AccueilLe dialogue savoirs-sociétés et ses dispositifs techniques : des imaginaires aux effets sociaux et politiques

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Le dialogue savoirs-sociétés et ses dispositifs techniques : des imaginaires aux effets sociaux et politiques

The knowledge-society dialoge and its technical systems - from imagination to social and political effects

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Publié le mardi 15 janvier 2019

Résumé

Ce colloque cherche à interroger « la démocratie technique ». Plus particulièrement, il vise à en explorer deux facettes. La première concerne les dispositifs, entendus au sens d’un ensemble detechniques d’administration et de gouvernement de soi, qui inscrivent le dialogue savoirs-sociétés dans lescorps et les subjectivités. La seconde facette est constituée par les imaginaires sociaux et politiques spécifiques dans lesquels s’enracine l’idée même du dialogue savoirs-sociétés. En effet, les dispositifs qui concrétisent lesmodalités du dialogue reposent sur des représentations collectives qui engagent un certain rapport au monde et donc sur une certaine manière d’envisager le rapport au politique.

Annonce

Argumentaire

« Conférences de consensus », « consultations publiques », « jurys de citoyens », « états généraux », autant de dispositifs devenus des modalités désormais classiques de la prise de décision politique. Que ce soit dans les domaines de l’environnement, des biotechnologies, du nucléaire, de la sexualité des jeunes, des transports, de la procréation, de la bioéthique, de la sécurité ou de la santé, le dialogue entre savoirs et sociétés est souvent une étape obligée lors de la conception des politiques publiques dans les démocraties actuelles (Angeli Aguiton et Pessis, 2015 ; Angeli Aguiton, 2018 ; Gendron et Vaillancourt, 2003 ; Topçu, 2013). Ce moment délibératif ou participatif entend « faire descendre » les sciences de leur tour d’ivoire et « monter » les connaissances des « personnes ordinaires » pour les faire se rencontrer et aider les gouvernements à la décision (Callon, Lascoumes et Barthes, 2001 ; Bonneuil et Joly, 2013).

Ce colloque cherche à interroger le thème choisi par l’ACFAS pour son 87e congrès, soit le « dialogue savoirs-sociétés ». Plus particulièrement, il vise à en explorer deux facettes. La première concerne les dispositifs, entendus au sens d’un ensemble de techniques d’administration et de gouvernement de soi (Agamben, 2007), qui inscrivent le dialogue savoirs-sociétés dans les corps et les subjectivités de toutes les parties impliquées : chercheurs et chercheuses, fonctionnaires, citoyen.ne.s et politicien.ne.s. Les techniques mises en œuvre au sein de ces dispositifs sont censées faciliter l’échange et vulgariser les connaissances scientifiques, qu’elles prennent la forme de la discussion instantanée, du vote électronique, du sondage en ligne ou de rencontres consultatives. Or, on peut interroger le sens de ces dispositifs techniques de mise en dialogue notamment au regard de l’objectif démocratique qu’ils servent (Mumford, 1964). Par ailleurs, ces dispositifs sont performatifs : ils produisent des effets tant au niveau des opinions exprimées qu’en termes de légitimation politique. Même si ce dialogue semble relever de « l’illusion politique » (Ellul, 1965) ou de la fiction dans ce qu’il promet, il n’est pas fictif au sens où il produit des effets sur le réel (Bourdieu, 2012 ; Faure, 2016): Quelles sont les voix qui ont droit au chapitre? Quelle critique sociale peut s’exprimer ? En définitive quelle est la fonction politique de ces débats ?

La seconde facette est constituée par les imaginaires sociaux et politiques spécifiques dans lesquels s’enracine l’idée même du dialogue savoirs-sociétés. En effet, les dispositifs qui concrétisent les modalités du dialogue reposent sur des représentations collectives qui engagent un certain rapport au monde (Bouchard, 2014) et donc sur une certaine manière d’envisager le rapport au politique. On peut alors comprendre ces représentations comme des imaginaires collectifs ou des mythes (Faure, 2016) que nous proposons ici de questionner : De quoi est constitué cet imaginaire ? Quelle est la conception de la démocratie qui préside à ce dialogue ? De quelle manière sont considérées les populations ? Quel est le statut de la science dans ces discussions ?

L’on pourra alors proposer de s’intéresser aux enjeux suivants en partant d’études de cas ou d’analyses globales :

  • Les mythes et les imaginaires à l’origine du dialogue savoirs-sociétés ;
  • La construction des imaginaires de cette forme de démocratie dite « technique » ou « dialogique » par les médias, le politique, le monde académique ;
  • Le statut de la science comme instrument de légitimation politique ;
  • La place des analyses critiques dans ces discussions, leur devenir, leur récupération ;
  • Le rôle des techniques et des technologies dans la fabrication et la légitimité de ce dialogue et dans la vulgarisation scientifique.

Cet appel s’adresse à l’ensemble des disciplines des sciences humaines et sociales : histoire, anthropologie, philosophie, science politique, sociologie, etc.

Modalités de soumission

Les personnes intéressées à participer à ce colloque sont invitées à envoyer un titre et un résumé de la communication proposée (max. 1500 caractères, espaces comprises) à Sébastien Petit, à l’adresse sebastienpetit.via@gmail.com

avant le 25 février 2019.

Site électronique du congrès : https://www.acfas.ca/evenements/congres/87congres

Bibliographie

Agamben, Giorgio. 2007. Qu’est-ce qu’un dispositif? Paris : Payot & Rivages.

Angeli, Aguiton Sara et Pessis, Céline. 2015. « Entre occultation volontaire et régulation publique : les petites morts de la critique radicale des sciences ». Écologie et politique. N°51. P.93-105.

Angeli Aguiton, Sarah. 2018. La démocratie des chimères. Lormont : Le bord de l’eau

Bonneuil, Christophe et Pierre-Benoit Joly. 2013. Sciences, techniques et sociétés. Paris : La Découverte.

Bouchard, Gérard. 2014. Raison et déraison du mythe. Au cœur des imaginaires collectifs. Montréal : Boréal.

Bourdieu, Pierre. 2012. Sur l’État. Paris : Seuil.

Callon, Michel, Pierre Lascoumes et Yannick Barthe. 2001. Agir dans un monde incertain. Paris : Seuil.

Ellul, Jacques. 1964. L’illusion politique. Paris : Robert Laffont.

Faure, Cédric. 2016. « Le mythe de la liberté dans l’imaginaire démocratique contemporain ». Connexions, no 105, p. 173-192.

Gendron, Corinne et Jean-Guy Vaillancourt (dir.). 2003. Développement durable et participation publique. Montréal : Presses de l’Université de Montréal.

Lesemann, Frédéric. 2003. « La société des savoirs et la gouvernance : la transformation des conditions de production de la recherche universitaire ». Lien social et Politiques, no 50 (automne), p. 17-37.

Mumford, Lewis. 1964. « Authoritarian and democratic technics ». Technology and culture, vol. 5, no 1, p. 1-8.

Topçu, Sezin. 2013. La France nucléaire. Paris : Seuil

Lieux

  • Gatineau, Canada

Dates

  • lundi 25 février 2019

Fichiers attachés

Mots-clés

  • démocratie technique, dispositif, imaginaire,

Contacts

  • Sebastien Petit
    courriel : sebastienpetit [dot] via [at] gmail [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Fabrice Colomb
    courriel : fabrice [dot] colomb [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Le dialogue savoirs-sociétés et ses dispositifs techniques : des imaginaires aux effets sociaux et politiques », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 15 janvier 2019, https://doi.org/10.58079/11r4

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