Argumentaire
Cette thématique s’attache aux sources des théories avec lesquelles opèrent les architectes, les urbanistes, les paysagistes et plus généralement les concepteurs des espaces de vie contemporains. Ainsi, dans la pluralité des approches de conception1, on interrogera la part héritée, issue de théories ou doctrines déjà énoncées précédemment. Ce sujet questionne ainsi les interrelations entre le parcours et la culture des concepteurs comme la nature de leurs champs de références. En quoi les processus de projet s’inscrivent-ils au sein d’une démonstration à caractère théorique ? À quelles sources disciplinaires les concepteurs puisent-ils afin de fonder leurs discours et leurs pratiques ?
La longue tradition du livre et du traité2 se développe fortement à partir de la Renaissance, époque où les jardins entrent pleinement dans le domaine des arts, où l’on propose des conceptions utopiques et où l’on redécouvre le traité de Vitruve3. C’est ainsi que l’on a pu retracer jusqu’au XIXe siècle, une histoire des théories de l’architecture, de la ville et du paysage sur la longue durée4 fondée notamment sur la notion de modèle5. Au fil du XXe siècle, les formats d’expression et de transmission sont renouvelés, particulièrement à partir des années 19606 lorsque des notions nouvelles sont introduites. L’histoire, l’écologie et l’environnement7, l’expérience du quotidien8 deviennent notamment supports de développement projectuel. L’éclectisme des théories, nées à cette période, configure en partie la diversité des postures contemporaines, qu’elles soient en rupture avec l’idéologie du Mouvement moderne ou qu’elles s’affilient à une tendance singulière.
Les entreprises de théorisation traduisent, à travers le temps, la volonté de formulation d’un discours transmettant les hypothèses et résultats attestés ou non, à travers l’histoire ou par la pratique. Ainsi, la théorie se définit comme un champ de réflexion et d’opérationnalité dépassant les poétiques et doctrines individuelles. Le champ théorique vise à forger des méthodes et concepts permettant l’analyse de situations existantes ou déterminant une attitude de transformation de l’espace.
La théorie est éminemment tiraillée par l’histoire et la géographie, dans lesquelles chacun puise ses références, tout comme par les idéologies caractérisant son contexte d’émission. Ainsi, face au présentisme9 et aux défis du XXIe siècle, comment les acteurs contemporains font-ils évoluer leurs concepts ? Quels champs et disciplines nourrissent le processus de théorisation ? In fine, quelles sont les lignes de continuités qui caractérisent les corpus et appareils théoriques hérités de ces cinquante dernières années si ce n’est au-delà ? L’appréhension des ces permanences pourrait offrir de nouvelles clés d’analyse de la production contemporaine, en l’inscrivant dans une perspective longue.
Pour esquisser des pistes de réponses – et sans prétendre à l’exhaustivité –, ce numéro thématique propose d’éclairer la diversité voire l’articulation des héritages théoriques présents en architecture, en urbanisme et en paysage à partir de trois axes principaux :
Formats et modalités de transmission
Il s’agit d’appréhender ici les supports de construction et transmission d’un énoncé théorique. Comment se positionne le théoricien ? Quelle forme prend la théorisation, parfois en dehors de la tradition écrite (expérience bâtie, conférence, exposition, enseignement) ? Selon quelles méthodes est-elle élaborée et transmise ? Dans quelle mesure la pratique devient-elle productrice d’une pensée théorique « recyclable10 » ? On pourra, par exemple, interroger la notion même de références et les modalités de leur exploitation au sein d’un discours théorique donné.
Usages, transferts, détournements
Par ailleurs, les usages et transformations d’un héritage théorique peuvent être mobilisés. La pérennité et la réception d’un appareil théorique sont ici au centre des questionnements tout comme les transferts et emprunts exercés depuis d’autres champs disciplinaires et scientifiques.
A ce titre, on pourra ici examiner l’évolution de l’enseignement de la théorie dans les écoles et universités ainsi que la diffusion et réception de méthodes spécifiques par des acteurs praticiens et/ou théoriciens. Quelle place pour des outils de comparaison ou d’analogie ? Ainsi, le poids de certaines filiations et de certains contre-modèles pourront émerger : certains architectes formés avant 1968 en France ont par exemple construit leur positionnement en réaction à une forme d’enseignement qu’ils rejettent.
Contextes de formulation, terrains d'opération
Enfin, l’énoncé d’une théorie ou d’un positionnement théorique ne nous renseigne pas que sur l’oeuvre ou la vision d’un acteur singulier, mais éclaire un contexte culturel bien plus large. La théorie émerge à la croisée entre une pratique et un contexte. On pourra donc investiguer les porosités entre l’histoire des idées, les évolutions socio-culturelles et l’évolution de l’architecture, de la ville et du paysage. Dans quelle mesure l’appareil théorique mobilisé est-il dépendant d’un contexte singulier ou du parcours de son concepteur ? Comment est-il éventuellement interprété dans des contextes distincts ?
Les sujets des articles proposés pourront s’inscrire plus spécifiquement à l’intérieur d’un de ces axes de questionnement ou proposer une analyse plus transversale, en mobilisant des corpus inédits.
Ce cahier thématique a pour ambition de rassembler des contributions éclairant la multiplicité des usages et formulations théoriques convoquant les échelles architecturales, urbaines et paysagères. Ce numéro participera à enrichir le regard sur la pratique du projet, entendu comme une pensée à l’oeuvre, et à caractériser le pluralisme théorique et doctrinal de ces dernières décennies. Il permettra également de mieux comprendre l’inscription des processus de transformation spatiale dans des contextes culturels variés et, à la fois, toujours plus interdépendants.
Modalités de transmission des propositions d’articles
Les propositions d’articles seront envoyées par mail
avant le 30 septembre 2018
au secrétariat de rédaction des Cahiers de la recherche architecturale, urbaine et paysagère : secretariat-craup@culture.gouv.fr
Pour plus d’informations, contacter Aude Clavel au 06 10 55 11 36
Les articles ne doivent pas excéder 50 000 caractères, espaces compris.
Les instructions aux auteurs pour la rédaction figurent sur le site de la revue.
Langues acceptées : français, anglais.
Les articles doivent être accompagnés de :
- 1 notice biobibliographique entre 5 à 10 lignes (nom et prénom du ou des auteur(s), statut professionnel et/ou titres, rattachement institutionnel éventuel, thèmes de recherche,dernières publications, adresse électronique).
- 2 résumés en français et en anglais.
- 5 mots clefs en français et en anglais.
Rédacteur en chef
- Frederic Pousin Architecte, directeur de recherche HDR au CNRS au sein de l’UMR AUSSER 3329 et membre de l'équipe IPRAUS (École nationale supérieure d'architecture Paris-Belleville).
Comité de rédaction
- Manuel Bello Marcano, Architecte, maitre-assistant en Sciences humaines et sociales en architecture (SHSA) à l'École nationale supérieure d'architecture de Saint‑Etienne (ENSASE), responsable du GRF « Transformations » (ENSASE), membre du CIEREC (Centre interdisciplinaire d'études et de recherches sur l'expression contemporaine), EA n° 3068.
- Franck Besançon, Enseignant en Sciences et techniques pour l'architecture (STA) à l'École nationale supérieure d'architecture de Nancy, chercheur au MAP (Modèles et simulations pour l'Architecture et le Patrimoine), UMR 3495.
- Gauthier Bolle, Architecte, maître-assistant en Histoire et culture architecturales (HCA) à l'École nationale supérieure d'architecture et de paysage de Bordeaux (ENSA Bordeaux), chercheur à l’UMR Passages (Bordeaux) et associé à l’ARCHE, EA 3400 (Strasbourg).
- Enrico Chapel, Architecte, professeur HDR du champ Ville et Territoires (VT) à l’École nationale supérieure d’architecture de Toulouse (ENSA Toulouse), rattaché à l’école doctorale TESC, chercheur au LRA (Laboratoire de recherche en architecture), EA n° 7413 (Toulouse).
- Benjamin Chavardes, Géomètre topographe, architecte, maître-assistant associé en Théories et pratiques de la conception architecturale et urbaine (TPCAU) à l’École nationale supérieure d’architecture de Lyon (ENSA Lyon), membre du laboratoire ART-Dev, UMR 5281.
- Laurent Devisme, Professeur en Sciences humaines et sociales en architecture (SHSA) (études urbaines et urbanisme) à l'École nationale supérieure d'architecture de Nantes (ENSA Nantes), rattaché à l'équipe CRENAU, UMR AAU 1563.
- Yankel Fijalkow, Sociologue et urbaniste, professeur HDR en Sciences humaines et sociales en architecture (SHSA) à l'École nationale supérieure d'architecture Paris-Val de Seine (ENSA Paris-Val de Seine), co-directeur du Centre de recherche sur l'habitat, Laboratoire architecture, ville, urbanisme, environnement, LAVUE, UMR 7218.
- Sandra Fiori, Urbaniste, maître-assistante dans le champ Ville et territoire (VT) à l’École nationale supérieure d’architecture de Lyon (ENSA Lyon), directrice de l’équipe de recherche LAURE (MCC/UMR EVS 5600).
- Francois Fleury, Ingénieur INSA Génie-Civil, professeur HDR en Sciences et techniques pour l’architecture (STA) à l’École nationale supérieure d’architecture de Normandie (ENSA Normandie) ; EA 7464 : Architecture, Territoire, Environnent (ATE) ; ED 556.
- Philippe Grandvoinnet, Architecte et urbaniste de l’État au ministère de la Culture, chercheur associé à l'ARCHE, EA 3400, de l'Université de Strasbourg, adjoint au sous-directeur de l’enseignement supérieur et de la recherche en architecture au ministère de la Culture.
- Xavier Guillot, Urbaniste, architecte, professeur à l’École nationale supérieure d'architecture de Saint-Etienne (ENSASE) dans le champ Ville et territoires (VT), chercheur associé à l’IPRAUS, UMR AUSSER 3329 (ENSA Paris-Belleville), chercheur associé à ISTHME (image, société, territoire, homme, environnement), UMR 5600 (Université Jean Moulin, Lyon 3).
- Caroline Maniaque, Architecte, professeure HDR à l’École nationale supérieure d’architecture de Rouen (ENSA Normandie) dans le champ Histoires et cultures architecturales (HCA), directrice du laboratoire ATE, EA 7564 (Normandie université), chercheure associée au laboratoire IPRAUS, UMR AUSSER 3329 (ENSA Paris-Belleville).
- Beatrice Mariolle, Architecte, professeure en Théories et pratiques de la conception architecturale et urbaine (TPCAU) à l’École nationale supérieure d’architecture de Lille (ENSA Lille), chercheur à l’IPRAUS, UMR AUSSER 3329 (ENSA Paris Belleville), membre du Réseau international sur les villes diffuses (International network on diffuse cities) LABEX Futurs Urbains.
- Valerie Negre, Architecte, professeur HDR d’Histoire des techniques (dans le champ Histoire et théorie de l’architecture HCA) à l’Université Paris I, dirige l’équipe Architecture, histoire, technique, territoire, patrimoine (AHTTEP), UMR AUSser 3329.
- Daniel Siret, Architecte HDR, chercheur titulaire du ministère de la Culture, directeur du laboratoire AAU (Ambiances Architectures Urbanités), UMR 1563, coresponsable du Réseau international Ambiances (réseau scientifique thématique du ministère de la Culture), et corédacteur en chef de Ambiances, Revue internationale sur l’environnement sensible, l’architecture et l’espace urbain.
- Helene Vacher, Historienne HDR, professeur à l’École nationale supérieure d’architecture de Nancy (ENSA Nancy) dans le champ Histoire et culture architecturales (HCA), directrice scientifique du laboratoire LHAC.
Comité scientifique
- Denis Bocquet, Professeur à l'École nationale supérieure d'architecture de Strasbourg (ENSAS) en Histoire et la théorie de l'architecture et de l'urbanisme ; auparavant enseignant à l'École nationale des Ponts et Chaussées et à l'Université Aix-Marseille I (département d'histoire).
- Maurizio Brocato, Ingénieur, professeur HDR à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais (ENSAPM) et à l’École nationale des ponts et chaussées, directeur du laboratoire GSA (Géométrie Structure Architecture) (ENSA Paris-Malaquais).
- Olivier Chadoin, Maître de conférences en sociologie à l'École nationale d’architecture et de paysage de Bordeaux, membre du PAVE (Professions Architecture Ville Environnement) et du Centre Emile Durkheim, UMR 5116.
- Elena Cogato-Lanza, Architecte, maître d’enseignement et de recherche auprès du laboratoire d’urbanisme de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ; dirige le volet « Urbanisme » de la recherche interdisciplinaire Post Car World (FNS-Sinergia) ; éditeur associé chez MetisPresses et membre de divers comités éditoriaux internationaux.
- Valérie Gelézeau, Géographe spécialiste de la Corée, maître de conférences à l’EHESS et membre de l’Institut universitaire de France.
- Zhuo Jian, Architecte, professeur et vice-directeur du département d’urbanisme à la Faculté d’architecture et d’urbanisme de l’Université de Tongji (Shanghai) ; chercheur au laboratoire LATTS (Techniques, Territoires et Sociétés), UMR 8134 de l’École nationale des Ponts et Chaussées.
- Sonia Keravel, Paysagiste, maître de conférences en théorie et pratique du projet de paysage à l’École nationale supérieure du paysage de Versailles, chercheure au LAREP (Laboratoire de recherche en paysage).
- Jean-Pierre Lévy, Géographe, directeur de recherche CNRS, membre du LATTS (UMR 8134/UPEM-École des Ponts ParisTech), enseignant à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Val-de-Seine (ENSA Val de Seine).
- Émilie d’Orgeix, Historienne de l’architecture, maître de conférences HDR en histoire de l’art à l’université Bordeaux-Montaigne, chercheur rattaché au Centre François-Georges Pariset, EA 538 (Bordeaux-Montaigne) et associé à l’UMR AUSser (ENSA Paris Belleville).
- Daniela Poli, Architecte, PHD en Aménagement et Projet de territoire, maître de conférences à l’université de Florence au sein du département d’Architecture ; dirige le Lapei (Laboratoire de projet écologique du territoire) du département d’Architecture de l’université de Florence ;
- Michel Rautenberg, Anthropologue, professeur HDR de sociologie à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne dont il dirige la faculté de sciences humaines et sociales, chercheur au Centre Max, UMR 5283.
- Emmanuel Rey, Architecte, professeur de projet d’architecture à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et fondateur et directeur du Laboratoire d'architecture et technologies durables (LAST).
- Catherine de Smet, Enseignante-chercheure HDR à l’université de Paris-8 Vincennes-Saint-Denis, et à l’École européenne supérieure d’art de Bretagne-Rennes.
- Andrea Urlberger, Maître-assistante HDR en Esthétique, Sciences et technologies des arts à l’École nationale supérieure d’architecture de Toulouse (ENSA Toulouse) et membre du laboratoire LRA, EA 7413.
- Loïc Vadelorge, Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Paris-Est Marne-la-Vallée, directeur du laboratoire Analyse comparée des pouvoirs, EA 3350.
- Eric Verdeil, Professeur de géographie et études urbaines au CERI/Sciences Po Paris.
- Nicolas Verdier, Chercheur au CNRS au sein de l'équipe EHGo (Epistémologie et histoire de la géographie du laboratoire Géographie-Cités, (Paris 1/Paris 7/EHESS), et directeur d'étude à l'EHESS (géohistoire).
- Sharon Zukin, Sociologue, professeure au Brooklyn College et au Graduate Center, City University of New-York ; lauréate du prix Lynd de sociologie urbaine de l'American Sociological Association.
Notes
1 Jacques LUCAN, Précisions sur un état présent de l’architecture, Lausanne, presses polytechniques romandes, 2015.
2 De nombreux travaux sont consacrés à la question des écrits et des architectes voir Pierre CHABARD et Marilena KOURNIATI, Raisons d’écrire : livres d’architectes, 1945-1999, Paris, Éd. de la Villette, 2013. Voir aussi Jean-Philippe GARRIC, Émilie d’ORGEIX et Estelle THIBAULT, Le Livre et l’architecte, actes du colloque, Paris, 31 janvier-2 février 2008, Wavre, Mardaga, 2011. André TAVARES, The Anatomy of the Architectural Book, Zurich, Lars Müller Publishers, 2016. Beatriz COLOMINA, Clip, Stamp, Fold : The Radical Architecture of Little Magazines, Barcelone, Actar, 2006.
3 Georg GERMANN, Vitruve et le vitruviannisme, introduction à l’histoire de la théorie architecturale, Lausanne, presses polytechniques romandes, 2016 (éd. Originale 1987).
4 Hanno-Walter KRUFT, Geschichte der Architekturtheorie von der Antike bis zur Gegenwart, München, C. H. Beck, 1985. Michel BARIDON, Les jardins : paysagistes – jardiniers – poètes, Paris, Robert Laffont, 1998.
5 Françoise CHOAY, La règle et le modèle, Paris Seuil, 1980.
6 Dominique ROUILLARD, Superarchitecture, Paris, Éd. de la Villette, 2004.
7 Ian L. MCHARG, Design with Nature, 1969 tr fr.Max Falque, Cahiers de l’IAURIF, 1980.
8 Goffman ERVING, The Presentation of Self in Everyday Life, New York, Doubleday Anchor Books, 1959, tr. fr. La Présentation de soi, Paris, Éditions de Minuit, 1973. Henri LEFEBVRE, Critique de la vie quotidienne II. Fondements d’une sociologie de la quotidienneté, Paris, L’Arche, 1961,2.
9 François HARTOG, Régimes d’historicité : présentisme et expérience du temps, Paris, Éd. du Seuil, 2003.
10 Paola VIGANO, Les territoires de l’urbanisme, Le projet comme producteur de connaissance, Genève, Métis Presses, 2014.
Argument
This theme focuses on the theoretical sources used within the practice of architects, urban planners, landscape architects and, more generally, those who design space in contemporary life. Within the plurality of conceptual approaches1 we examine the aspects which have been adopted from previously formulated theories and doctrines. This topic also questions the interrelation between the creator’s journey and their context, in order to pinpoint the nature of their field of reference. Where do project processes form within theoretical expressions? From which disciplinary sources do creators draw from in order to find their discourse and their practice?
The long tradition of books and treaties2 was strongly developed during the Renaissance era. This was a time when gardens became fully integrated within the arts, utopian conceptions were proposed and where we rediscovered the Treaty of Vitruvius3. It is from this time up until the 19th century that we can trace the history of theoretical approaches to architecture, the city, and landscape on the long term4. which were founded predominantly on the concept of model5. Over the course of the 20th century, however, forms of expression and transmission were revived, particularly during the 1960s6 when new concepts were brought to the fore. Things like history, ecology, and environment7, as well as the experience of everyday life8 became the backbone for the development of new projects. Born during this time period were comprehensive theories based on the diversity of contemporary beliefs – whether or not they were in contrast with the modern movement or in line with singular trends.
Through time, theoretical undertakings convey the will to formulate a discourse which communicates hypotheses and results (whether proven or not) through history or in practice. In addition, theory defines itself as a field of thought operationalized in a way which surpasses that of poetics and individual doctrines. The theoretical field thus seeks to create methods and concepts which allow for the analysis of existing situations, as well as the development of approaches to the transformation of space.
Theory is greatly influenced by history and geography, from which each approach draws their references, as well as the ideologies that characterize the contexts in which they emerge. Thus, in the face of presentism9 and the challenges of the 21st century, how will concepts be evolved by contemporary actors? Which fields and disciplines nourish the theoretical process? Finally, what are the lines of continuity that characterize the corpus and theoretical devices which were adopted throughout the last fifty years, if not more? Understanding these constants could offer key insights to the analysis of contemporary production, situating them within a longer perspective of thought.
In order to outline potential responses – and without claiming to be exhaustive – this special issue proposes to shed light on the diversity, and perhaps the articulation of adopted theories present in architecture, urbanism and landscape starting from three principal approaches:
Format and methodes of transmission
Here, we seek to understand the construction and transmission of theoretical frameworks. How does the theorist position themselves? What is the form of the theory, in some instances outside of the written tradition (experience based, conference, exhibition, teaching)? According to which methods is it elaborated upon and put into place? To what extent does practice become a “recyclable”20 theoretical way of thinking? For example, one could even investigate the notion of referencing and methodology and their use within a specific theoretical discourse.
Uses, evolution, and detours
Moreover, the use and evolution of a theoretical legacy can be mobilized. In this case, the longevity and the reception of a theoretical device are at the center of our questioning - as are transfers and loans from other disciplinary and scientific fields.
As such, we can examine the evolution of theoretical teaching in schools and at universities, as well as the diffusion and reception of specific methods by theoretical and practical actors. What place do tools for comparison and analogy have? The weight of certain filiations and certain counter-models could emerge: for example, certain architects trained before 1968 in France construct their positioning as a reaction to a form of thought that they reject.
Context of formulation, field of operation
Finally, theoretical terminology and positioning do not teach us about the work nor the vision of a singular actor, but rather bring to light a much larger cultural context. The theory emerges at the crossroads between practice and context. We can therefore question the porosity between the history of ideas, socio-cultural evolution, and the evolution of architecture in cities and landscapes.
To what extent are mobilized theoretical devices dependent on a singular context or on the history of their creator? How do they come to be interpreted in distinct contexts? Subjects for proposed articles can position themselves more precisely inside of these lines of questioning, or propose a more transversal analysis by engaging with unpublished material. The goal of this thematic issue is to bring together contributions that shed light on the multiplicity of uses and theoretical formulations that exist in scales of architecture, urbanism, and landscapes.
19 François HARTOG, Régimes d’historicité : présentisme et expérience du temps, Paris, Éd. du Seuil, 2003.20 Paola VIGANO, Les territoires de l’urbanisme, Le projet comme producteur de connaissance, Genève, Métis Presses, 2014.6This edition will thus contribute to enriching our understanding of projects in practice and in characterizing the theoretical and doctrinal pluralism of the last decades. It will also allow for a better understanding of the processes of spatial transformation in cultural contexts that are both diverse and interdependent.
Procedure for the transmission of draft articles
Proposals for articles will be sent by e-mail
before 30 september 2018
to the the Cahiers de la recherche architecturale, urbaine et paysagère’editorial office: secretariat-craup@culture.gouv.fr
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The articles must not exceed 50 000 characters, including spaces.
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Languages accepted: French, English.
Articles must be accompanied by:
- 1 biobibliographical record between 5 to 10 lines (name and first name of the author (s), professional status and / or titles, possible institutional link, research themes, latest publications, e-mail address).
- 2 abstracts in French and English.
- 5 key words in French and English.
Notes
1 Jacques LUCAN, Précisions sur un état présent de l’architecture, Lausanne, presses polytechniques romandes, 2015.
2 Numerous works have been dedicated to the question of literature and architecture see Pierre CHABARD et Marilena KOURNIATI, Raisons d’écrire : livres d’architectes, 1945-1999, Paris, Éd. de la Villette, 2013. See also Jean-Philippe GARRIC, Émilie d’ORGEIX et Estelle THIBAULT, Le Livre et l’architecte, actes du colloque, Paris, 31 janvier-2 février 2008, Wavre, Mardaga, 2011. André TAVARES, The Anatomy of the Architectural Book, Zurich, Lars Müller Publishers, 2016. Beatriz COLOMINA, Clip, Stamp, Fold : The Radical Architecture of Little Magazines, Barcelone, Actar, 2006.
3 Georg GERMANN, Vitruve et le vitruviannisme, introduction à l’histoire de la théorie architecturale, Lausanne, presses polytechniques romandes, 2016 (éd. Originale 1987).
4 Hanno-Walter KRUFT, Geschichte der Architekturtheorie von der Antike bis zur Gegenwart, München, C. H. Beck, 1985. Michel BARIDON, Les jardins : paysagistes – jardiniers – poètes, Paris, Robert Laffont, 1998.
5 Françoise CHOAY, La règle et le modèle, Paris Seuil, 1980.
6 Dominique ROUILLARD, Superarchitecture, Paris, Éd. de la Villette, 2004.
7 Ian L. MCHARG, Design with Nature, 1969 tr fr.Max Falque, Cahiers de l’IAURIF, 1980.
8 Goffman ERVING, The Presentation of Self in Everyday Life, New York, Doubleday Anchor Books, 1959, tr. fr. La Présentation de soi, Paris, Éditions de Minuit, 1973. Henri LEFEBVRE, Critique de la vie quotidienne II. Fondements d’une sociologie de la quotidienneté, Paris, L’Arche, 1961, 5.
9 François HARTOG, Régimes d’historicité : présentisme et expérience du temps, Paris, Éd. du Seuil, 2003.
10 Paola VIGANO, Les territoires de l’urbanisme, Le projet comme producteur de connaissance, Genève, Métis Presses, 2014.