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La liberté c'est toujours la liberté de penser autrement

Freedom is always the freedom to think differently

Hommage à Claudie Weill, lectrice de Rosa Luxemburg

Tribute to Claudie Weill, reader of Rosa Luxemburg

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Publié le vendredi 19 avril 2019

Résumé

La rencontre avec la pensée de Rosa Luxemburg a marqué en profondeur les travaux de recherche de Claudie Weill, historienne du socialisme et de la social-démocratie. Rosa Luxemburg a construit son œuvre en appliquant la méthode d’analyse de Marx aux problèmes d’un capitalisme en mutation, et notamment à l’étude des phénomènes récurrents de crise et des moyens employés par le capital pour restaurer sa rentabilité et garantir sa survie. Les problèmes qu’elle a soulevés, et dont Claudie Weill s’est fait l’interprète, s’imposent aujourd’hui à la réflexion critique, par-delà les évidentes différences de contexte. Ce numéro thématique de la revue L’homme et la société entend stimuler une réflexion afin de prolonger d’un point de vue théorique autant que pratique la pensée ainsi mise en valeur. 

Annonce

Argumentaire

Ce numéro de la revue l’Homme et la Société est pensé en hommage à notre amie et collègue Claudie Weill, disparue en 2018. Sa vie avait été marquée par les événements les plus tragiques de la Seconde Guerre mondiale, car elle était une de ce millier d’enfants juifs qui ont trouvé refuge à Chambon-sur-Lignon, commune huguenote des Cévennes à laquelle revient une place exceptionnelle dans l’histoire du sauvetage des Juifs en France. Devenue historienne de la social-démocratie, Claudie Weill s’est attachée à faire connaître et à confronter les écrits de militants et théoriciens de ce qui fut le premier des grands mouvements organisés de la classe ouvrière. Elle a joué un rôle de pionnier par ses travaux sur les rapports entre nationalisme et socialisme. Mais l’important de son œuvre nous ramène à ce qu’elle a pu apporter à la connaissance de Rosa Luxemburg, travaux qui n’ont rien perdu de leur actualité. Claudie Weill a tout fait pour rendre accessible au public francophone certains des grands thèmes traités par cette figure majeure du socialisme révolutionnaire, assassinée voilà maintenant cent ans.

Considérée en son temps comme une marxiste radicale, Rosa Luxemburg et ses écrits appartiennent, certes, à l’histoire de la social-démocratie, de la révolution de 1917 et de la révolution allemande de novembre. Mais son œuvre sur les questions de « l’accumulation du capital », de la nation, de la démocratie, la placent au-dessus des contingences cette première époque du mouvement ouvrier. S’étant rendu compte que Marx avait laissé une œuvre inachevée, Rosa Luxemburg a construit sa théorie de l’impérialisme à partir des schémas marxiens de la reproduction du capital. Son « marxisme » créateur est une tentative d’appliquer la méthode d’analyse de Marx aux problèmes d’un capitalisme en mutation, notamment à ces phénomènes récurrents de crise et aux moyens employés par le capital pour restaurer sa rentabilité et permettre  l‘« auto-guérison » du système et sa survie. Les problèmes qu’elle a soulevés, et dont Claudie Weill s’est fait l’interprète, s’imposent aujourd’hui à la réflexion critique, par-delà les évidentes  différences de contexte. 

Nous souhaitons ouvrir le débat sur ces trois thèmes :

  1. La première problématique, fondamentale, concerne les moyens dont le capitalisme se sert pour résister aux tempêtes des crises cycliques. Avant la Première Guerre mondiale, Rosa Luxemburg voyait l’impérialisme comme réponse à l’impossibilité de réaliser des plus-values dans le cadre des sociétés économiquement développées d’Occident. Aujourd’hui, à l’ère des multinationales et des géants du numérique qui se jouent des frontières politiques pour mieux s’en servir, les conditions de l’expansion nécessaire au capital subissent d’importantes modifications. En quoi consisterait l’« impératif impérialiste » pour restaurer le degré nécessaire de rentabilité ?
  1. Pour Rosa Luxemburg, la « question sociale » prenait le pas sur cette « question nationale » qui à l’époque faisait débat. Depuis, et avec la globalisation, les gouvernements nationaux ont perdu de leur pouvoir pour édicter les règles des relations en société. Comment expliquer alors que le fait national continue d’être dominant dans la vie des peuples ? Claudie Weill nous rappelle que pour la théoricienne de la social-démocratie « État national » et « nationalisme » étaient des « moules vides dans lesquels chaque période historique et les rapports de classe dans chaque pays coulent un contenu matériel particulier ». Qu’en est-il de cette problématique avec le déclin, voire la disparition, du mouvement ouvrier, qui s’accompagne du dépérissement ou de la neutralisation bureaucratique des organismes syndicaux ? Faut-il en conclure que l’effacement de la « question sociale » joue en faveur de la mise en avant de revendications identitaires, nationale, transnationale, européenne ou cosmopolite ?
  1. Rosa Luxemburg pensait possible et souhaitable d’introduire dans le système politique bourgeois un contenu social nouveau : à la lumières des évènements de la révolution russe, on pouvait espérer et croire que les conseils des travailleurs pourraient donner une orientation socialiste et changer ainsi le sens de la démocratie parlementaire. Un siècle plus tard, l’affaiblissement de la souveraineté étatique évide les institutions démocratiques traditionnelles de leur raison d’être. C’est à l‘aune des raisonnements qu’a développés Rosa Luxemburg qu’il convient d’examiner la fonction de la « participation citoyenne » et des formes nouvelles de contestation de ce régime parlementaire; et de s’interroger sur l’actualité/inactualité de l’idée d’organes de représentation « autogérés », autrement dit du conseillisme, pour ouvrir une brèche dans le système capitaliste.

C'est la rencontre avec la pensée de Rosa Luxemburg qui a marqué en profondeur le travail de recherche de Claudie Weill. Ce numéro entend stimuler une réflexion afin de prolonger d’un point de vue théorique autant que pratique la pensée ainsi mise en valeur.  Et si cette relation bien particulière mérite d'être l’objet d’une ou de plusieurs contributions, il va de soi également que cela implique que se fasse entendre ceux dont l’intérêt pour Rosa Luxemburg participe d’une démarche non académique, voire militante. Ce qui répond à la pensée la plus profonde de Claudie Weill.

Modalités de soumission

Nous vous invitons à adresser votre proposition (résumé du projet d’article: maximum de 500 mots) à manale@msh-paris.fr et à jpd.duran@gmail.com

avant la mi-juin 2019.

Une réponse vous parviendra avant fin juillet. Les textes définitifs sont attendus pour la fin de l’année.

Comité de sélection

  • Jean-Pierre Durand, CPN, Université d’Évry-Val d’Essonne
  • Margaret Manale, CNRS
  • Pierre Rolle, Université Paris X

Dates

  • samedi 15 juin 2019

Mots-clés

  • rosa luxemburg, social-démocratie, accumulation du capital, question nationale, question sociale, régime parlementaire bourgeois, conseillisme

Contacts

  • Margaret Manale
    courriel : manale [at] msh-paris [dot] fr

Source de l'information

  • Margaret Manale
    courriel : manale [at] msh-paris [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La liberté c'est toujours la liberté de penser autrement », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 19 avril 2019, https://doi.org/10.58079/12gn

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