Ce colloque, pluridisciplinaire, se propose d’interroger et d’examiner ce postulat en faisant fond tant sur la diversité des disciplines qui ont eu pour objet la notion d’épreuve, que sur ce que l’expérience de l’accompagnement, dans sa diversité (des temps et des lieux), enseigne. Il est ouvert aux chercheurs et professionnels, quels que soient leur discipline ou leur champ d'exercice.

Argumentaire

« C’est le savoir des épreuves, du fait qu’il y a des épreuves ou encore que les humains, à tout âge, passent par des épreuves,  qui  peut fonder l’accompagnement ou la pédagogie. On n’est pédagogue ou éducateur qu’à savoir et pouvoir se dire quelque chose de ces épreuves et de ce qui fait épreuve. La confiance en découle, tant celle du praticien que celle de celui qu’il accompagne »

L’objet du colloque est d’examiner les savoirs de l’épreuve et d’examiner en quoi un tel savoir génère de la confiance. En partant de l’idée que tout apprentissage suppose quelque chose comme le passage d’épreuves, le colloque se propose d’interroger les savoirs grâce auxquels ces passages peuvent être compris, ainsi que les effets de ces savoirs sur la confiance. 

Certains de ces savoirs peuvent être référés à des paradigmes plus ou moins anciens de la pédagogie : le paradigme platonicien de la réfutation ou de la critique des représentations ; le paradigme « deweyen » du problème. Beaucoup de formateurs et de courants didactiques se saisissent également du paradigme psychanalytique de la cure, et particulièrement lacanien, pour penser ce passage.  Enfin, le passage des épreuves semble mettre en jeu une pensée autant qu’un usage de l’affect et de l’incertain : c’est quoi, faire avec l’affect de ceux qui sont dans l’épreuve ou qui sont devant l’incertain ?

Toutefois, la recherche de ces savoirs semble poser deux questions.

La première tient à ceci : s’ils sont des savoirs pour ceux qui conduisent, la question est aussi d’examiner si et comment ceux qui sont conduits les font leur. Si l’on peut et même si l’on doit avoir un savoir des épreuves pour conduire, l’enjeu est aussi que ces savoirs deviennent savoirs pour ceux qui sont conduits.  Cela transforme-t-il le rapport que nous devons avoir à la notion d’épreuve ?

La seconde, qui peut être comprise comme une extension de la première, demande si le souci de la transmission suppose un tel savoir des épreuves. Peut-être faut-il dire que la notion d’épreuve est plus une catégorie de l’apprentissage que de la transmission. Il n’est donc peut-être pas impossible de s’en passer pour penser l’école et la transmission.

Le colloque veut être exploratoire : si son ambition est de construire l’idée qu’il n’y a pas de pédagogie sans savoir des épreuves et sans savoir de ce qui permet la confiance dans l’épreuve, il ne considère pas que ces savoirs vont de soi, mais explore un certain état de ces savoirs, et s’efforce d’examiner la légitimité de chacun d’eux ainsi que de la notion même d’épreuve dans son rapport à la construction de la confiance, tant en nous-mêmes que dans les institutions. Si son objet actuel concerne pour le principal la formation de formateurs (enseignants, travailleurs sociaux), il vise à construire de façon suffisamment générale ces savoirs et les problèmes associés pour qu’ils puissent s’étendre à d’autres publics.

Programme prévisionnel

Lundi 25 mars 2019

• 9h00 : Accueil des participants
• 9h30 : Ouverture du colloque international
• 9h45 : Introduction et présentation du colloque (Hubert Vincent)

10h-13h : Regards croisés sur l’épreuve dans la relation pédagogique : du côté des élèves et du côté des formateurs

Modérateur/Discutant : Hubert Vincent

• Anne Barrère (Cerlis, Université Paris Descartes)
• Jean-François Thémines et Anne-Laure Le Guern (Eso et Cirnef, Université de Caen Normandie)
• Georges Stamelos (Université de Patras, Grèce)

13h-14h : Déjeuner

14h-18h : Epreuve et problème

Modératrice/ Discutante : Anne-Laure Le Guern

• Eric Saillot et Matthieu Laville (Cirnef, Universités de Caen et de Rouen Normandie) : Un collège d'éducation prioritaire face à la généralisation de l'inclusion : une épreuve source de dilemmes professionnels et de perte de confiance pour les enseignants
• Joris Thievenaz (Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne, Paris 12) : La théorie de l'"enquête" de John Dewey : une philosophie de l'épreuve et de la connaissance
• Anani Koudry (Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne, Paris 12) : Vers une ingénierie de développement communautaire en milieux urbains au Togo

Mardi 26 mars 2019

9h–13h : Faire avec la psychanalyse pour saisir les épreuves

Modératrice/ Discutante : Marie Yolande Govindama

• Denis Loizon (Iredu, Université de Bourgogne) : L'épreuve de longue durée du master « accompagnement et analyse de pratiques professionnelles » vue au travers de la didactique clinique
• Séverine Fix-Lemaire (Efts, Université Toulouse Jean-Jaurès) et Matthieu Laugier (Iredu, Université de Bourgogne) : Épreuve du savoir / Savoir des épreuves : le cas de deux disciplines singulières, la natation et l'enseignement moral et civique
• Sébastien Ponnou (Cirnef, Université de Rouen Normandie) : Le savoir et la vérité : la science à l'épreuve de la psychanalyse
• Yves Felix Montagne (Elliadd, Université de Franche-Comté) : A l'épreuve de l'autre ; Regard clinique sur la relation professeur stagiaire/tuteur
• André Terrisse (Efts, Université Toulouse Jean-Jaurès) Réel, savoir et transfert : examen d’un cas clinique

13h-14h : Déjeuner

14h-18h : Epreuve et travail de l’affect

Modératrice / Discutante : Judit Vari

• Ada Jocelyne Pambo Mboumba, Emmanuelle Brossais et Florence Savournin (Efts, Université Toulouse Jean-Jaurès) : L'épreuve de l'accompagnement d'enfants dits autistes : les logiques contradictoires d'une éducatrice spécialisée au Gabon
• Bruno Hubert (Cirnef, Université de Caen Normandie) et Stéphanie Lamargot (Université de Nantes) : Donner un espace et une forme à l'expression de l'épreuve. L'exemple des reconversions au métier de professeurs des écoles
• Cédric Laheyne (Circeft-Escol et Curapp-Ess, Université Paris 8 et Université de Picardie Jules-Verne) : L'expérience de la classe préparatoire comme épreuve : ajustement individuel et stratégies éducatives des parents dans l'apprentissage de la régulation des émotions
• Charlène Charles (Lirtes, Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne, Paris 12) : Savoirs de la disqualification sociale : quand les éducateurs et éducatrices fondent leur légitimité à exercer en s'appuyant sur leurs épreuves pour « s'en sortir »
• Philippe Brun (Crfdp, Université de Rouen Normandie) : La simulation émotionnelle chez l'enfant : une épreuve difficile à franchir pour améliorer son intégration sociale

Mercredi 27 mars 2019

9h-10h45 : Faire avec le singulier

Modérateur/ Discutant : Hubert Vincent

• Odile Fleury (Cirnef, Université de Rouen Normandie) : Le multi-agenda un outil au service de l'accompagnement des enseignants novices
• Silvio Gallo (Université de Campinas, Brésil)

10h45-11h : Pause café

11h-12h45 : Critique de la notion d’épreuve : une autre voie de la construction de la confiance

Modérateur/ Discutant : Hubert Vincent

• Jean-François Goubet (Recifes, Université d’Artois) : Une philosophie de la formation a-t-elle besoin de la notion d'épreuve ?
• Alain Firode (Recifes, Université d’Artois) : Epreuve et conversion : l'intention d'instruire

13h-14h : Déjeuner

14h-16h30 : Epreuve et critique des représentations

Modérateur/ Discutant : Alain Firode

• Alain Vergnioux (Cirnef, Université de Caen Normandie) : Confiance, expérience, contre-épreuve
• Jean-Louis le Goff (Dysolab, Université de Rouen Normandie) : L'expertise sociologique comme accompagnement : la mise à l'épreuve des savoirs critiques et réflexifs au fondement des relations de confiance
• Jean-Luc Denny (Lisec, Université de Strasbourg) : Les épreuves de vie pour débattre en classe : quels impacts sur la professionnalité enseignante ?

16h30 : Conclusion

17h00 : Clôture du colloque