AccueilTradition, transmission, que faire des formes spectaculaires vivantes ?

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Tradition, transmission, que faire des formes spectaculaires vivantes ?

Tradition, transmission and the problem of the performing arts

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Publié le vendredi 21 septembre 2018

Résumé

L’idée de la patrimonialisation des traditions en rapport avec le spectacle vivant, nous met en face des difficultés majeures de toute tradition à savoir l’insuccès et l’usure. C’est justement ce qui est sous tendu par la question fédératrice de ce colloque « Que faire des formes spectaculaires vivantes ? ». Répondre à une telle question dépendra en premier lieu d’une autre opération aussi vitale, nous semble-t-il, qui est d’abord le constat de l’existant ou le diagnostic de l’état des lieux de ces formes spectaculaires traditionnelles, pour voir comment elles ont survécue, comment elles ont résisté aux multiples risques de déformations et de glissements contenus dans les différentes transmissions culturelles qu’elles subissent et qui peuvent entrainer des formes plus ou moins dégénérées.

Annonce

15 et 16 novembre 2018, IRCAM

Argumentaire

Soucieux de vouloir interroger le rapport étroit et intime qui n’a cessé d’unir Tradition, Transmission et Spectacle vivant, l’Institut Supérieur d’Art Dramatique et d’Animation Culturelle, ISADAC,  en partenariat avec l’Institut Royal de la Culture Amazighe, IRCAM , le Laboratoire  de recherche 2LAC ( Langues, Littératures, Arts et Cultures) de Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Med V, Rabat et l’Institut Français de Rabat, organisent un colloque international les 15 et 16 novembre 2018 sous le thème « Tradition, transmission, que faire des formes spectaculaires vivantes ? »

Scruter un tel rapport ne serait scientifiquement possible et épistémologiquement justifiable qu’à travers un cadrage conceptuel.  Lequel serait, à notre sens, un préalable théorique à même de nous déblayer le terrain pour pousser un peu l’horizon de l’analyse vers les niveaux d’interconnexion entre les trois notions et les sous-tendues ou présupposés théoriques émanant de cette interaction.

Etymologiquement parlant, le mot « tradition »  (en latin traditio, « acte de transmettre ») vient du verbe tradere, « faire passer à un autre, livrer, remettre ». Le Littré en a distingué plusieurs sens , on peut retenir : « Action par laquelle on livre quelque chose à quelqu'un » ; « transmission de faits historiques, de doctrines religieuses, de légendes, d'âge en âge par voie orale et sans preuve authentique et écrite » ;  « tout ce que l'on sait ou pratique par tradition, c'est-à-dire par une transmission de génération en génération à l'aide de la parole ou de l'exemple » (Dictionnaire de la langue française).

Quelles que soient les acceptions fournies de la tradition, elles connotent presque toutes l’idée de la transmission et de l’enseignement de « contenus » liés à des faits, des coutumes, des doctrines, des idéologies, etc.

Pour ce qui est du « spectacle », le terme est apparu en français au XIIèmesiècle, du latin spectaculum lui-même dérivé de spectarequi veut dire « observer », « contempler », il recouvre, en fait, plusieurs notions en raison d’un usage peu rigoureux de cette appellation. Pour Patrice Pavis, c’est « tout ce qui se donne au regard », il  englobe ainsi plusieurs formes d’arts de la représentation et certaines cérémonies sportives et rituelles ; la notion s’est imposée à la suite de discussions entre les professionnels  et le ministère de la culture français  sur les métiers du spectacle au lendemain des années trente. Quand on y ajoute le qualificatif  « vivant », c’est uniquement pour exclure toute autre forme de spectacle enregistrée ou médiatisée via des supports audiovisuels. C’est ce qu’on lit dans l’encyclopédie Larousse qui le désigne comme étant une représentation à caractère unique, parce que non reproductible dans sa nature d’événement se déroulant au présent. Cette reconnaissance était quelque part l’écho entrainé par le retour du spectacle et la recherche du spectaculaire dans les arts de la représentation et les arts de la scène en l’occurrence avec le développement de la mise en scène. L’idée du spectacle s’est éloignée de plus en plus de son acception péjorative pour retrouver un usage des plus laudatif notamment avec Antonin Artaud qui a exprimé explicitement le souhait de « baser le théâtre avant tout sur le spectacle [1]» à travers une mise en relation assez particulière de l’espace, du temps et aussi du mouvement.

Sur un autre plan, toute tradition n’est considérée en tant que telle que si elle jouit d’un quelconque consensus social qui n’est possible que via une certaine pérennité, celle-ci demeure dépendante de sa diffusion et puis de sa transmission. De là, les anthropologues, à l’image de Dan Sperber, Scott Atran et Olivier Morin, évoquent trois conditions sine qua none qui permettent la sauvegarde voire la prolifération d’une tradition et son insertion dans ce qu’on peut qualifier de mémoire collective d’une société. Il s’agit tout d’abord de la diffusion et de la répartition aussi bien dans le temps que dans l’espace. Puis de l’attrait que la tradition en question peut avoir sur des êtres humains qui peuvent à n’importe quel moment l’adopter pour la rendre un comportement ou une pratique sociale ritualisée ; et enfin son accessibilité à un public de plus en plus large. C’est ce qui est attesté par Olivier Morin qui reconnait que « si l’accessibilité des individus est très médiocre pour que les traditions prolifèrent facilement, elles doivent être assez attrayantes pour susciter par elles même cette prolifération. »[2]. Nous adhérons ainsi à l’idée que le succès culturel d’une tradition qui est le garant de sa longévité dépend majoritairement de sa reproduction, de sa répétition et de sa redondance. 

Etablir une première confrontation entre tradition et spectacle vivant, nous impose de saisir le spectacle vivant comme une performance, comme un jeu codifié, voire ritualisé, ayant lieu dans un espace circonscrit, dans un temps bien concis, arraché au temps linéaire, mettant au prise regardants et regardés  dans un cadre situationnel bien défini. Il serait donc loisible de reconnaitre que le spectacle vivant convoque la tradition et se nourrit d’elle. De là, se tisse entre eux une jonction mystérieuse dans une logique de contenant / contenu, de forme/fond ; le spectacle vivant devient dès lors le réceptacle de la tradition, son univers où elle résiste à l’usure et à la déperdition, réussit sa transmission culturelle et assure à cet effet un cadre adéquat qui conduit à sa consécration et aboutit à une certaine patrimonialisation des traditions. 

Le spectacle vivant permet ainsi le succès d’une tradition parce qu’ il permet deux types d’attractions reconnues par les théoriciens à savoir l’attraction cognitive du fait que le spectacle est le lieu où des pratiques séculaires sont conservées, maintenues et sujettes à reproduction, de même que l’attraction motivationnelle lorsque la tradition véhiculée suscite une  importante part émotionnelle chez le récepteur ce qui est souvent le cas.   

L’idée de la patrimonialisation des traditions en rapport avec le spectacle vivant, nous met en face des difficultés majeures de toute tradition à savoir l’insuccès et l’usure. C’est justement ce qui est sous tendu par la question fédératrice de ce colloque « Que faire des formes spectaculaires vivantes ? ». Répondre à une telle question dépendra en premier lieu d’une autre opération aussi vitale, nous semble-t-il, qui est d’abord le constat de l’existant ou le diagnostic de l’état des lieux de ces formes spectaculaires traditionnelles, pour voir comment elles ont survécue, comment elles ont résisté aux multiples risques de déformations et de glissements contenus dans les différentes transmissions culturelles qu’elles subissent et qui peuvent entrainer des formes plus ou moins dégénérées. Quel est l’état de la recherche scientifique menée dans ce sens ? Aboutit-elle à un certain archivage ? Qu’en est-il de la dialectique de la conservation, de la reproduction et de la création ? Quel rôle incombe à des institutions de formation professionnelle, l’ISADAC à titre d’exemple, par rapport à cet héritage spectaculaire ?  Quelle place devrons-nous accorder aux méthodes de transmission traditionnelles ? Ce ne sont là que des exemples de soucis scientifiques qui orienteront la réflexion et le débat de ce colloque.

Les propositions devront se pencher, à titre indicatif et non exhaustif sur les axes :

  • Etat des lieux : situation actuelle, recherches, archive et conservation,
  • Formes spectaculaires esthétique et créativité : Pratiques spectaculaires vivantes, arts scéniques et le référent spectaculaire,
  • Formes spectaculaires vivantes transmission et pédagogie : enseignement et transmission traditionnels, formation théâtrale et pratique spectaculaire vivante.

Modalités de soumission

Les propositions, d’environ 3000 signes espaces compris devront comporter un titre et cinq mots clés et sont à envoyer

pour le 19 septembre 2018

 aux adresses suivantes majid6023@hotmail.com et rmountasar@hotmail.com accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique. Date de réponse du comité organisateur prévue le 23 septembre 2018.

Langue de communication 

français, arabe et anglais

Comité scientifique

  • Azaroual Fouad, IRCAM , Rabat
  • Azouine Abdelmajid, U Med V, Rabat
  • Badry Ahmed, ISADAC, Rabat
  • Benbrahim Nawal, IRCAM
  • Boukous Ahmed
  • Elyousfi Aissam, ISADAC, Rabat
  • Jean-Marie Pradier, Professeur émérite, Paris
  • Mountasar Rachid, ISADAC, Rabat
  • Mouhtarim Abdelouahed, ISADAC, Rabat

Coordinateurs

  • Mountasar Rachid
  • Azouine Abdelmajid  
  • El Houssaïn El Moujahid

Références

  • [1] Antonin Artaud, Le Théâtre et son double. éd. Gallimard, coll. " Folio Essais ", Paris, 1938, p 188
  • [2] Olivier Morin, Comment les traditions naissent et meurent, Ed. Odile Jacob, Paris, 2011, p 154

Catégories

Lieux

  • IRCAM - avenue Allal El Fassi, Madinat Al Irfane
    Rabat, Maroc (10112)

Dates

  • mercredi 19 septembre 2018

Fichiers attachés

Mots-clés

  • spectacle, tradition, transmission, représentation

Contacts

  • Rachid Mountasar
    courriel : mountasarrachid [at] gmail [dot] com
  • Abdelmajid Azouine
    courriel : abdelmajid [dot] azouine [at] flsh [dot] um5 [dot] ac [dot] ma

URLS de référence

Source de l'information

  • Abdelmajid Azouine
    courriel : abdelmajid [dot] azouine [at] flsh [dot] um5 [dot] ac [dot] ma

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Tradition, transmission, que faire des formes spectaculaires vivantes ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 21 septembre 2018, https://doi.org/10.58079/10vg

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