AccueilL’école et L’entreprise : des tensions et des innovations convergentes ?

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L’école et L’entreprise : des tensions et des innovations convergentes ?

The school and businesses - convergent tensions and innovations?

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Publié le lundi 13 août 2018

Résumé

La question de la relation de l'école et de l'entreprise doit être reprise continuellement. École et entreprise évoluent constamment et il est toujours oportun d'accompagner l'évolution de l'une et de l'autre, et l'évolution de la relation de l'une à l'autre, d'un discours scientifique à même d'examiner les lieux de tension ou de rencontre des deux ; afin d'en expliciter les implications ou d'en anticiper les conséquences. L'entreprise (même si parfois elle passe par des instances « éducatives » internationales ou institutionnelles locales) dicte ses modes de fonctionnement, ses « profils », ses financements, à l'école ; et cette dernière commence depuis quelque temps à revoir ses copies et ses offres des formation à la lumière de ce que l'entreprise dicte ou suggère.

Annonce

Argumentaire

Les Institutions scolaires et universitaires, ainsi que les entreprises, subissent et accompagnent, simultanément et à distance, une mutation profonde de la société, des valeurs, des savoirs, de l’imaginaire, du sujet humain, de la relation au savoir, de la relation à soi. Les deux, École et Entreprise, parce qu’elles sont engagées simultanément par des relations stratégiques, sont amenées à s’influencer, à travailler ensemble, à lutter l’une contre l’autre. Les domaines d’influences réciproques et dialectiques sont évidement désignés : la recherche, la production du savoir, la communication et l’informatique, la production des richesses, la régulation et l’innovation.

La relation entre l’École (un symbole et une Institution) et l’Entreprise (autre symbole qui voudrait dépasser ses fonctions économique et entrepreneuriale, pour s’ériger en institution) s’exprime dans des formes complexes, souvent conflictuelles, que nous pourrions modaliser en termes d’innovation pédagogique, sociale et économique. A bien observer l’évolution actuelle de l’une et de l’autre, aucune des deux ne peut prétendre à l’exclusivité, dans un domaine ou dans l’autre. Le colloque élit l’innovation comme concept modalisateur. Comment donc penser la connexion possible, et réelle, entre différentes formes d’innovations (sociale, pédagogique et en matière d’économie)  au sein de l’École et/ou de l’Entreprise?

L’innovation est plus facile à mettre en pratique, si l’on considère l’obligation de chacun de se surpasser ou de simplement résoudre des situations problématiques arrivant à saturation, qu’à définir ; tout aussi bien en pédagogie que dans le domaine entrepreneurial, pour ne citer que les deux domaines objet du colloque. Le Manuel d’Oslo, en propose une, par ailleurs la plus répandue :

"On entend par innovation technologique de produit la mise au point/commercialisation d'un produit plus ‘’performant’’ dans le but de fournir au consommateur des services objectivement nouveaux ou améliorés. Par innovation technologique de procédé, on entend la mise au point/adoption de méthodes de production ou de distribution nouvelles ou notablement améliorées. Elle peut faire intervenir des changements affectant - séparément ou simultanément - les matériels, les ressources humaines ou les méthodes de travail."

OCDE, Manuel d'Oslo - 2ème édition – 1997

S’agissant de l’École, une définition semble un peu unifier les les différentes orientations

« L’innovation en éducation est un processus délibéré de transformation des pratiques par l’introduction d’une nouveauté curriculaire, pédagogique ou organisationnelle qui fait l’objet d’une dissémination et qui vise l’amélioration durable de la réussite éducative des élèves ou des étudiants » Conseil Supérieur de l’Éducation, Canada, (p. 26).

En dépit des semblants conceptuels apparents, les deux définitions ne sont pas si éloignées. Et dans la réalité des systèmes éducatifs ou des ‘’pédagogies’’ qui désormais les orientent, le rapprochement ou la confusion des deux définitions est aussi tentant, pour les uns, que scandaleux pour les autres. Il n’empêche que beaucoup de politiques éducatives fondent sur la performance, ou le retour sur investissement, jusqu’à même déclarer caducs des pans entiers de l’École, de ses contenus et ses offres de formation. Ceci est déjà à l’origine de conflits philosophiques, moraux, ou humanistes existentiels : la proximité des concepts nouveaux qui pensent l’école comme une entreprise n’est pas agréé de tous. Et beaucoup se posent la question de savoir quels seraient désormais le rôle et la fonction de l’École, que l’entreprise, numérique par exemple concurrence en bien des domaines de diffusion du savoir. Cette dimension philosophique pourrait tenir lieu de fondement de la réflexion, qui pourrait subsumer les axes plus substantiels de la question.

Le stéréotype qui alignait les deux ‘’acteurs’’ du système social dans un axe chronologique ‘’biographique’’, l’École puis l’Entreprise (étudier et, puis, travailler), est fort bousculé depuis les années quatre-vingt du siècle dernier. L’Entreprise n’attend plus, placidement, en consommateur passif des compétences auxquelles forme l’École ; elle anticipe, en intervenant dans la conception des politiques éducatives, dans l’élaboration des curriculums et en créant des entreprises-écoles, afin de s’assurer des profils les plus performants et les plus adéquats à ses besoins, toujours évolutifs.

A l’autre versant, l’École ne veut plus être enfermée dans l’image classique de dispensateur de savoirs et, accessoirement ou accidentellement, de compétences. Elle emprunte la métaphore entrepreneuriale, quand elle veut rassurer et réaliser ses objectifs d’efficacité, d’efficience, de gouvernance moderne, de productivité, d’évaluation, d’installation des processus d’innovation, etc. Comme elle agit en École-entreprise, par la recherche de l’autofinancement, par la marchandising du ‘’savoir’’ et des compétences… Elle collabore avec l’entreprise dans la recherche, la recherche-développement, et, de plus en plus fréquemment, dans la création de formations pépinières d’entreprises, à dimensions variables.

Les frontières tendent donc à s’estomper, sans grandes confusions mais avec beaucoup de conflits latents. Mais, pour ce qui nous intéresse, le phénomène génère des postures pédagogiques, des discours d’anticipation, des analyses, peut-être même des réactions d’opinion, qui acceptent la chose ou la dénoncent. Dans ces intervalles, des formations, des formes de stages, des parcours diplômants sont créés, qu’il faut encadrer d’un point de vue conceptuel et discursif. L’École peut se sentir défiée dans ses missions traditionnelles, quand les seuls profils visés, ou les seuls raisonnements tenus s’en tiennent au ‘’pragmatisme entrepreneurial’’.

Si la demande de l’Entreprise a toujours été de recruter des personnels compétents, elle s’oriente aujourd’hui vers la recherche de personnels adaptables aux changements rapides et parfois brusques qu’imposent les technologies, notamment celles du numérique, et les capacités à l’innovation. La coévolution entre les salariés, l’entreprise et le marché, est de fait devenue dépendante des réseaux ainsi que de l’hyper-connexion. De leur côté, les institutions d’enseignement et d’éducation, soumises aux injonctions des maquettes de formation d‘une part, et conscientes de la nécessité de former des élèves et des étudiants technologiquement avertis d’autre part, ne peuvent faire l’impasse sur le technologique, ni sur le numérique, ni, non plus, sur les capacités à l’inventivité, à l’autonomie, à l’esprit d’entreprise : alors même que les contenus à enseigner demeurent prioritaires pour chaque enseignant, garant des ‘’savoirs savants’’ de sa discipline.

De nouvelles pratiques pédagogiques voient le jour, de nouvelles manières de faire se rencontrer les étudiants, les entreprises et les enseignants naissent d’initiatives individuelles ou de démarches collectives. Les organisations et les syndicats professionnels tentent de trouver ensemble de nouvelles modalités pour travailler au plus près des nécessités académiques et / ou professionnalisantes. Néanmoins, chaque jour, des questions (dont celles pédagogiques) se posent à ces différents acteurs, que la vitesse des changements ne donne pas toujours le temps de se poser.

Ainsi par exemple, l’irruption de l’obligation de résultat immédiat, dont l’employabilité, fut, au Maroc comme ailleurs, vers les années 2000, l’occasion d’une profonde remise en question de l’École, contrainte de se repenser, de repenser ses missions, de reprendre sa copie à tous les niveaux : contenus, priorisations de sections, reconversion ou disparition de départements, spécification des curriculums, … Elle a pensé même s’amputer de certains savoirs jugés ‘’inutiles’’, car peu porteurs de chances d’emplois, ou peu versés dans la production des richesses.

Seulement, cette forme d’employabilité a été quelque peu hâtive. Se limiter à des profils employables serait en soi risqué et pour l’entreprise et pour l’École : comme l’entreprise évolue, et que tout secteur d’activité sature, l’École (école et université) risque de s’essouffler à vouloir rattraper une dynamique moins conservatrice qu’elle et plus habile en matière de changement. L’idée même d’école pourrait changer. Innover dans ce sens, consistera en l’étude anticipatrice de la correspondance de la formation à des profils sans menacer la dynamique formatrice elle-même.

Et l’entreprise est, à son tour, une compétitrice de l’école et de l’université : elle continue de consommer le produit universitaire, certes, mais elle est formatrice sous différents modes (des stages à la création d’universités spécifiques), elle est partenaire de l’université, et elle produit des modèles de savoirs, de communication et de gestion qui inspirent franchement l’université. Ainsi le discours qualiticien, l’enseignement de l’entrepreneuriat, la recherche et développement, l’innovation, ne se font plus sans le secours du ‘’modèle’’ entrepreneurial. Par exemple, la révolution numérique fait évoluer les acteurs, les partenaires, ainsi que les compétences, les demandes et les modalités de réponses aux injonctions du marché de la formation et de celui des secteurs d’activité.

Faut-il y voir un signe des temps ? Une réversibilité que la modernité impose ? Un risque pour chacune des deux ? Des possibilités de transversalités de passerelles ? De nouveaux modes de savoir et de construction des profils, et au-delà du sujet humain ?

L’un des objectifs majeurs du présent colloque est de souligner plus les ressemblances, les points de convergence face à l’inventivité, à la résolution des problèmes, à la recherche de l’efficacité et de l’efficience.

Il s’agit de voir quand et comment l’École et l’Entreprise peuvent travailler ensemble, comparer leurs dynamiques et leurs moyens, dresser des passerelles entre elles, s’entraider pour réussir ce qu’il est entendu d’appeler la performance, le bien-être, la réaction positive à la demande sociale et économique.

Le RIIDCH, de la Faculté des Sciences de l’Éducation, organise, avec ses partenaires une rencontre entre chercheurs et praticiens, chefs d’entreprises, responsables de formations, et enseignants pour débattre de ces questions et de bien d’autres.

Axes privilégiés :

  • L’innovation: Que pourrait-on améliorer, au sein des de l’École et/ou de l’Entreprise, pour faire face aux exigences nouvelles, en matière de formation, de projets de formation, de réflexion, de propositions innovantes ?
  • ‘’L’École-Entreprise’’: dans une dialectique réflexive, quelles pourraient être les voies des réformes et des modes d’apprentissage. Comment continuer à apprendre à apprendre en intégrant l’apprendre entrepreneurial (enseignement de l’entrepreneuriat, création de profils ‘’employables’’, co-construction des formations et des profils) ?
  • L’Entreprise école: la dimension formatrice de l’Entreprise ; ses engagements formateurs, ses propositions de formations, les offres organisées en dispositifs ou même établissements de formation ‘’internes’’, la collaboration et le partenariat avec les Universités, la formation à l’école : ‘’didactiser’’ l’’esprit d’entreprise, penser l’employabilité au sein de l’université, l’entreprise est un lieu d’innovation et de recherche, repenser la formation à l’entreprenariat …
  • La production des savoirs: comment l’entreprise contribue-t-elle à construire les savoirs et à développer les compétences ? Quelles sont ses exigences, quelles sont ses offres en matière de savoirs notamment pratiques ; comment répondre à la demande de l’Entreprise en tenant compte des exigences académiques et pédagogiques ?
  • État des lieux des enseignements majeurs autour de l’Entreprise : droit des affaires, responsabilités sociétales et entrepreneuriales, communication et formation dans l’Entreprise, gouvernance entrepreneuriale et universitaire, etc.
  • Les partenariats: Comment concevoir les partenariats ponctuels et/ou stratégiques entre les deux instances ? Quelles formes juridiques ? Quelles passerelles ou quelles collaborations dans des projets communs ?

La proposition d’autres axes répondant à l’esprit de l’argumentaire sera la bienvenue.

Des enjeux académiques, institutionnels et entrepreneuriaux

  • Redimensionnement et révision des formations et des formats de partenariats actuels (sciences de la gestion, formation des personnels ; développement du capital humain, communication personnelle et d’entreprise ; usages des NTIC, …)
  • Conception de formations complètes ou de formations ponctuelles ;
  • Conception de cursus de filière, de masters de doctorats co-encadrés et/ou co-fiancés ;
  • Conceptions de formations continues ou d’appoint ;

Dates

  • 15 juin : publication de l’appel à contributions du congrès
  • 4 octobre : dernier délai de réception des nouvelles intentions de communication (les communications retenues pour le séminaire préparatoire sont reconduites d’office).

  • 10 octobre : notification des l’acceptation des contributions
  • 30 octobre : réception du texte des contributions ;
  • Du 1er au 3 novembre : congrès
  • 10 novembre : évaluation et préparation de la publication

Les intentions de contribution (un texte clair entre 500 et 800 mots en anglais, en arabe ou en français) doivent être envoyées à l’une des suivantes :

  • Pr Abdelhak Bel Lakhdar : abbellakhdar@gmail.com GSM :+ 212 661 21 86 01
  • Pr Youssef Sadik : youssefsadik@yahoo.fr
  • Pr Mohammed Bouchekourte : m.mbouchekourte@gmail.com

Lieu

Faculté des Sciences de l’Éducation ; Université Mohamed V de Rabat.

B.P. 6211, Rabat, Maroc. 

Comité scientifique

  • Abdelhak BEL LAKHDAR
  • Abderrahmane AMSIDDER
  • Hamid BAHAJ
  • Samiya BELYAZID
  • Mohammed BENDAHHANE
  • Lorine BOST
  • Mohammed BOUCHEKOURTE
  • Peter DEBRECZENI
  • Asmae ELMEKNASSI
  • Sanae ELMELOUKI
  • Kaoutar ELOMARI
  • Latifa HORR
  • Mohammed IDRISSI ElOUADGHIRI
  • Brahim LABARI
  • Christian MAROY
  • Mohammed MORO
  • Naoufel SADID
  • Youssef SADIQ
  • Abdeljabbar SEFIANI
  • Jean-Claude TADDEI

Comité d’organisation

  • Abdelhak Bel Lakhdar
  • Youssef Sadiq
  • Mohammed Bouchekourte
  • Mohammed ABOUTAJDYNE
  • Les doctorants du Grafe et du RIIDCH

Frais d’inscription

  • Doctorants : 50 €
  • Autres contributeurs : 75 €
  • Entreprises ou instances : 200 €
  • A régler sur place, à l’accueil du colloque.

Lieux

  • Rabat, Maroc

Dates

  • jeudi 04 octobre 2018

Mots-clés

  • éducation, formation, stage, capital humain, entreprise, école

Contacts

  • Abdelhak Bel Lakhdar
    courriel : abbellakhdar [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Abdelhak Bel Lakdar
    courriel : abbellakhdar [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’école et L’entreprise : des tensions et des innovations convergentes ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 13 août 2018, https://doi.org/10.58079/10rb

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