AccueilSuperstitions, sciences occultes et croyances populaires | Sources traduites, sources à traduire

AccueilSuperstitions, sciences occultes et croyances populaires | Sources traduites, sources à traduire

Superstitions, sciences occultes et croyances populaires | Sources traduites, sources à traduire

Superstitions, the occult and popular belief | Translated sources, sources for translation

*  *  *

Publié le jeudi 28 février 2019

Résumé

Les doctoriales du centre d'histoire du XIXe siècle sont organisées chaque années pour permettre aux doctorantes et aux doctorants du laboratoire, mais aussi d'autres structures, de présenter leurs recherches lors d'une matinée consacrée à une thématique précise et d'un après-midi à un enjeu méthodologique. Les thèmes 2019 sont, pour le sujet : « Superstitions, sciences occultes et croyants populaires » et, pour la question méthodologique : « Sources traduites, sources à traduire ».

Annonce

Argumentaire

Les sociétés influencées par le rationalisme et le matérialisme des Lumières ont souvent opposé les croyances aux savoirs. Ces derniers, progressivement institutionnalisés, se définissent dans l’idéal moderne et positif comme des repères rationnels, objectifs, empiriques, et scientifiques pour quiconque souhaiterait appréhender une part de « vérité ». Des téléologies historiques ont, à l’inverse, défini les croyances comme des résurgences ou des résistances archaïques et obscurantistes qu’il s’agissait de rejeter hors des normes de scientificité et de rationalité. Pourtant, les superstitions, les croyances populaires et occultes, si elles relèvent d’un besoin de spiritualité et d’ésotérisme, sont aussi directement liées à une soif de connaissance et de compréhension du monde. Définir ces croyances, ces discours et ces pratiques en les confrontant aux savoirs validés scientifiquement amène à interroger les modalités de production des normes qui les rejettent à la marge. Les communications pourront réfléchir à la manière dont les institutions, laïques ou ecclésiastiques, orchestrent et dirigent la recherche de « la » vérité. Elles pourront adopter une démarche réflexive en se demandant quel regard l’historien.ne peut porter sur les superstitions, les croyances occultes et populaires de manière à les constituer en véritable objet historique.   De Victor Hugo faisant tourner les tables à la sorcellerie dans le bocage normand en passant par le vaudou dans les sociétés créoles, les sciences occultes et croyances populaires construisent des savoirs métaphysiques au sein de groupes sociaux divers dont les contours restent à définir. Qui pratique l’occultisme ? Comment apprécier justement le caractère « populaire » de certaines croyances ? En identifiant les acteurs de ces pratiques, les communications pourront aussi s’interroger sur leurs modes de diffusion : aux diverses formes de sociabilité s’ajoutent des productions artistiques, littéraires, médiatiques ou publicitaires qui popularisent des connaissances naturelles ou surnaturelles méprisées par l’académisme scientifique. Ainsi, cette demi-journée d’étude s’intéressera à la production, la diffusion et la réception, mais aussi à la disqualification d’un ensemble culturel hétérogène en dehors des normes d’un progrès scientifique glorifié dans le contexte des XIXe et XXe siècles.    

Sources traduites, sources à traduire  

  1. Les sources traduites Le thème des « sources traduites » invite à s’interroger sur la place de la traduction dans l’appréhension des sources utilisées par l’historien. L’historien.ne peut être confronté.e à des territoires plurilinguistiques, y compris les langues « régionales ». Or, les documents écrits qui en sont issus ont parfois été traduits par des institutions ou des acteurs dans une autre langue. Ces traductions reflètent parfois les relations privilégiées entre plusieurs langues ou territoires, comme l’abondante documentation en langue allemande sur la Grèce antique. Mais le filtre de la traduction pose alors un problème méthodologique sur lequel il s’agit de réfléchir : en effet, la traduction, comme l’écriture de l’histoire, n’est pas immuable et est sujette à des évolutions. Les choix opérés dans la traduction sont-ils susceptibles de nous en révéler autant sur les biais et représentations du traducteur que sur l’objet évoqué ? La question de la traduction peut parfois poser un problème d’accès direct à la parole des acteurs auxquels s’intéresse l’historien : un exemple emblématique est celui des procès mettant aux prises les esclaves des colonies françaises et leurs maîtres lors du premier XIXe siècle. En effet, les sources judiciaires faisant état de ces procès sont écrites en français alors que l’immense majorité des esclaves venaient témoigner en créole : une traduction immédiate de leur propos était effectuée, agissant comme un filtre, voire un obstacle à la parole de l’esclave, parole d’autant plus précieuse qu’elle est rare dans les différentes sources disponibles. Cette constatation vaut également pour la France du XIXsiècle : les témoignages de paysans ne parlant que le « patois » pouvaient faire l’objet de traductions immédiates comparables, par l’institution judiciaire.
  2. Les sources à traduire et l’enjeu de la maîtrise des langues par l’historien Du fait de terrains parfois variés, ou d’ouvertures inattendues, l’historien.ne peut être amené.e à consulter des sources dans une langue qui lui est étrangère. La non maîtrise d’une langue apparaît ici comme un obstacle concret à l’étude de la source. Quel est l’enjeu d’un accès direct à la langue de la source ? Un travail académique peut-il être discrédité du fait de l’usage de traductions plutôt que des originaux ? La question peut se poser dans le cas des sources diplomatiques, qui peuvent être traduites, ainsi que celles du Vatican. Dans ces deux cas, les documents originaux et traduits peuvent cohabiter. Quelle est alors la plus-value d’un accès direct à la langue du document original ? Écrit-on vraiment une histoire différente lorsque l’on utilise des sources traduites plutôt que celles que l’on traduit soi-même ? Ces questionnements sont aussi valables pour l’histoire orale ou le travail sur des sources audiovisuelles, qui font émerger les problèmes méthodologiques liés à la compréhension, à la transcription puis à la traduction de paroles orales, avec une grammaire propre, et des accents spécifiques.
  3. Les évolutions historiographiques : une nécessaire maîtrise des langues ? Enfin, les récentes évolutions historiographiques (histoire globale, transnationale, comparée) amènent de plus en plus fréquemment les historien.ne.s à se confronter à des sources en langues étrangères. Ainsi, l’apport de Sanjay Subrahmanyam a bel et bien consisté en la confrontation de sources portugaises et indiennes. La maîtrise et l’apprentissage de langues étrangères semble ainsi s’imposer comme un passage obligé des historien.ne.s dans l’optique d’une compréhension directe des sources. Cela veut-il dire pour autant que les chercheuses et chercheurs doivent choisir leurs sujets en fonction des langues étrangères qu’ils maîtrisent ? Et qu’en est-il des aires plurilinguistiques comme le territoire de Jérusalem, pour lequel le projet Open Jerusalem, dans une démarche d’histoire connectée de la ville entre 1840 et 1940, réunit des sources en hébreu, en arabe ou en turc, mais aussi en anglais, français, italien ou grec, reflet de la présence occidentale dans la ville. Les communications pourront s’inscrire dans un ou plusieurs des axes proposés.    

Calendrier et modalités 

  • 4 mars 2019 : date butoir pour adresser les propositions de communication à pagedixneuf@gmail.com (fichier .odt, .doc ou .docx). Les propositions doivent comprendre :
    • Un titre (même provisoire)
    • Un résumé de 4 000 signes
    • Une présentation de quelques lignes, mentionnant l’université, le laboratoire de recherche et accompagnée, le cas échéant, d’un lien vers une page personnelle.
  • 20 mars 2019 : Réponse aux auteur-e-s
  • Samedi 25 mai 2019 : Journée d’études des Doctoriales
  • 30 juin 2019 : Date butoir pour adresser les communications écrites (40 000 signes espaces compris + bibliographie de 10 titres + présentation de l’auteur-e). Début des navettes de relecture.
  • Mi-septembre 2019 : Fin des navettes de relecture ; transmission des articles à la mise en page.
  • Octobre 2019 : Publication en ligne sur le carnet du Centre d’Histoire du XIXe siècle (https://crhxixe.hypotheses.org/)

Comité de rédaction

Centre d'histoire du XIXe siècle (Paris 1 - Sorbonne-Université)

  • Victoria Afanasyeva
  • Inès Anrich
  • Léo Dumont
  • Jean-François Figeac
  • Frantz Laurent
  • Céline Loriou
  • Adélaïde Marine-Gougeon
  • Théo Millot
  • Pauline Mortas
  • Élisabeth Mortier

Catégories

Lieux

  • Salle de la BIS - 17, rue de la Sorbonne - 75005 Paris
    Paris, France (75)

Dates

  • lundi 04 mars 2019

URLS de référence

Source de l'information

  • Sophie Lhermitte
    courriel : sophie [dot] lhermitte [at] univ-paris1 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Superstitions, sciences occultes et croyances populaires | Sources traduites, sources à traduire », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 28 février 2019, https://doi.org/10.58079/129d

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search