Página inicialLa machine dans la littérature et les arts visuels du monde anglophone

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La machine dans la littérature et les arts visuels du monde anglophone

The Machine in Anglophone Arts and Literature

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Publicado segunda, 11 de março de 2019

Resumo

L’opposition entre machine et création, entre sciences et arts, n’est qu’illusoire. L’interdépendance qui se dessine ici nous invite à repenser l’inspiration comme étroitement liée à la machine, qui non seulement permet techniquement la création littéraire et artistique, mais en est également bien souvent la source. Il s’agira d’étudier ces tensions entre invention et dépendance, entre maîtrise et méfiance, entre fascination et rejet, qui se révèlent cruciales dans la représentation de la machine dans la littérature et les arts.

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28 mai 2019

Organisation

Laboratoire doctoral OVALE rattaché à l’Unité de recherche VALE (EA 4085), Faculté des Lettres de Sorbonne Université.

Argumentaire

La question de la machine appelle à ouvrir un dialogue entre les sciences et les arts. Il semble difficile en effet de penser la machine en dehors du contexte des évolutions scientifiques, depuis les inventions de la Renaissance et les machines volantes dessinées par Léonard de Vinci jusqu’aux robots ultra-performants du XXIesiècle. Si l’on suit la définition que propose Aristote dans Problèmes mécaniques, la machine est « ce qui nous permet de vaincre la nature dans notre propre intérêt ». Des tableaux de Turner au Modern Times de Chaplin, les machines ont nourri l’imaginaire de la littérature et des arts anglophones, alors même qu’il ne nous est pas naturel d’associer les engrenages de la mécanique à la créativité de l’artiste. Les machines ont néanmoins indéniablement révolutionné les arts et leur réception, grâce à l’imprimerie, aux machines à écrire, aux ordinateurs et aux techniques de reproduction, qui ont permis l’accès d’un large public aux œuvres produites en série. Les machines de plus en plus performantes ont permis au cinéma de devenir parlant, tandis que la couleur et les effets spéciaux donnent vie aux créations les plus inventives. 

La machine a été élevée au rang de symbole de la modernité, devenant synonyme de productivité et d’optimisation dans une perspective de rendement capitaliste. La Révolution industrielle marque un tournant dans le rôle et dans l’esthétique des machines, représentées dans le roman Hard Times de Dickens, et célébrées par Whitman dans son poème « To a Locomotive in Winter ». Cette exaltation du progrès se trouve au cœur de l’esthétique des avant-gardes, au début du XXesiècle. Ainsi, Ezra Pound propose son célèbre « Make it new ! » tandis que Wyndham Lewis et les vorticistes élaborent une pensée de la machine dans la revue Blast. Le Manifeste futuriste de Marinetti fait l’éloge du danger, de la vitesse et du mouvement, érigeant la machine à la fois comme symbole et comme moteur du progrès.

A la fascination se substitue une peur du remplacement et de la dépendance de l’homme à la machine lorsque les créatures dépassent leur inventeur, ainsi que l’illustre le Frankenstein de Mary Shelley et son monstre assemblé comme une machine grâce à une méthode qui s’apparente au bricolage (Lévi-Strauss). La machine-outil cède la place à la machine intrusive. Quand les machines, elles-mêmes des corps mécaniques, prennent vie, surgit la crainte d’un corps-machine dénué d’âme qui mène à une remise en question de l’humanité même de l’être vivant, sur laquelle jouent de nombreuses œuvres de science-fiction. Cela nous amènera à réfléchir au mécanisme du corps doué de raison tel qu’il apparaît chez Descartes, et à la conception deleuzienne du corps comme machine désirante. Au théâtre, le corps automate permet de repenser le jeu du comédien, comme chez Edward Gordon Craig pour qui l’acteur doit être une « sur-marionnette ». Le genre littéraire de la dystopie, de Brave New World d’Huxley à Nineteen Eighty-Four d’Orwell, présente les rouages de la machine politique, alors que la technologie devient un outil de surveillance et d’oppression, menant à la déshumanisation. Les débats actuels sur l’intelligence artificielle, sur la cybernétique (Wiener, Porush) et sur la robotique nourrissent les pistes développées par le transhumanisme et par le posthumanisme (Hayles). Si le transhumanisme se veut une exploration éclairée des possibilités d’amélioration de l’expérience humaine par la technologie, le posthumanisme propose une vision plus critique qui souligne la menace inhérente à la dématérialisation croissante des machines.

Il n’en demeure pas moins que la machine, loin d’être réduite à une simple mécanique froidement efficace et purement scientifique, peut engendrer l’inspiration créatrice. L’imagination du savant et de l’artiste donne naissance à des machines qui, à leur tour, se font sources d’inspiration. Anne Sexton offre ainsi à sa machine à écrire un pouvoir créateur (« God is in your typewriter »). Étudier la machine implique également de repenser la coexistence entre fonctionnement et dysfonctionnement : là où une machine qui ne fonctionne plus devient inutile dans l’industrie, elle peut revêtir une force créatrice en art. La machine permet également de changer notre regard sur le monde grâce aux dispositifs optiques. Les appareils photo, caméras et miroirs créent l’illusion et transforment notre vision du réel, comme dans Alice Through the Looking-Glass de Lewis Caroll ou dans nombre de récits gothiques et fantastiques qui filtrent la réalité et permettent à l’œil d’adopter une nouvelle perspective (Milner).

L’opposition entre machine et création, entre sciences et arts, n’est qu’illusoire. L’interdépendance qui se dessine ici nous invite à repenser l’inspiration comme étroitement liée à la machine, qui non seulement permet techniquement la création littéraire et artistique, mais en est également bien souvent la source. Il s’agira d’étudier ces tensions entre invention et dépendance, entre maîtrise et méfiance, entre fascination et rejet, qui se révèlent cruciales dans la représentation de la machine dans la littérature et les arts.

Les approches de la littérature et des arts visuels anglophones puisant dans d’autres disciplines (philosophie, sociologie, histoire…) seront particulièrement appréciées. Les propositions de communication pourront explorer les pistes suivantes :

  • La machine comme objet de représentation littéraire et visuelle    
  • Les rapports d’interdépendance entre machine et corps humain    
  • La machine comme métaphore du pouvoir / la machine politique      
  • La relation de la machine et des questions de genre   
  • La machine comme double instrument de progrès et d’oppression   
  • La machine et les avant-gardes
  • La machine théâtrale / la machine au théâtre      
  • Le rôle des nouvelles technologies dans la littérature et les arts contemporains

Modalités de soumission

Les propositions (300 mots maximum), en français ou en anglais, accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique devront être adressées à l’adresse e-mail suivante : laboratoire.ovale@gmail.com.

Durée des communications : 20 minutes.

Date limite d’envoi des propositions : 25 mars 2019

Date de réponse : mi-avril 2019

Contact

laboratoire.ovale@gmail.com 

http://www.vale.paris-sorbonne.fr/FR/ovale.php

http://ovale.hypotheses.org 

Informations pratiques 

  • La journée est ouverte à tous.
  • Le comité de sélection est composé de Omayyah Al-Shabab, Anouk Bottero et Diane Drouin, doctorantes et membres du bureau d’OVALE, ainsi que des Professeur.e.s Élisabeth Angel-Perez, Line Cottegnies et Frédéric Regard.
  • Une partie des communications fera l’objet d’une publication dans la revue en ligne de VALE Sillages Critiques.
  • La journée se déroulera à la Maison de la Recherche de Sorbonne Université (28 rue Serpente, 75006 Paris).

Bibliographie

Arendt, Hannah, La Condition de l’homme moderne (1958), trad. Georges Fradier, Paris : Calmann Levy, 2018.

Aristote, Problèmes Mécaniques, Paris : Les Belles Lettres, 2017.

Benjamin, Walter, The Work of Art in the Age of Mechanical Reproduction (1936), Londres : Penguins Books, 2008.

Berghaus, Günter, « Futurism and the Technological Imagination Poised Between Machine Cult and Machine Angst », Futurism and the Technological Imagination, éd. Günter Berghaus, Amsterdam : Rodopi, 2009, 1-40.

Besnier, Jean-Michel, Demain les posthumains : le futur a-t-il encore besoin de nous ?, Paris : Hachette pluriel, 2009.

Broeckmann, Andreas, Machine Art in the Twentieth-Century, Cambridge, Mass. : The MIT Press 2016.

Deleuze, Gilles et Félix GuattariL’Anti-Œdipe, Paris : Éditions de Minuit, 1972.

Descartes, René, Discours de la méthode (1637), Paris : Flammarion, 2000.

Haraway, Donna, « A Cyborg Manifesto: Science, Technology, and Socialist-Feminism in the Late Twentieth Century » (1985), Simians, Cyborgs and Women: The Reinvention of Nature, New York : Routlegde, 1991.

Haken, Hermann, Uno Svedinet Anders Karlqvist, The Machine as Metaphor and Tool, Berlin : Springer, 1993.

Haslanger, Andrea, « From Man-Machine to Woman Machine : Automata, Fiction, and Femininity in Dibdins Hannah Hewit and Burneys Camilla », Modern Philology 111.4. (May 2014), 788-817.

Hayles, N. Katherine, How We Become Posthuman: Virtual Bodies in Cybernetics, Literature, and Informatics, Chicago : The U of Chicago P, 1999.

Ketabgian, Tamara, The Lives of Machines : The Industrial Imaginary in Victorian Literature and Culture, Ann Arbor : The U of Michigan P, 2011.

Krzywkowski, Isabelle, Machines à écrire : littérature et technologies du XIXe au XXIe siècle, Grenoble, Ellug, 2011.vi-Strauss, Claude, La Pensée sauvage (1962), Paris : Pocket, 1990.

Milner, Max, La Fantasmagorie, Paris, PUF, 1982.

Orvell, Miles, After the Machine: Visual Arts and the Erasing of Cultural Boundaries, Jackson : UP of Mississipi, 1995.

Perloff, Marjorie, The Futurist Moment : Avant-Garde, Avant Guerre and the Language of Rupture, Chicago : The U of Chicago P, 1986.

Porush, David, The Soft Machine : Cybernetic Fiction (1984), New York, Taylor and Francis, 2018.

Serres, Michel, « Turner traduit Carnot », La Traduction. Hermes III, Éditions de Minuit, 1974.

Wiener, Norbert, Cybernetics: or Control and Communication in the Animal and the Machine (1948), Cambridge, Mass. : The MIT Press, 1965.

Locais

  • Maison de la Recherche de Sorbonne Université - 28 rue Serpente
    Paris, França (75)

Datas

  • segunda, 25 de março de 2019

Palavras-chave

  • machine

Contactos

  • Laboratoire Ovale
    courriel : laboratoire [dot] ovale [at] gmail [dot] com

Fonte da informação

  • Diane Drouin
    courriel : diane [dot] drouin [at] orange [dot] fr

Licença

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Para citar este anúncio

« La machine dans la littérature et les arts visuels du monde anglophone », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado segunda, 11 de março de 2019, https://doi.org/10.58079/12at

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