Law and literature. Nicolas Guillén (1902-1989): a different reading
Droit et littérature. Nicolas Guillén (1902-1989) : une autre lecture
Published on Tuesday, April 16, 2019
Abstract
Le présent appel à contribution est lancé en prévision du colloque interdisciplinaire « Droit, révolutions et transitions. 1959 – 2019 : Cuba, soixante ans de révolution face à la mondialisation ». La programmation du colloque associera aux traditionnelles conférences et table-rondes, une soirée théâtrale à la confluence des arts et du droit autour de l'œuvre du poète cubain Nicolas Guillén (1902-1989). En prévision de cette table-ronde intitulée « Droit et Littérature. Nicolas Guillén : une autre lecture », nous avons le plaisir de vous adresser le présent appel, destiné aux jeunes chercheurs en droit et en lettres.
Announcement
Présentation du colloque
Le colloque « Droit, Révolutions et Transitions. 1959 – 2019 : Cuba, soixante ans de Révolution face à la mondialisation » sera organisé par le Centre d’Etudes et de Recherches Internationales et Communautaires (CERIC) et l’Institut Louis Favoreau (ILF-GERJC) de l’UMR 7318 Droit International, Comparé et Européen (DICE), les 28 et 29 Novembre 2019 à la faculté de droit et science politique d'Aix-en-Provence.
En 2019, Cuba figure parmi les derniers vestiges d’un monde antérieur - un monde dont les cartes ont été rebattues par la décolonisation, l’effondrement du bloc soviétique et la globalisation. Tiraillé entre continuité et rupture, le pays fête cette année le soixantième anniversaire de la Révolution menée par Fidel Castro (1926-2016), dans un contexte d’importants changements économiques, sociaux, politiques et institutionnels marqué par la récente ouverture à l’Internet et au numérique.
A l’occasion de ce colloque interdisciplinaire, théoriciens et praticiens européens et cubains, juristes publicistes (constitutionnalistes, internationalistes, européanistes), historiens et sociologues reviendront sur la Révolution cubaine et la transition à l’œuvre dans le pays à la lumière de son actualité juridique : l’accord de partenariat UE-Cuba approuvé par le Parlement européen en 2017 et la nouvelle Constitution pour Cuba adoptée par voie référendaire le 24 février 2019. Loin d’intéresser les seuls spécialistes des systèmes socialistes, les évolutions que traverse Cuba constituent un cas d’étude extrêmement riche pour interroger la manière dont le droit encadre, détermine et se saisit des mutations politiques (révolution, transition, internationalisation) à l’ère de la mondialisation.
A la confluence du Droit et des Arts, la programmation du colloque associera aux traditionnelles conférences et table-rondes, la présentation d’une création théâtrale et chorégraphique, imaginée pour et inspirée par la manifestation : « de bongos et d’ébène – Poèmes de Nicolas Guillén », interprété sur scène par Karim Camara, comédien-danseur franco-ivoirien. La représentation sera suivie d’une table-ronde à l’occasion de laquelle chercheurs, artistes et membres du public échangeront autour de l’œuvre du poète Nicolas Guillén (1902-1989), chantre du négrisme et de la révolution cubaine. Fruit d’une étroite collaboration entre artistes, chercheurs et artistes-chercheurs, cette soirée théâtrale poursuivra le double enjeu de réfléchir, dans une perspective interdisciplinaire, à la perception et à la réinvention des normes et concepts juridiques dans une œuvre littéraire tout en interrogeant et inventant des formes nouvelles, hybrides, pour traduire et faire partager ces recherches. Elle représentera une occasion rare pour les jeunes chercheurs associés à la manifestation d’explorer de nouvelles formes d’expression et d’interprétation de leur objet d’étude en dépassant le cadre, parfois rigide, de la pure science du droit.
Argumentaire pour la table-ronde
Droit et Littérature. Nicolas Guillén (1902-1989) : une autre lecture
Métisses. Négristes. Révolutionnaires. Ainsi pourrait-on décrire en trois mots l’œuvre et la personne de Nicolas Guillén (1902-1989), poète emblématique du négrisme et de la révolution cubaine. Passé cela, que sauraient en dire les chercheurs en droit ? Quelle lecture proposeraient-ils de son œuvre poétique ? Transformeraient-ils à son contact le regard qu’ils portent sur le monde et sur le droit ?
El negrismo : le négrisme hispano-caribéen
Contemporain à la négritude européenne (Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor) et nord-américaine (Langston Hughes), le négrisme se développe dans les Caraïbes hispaniques dans les années 1920-1930. Ce courant littéraire et artistique revendique les racines africaines d’une population métisse et de son folklore, en empruntant à la musique et aux danses afro-caribéennes le rythme de ses poèmes, et au quotidien des Noirs caribéens, l’allégresse et la douleur de ses récits. Il en résulte souvent des œuvres sociales et engagées, nourries de faits historiques et sociaux, visant à dénoncer l’aliénation, l’exploitation et l’injustice dont les Noirs sont historiquement et quotidiennement victimes.
Dans la poésie négriste, chaque poème est un autoportrait de l’homme noir ; une autobiographie dans laquelle il n’apparait plus comme le personnage passif et docile, objet de curiosité des savants, source d’inspiration des artistes blancs, mais comme un personnage actif, conteur et sujet de son récit, acteur de sa condition et de sa révolte. Le changement de perspective est total, le regard décolonisé. Le négrisme embrasse ainsi les fondements de la négritude francophone mais préfère à son combat politique contre le néocolonialisme des métropoles celui d’une lutte universelle contre le racisme : « nous devons nous considérer tous dans l’obligation de nous rapprocher du Blanc, en lui enseignant – c’est bien à nous d’enseigner de temps en temps – que notre peau sombre recouvre un homme qui ressemble beaucoup à celui qui bat dans sa peau blanche » déclarait Guillén en 1929[1]. Dans cette optique, la reconnaissance d’une identité métisse se veut le prélude de l’unité du peuple.
[1] N. Guillén, « La conquête du Blanc », Diario de la Marina, 5 mai 1929
Droit et Littérature. Nicolas Guillén : une autre lecture
L’analyse de l’œuvre de Nicolas Guillén (1902-1989) ne relève pas, il est vrai, de la pure science du droit. Les juristes devraient-ils pour autant rester indifférents à sa lecture et s’interdire tout commentaire ? Répondre par l’affirmative serait regrettable tant les réflexions proposées par le poète sur l’altérité, la diversité culturelle, l’égalité raciale et l’impérialisme occidental intéressent le monde du droit. Nourris de faits historiques et sociaux, parfois même d’affaires judiciaires, les poèmes de Nicolas Guillén, pourraient être de nature à inspirer la pensée juridique sur l’ensemble de ces sujets. Après tout, le négrisme ne cherchait-il pas « décoloniser » la littérature comme certains juristes appellent aujourd’hui à décoloniser le droit ? Les principaux combats de l’écrivain - la lutte contre le racisme, la colonisation et l’impérialisme- ne résonnent-ils pas dans le cœur et les écrits de nombreux chercheurs ? Ne sont-ils pas au fondement de courants de pensée tels que les Post-colonial studies ou la Critical Race Theory ? Au-delà des disciplines, des formes et des traductions, ces imaginaires communs invitent à la rencontre, au dialogue.
Dans une démarche proche de celle qui anime le mouvement Law and Literature mais libre de tout carcan méthodologique, nous invitons les jeunes chercheurs à proposer leur commentaire d’un poème de Nicolas Guillén, choisi parmi les poèmes sélectionnés (v. pdf ci-joint).
Né outre-Atlantique au XXème siècle, le mouvement Law and Literature connaît un développement croissant depuis les années 1970 aux Etats-Unis et en Europe. Depuis quelques années, le mouvement a gagné les pays de droit continental réputés pour leur attachement au positivisme juridique. Cette dynamique récente témoigne une volonté de « ré-encastrer », de « ré-intégrer » le droit dans la sphère sociale : la littérature et le droit ne trouvent-ils pas dans la culture, commune origine, dans le langage, commun fonds, et dans le réel, commun objet d’interprétation ? Résolument interdisciplinaire, ce mouvement explore la variété des rapports qui existent entre le droit et la littérature de manière à faire émerger de nouvelles réflexions à la confluence des pensées et des imaginaires juridique et littéraire. Il vise à appréhender le droit comme littérature (narrativité du droit, analyse littéraire du droit), la littérature dans le droit (analyse des références littéraires comme argument de la rhétorique juridique) et le droit dans la littérature (perception et réinvention des normes juridiques dans les œuvres littéraires). Cette dernière dimension retiendra toute l’attention des candidats.
Il n’est pas demandé aux intervenants de produire une analyse littéraire mais bien de commenter une œuvre littéraire au prisme du droit. Cet exercice à mi-chemin entre les disciplines invite les jeunes chercheurs à se saisir de la liberté créatrice des artistes de manière à proposer des contributions audacieuses, originales et créatives. Les poèmes commentés pourront être mis en perspective avec des réflexions et faits actuels, à condition que l’analyse s’efforce de respecter la sensibilité de leur auteur et le contexte de leur écriture.
Modalités de participation
Eligibilité
Cet appel à contribution est réservé aux jeunes chercheurs (doctorants et docteurs ayant soutenu leur thèse récemment). Les contributions collectives sont autorisées. En cas de sélection, un seul des contributeurs sera invité à intervenir lors de la table-ronde qui suivra la soirée théâtrale du colloque « Droit, Révolutions et transitions. 1959-2019 : Cuba, soixante de Révolution face à la mondialisation ». Une seule proposition de contribution (individuelle ou collective) sera examinée par personne.
Valorisation
Les jeunes chercheurs retenus seront invités à participer au séminaire doctoral « Droit et Littérature » qui se tiendra la veille du colloque, le 27 Novembre 2019, à la Faculté de droit d’Aix en Provence. Ce séminaire d’introduction au mouvement « Droit et Littérature » sera animé par Norbert Rouland, Professeur émérite (Aix-Marseille Université), membre honoraire de l’Institut Universitaire de France (chaire d’anthropologie juridique) ; et Albane Geslin, Professeure de droit international public (Sciences Po Aix).
Trois des contributions retenues seront présentées par leurs auteurs lors de la table-ronde « Nicolas Guillén : une autre lecture », qui se tiendra le 28 novembre 2019 dans le cadre de la soirée théâtrale du colloque « Droit, Révolutions et transitions. 1959-2019 : Cuba, soixante de Révolution face à la mondialisation » (Faculté de droit d’Aix en Provence, Aix-Marseille Université). La table-ronde sera présidée par la Pr. Albane Geslin. Les auteurs non retenus pour la table-ronde pourront se voir proposer la possibilité de réaliser un poster de recherche résumant leur contribution (affiche en format A0) qui sera exposé en marge de la manifestation. Les modalités seront précisées aux participants ultérieurement.
Publication
Toutes les contributions retenues (posters ou interventions) pourront faire l’objet d’une publication (après évaluation en double aveugle) dans un ouvrage de la collection Confluence des droits, nouvelle collection d’ouvrages numériques, lancée par le laboratoire Droits International, Comparé, Européen (UMR DICE 7318, CNRS, Aix-Marseille Université, Université de Toulon, Université de Pau et des pays de l’Adour).
Modalités et délais
Les résumés et contributions seront envoyés à l’adresse suivante : colloque.cuba.2019@gmail.com
Proposition de contribution - avant le 3 juin 2019
Les propositions de contribution (résumé de 800 mots maximum, tout compris) devront être transmises avant le 3 juin 2019, indiquant en objet le titre du poème commenté. Une première sélection sera effectuée par l’équipe organisatrice et le comité scientifique. La réponse sera adressée aux auteurs le 30 juin 2019.
- Avant-projet de contribution – avant le 8 septembre 2019
Les auteurs retenus devront soumettre, avant le 8 septembre 2019, un avant-projet (3 000 mots tout compris), dont l’acceptation vaudra encouragement mais non pas engagement de publication après la manifestation.
A l’issue de cette seconde étape, les auteurs pourront se voir proposer une intervention lors du colloque (table-ronde) et/ou la création, à titre facultatif, d’un poster de recherche (exposé en marge de la table-ronde). Les réponses seront adressées au plus tard le 15 octobre 2019.
- Contributions définitives – avant le 15 novembre 2019
Les contributions définitives seront remises avant le 15 novembre 2019 pour permettre leur communication aux intervenants en amont de la manifestation. La participation au colloque (intervention, poster) ne saurait constituer un engagement de publication. Les modalités de publication (procédure et critères d’évaluation, délais) seront précisées à la suite de la manifestation.
Afin d’assurer les délais de reprographie, les posters de recherche devront être transmis aux organisatrices avant le 8 novembre 2019.
Frais
Les frais de reproduction des posters sont pris en charge par les organisateurs. En revanche, les frais de transport et de logement restent à la charge des participants.
Informations / contacts
Pour toute information complémentaire, nous vous prions de bien vouloir vous adresser aux organisatrices, Alice Monicat (doctorante contractuelle, CERIC, UMR 7318, Aix-Marseille Université) et Maria Gudzenko (doctorante contractuelle, GERJC, UMR 7318, Aix-Marseille Université) à l’adresse suivante : colloque.cuba.2019@gmail.com
Poèmes soumis à commentaire
Les poèmes soumis à commentaire ont été sélectionnés par la Pr. Albane Geslin, en concertation avec l'équipe organisatrice. Ils sont pour la majorité extraits du recueil :
Nicolas Guillén, Le chant de Cuba, poèmes 1930-1972, Présentation, choix des textes et traduction par Claude Couffon, Editions Le temps des Cerises, coll. Vivre en Poésie, 2016.
- West Indies I. (West Indies, 1934)
- West Indies VI. (West Indies, 1934)
- Je ne sais pas pourquoi tu penses… (Chants pour les soldats, 1937)
- Soldats en Abyssinie (Chants pour les soldats, 1937)
- Le Nom (1954)
- Elégie à Jesus Ménendéz I. et II. (1955)
- Elégie à Emmett Till (1955)
- La muraille (Le vol d’une colombe populaire, 1958)
- J’ai (J’ai, 1964)
- Peux-tu ? (J’ai, 1964)
- Les usuriers (Le grand Zoo, 1967)
- Problèmes du sous-développement (La route dentée, 1972)
- Al margen de mis libros de estudio (1922) [hors recueil]
L'ensemble des poèmes soumis à commentaire sont retranscrits à la suite d'une courte biographie de Nicolas Guillén (v. pdf. ci-joint).
Subjects
- Law (Main category)
- Zones and regions > Africa
- Zones and regions > America
- Society > Ethnology, anthropology
- Mind and language > Language > Literature
- Periods > Modern > Twentieth century
- Mind and language > Representation > Cultural identities
Places
- Faculté de droit et de science politique (Aix-Marseille Université) - Avenue Robert Schuman
Aix-en-Provence, France (13)
Date(s)
- Monday, June 03, 2019
Attached files
Keywords
- droit, littérature, poésie, cuba, négrisme, révolution, égalité raciale, décolonisation, impérialisme
Contact(s)
- Alice Monicat
courriel : colloque [dot] cuba [dot] 2019 [at] gmail [dot] com
Information source
- Alice Monicat
courriel : colloque [dot] cuba [dot] 2019 [at] gmail [dot] com
License
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To cite this announcement
« Law and literature. Nicolas Guillén (1902-1989): a different reading », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, April 16, 2019, https://doi.org/10.58079/12ff