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Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales

Altérité(s) et société inclusive

Otherness and inclusive society

Les jeudis du Groupe de recherche sur le handicap, l'accessibilité, les pratiques éducatives et scolaires (Grhapes)

Thursday debates at the Disability, Accessibility, Education and Scholarly Practices (Grhapes) work group

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Publié le vendredi 21 septembre 2018

Résumé

L’objectif de ce séminaire de recherche mensuel est de contribuer à la réflexion, aujourd’hui engagée socialement et sur le plan de la recherche, sur ce qu’est (et ce que devrait être) une société inclusive dans son rapport à l’altérité et aux différentes formes qu’il peut prendre.

Annonce

Argumentaire

L’objectif de ce séminaire est de contribuer à la réflexion, aujourd’hui engagée socialement et sur le plan de la recherche, sur ce qu’est (et ce que devrait être) une société inclusive dans son rapport à l’altérité et aux différentes formes qu’il peut prendre. Tandis que les sociétés anciennes renvoyaient l’altérité à une différence de nature inscrite dans l’ordre même du cosmos, ne nous faut-il pas apprendre à penser l’autre sous le registre du même et de l’identité partagée ? L’universel, nous dit Charles Gardou, c’est « ce qui laisse de côté toutes les particularités, c'est-à-dire ce qui nous sépare ou nous distingue ». Car lorsque l’altérité confine au sentiment d’étrangeté, force est de constater que les différents visages qu’elle nous présente, le handicap, le genre, l’orientation sexuelle, les origines culturelles et religieuses, peuvent susciter des discriminations au sein de la société. Dans l’institution scolaire, l’altérité continue d’être source d’angoisses, de tensions, de malentendus. Or une société dite « inclusive » a le projet de répondre aux besoins de toute la diversité des personnes, sans les assigner à leurs différences, afin de donner à chacune toutes les chances de s’épanouir dans la vie. Ainsi, par exemple, les lois de 2005 et de 2013 concernant la scolarisation des enfants en situation de handicap, prévoient-elle l’inclusion scolaire « de tous les enfants, sans aucune distinction » qu’il s’agisse de handicap, de haut potentiel ou de diversité culturelle, et le respect de leur droit à la différence et à la singularité.

L’enjeu majeur est ici l’équité et la liberté auxquelles chacun a droit, dans le respect de sa dignité d’être humain et de ses potentialités, qu’elles soient normo-typiques ou atypiques. L’inclusion sociale exige donc, pour se réaliser pleinement, la mobilisation des corps, social, politique et économique qui doivent repenser leurs modes de réflexion et d’organisation pour accueillir les personnes les plus fragiles. Comment fonctionne une telle société ? Comment définir précisément un modèle global quand on sait la variabilité des perceptions qu’on peut avoir de l’autre et de son altérité ? Comment fonder une éthique et mettre en œuvre ses principes ? On avancera qu’une société inclusive est une société où il n’y a pas de privilège, pas de vie « majuscule » ni de vie « minuscule » selon le mot de Charles Gardou. Elle part du principe qu’il n’y a pas, en son sein, de distinction dans la dignité : tout le monde fait partie du « nous social » sans s’y réduire, et l’identité collective évolue au gré d’adaptations successives où la responsabilité n’incombe pas aux seules minorités mais à la société tout entière.Si la culture et les représentations sont le fruit d’une histoire qui, tant à l’échelle d’une vie que celle d’une société, reflète une évolution, il n’y a aucune raison que cette histoire se fige ou se calcifie.Rien n’empêche ainsi de tenter une approche inclusive partout où le faire sociétéest à l’œuvre : à l’école, au travail, en politique, dans le monde associatif et les innombrables institutions dans lesquelles se tisse notre socialité.

Informations pratiques

Les séances se déroulent le jeudi de 14h à 16h dans l'amphithéâtre de l'INSHEA, 58-60 avenue des Landes, 92150 Suresnes.

Pot d'accueil à 13h30.

Traduction en LSF.

Les conférences seront suivies par un échange avec l'auditoire.

L'entrée est libre avec une pièce d'identité.

Responsables scientifiques

  • Hervé Benoît,
  • Jean-Marc Glénat,
  • Isabelle Queval,
  • Danièle Toubert-Duffort.

Programme prévisionnel 2019-2020

24 janvier 2019 : « Autour de l’autisme »

  • Julie Dache, docteure en psychologie sociale – Messages éducatifs et autisme

«  La recherche a pour but d'analyser l'impact d'un message de sensibilisation sur les attitudes à l'égard de l'autisme. Ce message est soit délivré via une voix off dans une vidéo, soit directement par une personne autiste, comparativement à un groupe contrôle. Les résultats démontrent que les attitudes sont significativement meilleures lorsque c'est la personne elle-même qui délivre le message éducatif, comparativement à la voix off ou au groupe contrôle ».

  • Sabine Zorn, doctorante au Grhapes, enseignante spécialisée – Les interactions d'aide en classe : le cas des collégiens avec un trouble du spectre autistique (TSA) et de leurs enseignants

«  Cette recherche s'intéresse à l'aide en classe en ce qui concerne 11 élèves avec un TSA et 17 de leurs enseignants en collège. Elle propose une analyse des interactions se déroulant lors d'enseignement scientifique en classe dite "ordinaire" (6ème à 3ème) et en unité localisée pour l'inclusion scolaire (Ulis). Cette analyse permet de cerner des capacités insoupçonnées de demande d'aide de ces élèves et de mieux comprendre l'approche de l'aide des enseignants ».

21 février 2019 : « Philosophie du handicap »

  • Anne-Lyse Chabert, docteure en philosophie et chargée de recherche au CNRS, Transformer le handicap

«  Une société, soit le regroupement plus ou moins pérenne de plusieurs êtres humains au sein d’une même communauté, peut-elle réellement faire l’économie d’inclure l’altérité, soit ce qui est radicalement différent par essence ? L’enjeu du handicap est à ce titre très parlant : comment des personnes si différentes dans leurs comportements autant que dans leurs besoins en accompagnement notamment, peuvent-elles être reconnues comme n’importe quel autre citoyen ? Comment alors promouvoir leur participation à notre vivre-ensemble à tous de tous les jours ? Le handicap soulève bien un défi quant à cette inclusion dans notre société, puisqu’il enjoint tous ses citoyens à prêter attention à des voix si peu entendues communément, mais qui sont susceptibles d’enrichir formidablement notre vie collective, en laissant émerger cette part de nouveauté qui ne peut résulter que d’apports autres, de cette « altérité » que convoque le handicap et qu’il faut apprendre à faire sienne. N’est-ce pas un des grands défis de notre société moderne que d’apprendre à adapter le regard que nous portons sur des individus qui fonctionnent différemment, mais qui sont somme toute aussi capables que les autres d’édicter des normes de vie, aussi capables d’agir dans des conditions qui leur conviennent, pour peu qu’on se donne la peine d’écouter ce qu’ils ont à nous dire ? Car c’est sans doute ce changement de regard et d’écoute la première clef qui permettra les aménagements ultérieurs de l’accessibilité, de l’accompagnement, ou d’autres domaines du soin. »

  • Bertrand Quentin, maître de conférences HDR en philosophie à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, responsable du Master 1 de Philosophie, parcours « éthique médicale et hospitalière appliquée » et chercheur au LIPHA Paris Est (EA 7373), Un regard philosophique sur le handicap

 « Seront tout d’abord évoquées différentes attitudes face au handicap chez les grands philosophes de l’histoire. Mais la philosophie se devant d’être un savoir vivant, seront ensuite mis en avant les concepts nouveaux d’« empathie égocentrée »  et de « compensations inopportunes » - concepts particulièrement éclairants quant à la relation des personnes dites valides en direction des personnes en situation de handicap. Enfin il s’agira de repérer le caractère éminemment relatif du concept de handicap. »

21 mars 2019 : « Éducation et migration : quelle inclusion ? »

  • Claire SCHIFF, maîtresse de conférences en sociologie à l'Université de Bordeaux et chercheure au Centre Emile Durkheim (CNRS UMR 5116), Quelle place pour les élèves allophones nouvellement arrivés à l'école en France entre orientations nationales et réalités locales ?

«  Cette communication vise à éclairer les continuités et les discontinuités dans la gestion de la scolarisation des élèves nouvellement arrivés en France, en tenant compte des évolutions dans les orientations nationales depuis une vingtaine d'années et en confrontant ce cadrage institutionnel avec les réalités sur le terrain dans quelques académies contrastées, observées dans le cadre du programme de recherche EVASCOL. En dépit d'une volonté affichée de cohérence et malgré l’existence d’un certain consensus autour des objectifs d'inclusion au niveau national, l'interprétation et l'application des circulaires et directives du Ministère de l’Education Nationale varient considérablement selon les contextes locaux, l'histoire migratoires, les priorités en matières d'organisation de l'accueil des Elèves Allophones Nouvellement Arrivés et la plus ou moins grande concertation des acteurs locaux. Ainsi nous aborderons la question du rôle des individus, des ressources, des habitudes institutionnelles et des dynamiques migratoires locales dans l'orientation et l'application des politiques publiques d'intégration scolaire des nouveaux arrivants. »

  • Jean-Luc PRIMON, maître de conférences en sociologie, chercheur à l’URMIS (UM CNRS IRD Université Paris VII, Université Nice), chercheur associé à l’INED. Enfants et adolescents migrants, parcours scolaire et transition professionnelle. Un regard statistique et rétrospectif.

 « Si la France peut se prévaloir d’avoir officialisé dès le début des années 1970 des dispositifs d’accueil destinés aux enfants ou élèves migrants dans son système scolaire en vue de favoriser leur scolarisation par l’apprentissage de la langue,  plusieurs recherches attestent qu’en pratique des formes de relégation scolaire ont existé à l’intérieur des établissements.  Dans cette communication, à l’aide des données statistiques de l’enquête TeO (Ined et Insee, 2008), nous proposerons dans un premier temps un regard rétrospectif sur les conditions de scolarisation et les parcours scolaires des enfants migrants dans notre système éducatif depuis les années 1970. Dans un second temps, nous nous focaliserons sur les conditions d’entrée dans la vie professionnelle  aux différentes périodes des migrants arrivés en France dans l’enfance ou l’adolescence.»

23 mai 2019 : « L’altérité du genre »

  • SIMONE EMMERT, professeur de droit à la faculté de sciences sociales de l’Université adventiste de Friedensau

L’application des Principes de Jogjakarta comme garant pour la diversité basée sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle : intérêt de l’approche anti-bias comme méthode d’enseignement

« En 2006, les Principes de Jogjakarta ont été développés par un groupe d’experts des droits humains (pour utiliser un terme ‘neutre’, l’auteure préfère droits humains et pas droits de l’homme) internationaux.  Ces Principes ont pour but l’application du droit international des droits humains en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre. Même si les Principes ne constituent ni un document des Nations Unies ni un contrat de droit international, ils affirment malgré tout l’obligation principale des États d’appliquer les droits humains.  L’originalité de ce document est qu’il est le premier document à définir au niveau juridique international les termes d’orientation sexuelle et d’identité de genre. La reconnaissance internationale de ces termes est également importante pour la reconnaissance de tous les divers aspects de la diversité comme par exemple l’âge, l’ethnie, la religion ou encore le handicap. Ces dernières années, ces définitions et ces principes ont de manière générale servi de plus en plus de références dans les documents officiels des Nations Unies ou du Conseil de l’Europe. Ils sont donc une contribution remarquable pour la protection de la diversité dans la société, ils constituent également un nouveau mode de gouvernance dans le respect de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle. Cette présentation propose d’interroger la manière d’enseigner les droits humains reliés aux Principes de Jogjakarta. Considérant les approches actives dans l’enseignement, l’auteure propose de mobiliser une approche utilisée en médiation : l’approche anti-bias.

L’approche anti-bias a été fondé dans les années 1980 aux États-Unis dans le cadre de la pédagogie de la petite-enfance par Louise Derman-Sparks et Carol Brunson-Philips. Le terme anglais ‘bias’ peut être traduit comme ‘parti pris’ ou ‘préjugé’. Le préfixe ‘anti’ vise à corriger un déséquilibre créé par des stéréotypes et préjugés, ainsi qu’à rendre visible des pratiques discriminatoires. L’hypothèse d’anti-bias est que chaque personne a des préjugés qui sont appris par les individus tout au long de leur vie ; les préjugés sont définis comme des idéologies institutionnalisées et intériorisées, présentes dans une société. Les aspects de l’apprentissage des préjugés et des pratiques discriminatoires/opprimantes incluent que ces pratiques et attitudes peuvent être ‘désapprises’ et remplacées par des comportements empathiques et non-opprimants. L’application anti-bias se fait par des exercices basés sur les expériences propres et la réflexion de soi-même sur des concepts de pouvoir et de discrimination. L’approche anti-bias aide à identifier et rendre visible les relations de pouvoir et d’inégalités dans un contexte de conflit. Cette approche est appropriée dans un contexte interculturel car les expériences propres, les émotions et les besoins sont au centre en traversant les différences culturelles et en construisant des ponts entre les êtres humains. Cette présentation vise à démontrer l’intérêt de son utilisation pour permettre à des étudiants ou des participants d’analyser de manière réflexive leur vécu afin de développer des manières d’être et d’agir inclusives. »

Mots-clés :  anti-bias ; droits humains ; enseignement ; identité de genre ; orientation sexuelle

  • NASSIRA HEDJERASSI, professeure des universités en sciences de l’éducation à Sorbonne Université – Espé de l’académie de Paris, et chercheure au Laboratoire d’études de genre et de sexualité (LEGS-UMR 8338)

L’école : (à) l’épreuve du trouble dans le genre

 « Alors qu’on observait en France une forme d’invisibilité et dans la société et dans les recherches, on note très récemment une plus grande présence médiatique de la problématique trans ou du jeu avec le genre. Médiatisation d’artistes ou de figures intellectuelles (par exemple le comédien Océan, le philosophe Paul B. Preciado, le sociologue Sam Bourcier). Médiatisation via des programmes grand public (emblématiquement la série française et familiale Plus belle la vie diffusée à une heure de grande écoute qui met en avant le parcours de questionnement de genre et de transition d’un lycéen assigné fille à la naissance, ou encore la diffusion par M6 d’une série britannique qui suit une enfant de 11 ans, assignée garçon à la naissance). Et enfin plus récemment encore médiatisation d’actes transphobes.

Pour autant, malgré cette visibilité médiatique croissante, demeure pleinement actuel le constat dressé par Karine Espineira et al. (2014) et par nous (Hedjerassi et al., 2015) : la question des élèves jugé·e·s non conformes sur le plan du genre à l’école demeure peu abordée. Ce silence relatif est surprenant à double titre. Il surprend d’une institution qui repose sur l’égalité de toutes et de tous, qui prône « l’acceptation et le respect des différences », qui se définit comme l’école de l’inclusion, l’école de la bienveillance ou aujourd’hui celle de la confiance.

Cette absence surprend alors que la littérature internationale et les rares enquêtes ou sondages disponibles sur le plan national convergent pour souligner l’importance des expériences scolaires dans les trajectoires sociales et professionnelles.

Dans cette communication, après une mise au point terminologique, nous nous proposons d’analyser ce que l’école fait de cette question et de ces publics qui troublent le genre, puis de présenter ce que les recherches disponibles mettent au jour des expériences scolaires des élèves jugé·e·s non conformes sur le plan du genre afin de dégager des pistes pour réaliser une école plus inclusive. »

Espineira, K. et al. (dir.). Tableau noir : les transidentités et l’école, Cahiers de la transidentité, n°4, 2014.

Hedjerassi, N., Reyes, J., Gil, F. L’expérience de l’école, du travail et de la formation de migrants transgenres : entre stigmatisation et discrimination, Revue française d’éducation comparée, numéro Inégalités entre sexes dans la famille, à l’école et au travail : approches comparées, 2015, n°13, pp.167-180.

14 novembre 2019 : « Pour une société plus inclusive »

Les séances se déroulent le jeudi de 14h à 16h dans l'amphithéâtre de l'INSHEA, 58-60 avenue des Landes, 92150 Suresnes.

Pot d'accueil à 13h30.

Traduction en LSF.

Les conférences seront suivies par un échange avec l'auditoire.

L'entrée est libre avec une pièce d'identité.

  • CHARLES GARDOU, anthropologue, professeur à l’Université Lumière Lyon 2, responsable scientifique du master Référent Handicap, directeur de la collection Connaissances de la diversité (Érès) et auteur de La société inclusive, parlons-en. Il n’y a pas de vie minuscule

L’optique inclusive : contexte, concepts, textes et enjeux

« A l’instar de la Convention Internationale des Nations-Unies relative aux droits des personnes en situation de handicap, les rapports, textes et recommandations des instances nationales ou internationales appellent à reconsidérer tant les politiques que les pratiques pour susciter et accompagner le mouvement inclusif. Dans quel contexte ce mouvement se diffuse-t-il ? Qu’est-ce qu’être inclusif ? Comment caractériser une société inclusive et sur quels fondements peut-elle reposer ? Sur quels leviers agir pour accompagner cette mutation d’ordre culturel ? Les concepts de norme, équité, compensation, etc traverseront le propos. »

  • FLORA THIÉBAUT, directrice de l’innovation sociale chez Auticonsult 

Valoriser les profils autistiques dans le monde du travail : l’exemple d’Auticonsult dans les technologies

« L’une des caractéristiques principales du spectre de l’autisme est l’hétérogénéité (intra- et interpersonnelle) des compétences et des appétences. Une des clés de la valorisation des profils autistiques dans le monde du travail est la valorisation de cette hétérogénéité-même en tant de vecteur d’innovation.

En outre, les personnes du spectre de l’autisme montrent souvent des pics de compétences cognitives que l’on peut associer à leurs centres d’intérêts spécifiques. Une autre clé de la valorisation des professionnels autistes est l’identification de ces pics de compétences et leur valorisation dans des métiers pour lesquelles ceux-ci sont reconnus comme des forces.

A travers l’exemple d’Auticonsult, nous verrons l’application concrète de ces deux clés dans les métiers du numérique.

12 décembre 2019 : « Sport et Handicap »

  • Ryad Sallem, champion paralympique
  • Didier Séguillon, maître de conférences à l’UFRSTAPS de Nanterre

9 janvier 2020 : « Polyhandicap et inclusion » 

  • Esther Atlan, doctorante en psychologie au Grhapes (INSHEA)
  • Danièle Toubert-Duffort, maîtresse de conférences en psychologie au Grhapes (INSHEA)

La personne polyhandicapée et les conditions d'une intersubjectivité fonctionnelle, en contexte d'apprentissage

« Dans la situation de polyhandicap, les aspects corporels et médicaux, prédominants et prégnants, produisent une certaine distorsion du regard jusqu'à provoquer une forme de sidération qui entrave les capacités d'entrée en relation de celui qui accompagne, soigne, éduque ou enseigne la personne polyhandicapée. Là où l'attention portée au développement et à l'autonomie du jeune suffit à soutenir une dynamique structurante d'interrelation au bénéfice des apprentissages, le contexte de polyhandicap nécessite de réfléchir aux conditions requises pour y parvenir. À partir d'une recherche récente, POLYSCOL, menée dans cinq unités d'enseignement pour élèves avec polyhandicap, nous chercherons à préciser comment les professionnels de la pédagogie et de l'éducation ont pu apprécier l'enfant en situation de polyhandicap sous l'angle de ses compétences et de ses aptitudes, et accéder à ses manières singulières d'être au monde, si discrètes soient-elles.»

  • ESTHER ATLAN, doctorante en psychologie au Grhapes/INSHEA

Polyhandicap et scolarisation

« Le polyhandicap se caractérise par une déficience intellectuelle sévère à profonde associée à des déficiences motrices, auxquelles peuvent s'ajouter des déficiences sensorielles ainsi que des problèmes somatiques. Le rôle de l'environnement est donc central pour aider les personnes en situation de polyhandicap à mener à bien la majeure partie des actes de leur vie quotidienne (se nourrir, se changer…) et pour leur proposer les stimulations les plus adaptées afin de soutenir leur développement et leurs apprentissages (Petitpierre, 2005). En lien avec cette situation de grande dépendance, des recherches ont montré, dans divers contextes (groupes de vie, foyers, classe…) :

  • que les possibilités d'action directe sur l'environnement ou d'initiation des interactions des personnes en situation de polyhandicap étaient souvent peu favorisées par les professionnels (Arthur-Kelly et al., 2007 ; Kamstra et al., 2018) ;
  • que les comportements et interactions initiés par ces personnes restaient souvent inaperçus et étaient donc peu pris en compte par leurs partenaires (Detraux, 1987).

Dans ce contexte, le premier objectif de cette recherche, qui s'intéresse à la scolarisation des jeunes en situation de polyhandicap accueillis en établissements médico-sociaux, était de repérer à la fois le contexte et les circonstances (installation, proximité ou non des pairs… ; Hostyn & Maes, 2009) de leur scolarisation. Dans un second temps, il s'est agi d'observer les comportements initiés en contexte de classe par les jeunes en situation de polyhandicap eux-mêmes, que ce soit envers un pair (par exemple, tendre la main vers un pair), un professionnel (lui attraper la main, le caresser…) ou pour explorer un objet (taper une clochette, ouvrir une fermeture éclair…). Pour ce faire, nous avons analysé deux séances de classe filmées pour 8 jeunes en situation de polyhandicap scolarisés dans 3 établissements différents. Les résultats seront discutés à la lumière d'autres données recueillies dans le cadre du projet Polyscol.»

6 février 2020 : « Approches psychanalytiques du handicap »

Pot d'accueil à 13h30.

Traduction en LSF.

Les conférences seront suivies par un échange avec l'auditoire.

L'entrée est libre avec une pièce d'identité.

  • SIMONE KORFF SAUSSE, psychanalyste, membre de la SPP., anciennement maître de conférence à l'université Paris 7 Diderot, UFR Etudes psychanalytiques, et membre du CPRMS. Qu'est-ce que la psychanalyse peut dire sur la société inclusive?

" Le paysage du handicap a radicalement changé depuis quelques décennies, en particulier avec la passage du modèle de l'intégration à celui d'inclusion. Si la psychanalyse est classiquement une théorie et une méthode d'investigation et de traitement d'une personne, considérée comme un patient, à partir de sa subjectivité et de sa singularité, qu'en reste-t-il dans les pratiques et les approches du contexte actuel, où sont privilégiées les problématiques sociétales, les problèmes concrets d'insertion et où la personne en situation de handicap est située comme membre d'un groupe social minoritaire? Les outils psychanalytiques peuvent -ils encore s'appliquer? Et dans ce cas, il faudrait en définir les conditions et les limites. "

  • CRISTINA LINDENMEYER, psychanalyste (Association Psychanalytique de France, APF), maitre de conférences HDR à l'Université Paris Diderot/Université de Paris et Membre du Centre de Recherches Psychanalyse, Médecine et Société (CRPMS), chercheuse associée au pôle de recherches « Santé connectée et humain augmenté » de l'Institut des Sciences de la Communication du CNRS (UMS 3665) et coordinatrice du groupe de travail «Santé et Intelligence artificielle » au GDR Internet et Société du CNRS (UPR 2000). Ses travaux portent sur les problématiques des transformations corporelles en interaction avec les nouvelles technologies et biotechnologies à partir de l'apport psychanalytique.  
Métapsychologie de l'humain augmenté et handicap

"L'être humain subit actuellement une série de bouleversements de par l'émergence de nouveaux dispositifs technologiques dont l'évolution croissante permet de connecter ou d'introduire dans le corps de façon plus ou moins invasive, une série de microcomposants électroniques, d'électrodes, prothèses esthétiques ou bioniques, et dont le but est la « réparation » dans les cas d'handicap ou l'« augmentation» du sujet. Ceci présente un intérêt certain pour les sciences humaines, puisque ces expériences innovantes, inscrites au cœur de ce nouvel idéal prométhéen, nous imposent la re défintion de l'humain.

Appuyée sur sa pratique clinique et des recherches dans le champ du handicap, l'auteure présentera certains défis et effets psychiques qui accompagnent cette nouvelle ère, nommée par certains de « l'humain augmenté » ou transhumaniste."

12 mars 2020 : « Approches sociologiques de l'inclusion »

  • Alain Blanc, professeur de sociologie à l’université Pierre-Mendès-France de Grenoble ;

L'utopie de l'inclusion

"Après ceux d'insertion et d'intégration, mobilisés dans les décennies précédentes pour penser le bon accueil du aux personnes handicapées, le vocable d'inclusion semble faire l'unanimité. S'il a tant d'écho, c'est qu'il dit une vérité collective. Qui d'ailleurs oserait réclamer l'exclusion des personnes handicapées ? Qualifier l'inclusion d'utopie se justifie pourtant pour au moins deux raisons : l'inclusion relève plus d'un projet lointain, d'une tendance, d'un chemin à emprunter alors même que les réalisations, certes réelles et diverses, qui la traduisent restent peu efficaces au regard de l'ambition déclarée ; mais alors que l'inclusion suggère de mettre l'accent sur les deux dimensions sociales et techniques, les thématiques de l'accessibilité généralisée et de la réparation des corps la rabattent sur une dimension matérielle, sorte de panacée portée les consensuelles mais discutables vertus de la raison instrumentale.ial minoritaire? Les outils psychanalytiques peuvent -ils encore s'appliquer? Et dans ce cas, il faudrait en définir les conditions et les limites."

  • Claude Julie Bourque, sociologue, professeure-chercheure adjointe au département de pédiatrie de la Faculté de médecine de l'université de Montréal et détentrice d'un Ph. D. en éducation ;

Guérir, et puis après... ?

"Le cancer pédiatrique est de mieux en mieux contrôlé et selon la pathologie spécifique, les chances de guérison atteignent 80 % dans les pays industrialisés. La proportion de jeunes survivants d’une tumeur du système nerveux central est de plus en plus importante. Toutefois, étant donné l’agressivité des traitements auxquels ils sont soumis (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie), plusieurs survivants doivent vivre avec des séquelles physiques et cognitives importantes et permanentes. Outre les traces visibles laissées par la maladie, certains subissent une perte importante ou complète de l’ouïe ou de la vision ainsi qu’un ralentissement cognitif général qui affecte leur motricité ainsi que leurs capacités d’apprentissage et de communication. Une fois considérés comme guéris, qu’en est-il de la destinée sociale de ces jeunes survivants ? Nos travaux en cours sont ancrés dans la littérature actuelle sur la survivance et les besoins psychosociaux des adolescents et jeunes adultes survivants d’une tumeur cérébrale. Trois champs d’intervention sont documentés par les participants à différentes enquêtes en cours sur ce thème : la vie sociale en générale, le retour à l’école et l’insertion professionnelle. Les interventions et ressources que nous développons visent à mieux soutenir les jeunes et leur famille dans la transition suivant la période intensive de soins : transition vers le secteur hospitalier adulte, vers l’école et vers l’emploi."

14 mai 2020 : « Les apprentissages en contexte complexe »

  • Florence Labrell, professeure des universités à l’INSHEA
  • Alexandra Vié, doctorante au Grhapes (INSHEA)

Catégories

Lieux

  • Amphithéâtre - 48-50 avenue des Landes
    Suresnes, France (92)

Dates

  • jeudi 24 janvier 2019
  • jeudi 21 février 2019
  • jeudi 21 mars 2019
  • jeudi 23 mai 2019
  • jeudi 14 novembre 2019
  • jeudi 12 décembre 2019
  • jeudi 09 janvier 2020
  • jeudi 06 février 2020
  • jeudi 12 mars 2020
  • jeudi 14 mai 2020

Mots-clés

  • handicap, altérité, inclusion sociale, éducation, autisme, migration, genre

Contacts

  • Isabelle Queval
    courriel :

URLS de référence

Source de l'information

  • Isabelle Queval
    courriel :

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Altérité(s) et société inclusive », Séminaire, Calenda, Publié le vendredi 21 septembre 2018, https://doi.org/10.58079/10vj

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