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Figures of religious entrepreneurship in Subsahara Africa
Figures de entrepreneuriat religieux en Afrique subsaharienne
Individual trajectories, relationships to social hierarchies, state interactions
Trajectoires individuelles, rapports aux hiérarchies sociales, interactions étatiques
Published on Monday, January 21, 2019
Abstract
African societies are the heart of a proliferation of religious options provided by various branches of Islam and Christianity. The result has been strong religious competition and a “profusion of sites of production and dissemination” in the context of globalized religion. Studies of religion in Africa highlight the extent to which this diversification has been tied to logics of liberalization in the period since the implementation of democratic transitions. As the result, the Muslim and Christian religious field in Africa has become fragmented and dispersed.
Announcement
Direction scientifique
Dossier proposé et dirigé par
- Muriel Gomez-Perez (Université Laval, Québec),
- Marie Brossier (Université Laval)
- Cédric Jourde (Université d'Ottawa)
Argumentaire
Les sociétés africaines sont au cœur d’un foisonnement de l'offre religieuse à travers différents courants de l’islam (islam soufi, mouvements néoconfrériques, réformiste, salafiste, djihadiste) (Samson, 2011; Triaud et Villalon, 2009) et du christianisme (catholicisme, méthodistes, syncrétique, prophétique, évangéliques et (néo)pentecôtistes, mouvements charismatiques œcuméniques) (Corten et Mary, 2000; Fourchard et al., 2005) qui conduit à une forte compétition religieuse dans la mesure où il y a une "pluralité de lieux de production et de diffusion" (Mayrargue, 2004, 2009) dans un contexte de globalisation du religieux. Cette pluralisation largement étudiée par les études sur le religieux en Afrique (Freeman, 2012; Bompani and Valois, 2017; Mayrargue, 2008) a montré combien elle était liée aux logiques de libéralisation depuis la mise en place des transitions démocratiques (Villalon, 2010) et avait conduit à une fragmentation et une atomisation du champ religieux musulman et chrétien sur le continent (Lasseur & Mayrargue, 2011).
Cependant peu de travaux (Coyault, 2014; Fourchard et al., 2005; Gifford, 2004; Louveau, 2011; Marshall, 2009) se sont directement intéressés aux trajectoires des individus qui ont porté ces dynamiques d’innovations religieuses. Ce dossier veut donc réinvestir ce champ en montrant combien ce processus de diversification et de fragmentation, s’il est lié à des processus de libéralisation institutionnelle et sociétale, est également lié à l’émergence de nouvelles figures d’entrepreneurs ayant investi le champ religieux, comme un espace d’économie politique et morale à conquérir. Cette conquête s’opère à la faveur de la nouvelle économie néo-libérale où la construction de position de pouvoir est conditionnée par la captation de flux financiers et leur redistribution au sein d'une communauté restreinte.
Dans ce contexte de conquête de ces nouveaux « marché du religieux » (Triaud et Villalon, 2009), ces figures d’entrepreneurs font notamment des choix de rapprochements ou d’oppositions marquées avec d’autres mouvements, des emprunts dans les stratégies prosélytes via l'usage des médias/des NTIC par exemple. Ils choisissent également d’inscrire leurs actions et celles de leurs mouvements à différentes échelles du religieux et de l’économique (locales, nationales, sous régionales et globales). Ils doivent, pour ce faire, se confronter à l’existence de réseaux nationaux et transnationaux déjà anciens (par exemple confrériques dans le cas de l’islam, commerciaux, migratoires) qu’ils peuvent chercher à mobiliser ou dont ils peuvent chercher à s’affranchir pour favoriser la création de nouveaux réseaux (parallèles, complémentaires), porteurs d’opportunités tant financières que socio-culturelles pour en jouir personnellement et en faire bénéficier les communautés qu’ils animent. Ce foisonnement révèle une capacité à innover, une créativité religieuse de grande ampleur avec à la clé un engouement pour des pratiques et discours rigoristes, moralisateurs voire salvateurs, une montée du piétisme et du missionnariat à travers laquelle s'inscrivent à la fois des logiques d'appartenance à une communauté de foi et des logiques d'ascension de figures prophétiques qui peuvent dans certains cas s’imposer comme des figures d'autorité.
Ce numéro spécial vise, plus particulièrement, à faire la lumière sur ces logiques d'ascension et de mobilisation, sur leurs circonstances d'émergence, sur ce qu'elles révèlent des hiérarchies sociales (reproduction, tension, transcendance) et des jeux d'influence (rapports à l'État et aux sources de financement). Ainsi, il s'agit de comprendre comment des individus sont passés de simple statut de militant à celui d’entrepreneur religieux au point de devenir des acteurs incontournables de l’espace public local, national voire international. Dans des contextes où les formes de solidarité (ethnie, genre, statut social) peuvent contraindre l’ascension sociale (Foucher et Smith, 2011), ces entrepreneurs émergent-ils ou non depuis les marges des hiérarchies sociales (femmes, jeunes, "anciens captifs", castés) ? Ou sont-ils au contraire issus de milieux bien dotés socialement qui convertissent leur capital dans l’espace du religieux et adaptent leurs trajectoires en fonction des opportunités socio-économiques qui s'offrent à eux? L'objectif est de savoir en définitive si l'apparition de ces entrepreneurs est la résultante ou non d'un contournement des structures de domination en investissant les sphères économiques, sociales et/ou politiques du champ religieux et, par là-même, si ces acteurs religieux ont déjoué les contraintes sociales ou les ont utilisées en leur faveur. Par extension, il est question de voir si les rapports hiérarchiques et inégaux se perpétuent ou si d'autres logiques -familiale, ethnique, clanique- sont convoquées dans ces organisations fondées par ces entrepreneurs.
Par le fait même que ces acteurs pilotent la construction de complexes socio-éducatifs, lancent des médias, des services-conseils ‘en moralité’ (expertise-conseil sur le mariage, l’abstinence, le sida, la famille) et en guérison, ouvrent des agences de voyage pour le hajj, développent des entreprises de mode féminine islamique etc., ils apparaissent comme des entrepreneurs sociaux mais aussi économiques de premier plan, se situant au cœur de ce foisonnement religieux. Pour autant, quels sont les éléments qui peuvent permettre de les considérer comme de véritables « figures de la réussite » (Banégas et Warnier, 2001)? De quelle réussite s'agit-il (individuelle, en lien avec la communauté ou un entre-deux)? On s’interrogera également sur le fait de savoir s’ils constituent pour autant des entrepreneurs de cause : leur trajectoire témoigne-t-elle d’un positionnement complexe à l’interface des arènes religieuses, spirituelles, sociales et entrepreneuriales ? S’inscrit-elle de manière plus générale dans un contexte où la multiplication de l’offre religieuse dans les dernières décennies a amené à une concurrence et une surenchère entre les différents mouvements religieux, les obligeant à se déployer sur différents marchés afin de capter de nouveaux publics ? Comment les réseaux (anciens et nouveaux), structurant le champ religieux dans lequel ils inscrivent leur trajectoire, influencent-ils cette dernière ? Dans quelle mesure ces entrepreneurs ménagent-ils leur autonomie face à des acteurs et institutions qui cherchent à les coopter ou les éliminer?
Ceci revient à s'interroger non seulement sur leur capital social, leur capacité à structurer des réseaux et à les alimenter et à obtenir des dividendes pour eux et leur clientèle mais aussi sur leur place au sein de plusieurs générations d'acteurs, au regard d'un paysage religieux compétitif et composite et en fonction d'un contexte politique complexe, fluctuant voire coercitif.
À la faveur de leur visibilité ou de leur reconnaissance auprès d'une large communauté, ces acteurs religieux forcent l'attention de l'État (Bompani and Brown, 2016; Kolapo, 2016). Sans que leurs positionnements ne soient figés dans le temps dès lors que l'État peut être un pourvoyeur incontournable (financements, permis de construire, autorisations en tout genre) et un arbitre (dans des luttes intestines ou dans des logiques de compétition), le dossier invite d'une part, à s'interroger sur les circonstances qui amènent ces entrepreneurs soit à se rapprocher de l'État, à le confronter ou à éviter tout contact avec ce dernier et, d'autre part, à examiner les effets de ce jeu politique ambigu sur les trajectoires de ces entrepreneurs et sur la pérennité de leurs organisations.
Conditions de soumission
Faire acte de candidature en envoyant une courte note d’une page (problématique du texte, exposé du déroulé de l’argumentaire, exposé des données, des sources et terrains mobilisés).
Les articles devront avoir un format de 35 000 signes espaces compris (notes de bas de page et bibliographie comprises) dans leur version destinée à la publication, ainsi qu’un court résumé de 800 signes (espaces compris), des mots clés et la biographie de l’auteur (150 signes). Les auteurs pourront intégrer à leur article des iconographies (cartes, graphiques, photos, dessins, etc.)
Ils suivront la procédure d’évaluation scientifique auprès de deux référés anonymes et du comité de lecture d’Afrique contemporaine.
La soumission des appels à propositions et des articles se fait sur la plateforme Editorial Manager à l’adresse suivante : http://www.editorialmanager.com/afriquecontemporaine/
La publication finale des articles sera conditionnée au succès de la procédure d’évaluation scientifique auprès de deux référés anonymes et du comité de lecture d’Afrique contemporaine.
Vous pouvez nous contacter pour toutes précisions aux adresses suivantes :
- Muriel Gomez-Perez Muriel.Gomez-Perez@hst.ulaval.ca
- Nicolas Donner donnern.ext@afd.fr
- Isabelle Fortuit fortuiti@afd.fr
Calendrier
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Envoi de la proposition d’article : le 18 février 2019
- Réponse de la rédaction d’Afrique contemporaine aux auteurs : le 4 mars 2019.
- Envoi d’une première version des articles présélectionnés : le 15 juin 2019.
- Publication du numéro : décembre 2019.
Bibliographie
Banégas R. et J-P Warnier. 2001. « Nouvelles figures de la réussite et du pouvoir », Politique africaine, 82 : 5-23.
Bompani, B. & Brown, S. T. 2015. A “religious revolution”? Print media, sexuality, and religious discourse in Uganda", Journal of Eastern African Studies, 9:1: 110-126.
Bompani, B. et Valois, C. (éds.). 2018. Christian Citizens and the Moral Regeneration of the African State. London, Routledge.
Corten, A. et A. Mary (éds.). 2000. Imaginaires politiques et pentecôtismes. Afrique/Amérique latine, Paris, Karthala.
Coyault, B. 2014. « Innovation religieuse et esthétique prophétique au Congo. L’émergence du mouvement Louzolo-Amour », Afrique contemporaine, 252 : 109-129.
Foucher, V. et Smith, E. 2011. « Les aventures ambigües du pouvoir traditionnel dans l'Afrique contemporaine », Revue internationale et stratégique 81 : 30-43.
Fourchard, L., A. Mary, et R. Otayek (éds). 2005. Entreprises religieuses transnationales en Afrique de l’Ouest, Paris, IFRA-Karthala.
Freeman, Dena (ed.). 2016. Pentecostalism and development: Churches, NGOs and social change in Africa. Basingstoke: Palgrave Macmillan.
Gifford, P. 2004. Ghana's new Christianity : Pentecostalism in a globalizing African economy. Bloomington, Ind.: Indiana University Press.
Kolapo, F.J. 2016. “Appraising the Limits of Pentecostal Political Power in Nigeria,” Journal of Religion in Africa, 46.4: 369-389.
Lasseur, M, et C. Mayrargue. 2011. « Le religieux dans la pluralisation contemporaine éclatement et concurrence », Politique africaine 123 : 5-25.
Louveau, F. 2011. « Un mouvement religieux japonais au cœur de la pluralisation religieuse africaine: Sukyo Mahikari au Bénin, en Côte d'Ivoire et au Sénégal », Politique africaine, 123 : 73-93.
Marshall, R. 2009. Political spiritualities : The Pentecostal revolution in Nigeria. Chicago: University of Chicago Press.
Mayrargue, C. 2004. « Trajectoires et enjeux contemporains du pentecôtisme en Afrique de l'Ouest », Critique internationale, 22.1 : 95-109.
Mayrargue, C. 2008. Les dynamiques paradoxales du pentecôtisme en Afrique subsaharienne, Note de l'IFRI.
Mayrargue, C. 2009. « Pluralisation et compétition religieuse en Afrique subsaharienne. Pour une étude comparée des logiques sociales et politiques du christianisme et de l’islam », Revue internationale de politique comparée, 16.1 : 83-98.
Samson, F. 2012. « Les classifications en islam », Cahiers d’études africaines, 206-207 :.
Triaud, J.L. et Villalon, L. 2009. « L'islam subsaharien entre économie morale et économie de marché : contraintes du local et ressources du global», Afrique contemporaine, n° 231 : 23-42.
Villalón, L. 2010. “From Argument to Negotiation: Constructing Democracies in Muslim West Africa.” Comparative Politics 42: 375-393.
Subjects
- Religion (Main category)
- Zones and regions > Africa
Date(s)
- Monday, February 18, 2019
Keywords
- religion, islam, christianisme
Contact(s)
- Isabelle Fortuit
courriel : afcontemporaine [at] gmail [dot] com
Information source
- Isabelle Fortuit
courriel : afcontemporaine [at] gmail [dot] com
License
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To cite this announcement
« Figures of religious entrepreneurship in Subsahara Africa », Call for papers, Calenda, Published on Monday, January 21, 2019, https://doi.org/10.58079/11ul