. Monnet (IFRA-SHS/ EHESS)
  • J. Théry (Université Lumière Lyon 2)
  • S. Vanderputten (Ghent University)

Références bibliographiques

[1] C. De Miramon, « L'invention de la Réforme grégorienne : Grégoire VII au XIXe siècle entre pouvoir spirituel et bureaucratisation de l'Église », 2017.

[2] J. Paul, L’Église et la culture en Occident, t. 1 : La sanctification de l’ordre temporel et spirituel, PUF, Paris, 1986, p. 293

[3] A. Fliche, La réforme grégorienne, 3 vol., E. Champion, Paris, 1924-1937.

[4] S. Gouguenheim, La réforme grégorienne. De la lutte pour le sacré à la sécularisation du monde, Temps Présent, Paris, 2010.

[5] C. Zey, Der Investiturstreit, C.H. Beck, Munich, 2017; W. Hartmann, Der Investiturstreit, R. Oldenbourg, Munich, 2007 (éd. revue); W. Goez, Kirchenreform und Investiturstreit: 910 - 1122, W. Kohlhammer, Stuttgart, 2000.

[6] F. Mazel, « Pour une redéfinition de la réforme "grégorienne". Éléments d'introduction », in La réforme « grégorienne » dans le Midi (milieu XIe - début XIIIe siècle), Éditions Privat, Cahiers de Fanjeaux n° 48, 2013, p. 10.

[7] G. Tellenbach, Libertas. Kirche und Weltordnung im Zeitalter des Investiturstreits, W. Kohlhammer, Stuttgart, 1936.

[8] S. Weinfurter, Canossa: die Entzauberung der Welt, C. H. Beck, Munich, 2006.

[9] H. Toubert, Un art dirigé. Réforme grégorienne et iconographie, Éditions du Cerf, Paris, 1990.

[10]  W. Ullmann, The Growth of Papal Government in the Middle Ages: A Study in the Ideological Relation of Clerical to Lay Power, Methuen, Londres, 1955; G. Tellenbach, Libertas…, op. cit.

[11] H. J. Berman, Law and Revolution: the formation of the western legal Tradition, Harvard University Press, Harvard, 1983; K. Leyser, Communications and power in medieval Europe: the gregorian revolution and beyond, The Hambledon Press, Londres, 1994.

[12]  F. Mazel, « La réforme grégorienne. Une révolution totale », L’Histoire, n° 381, 2012, p. 66-72.

[13] R. Schieffer, « The Papal Revolution in Law? Rückfragen an H. J. Berman », Bulletin of Medieval Canon Law, 22, 1998, p. 19-30.

[14] D. Barthélemy, « Deux mutations du « féodalisme » (Point de vue) », in D. Barthélemy et O. Bruand (eds.), Les pouvoirs locaux dans la France du Centre et de l’Ouest (VIIIe-XIe siècles). Implantation et moyens d’action, Rennes, Presses Univ. de Rennes, 2005, p. 244.

Lieux

  • CIHAM
    Lyon, France (69008)

Dates

  • dimanche 14 octobre 2018

Mots-clés

  • réforme grégorienne, historiographie

Contacts

  • Tristan Martine
    courriel : tristan [dot] martine [at] univ-angers [dot] fr

Source de l'information

  • Tristan Martine
    courriel : tristan [dot] martine [at] univ-angers [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La réforme grégorienne, une « révolution totale » ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 06 août 2018, https://doi.org/10.58079/10ql

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