AccueilTemps et temporalités sous la Révolution

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Temps et temporalités sous la Révolution

Time and temporality under the Revolution

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Publié le vendredi 19 avril 2019

Résumé

Accélération du temps, perte des repères, situation de déphasage... autant de termes largement utilisés pour décrire divers phénomènes de la période révolutionnaire. La Révolution offre un terrain d’investigation privilégié pour qui s’intéresse à la manière dont ses acteurs ont conçu, vécu et représenté le temps. À un autre niveau d’analyse, on s’intéressera à la manière dont les révolutionnaires ont mis en place de nouveaux instruments de mesure et de représentation du temps : du calendrier révolutionnaire (octobre 1793) à la confection de nouvelles horloges, le temps s’impose comme une véritable obsession, pouvant être à l’origine de cas de folie. 

Annonce

Argumentaire

Accélération du temps, perte des repères, situation de déphasage... autant de termes largement utilisés pour décrire divers phénomènes de la période révolutionnaire. La Révolution offre un terrain d’investigation privilégié pour qui s’intéresse à la manière dont ses acteurs ont conçu, vécu et représenté le temps. Certains l’ont envisagé comme une rupture sans précédent, comme une « sortie de l’histoire », absolument distincte des révolutions anglaise et américaine. La Révolution, moment unique et « prodigieux », n’ouvrait-elle pas à un avenir illimité  ? Fallait-il y voir pour les tenants de la future Église constitutionnelle, à l’image de Lamourette, les fondements d’une « nouvelle Jérusalem » ? D’autres, au contraire, ont vu dans la pensée de Rousseau, et, dans une mesure moindre, de Mably (Des Droits et des devoirs du citoyen, 1750), les prémisses d’un événement qui allait emporter les valeurs de l’Ancien Régime. La projection rétrospective s’accompagne dans ce cas d’une volonté de légitimité idéologique et politique. Le temps révolutionnaire est alors inscrit dans un régime de causalité, qui entre en résonance avec la réflexion que le XVIIIe siècle éclairé a menée sur la philosophie de l’histoire. Mais le temps révolutionnaire, c’est aussi le temps subjectivisé, constituant une expérience à l’échelle individuelle et collective : pour certains de ses « protagonistes », la Révolution est trop lente (elle n’accomplit pas ses visées) ; elle est à l’inverse trop rapide, lorsqu’elle confine au vertige, au désordre, à la violence incontrôlée. Au fil des dynamiques, entre ruptures et continuités, la période se caractérise par un emboîtement des diverses temporalités, causant parfois, à l’échelle individuelle ou collective, des hiatus ou discordances.

Parallèlement, et à l’intérieur même de la période qui s’étend de la naissance de l’Assemblée constituante à l’échec du projet républicain incarné par le Directoire, s’élabore une réflexion sur le moment révolutionnaire : à partir de quels critères fonder en vérité la naissance d’un nouvel ordre politique, social et moral ? C’est tout l’enjeu de la notion de « régénération » qui émerge dès 1789 pour se déployer, dès 1792, dans l’ordre du discours républicain. Entretenant des liens étroits avec la littérature utopique, la notion de « régénération » est couplée à celle de « perfectibilité ». Mais la crainte d’une dégénérescence tant morale que physique hante la pensée des révolutionnaires, alimentée par le discours contre-révolutionnaire, cette hydre toujours menaçante. Se pose alors la question de la légitimité de l’action violente, à l’instar des événements du 10 août 1792 et des massacres de septembre : la Terreur est-elle admissible si elle est ponctuelle et si elle conduit au bien commun ? Ce sera l’optique de Robespierre. Ou n’est-elle que la marque d’une politique que le temps a précisément dévoyée ? À quel moment doit-on considérer que la Révolution est achevée ? Comment les pratiques collectives, notamment les fêtes à l’antique, ont-elles contribué à définir les scansions du temps révolutionnaire ? À un autre niveau d’analyse, on s’intéressera à la manière dont les révolutionnaires ont mis en place de nouveaux instruments de mesure et de représentation du temps : du calendrier révolutionnaire (octobre 1793) à la confection de nouvelles horloges, le temps s’impose comme une véritable obsession, pouvant être, comme l’illustre la citation mise en exergue, à l’origine de cas de folie. 

Responsables scientifiques

  • Jean-Luc Chappey (Université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne)
  • Adrien Paschoud (Université de Bâle)

Programme

9h : Accueil des participants

  • 9h15 : Introduction générale par Jean-Luc Chappey (Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne) et Adrien Paschoud (Université de Bâle)

Philosophies de l’histoire

  • 9h45 : Julien Vincent (Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne) « Réflexions sur les rapports entre temps de la nature, temps de l’économie et temps de la politique pendant la Révolution et l’Empire »
  • 10h15 : Arnaud Orain (Université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis) « ‘Volonté générale’ ou ‘Lois naturelles de l’économie politique’ ? La question du temps dans les débats sur la monnaie et le crédit sous la Révolution »

10h45 : Discussions et pause

Régénération et temporalités

  • 11h30 : Pierre Serna (Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne) « Vitesse et politique sous la Révolution. Comme un hommage à Paul Virilio »
  • 12h : Léonard Burnand (Université de Lausanne) « Terreur et temporalité : la question du ‘dérapage’ »

12h30 : Discussions

Pratiques temporelles et expériences du moi

  • 14h30 : Guillaume Mazeau (Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne) « Prendre le temps, prendre le pouvoir : les temporalités comme enjeux des luttes politiques pendant la Révolution »
  • 15h : Michèle Crogiez Labarthe (Université de Berne) « L’espace-temps de la Révolution perçu depuis la campagne : la correspondance de la duchesse de La Rochefoucauld »
  • 15h30 : Déborah Cohen (Université de Rouen) « Le temps révolutionnaire dans l’intimité autour des débats sur le divorce »

16h : Discussions et Pause

Représentations du temps

  • 16h45 : Olivier Ritz (Université Paris Diderot) « Le temps imprimé : temporalités du monde du livre pendant la Révolution »
  • 17h15 : Valérie Cossy (Université de Lausanne) « Temporalité humaine et temporalité révolutionnaire dans Henriette et Richard d’Isabelle de Charrière »

17h45 : Discussions

  • Discutant-e-s : Anne Conchon (Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne), Quentin Deluermoz (Université Paris 13) et Nicolas Offenstadt (Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne)

Lieux

  • Centre Malher - 9, rue Mahler
    Paris 04 Hôtel-de-Ville, France (75)

Dates

  • vendredi 10 mai 2019

Mots-clés

  • temps, temporalité, Révolution française

Contacts

  • Jean-Luc Chappey
    courriel : jean-luc [dot] chappey [at] univ-paris1 [dot] fr

Source de l'information

  • Alexis Darbon
    courriel : alexis [dot] darbon [at] univ-paris1 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Temps et temporalités sous la Révolution », Colloque, Calenda, Publié le vendredi 19 avril 2019, https://doi.org/10.58079/12id

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